La course à la Seine

Jour J + 75 à Jour J + 84 – Du 20 au 29 août 1944

Vers la fin de la bataille de Normandie

19 août 1944 : vers 14h00, des Allemands se constituent prisonniers à la compagnie B du Argyll and Sutherland Highlanders of Canada-Princess Louise’s de la 4th Canadian Armoured Division à Saint-Lambert-sur-Dive. Photo : Archives Canada

19 août 1944 : vers 14h00, des Allemands se constituent prisonniers à la compagnie B du Argyll and Sutherland Highlanders of Canada-Princess Louise’s de la 4th Canadian Armoured Division à Saint-Lambert-sur-Dive. Photo : Archives Canada

La course à la Seine ne commence pas à proprement parler à la fin de la fermeture de la poche de Falaise mais dès le 16 août 1944. Anticipant le déroulement des opérations et conscient que de nombreux Allemands s’échappent de la nasse, trop lente à se refermer, le général Montgomery décide de réaliser une nouvelle manoeuvre d’encerclement dans le cadre de l’opération Paddle. Celle-ci débute dans la nuit du 15 au 16 août 1944.

En effet, les Américains de la 3e armée du général Patton sont déjà en route vers la Seine depuis le 15 août 1944 tandis qu’au nord, le long des côtes de la Manche, le 1er corps britannique du général Crocker, subordonné à la 1ère armée canadienne du général Crerar, se tient prêt à lancer l’offensive.

Crerar reçoit la mission d’envoyer le 1er corps en direction de la Seine le long du littoral et de libérer les localités sans toutefois se laisser retarder par les forces allemandes. A terme, les Britanniques doivent effectuer leur jonction avec les Américains à Elbeuf, encerclant ainsi les forces allemandes n’ayant pas encore eu le temps de traverser la Seine.

La 5ème division blindée américaine progresse toujours difficilement dans l’Eure, précisément dans la région d’Elbeuf et Louviers. Les Allemands, quittant la rive gauche de la Seine, ordonnent à une arrière-garde de stopper un temps la progression alliée, leur permettant ainsi de rejoindre la rive droite de la Seine, pour se reformer par la suite. Cette arrière-garde allemande pose de très nombreux problèmes aux Américains, qui n’ont pas en face d’eux des unités conventionnelles, et l’aviation alliée termine sa journée avec des résultats faibles, du fait de ce manque de structure des divisions allemandes en déroute dont les objectifs et le contour sont difficiles à estimer.

A l’est de l’Orne, les unités motorisées belges de la brigade Piron parviennent à libérer les localités de Honfleur, Pont-l’Evêque, tandis que les derniers défenseurs de Deauville et de Trouville se rendent.

Afin de laisser un accès total au 1er corps britannique, les Américains des 15e et 19e corps reviennent à leur point de départ.

Le 25 août, l’ensemble des trois armées alliées engagées en Normandie ont atteint la Seine. La bataille de Normandie est achevée et les Alliés se concentrent déjà sur les opérations majeurs à venir afin d’atteindre la Ruhr, l’objectif final décrit lors de la planification de l’opération Overlord.

Du 26 au 29 août, les Allemands continuent de traverser la Seine sur des ponts flottants, au nord et au sud de Paris qui est abandonné le 25 août par ses défenseurs. Ils sont directement suivis par les troupes américaines et britanniques qui poursuivent les soldats en cours de repli afin de les empêcher de se regrouper et de contre-attaquer.

Bilan de l’opération Paddle

L’opération Paddle cesse lorsque les Alliés accèdent à la Seine et sécurisent l’ensemble de sa rive ouest, ce qui est réalisé le 31 août 1944. L’encerclement des forces s’échappant de la poche de Falaise n’a pas été véritablement effectué, mais la menace de tomber à nouveau dans le piège a empêché les Allemands de se réorganiser en défense ferme avant d’atteindre la Seine. Ces derniers ont multiplié les points de passage sur ce fleuve, utilisant tous les moyens possibles : ponts encore intacts, bateaux, péniches, bacs, radeaux de fortune… Au total, 165 000 Allemands et 30 000 véhicules parviennent à échapper aux Alliés.

Cette opération a eu pour effet de maintenir une pression constante sur les Allemands qui n’ont plus cessé de battre en retraite à compter de la fin août 1944.

Le 29 août, les opérations de traversée de la Seine par les Allemands sur des ponts flottants, au nord et au sud de Paris, sont désormais terminées. A présent, les forces alliées progressent vers le nord, l’est et le sud, à la poursuite des divisions allemandes se repliant pour se réorganiser. Les soldats appartenant à la 3ème armée du général Patton vont notamment effectuer une « avancée éclair » vers l’est de la France pendant les semaines qui suivent, avant d’être ralentis par des problèmes de ravitaillement.

Au nord-est de Caen, les soldats appartenant à la brigade belge du Colonel Piron traversent la Seine au niveau de Caudebec-en-Caux et La Mailleraye.

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La bataille de Normandie s’achève le 25 août lorsque les trois armées alliées ont toutes atteint la Seine après 80 jours de furieux combats. Ce sont 19 890 civils normands qui ont trouvé la mort durant cette période, 300 000 autres sont sinistrés et sans abri. Au prix du sang, la Normandie, et bientôt la France et l’Europe, retrouvent enfin la Liberté. L’Allemagne capitule sans conditions et les combats cessent en Europe le 8 mai 1945, moins d’un an après le Jour J.

Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster