Quinéville (Manche)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 14 juin 1944

Unités engagées :

Drapeau américain 22nd Infantry Regiment, 4th Infantry Division

Drapeau américain 39th Infantry Regiment, 9th Infantry Division

Drapeau américain 70th Tank Battalion

Drapeau nazi 4/Heeres Küste Artillerie Abteilung 1261

Drapeau nazi III/Grenadier-Regiment 922, 243. Infanterie-Division

Historique :

Le site de Quinéville abrite une position d’artillerie occupée par la 4e batterie du Heeres Küste Artillerie Abteilung 1261 : la batterie du Mont Coquerel (codé Wn 136  ainsi que Wn 22 par les Allemands), armée de quatre canons K331 de 105 mm et construite à compter de 1943. La même année, dans la nuit du 26 au 27 décembre, les Alliés lancent à Quinéville une opération commando baptisée « Hardtack 21 » menée par le lieutenant Francis Vourc’h avec 9 commandos français du No. 1 French Troop, No. 10 Commando. Ils effectuent pendant deux heures et avec succès une mission extrêmement périlleuse de reconnaissance de la plage afin d’obtenir divers renseignements : disposition des champs de mines, positionnement des obstacles antichar, sens et force du courant, pente de la plage… Ils scient un morceau d’une « asperge de Rommel » pour en analyser le métal et effectuent de nombreux carottages de sable afin qu’il soit comparé avec celui des plages de Grande-Bretagne (en vue de choisir les emplacements des entraînements). Ces informations sont tout particulièrement utiles aux Alliés dans le cadre de la préparation du débarquement qui doit se dérouler à Utah Beach, quelques kilomètres plus au sud.

Le 6 juin 1944, la batterie du Mont Coquerel, commandée par l’Oberleutnant Schultz, est bombardée par l’USS Tuscaloosa.

Après la prise d’Azeville en milieu d’après-midi du 9 juin 1944, le général Raymond O. Barton, commandant la 4th Infantry Division, veut relancer la progression de ses régiments après les difficiles combats pour s’emparer des batteries allemandes d’Azeville et de Crisbecq. A cet effet, il met sur pied un groupement tactique interarmes composé du 22nd Infantry Regiment, du 746th Tank Battalion et du 899th Tank Destroyer Battalion, aux ordres du général Henry A. Barber. Cette Task Force se met en route à 16 heures 30 mais est stoppé à hauteur d’Ozeville par la défense d’éléments appartenant au Grenadier-Regiment 922 (243. Infanterie-Division).

La progression, qui devait être rapide, est ralentie à l’approche de chaque localité et il faut attendre le 14 juin pour que les Américains puissent préparer l’assaut final sur la commune de Quinéville. Le 22nd Infantry Regiment commandé par le colonel Hervey A. Tribolet, reçoit l’ordre de prendre position avec ses trois bataillons de front sur les hauteurs à l’ouest de la commune, appuyé par le 70th Tank Battalion. Le 3e bataillon du 22nd Infantry Regiment, une fois en place, doit attaquer Quinéville à l’est avec le 3e bataillon du 39th Infantry Regiment (9th Infantry Division) sur son flanc droit. Au sud de cette commune, le 1er bataillon du 39th Infantry Regiment nettoie les différentes positions allemandes le long du rivage et doit attaquer à son tour le village défendu par le 3e bataillon du Grenadier-Regiment 922.

A 9 heures 15, une préparation d’artillerie (terrestre et marine) de 15 minutes qui balaye les hauteurs à l’ouest de Quinéville précède l’attaque. A 9 heures 30, les derniers obus, des fumigènes verts, signalent la fin de la préparation d’artillerie : les fantassins et les chars américains entament la progression vers leurs objectifs respectifs sous les tirs adverses. Pendant trois heures, ils sont les cibles de l’artillerie allemande qui est notamment équipée de lance-roquettes Nebelwerfer. A compter de 13 heures, les unités sont à l’emplacement prévu, le 1er bataillon du 22nd Infantry Regiment s’empare de la batterie du Mont Coquerel. A 16 heures, la compagnie K du 39th Infantry Regiment progresse en tête du 3e bataillon avec l’appui des chars Sherman du 70th Tank Battalion : dans les premiers instants de l’attaque, elle ne rencontre que peu de résistance et parvient à faire 68 prisonniers. Sur son flanc droit, le 70th Tank Battalion décèle des véhicules et engage le combat : il s’agit en fait de chars amis en appui au profit du 1er bataillon du 39th Infantry Regiment qui reconnait la côte du sud vers le nord. Après identification positive les tirs amis cessent, sans pertes.

La 3e section de la compagnie K, en tête de la colonne, entre dans Quinéville tandis que des obus de mortiers tombent à proximité. Lorsqu’elle s’approche de la côte, elle est prise à partie par un canon antichar installé dans un bunker situé près de la plage : les Allemands concentre leur défense à l’est, autour des fortifications en bord de mer. Les compagnies I, K et M enregistrent de très lourdes pertes et les possibilités de manœuvres et de tirs sont limitées par un terrain très compartimenté. Le lieutenant-colonel Robert H. Stumpf, commandant le 3e bataillon, demande un tir d’aveuglement sur la position ennemie avec des obus fumigènes mais ceux-ci sont indisponibles. Les chars du 70th Tank Battalion s’engagent alors dans Quinéville pour appuyer au plus près l’infanterie tandis que l’artillerie tente de détruire les casemates allemandes, sans succès. Les obus de mortiers allemands obligent les chars à se replier, obligeant l’infanterie à régler la situation toute seule. Stumpf ordonne à la compagnie L, positionnée sur le flanc gauche de la compagnie K, de monter à l’assaut lorsqu’au même moment, des obus fumigènes tombent sur les fortifications allemandes : aussitôt, la compagnie K relance son action, 1ère et 3e sections en tête, masquées par le rideau de fumée. Lorsque les Américains atteignent les casemates allemandes à 21 heures 30, les Allemands se rendent. La compagnie K a enregistré la perte de 33 des siens (5 tués et 28 blessés).

Initialement, les Alliés avaient envisagé d’installer à Quinéville un port de débarquement au profit du ravitaillement américains dans le Cotentin, mais l’idée est abandonnée le 12 juin au profit de l’installation d’un nouveau secteur de débarquement à Utah Beach, baptisé « Sugar Red« , situé au nord de « Tare Green« .

Photos de Quinéville en 1944

Cartes de Quinéville :

Image : carte de Quinéville