Historique de la Brigade Piron

1er groupement indépendant belge

Brigade Piron

Aux origines de la brigade belge

A l’instar des forces françaises libres, le 1er groupement indépendant belge se forme au terme de la campagne de France qui voit le succès des troupes allemandes. Des volontaires belges et luxembourgeois, ne supportant pas l’idée de collaborer ou de voir des Allemands occuper leur pays, rejoignent l’Angleterre afin de poursuivre le combat.

En effet, trois jours avant la capitulation de l’armée belge, le lieutenant-général Victor Baron Strydonck de Burkel met sur pied un nouveau commandement militaire à Tenby en Grande-Bretagne le 25 mai 1940 et des appels sont lancés faire venir les Belges et Luxembourgeois : fin juillet 1940, 462 volontaires ont déjà traversé la Manche. Ces effectifs permettent de mettre sur pied les premières unités qui sont dès lors entraînées au Royaume-Uni ainsi qu’au Canada. Des Belges du monde entier rejoignent leurs camarades et pas moins de trente-trois langues différentes sont parlées au sein de cette unité.

De nombreux anciens militaires belges et luxembourgeois apportent leur compétence, notamment des artilleurs qui, lors d’une campagne de tir entre soldats alliés, se classent premiers. Le commandant Jean-Baptiste Piron, un officier belge ayant quitté son pays occupé dès le mois d’avril 1941, arrive en Grande-Bretagne en janvier 1942 pour consolider les efforts réalisés et coordonner la participation des Belges aux combats contre le régime nazi : le 4 juin 1942, ils sont officiellement rattachés aux forces alliées en qualité du 1er groupement indépendant belge. Au printemps 1944, 2200 soldats sont prêts au combat au sein de cette brigade commandée par Piron.

Bataille de Normandie

La brigade Piron n’est déployée en Normandie qu’à compter du 8 août 1944 : en effet, les Alliés privilégient le déploiement des forces françaises libres le Jour J et veulent garder en réserve les Belges pour la libération de la Belgique. Piron fait pression sur son gouvernement en exil pour que ses hommes soient déployés au plus tôt car le moral a tendance à baisser : cette insistance fonctionne et la brigade est mise en alerte le 29 juillet 1944 et dès le lendemain, les précurseurs belges sont débarqués sur la plage d’Arromanches.

Embarqués à bord de quatre Liberty Ships (le H. Austin, le P. Benjamin, le Finlay et le Gladstone) le 4 août, les Belges traversent la Manche le 6 août. Le lendemain, les opérations de débarquement débutent : les véhicules sont débarqués à Arromanches tandis que les hommes sont mis à terre à Courseulles. La totalité de la brigade, placée sous le commandement de la 6ème division aéroportée britannique du général Gale, est en Normandie à compter du 8 août 1944, débarquant à Arromanches ainsi qu’à Courseulles-sur-Mer. A partir du 9 août, la « brigade Piron » est déclarée opérationnelle sur le front normand. L’arrivée de cette unité s’effectue dans le cadre de la préparation de l’opération Paddle qui doit permettre de précipiter la chute des armées allemandes en direction de la Seine. Avant la poursuite de leurs adversaires, les Belges font face aux positions retranchées de la 12ème S.S. Panzerdivision « Hitlerjügend ».

Dans un premier temps de leur présence en Normandie, ce sont des combats de positions qui occupent les militaires à l’est de l’Orne, ponctués de diverses missions de reconnaissance. Le 13 août 1944, les escarmouches se multiplient à Sallenelles, Le Hauger et dans la région de la ferme du Buisson. Les duels d’artillerie se multiplient et le 14 août, la brigade déplore ses premiers blessés. Edouard Gérard, le plus jeune des volontaires belges, est le premier tué de la brigade.

Les combats de mouvement s’engagent à l’est de l’Orne avec le lancement de Paddle le 17 août à trois heures du matin : les Belges s’emparent le long de la « côte fleurie » de la ferme du Buisson, des villages de Sallenelles, Merville, Franceville et encore Varaville le 20 août, malgré la présence de nombreuses mines qui ralentissent la progression des Alliés. Les localités de Dives-sur-Mer et Cabourg sont libérées en fin de matinée le 21 août, Deauville le 22. Les Allemands ont détruit l’essentiel des ponts pendant leur repli, ralentissant encore les Belges, combattant aux côtés des soldats Hollandais de la brigade « Prinses Irene » du Colonel de Ruyter. Lorsque les forces engagées doivent stopper leur progression, l’artillerie prend le relais et harcèle sans cesse les positions adverses.

La résistance française apporte son concours aux soldats Alliés, par les armes ou par le soutien matériel, notamment lors du franchissement des coupures humides comme sur la Touques. La ville d’Honfleur est libérée le 25 août.

Le 26 août, le 1er groupement indépendant belge est rattaché à la 49ème division d’infanterie britannique. La Seine est atteinte le 29 août, puis la brigade est retirée du front. Le général Gale écrit à Jean-Baptiste Piron le message suivant lors du retrait des forces belges : « C’est avec un profond regret que votre magnifique brigade quitte mon commandement… Cela a été un honneur de combattre à vos côtés. Puisse Dieu protéger votre avance vers votre vaillant pays« .

Lors de leur engagement en Normandie, les Belges perdent vingt-six tués et seize blessés.

La libération de la Belgique

La brigade Piron retrouve la route des champs de bataille le 2 septembre 1944, étant engagée au sein de la 2ème armée britannique. Le lendemain, les Belges franchissent la frontière franco-belge puis entrent dans Bruxelles le 4 septembre, participant à la libération de leur pays. Ils progressent jusqu’à la frontière avec la Hollande qui est atteinte le 22 septembre.

Les combats se poursuivent sur le territoire hollandais jusqu’au 17 novembre, date à laquelle la brigade Piron est retirée du front pour être recomplétée. Placée en réserve à Leuven, elle est redéployée dans les Pays-Bas après l’armistice, du 11 mai au mois de juin 1945 en qualité de force d’occupation.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’armée belge est restructurée sur le modèle de l’ordre de bataille de la brigade Piron.

Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster