Les forces allemandes en Normandie

Le Generalfeldmarschall Erwin Rommel inspecte des éléments de la 21. Panzer Division en mai 1944
Photo : Bundesarchiv

Présentation générale des forces allemandes en Normandie

Une faiblesse structurelle

Une fois la France envahie en 1940, les forces allemandes se concentrent sur le front est, face aux Soviétiques. Les Allemands font installer le Mur de l’Atlantique afin d’opposer une première ligne de défense aux Alliés ; cependant cette structure est limitée : elle ne peut à elle seule repousser une attaque amphibie et les autorités du 3e Reich en sont bien conscients.

L’armée allemande cantonne ainsi plusieurs centaines de milliers d’hommes à l’ouest et veille à faire respecter une stricte discipline dans les territoires occupés : cette force d’occupation se doit d’éviter tout débordement et tout écart de comportement afin d’éviter de donner du grain à moudre à la résistance française. Loin de Berlin et des zones de combat en Méditerranée et en Russie, les généraux allemands ne trouvent pas beaucoup d’occasions de se mettre en avant pour gagner les faveurs du Führer et briller au combat ; d’autres, très heureux d’être en poste loin du front, profitent de cette situation et vivent dans de magnifiques demeures réquisitionnées où ils s’intéressent de moins en moins au cours de la guerre.

Ces unités appartiennent aussi bien à la Wehrmacht, aux S.S., à la Kriegsmarine qu’à la Luftwaffe. En 1944, cela fait déjà six années que les troupes allemandes combattent et le moral est en baisse depuis le début de l’année 1942. Les différentes armées sont très critiques entre elles, d’autant plus que leurs moyens sont très inégaux : les divisions S.S. sont deux fois plus nombreuses en moyenne que celles de la Wehrmacht, la Kriegsmarine ne dispose que de très peu de bâtiments de guerre et la Luftwaffe est totalement exsangue depuis la fin de la bataille d’Angleterre et les bombardements continuels effectués par les Anglo-Américains. Les multiplicités des autorités militaires (par exemple : certaines batteries d’artillerie côtières sont armées par la Kriegsmarine, des unités d’infanterie de la Luftwaffe côtoient celles de la Wehrmacht et des S.S.) et la concurrence contre-productive entre ces armées (particulièrement forte entre la Wehrmacht et les S.S.) sont particulièrement néfastes pour le Reich, les décisions n’étant pas nécessairement prises dans l’intérêt général de l’Allemagne mais plutôt, parfois, dans celle d’une unité par rapport à une autre.

Le haut commandement allemand possède un pouvoir de décision limité : il doit nécessairement avoir l’aval d’Hitler pour prendre des décisions. Ce détail a son importance dans la suite des évènements. Bien évidemment, cette fragilité structurelle des forces allemandes touche aussi bien les unités à l’ouest que celles menant les combats à l’est et en Méditerranée.

Voyons à présent quelle est l’organisation et la situation de ces unités situées à l’ouest et en particulier celles en poste en Normandie.

Les forces allemandes en Normandie

Les forces terrestres allemandes du groupe d’armées ouest sont placées sous le commandement du maréchal von Rundstedt dont le poste de commandement est situé à Saint-Germain-en-Laye. Le littoral du nord de la France est sous la responsabilité du groupe d’armées B commandé par le « renard du désert », le maréchal Rommel (installé au château de La Roche-Guyon).

Deux armées se partagent ce secteur : la 7e armée du général von Salmuth, installée le long du littoral breton jusqu’à l’embouchure de la Seine, et la 15e armée du général Dollmann installée le long des côtes allant du Havre jusqu’à la Somme.

Les forces maritimes allemandes positionnées le long des côtes de la Manche sont placées sous le commandement de l’amiral Friedrich Rieve dont le poste de commandement est situé à Rouen. La marine allemande, la Kriegsmarine, fait référence aussi bien aux unités de surface et sous-marines du 3e Reich que les batteries d’artillerie côtière. Au printemps 1944, la Kriegsmarine en Normandie est sous les ordres de deux commandements différents : à l’ouest, le secteur du Konteradmiral Walter Hennecke (basé à Cherbourg) s’étalant de la baie du Mont-Saint-Michel jusqu’à l’embouchure de l’Orne, à l’est le secteur du Konteradmiral Hans-Udo von Tresckow (basé au Havre), s’étalant de l’embouchure de l’Orne à la Somme.

Déjà fortement affaiblie par les années de guerre précédentes, la marine de guerre allemande ne dispose dans cette zone que de 163 dragueurs de mines (Raumboote), 57 patrouilleurs (Vorpostenboote), 42 barges d’artillerie (Artillerie-Träger), 34 vedettes lance-torpilles (S-Boote) et 5 torpilleurs (Torpedoboote). De bien maigres moyens face à la puissance des 6 000 navires de classes différentes de l’armada alliée qui se concentrent dans la Manche de juin à août 1944.

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Les forces aériennes allemandes (Luftwaffe) dans l’ouest appartiennent à la 3e Luftflotte. Celle-ci est placée sous le commandement du maréchal Speerle. Dotée de moins de 1 000 appareils pour contrôler l’intégralité de l’espace aérien français, cette unité est continuellement bombardée par les Alliés et n’est pas en mesure d’occuper les aérodrômes situés le long du littoral de la Manche.

En Normandie, le 6 juin 1944, seules les escadrilles I/Jagdgeschwader (JG) 2 (Richthofen), I/JG 26 et III/JG 26 (Schlageter) ainsi que les Stab sont présentes sur place.

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Une opposition interne de fond

Von Rundstedt et Rommel s’opposent sur la stratégie de défense des côtes : le premier estime que les Allemands doivent impérativement laisser leurs adversaires s’engager à l’intérieur des terres puis les contre-attaquer pendant leur phase de montée en puissance, alors qu’ils sont encore en situation de faiblesse. Le second pense au contraire qu’il ne faut surtout pas laisser les Alliés prendre pied sous peine de ne plus pouvoir les repousser. Les deux hommes s’accordent toutefois sur une chose : ce sont les chars qui peuvent faire la différence. Mais Rommel veut absolument les placer immédiatement en arrière des plages tandis que von Rundstedt les place loin des côtes, en mesure de lancer un raid blindé dans la profondeur des lignes ennemies.

Le 6 juin 1944, Rommel ne se trouve pas en Normandie : il est en Allemagne pour fêter l’anniversaire de sa femme et pour obtenir un entretien avec le Führer. Il veut absolument que les unités blindées soient déplacées le long du Mur de l’Atlantique, mais il est trop tard : les Alliés débarquent en Normandie…

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