Les batailles pour Caen (1)

Bataille de Normandie

Jour J à Jour J + 32 : du 6 juin au 8 juillet 1944

Le plan initial des Alliés prévoit la libération de la ville de Caen dans la soirée du mardi 6 juin 1944 par les troupes britanniques de la 3ème division d’infanterie.

Images : soldats Britanniques à bicyclettes après leur débarquement à Sword Soldats britanniques avec des bicyclettes après leur débarquement sur Sword. Photo : IWM

Ainsi, de nombreux fantassins sont équipés de bicyclettes pliables lors du débarquement afin de se déplacer plus rapidement. Mais durant l’assaut des plages, les unités prennent du retard sur les horaires prévus. lors de la phase de débarquement et de nombreux chars se retrouvent isolés, à quelques kilomètres de Caen seulement, sans le soutien de l’infanterie. Ne voulant pas risquer la perte inutile de blindés, l’état-major britannique fait reculer les éléments les plus avancés. La libération de Caen est alors ajournée et les généraux alliés estiment que cela n’est plus qu’une question d’heures.

A Jour J + 1 (7 juin), le général Montgomery, commandant les forces terrestres alliées en Normandie, lance l’opération Perch qui vise à relancer l’action de la veille afin de s’emparer enfin de Caen. Mais les Allemands se défendent avec acharnement et empêchent les Britanniques de progresser. Les premiers assauts sont stoppées par les soldats et les chars allemands de la 12. S.S. Panzer-Division et de la 21. Panzer-Division défendant Caen et notamment l’attaque menée par la 185ème brigade de la 3ème division d’infanterie britannique dans Lebisey, bordant la capitale. En effet, la défense allemande est prête à défendre ses positions. Le général commandant la 21ème Panzer, Edgar Feuchtinger, dispose de 16 000 hommes, 146 chars, 4 bataillons d’infanterie motorisée, environ 50 canons et un bataillon de canons de Flak (défense contre avions allemande) avec 24 pièces de calibre 88 enterrées au nord de Caen.

Pour tromper cette impressionnante défense, le général Montgomery lance la 7ème division blindée (les célèbres « Desert Rats » : les « Rats du Désert ») et le 51st Highland appartenant chacune au 8ème corps britannique. Après un début d’encerclement au nord de Caen, l’avance des Alliés dans ce secteur doit s’arrêter : à Jour J + 5 (11 juin), les pertes en hommes et en matériel sont désastreuses : un des bataillons de parachutistes britanniques, le 12ème, accuse la perte de 141 soldats sur les 160 engagés lors de la prise de Bréville.

Opération Epsom

La prise de Caen prenant un sérieux retard par rapport à la date initialement prévue, le général Montgomery veut à présent faire véritablement le « siège » de Caen.

Il décide d’attendre que suffisamment d’unités soient disponibles avant de lancer l’assaut : ainsi, il prévoit d’utiliser au Jour J + 17 (23 juin) les forces commandées par le général Richard O’Connor, soit trois corps d’armée, 60 000 hommes, 600 chars et 700 canons.

Cette opération prend le nom de code « Epsom ».

Mais le 23 juin, une nouvelle tempête fait rage en Manche et les renforts en vivres, matériels et carburants sont bloqués à bord des navires ou en Angleterre, ne pouvant plus être acheminés par la mer pendant un certain temps à cause du temps exécrable. Et si les Alliés souffrent de ne plus pouvoir avancer, les Allemands, eux, profitent de cette acalmie pour renforcer leur ligne de front par une nouvelle division blindée, la Panzer Lehr. Au total, l’effectif allemand dans le secteur de Caen représente 228 chars, 150 canons de 88 ainsi que de multiples canons divers.

Le dimanche 25 juin 1944, une division blindée et deux brigades blindées indépendantes anglos-canadiennens appartenant au 8ème corps, composées de près de 60 000 hommes et 600 chars, attaquent à l’ouest de Caen.

La 49ème division d’infanterie britannique West Riding attaque ainsi Fontenay-le-Pesnel, mais dans les environs, la Panzer Lehr ne lache rien, à l’image du village de Rauray, situé au sud-ouest de Tilly, qui est fermement défendu par le 1er corps blindé S.S. et où de durs combats s’engagent pour le contrôle de cette localité.

Les adversaires des Britanniques, les fanatiques des Jeunesses Hitlériennes, se battent jusqu’à la mort. Les pertes sont élevées des deux côtés du front.

Le lendemain, la 15ème division d’infanterie écossaise, épaulée par des chars Churchill de la 31ème brigade blindée britannique passe également à l’attaque. Saint-Manvieux-Norrey, situé à proximité de Carpiquet et de son précieux aéroport, est libéré par la 44ème Lowland Brigade écossaise après de furieux combats qui se terminent parfois au corps à corps.

Image : Soldats du 6e Royal Scot Fusiliers attaquent avec des fumigènes le 26 juin Soldats du 6ème Royal Scot Fusiliers attaquent avec des fumigènes le 26 juin. Photo : IWM

Le général allemand Rommel, qui comprend l’importance stratégique du village de Cheux, situé à un carrefour de plusieurs autres villages, ordonne à divers troupes S.S. de quitter la région de Saint-Lô pour porter secours aux soldats de la Hitlerjugend, submergés par l’infanterie écossaise. Mais la supériorité aérienne alliée est telle qu’aucun vaste mouvement allemand n’est possible en journée, sous peine d’être impitoyablement bombardé.

Le 8ème corps britannique doit à tout prix s’emparer de la cote 112, une hauteur qui domine une large partie de la région de l’Odon. Mais cette position stratégique est fermement défendue par les Allemands qui refusent d’abandonner le point clé de la région. Les premiers assauts britanniques se soldent par des échecs et rapidement, les navires alliés interviennent pour soutenir les troupes du 8ème corps en bombardant la cote 112. Les Ecossais reprennent leur marche, appuyés par l’artillerie navale et tente de percer les défenses allemandes.

Le 27 juin, la 49ème division d’infanterie britannique, après de durs combats, parvient à libérer le village de Raurey. La 15ème division d’infanterie écossaise, après avoir sécurisé le village de Cheux, souhaite poursuivre sa fulgurante progression et se dirige vers les ponts sur l’Odon, objectifs majeurs de l’opération Epsom. Mais elle est ralentie par les défenseurs de la Panzer Lehr qui refusent de perdre plus de terrain. Les pertes alliées sont très importantes.

Des éléments avancés de la 15ème division d’infanterie écossaise parviennent toutefois à établir une tête de pont sur la rive droite de l’Odon, atteinte au niveau du pont de Tourmanville. D’autres éléments de cette division, ainsi que la 11ème division blindée, traversent le pont et attaquent le point stratégique de la cote 112.

Au soir du 27 juin, les Ecossais ont percé le front allemand sur près de 10 kilomètres de profondeur, une performance impressionnante mais qui n’atteint pas les espérances de Montgomery, qui, depuis son quartier général à Blay, est inquiété par les rapports catastrophiques des pertes britanniques depuis le début de l’opération Epsom.

Le 28 juin, les généraux Rommel et von Rundstedt sont en Allemagne, ayant été convoqués par Hitler pour discuter de la situation en Normandie. Leur remplaçant, le général Dollman, voit se resserer l’étau autour de l’importante cote 112. Il lance ses dernières forces dans l’attaque. En effet, la 11ème division blindée se dirige vers la cote 112 en libérant les carrefours importants le long de la rivière Orne.

Le 2ème bataillon des Argylls et Sutherlands Highlanders de la 15ème division d’infanterie écossaise libèrent le village de Gavrus sur la rive droite de la rivière Odon et capturent ses deux ponts, tandis que le 23ème Hussars libère la localité de Baron-sur-Odon, directement au nord-ouest de Gavrus, qui se situe sur la route vers la cote 112, qui est atteinte par la 8ème Rifle Brigade et les chars du 3ème RTR en début d’après-midi.

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Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster