Le Bourg Saint-Léonard (Orne)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 17 août 1944

Unités engagées :

Image : drapeau américain 5th Armored Division

Image : drapeau américain 359th Infantry Regiment, 90th Infantry Division

Image : drapeau américain 773rd Tank Destroyer Battalion

Drapeau nazi SS-Panzergrenadier Regiment 3, 2. SS Panzer-Division « Das Reich »

Drapeau nazi Panzer-Regiment 16, 116. Panzer-Division

Historique :

Tandis qu’une partie du XV Corps américain du Major General Wade H. Haislip marque une halte au sud d’Argentan à compter du 12 août 1944, les Américains réorganisent leur dispositif dans le secteur : afin de lever toute menace d’attaque sur leur flanc droit, ils décident de maintenir la pression et d’attaquer vers l’est. Le 13 août, des éléments de la 5th Armored Division atteignent le village du Bourg Saint-Léonard qui est tenu par des éléments de la 2. SS Panzer-Division « Das Reich ». Repoussés, les Allemands multiplient aussitôt les tirs d’artillerie sur la commune. Cette commune est un point clé du secteur dans la mesure où elle offre d’importantes vues sur la vallée de la Dives au nord-est.

Le 15 août, la 90th Infantry Division reçoit l’ordre de progresser en direction de l’est conformément au plan du XV Corps. La compagnie A du 359th Infantry Regiment (commandé par le colonel Robert L. Bacon) vient prendre position dans Le Bourg Saint-Léonard, relevant les blindés de la 5th Armored Division. Une section fait face à la forêt de Grande Gouffern, à l’ouest, une autre est installée dans la partie nord de part et d’autre de la route départementale 16 qui relie Le Bourg Saint-Léonard à Chambois. Une troisième section se tient en réserve à hauteur du carrefour de la Lune, au sud-est du village.

Durant la matinée du 16 août 1944, les Allemands du SS-Panzergrenadier Regiment 3 de la 2. SS Panzer-Division « Das Reich » renforcés par des éléments du deuxième bataillon du Panzer-Regiment 16 (116. Panzer-Division) réalisent des reconnaissances en vue de reprendre le village et couvrir la retraite des 110 000 soldats encore pris au piège dans la nasse qui doit se refermer à hauteur de Chambois. Le long de la lisière de la forêt de Grande Gouffern, ils établissent le contact avec les soldats américains de la compagnie A qui se replient aussitôt dans le village. Les Allemands passent à l’attaque durant l’après-midi depuis le nord et submergent rapidement les premières positions adverses, atteignant rapidement la limite sud de la commune. Le Major Leroy R. Pond, commandant le 1er bataillon du 359th Infantry Regiment, doit réorganiser son unité au plus vite pour tenir face à la pression de ses ennemis et fait notamment appel à la compagnie B qui progresse vers le sud du village tandis que la compagnie A, repoussée au sud-est, contre-attaque à son tour vers le nord de Bourg Saint-Léonard. Les Allemands, bien que parvenant à se maintenir au sud-ouest du village, se replient de la partie nord qui est reprise par la compagnie A.

En début de soirée, la 10ème compagnie du SS-Panzergrenadier Regiment 3 contourne le village par l’ouest et attaque les positions de la compagnie B, exploitant ainsi leur point fort du secteur et débutant une manœuvre d’encerclement de leurs adversaires. Afin d’éviter la catastrophe, le Major Pond ordonne un repli de ses hommes vers le sud-est en direction du lieu-dit de La Lune. Il réorganise ses compagnies et relance l’assaut avec la compagnie B progressant le long de la route La Lune-Bourg Saint-Léonard, tandis que la compagnie A avance parallèlement au sud depuis le lieu-dit de La Houellerie. A la tombée de la nuit, le premier bataillon du 359th Infantry Regiment s’infiltre dans le sud du village mais ne parvient pas à prendre pied plus au nord, le secteur étant fermement défendu par les Allemands. Les deux camps conservent ces positions pour la nuit tandis qu’une importante pluie tombe sur la région. Cette violente offensive allemande marque l’état-major américain : les officiers généraux ne s’attendaient pas à ce que leurs adversaires soient en mesure de mener une telle opération à ce stade de la bataille de Normandie, étant donné que l’armée allemande est quasiment entièrement prise au piège.

Dès le lendemain, le 17 août, les Allemands renouvellent leur offensive en direction du sud du Bourg Saint-Léonard, appuyés par plusieurs pelotons de chars. Ils contournent une fois de plus le village par l’ouest, notamment pour exploiter au maximum les capacités de leurs blindés. Alors qu’ils sont au bord de l’effondrement et que le commandant d’unité de la compagnie B, le capitaine Hutchens, est tué, les chars Sherman américains renversent la situation et empêchent leurs adversaires de s’emparer de la totalité du village. Le Major Pond lance une nouvelle contre-offensive en début d’après-midi, appuyé par les chars du 773rd Tank Destroyer Battalion, et les Allemands reculent progressivement vers le nord. Au même moment, la 2. SS Panzer-Division « Das Reich » reçoit l’ordre de rompre le contact et de quitter la poche de Falaise avant que celle-ci ne se referme. Elle doit être relevée sur position en début de soirée par les derniers éléments de la 116. Panzer-Division encore présents dans le secteur : il s’agit d’environ 80 soldats d’un bataillon de reconnaissance qui, à eux seuls, ne sont pas en mesure de résister aux trois compagnies du 359th Infantry Regiment.

Malgré leurs faibles effectifs, les Allemands résistent encore jusqu’au 20 août 1944 avant de se replier définitivement face à la puissance de feu adverse, abandonnant ainsi Le Bourg Saint-Léonard aux Américains. Leur départ rime avec barrage d’artillerie, poursuivant la destruction des habitations du village. Mais celui-ci est définitivement libéré.

  Photo du Bourg Saint-Léonard en 1944

Image : Toutes les photos de la bataille de Normandie classées en fonction de leur localisation

Une pièce anti-char M5 en batterie au pied d’un bâtiment en ruine du Bourg Saint-Léonard. Photo : US National archives.

 

Cartes du Bourg Saint-Léonard :

Image : Carte de Le Bourg Saint-Léonard dans l'Orne