Image : Biographie d'Arthur Harris

Arthur T. Harris

Biographie

Arthur Travers Harris est né le 13 avril 1892 à Cheltenham dans le Gloucestershire. A l’âge de seize ans, suite à des résultats scolaires moyens, ses parents l’envoient en Rhodésie où il s’émancipe pendant six ans en effectuant des tâches multiples pour gagner sa vie. En 1914, il s’engage au sein du 1er régiment rhodésien et sert en Afrique du Sud avant de rentrer en Angleterre où il rejoint le Royal Flying Corps (ancêtre de la Royal Air Force, R.A.F.) en tant qu’officier. Il combat ensuite sur les champs de bataille de France en 1917 au sein du N°45 Squadron.

Lorsque la Grande Guerre se termine, il reste dans la R.A.F. en tant qu’instructeur puis est muté à l’étranger comme en Inde, en Irak ou encore en Syrie. Il profite également de cette période pour développer les tactiques de bombardement utilisant des bombes à retardement ainsi que les bombardements de nuit impliquant des entraînements particuliers. De 1927 à 1929, il est stagiaire à l’école d’état-major (Army Staff College) de Camberley puis il se perfectionne à nouveau dans les tactiques de bombardement, notamment de nuit. De 1934 à 1937, il est nommé au ministère de l’Air en qualité de directeur de la planification.

Il est ensuite nommé en Egypte à l’état-major des forces aériennes du Moyen-Orient. En 1938, il est placé à la tête du groupement de bombardiers N°4 avant de commander les forces de la R.A.F. au Moyen-Orient. Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Arthur Harris rentre en Angleterre où il prend le commandement du groupement de bombardiers N°5 (N°5 Bomber Group). En février 1942, il est nommé à la tête du commandement des bombardiers (Bomber Command).

Au début de la guerre, les bombardiers utilisés par les Britanniques ont un rayon d’action et une capacité d’emport en munitions : surclassés par les autres puissances militaires, ces appareils n’offrent pas à la Grande-Bretagne une capacité de destruction suffisante. De plus, les équipages ne sont pas assez qualifiés pour réaliser des frappes précises. Harris décide de changer la situation en n’hésitant pas à s’inspirer des enseignements issus des attaques aériennes allemandes pendant la guerre d’Espagne. Il fait également lancer la production de nouveaux bombardiers comme le Lancaster, le Halifax ou encore le De Havilland Mosquito. Cet effort lui vaut le surnom de « Bomber » Harris.

Toujours en 1942, Arthur Harris est chargé de réaliser la nouvelle stratégie de bombardement de l’Allemagne mise au point par le professeur Frederick Lindemann. Il fait ainsi bombarder pendant toute la durée de la guerre les centres industriels et les grandes villes allemandes : 850 000 tonnes de bombes sont larguées au total sur l’Allemagne.

Le terrible bombardement de Cologne (opération Millenium) dans la nuit du 30 au 31 mai 1942 qui voit le déploiement de 1 000 bombardiers, puis celui de Hambourg (opération Gomorrah) en août 1943 transforme son surnom en « Harris le boucher » (Butcher Harris). Mais il continue de croire en sa méthode car, explique-t-il, l’Allemagne a « semé le vent, elle récolte la tempête ».

Car les objectifs de ces bombardements ne sont pas uniquement de détruire l’effort de guerre allemand, mais bien de frapper la population civile pour créer le doute et la stupeur en son sein, initier un problème de réfugiés pour le gouvernement nazi sur son propre territoire. Les civils deviennent également la cible des attaques.

Au fur et à mesure des attaques, les Allemands se préparent aux raids aériens et infligent de lourdes pertes aux aviateurs alliés, mais ils ont définitivement perdu la bataille dans les airs et ne sont pas en mesure d’arrêter les bombardiers américains et britanniques d’intervenir.

En 1944, Arthur Harris est chargé de préparer l’invasion alliée en Normandie en concentrant les efforts de ses bombardiers sur des objectifs en France comme le réseau ferroviaire ou encore les installations du Mur de l’Atlantique. L’emploi du bombardement aérien est systématique avant chaque opération terrestre : le 18 juillet 1944, avant le lancement de l’opération Goodwood dans la région de Caen, plus de 7 800 tonnes de bombes sont larguées par 2 077 bombardiers.

De nombreuses controverses naissent après les nouveaux bombardements massifs des villes allemandes en 1945, comme le 13 février avec le raid de Dresde qui fait plusieurs dizaines de milliers de victimes civiles. Car si la fin de la guerre semble proche, les quantités de bombes larguées sur la population allemande ne cessent d’augmenter. Malgré ces terribles pertes en vies humaines et surtout civiles, Arthur « Butcher » Harris accède au grade honorifique de Marshal of the Royal Air Force en 1946.

Déçu et touché par les multiples critiques faites à son égard, Harris s’installe à compter de 1948 en Afrique du Sud. Seul Winston Churchill parvient à le faire rentrer au Royaume-Uni en lui offrant la dignité de Baron. Arthur Harris meurt le 5 avril 1984 à Goring-on-Thames.

En 1992, la Reine Elizabeth a inauguré une statue à l’efigie du maréchal devant l’église la Royal Air Force : cette dernière est restée pendant plusieurs mois sous protection policière permanente, ayant été la cible de manifestants estimant qu’Harris fut un criminel de guerre de la Seconde Guerre mondiale. Malgré cela, il a été fait citoyen d’honneur par la municipalité de Caen (une cité martyr qui a pourtant énormément souffert des bombardements alliés) et une avenue porte même son nom. Comme le disait si justement Winston Churchill, « ‘l’Histoire est écrite par les vainqueurs ».

Arthur Harris est très certainement l’un des officiers supérieurs alliés les plus controversés de la Seconde Guerre mondiale. De tels actes de bombardements intentionnels des populations civiles seraient aujourd’hui considérés comme des crimes de guerre contre l’Humanité.

Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster