Résumé des engagements de la 6e division aéroportée

Image : Les opérations aéroportées anglo-canadiennes en Normandie - 6 juin 1944

 

A l’origine des opérations aéroportées en Normandie

La 6e division aéroportée britannique, sous le commandement du général Gale, est désignée pour être parachutée et aérotransportée aux premières heures du 6 juin 1944 à l’est de la zone d’invasion.

L’objectif de cet engagement est de sécuriser le flanc gauche allié avant le début du débarquement sur les plages. Trois impératifs pour atteindre cet objectif sont alors définis : premièrement, les deux ponts sur l’Orne (Bénouville) et le canal de Caen (Ranville) qui représentent la porte d’entrée et de sortie du flanc gauche allié doivent être sous contrôle et rester intacts ; deuxièmement, la batterie de Merville, menace potentielle pour la plage de débarquement Sword, doit être réduite au silence ; troisièmement, cinq ponts situés à l’est de l’Orne doivent être détruits pour désorganiser les Allemands et empêcher une importante contre-attaque depuis cette région. Ces trois impératifs se transforment naturellement en trois missions principales pour le commandement allié.

Des missions secondaires sont également mises au point : tenir la région entre l’Orne et la Dives et s’emparer des villages de Sallenelles et Franceville, en mesure de repousser toute contre-attaque allemande.

Etant donné que les groupements 38 et 46 de la Royal Air Force détachés pour l’opération Overlord ne sont pas en mesure de transporter la totalité des effectifs de la 6e division aéroportée en une seule fois, deux opérations distinctes sont montées : la première, opération Tonga, doit permettre de réaliser les missions principales dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 ; la deuxième, opération Mallard, vise à transporter les renforts sur les zones de combat en début de soirée le 6 juin.

Image : Embarquement de parachutistes dans un avion Britannique le 5 juin 1944 au soir

Embarquement de parachutistes dans un avion britannique le 5 juin 1944 au soir. Photo : IWM

Le Jour J, à 0 heure 50 du matin, les premiers éléments de la 6e division aéroportée sont parachutés au-dessus de la Normandie. Il s’agit des éclaireurs, chargés de baliser les « Drop Zones » (« D.Z. » ou points de chute en français), pour le gros des parachutistes et des planeurs qui apparaissent quelques minutes plus tard dans le ciel normand. Une fois au sol, les équipes aérotransportées se dirigent vers leurs objectifs. Les sapeurs entament la destruction les obstacles au sol afin de permettre un atterrissage idéal des planeurs, chargés de transporter des armes lourdes et des véhicules légers.

Image : Des soldats Alliés se tiennent à proximité d'un planeur Horsa Britannique le 5 juin avant le décollage

Des soldats alliés se tiennent à proximité d’un planeur Horsa britannique le 5 juin avant le décollage. Photo : IWM

Les premiers parachutistes britanniques touchent le sol de France à partir d’une heure du matin, le 6 juin 1944. La traversée de la Manche ne rencontre pas de difficulté majeure mais le manque de visibilité et d’expérience de certains pilotes occasionne un grand nombre de mauvais largages. Les paras britanniques sont éparpillés et beaucoup d’entre eux se perd. Néanmoins, encouragés par d’excellents officiers, ils se dirigent vers leurs objectifs.

Image : Décollage d'un bombardier Britannique tractant un planeur Horsa

Décollage d’un bombardier britannique tractant un planeur Horsa. Photo : IWM

Objectif principal n°1 : les ponts sur l’Orne

Opération Coup de Main. La première opération aéroportée du Jour J se déroule dans les environs du village de Bénouville, à 6 kilomètres au nord de Caen. Etant l’un des éléments de l’opération Tonga, elle est baptisée opération « Coup de Main ». Six planeurs transportant des soldats britanniques du 2e bataillon aéroporté d’infanterie légère Oxfordshire et Buckinghamshire (Ox & Bucks) atterrissent à partir de 0 heure 16 à proximité de deux ponts sur l’Orne et sur le Canal de Caen. Ces hommes s’emparent des ponts avec une impressionnante efficacité. Pour en savoir plus sur l’attaque des ponts de Bénouville et de Ranville (dont le fameux Pegasus Bridge), cliquez ici.

Image : Des parachutistes Britanniques dans l'avion qui les mêne vers leurs objectifs en Normandie

Des parachutistes britanniques dans l’avion qui les mène vers leurs objectifs en Normandie. Photo : IWM

Aux alentours de 3 heures 30, 72 planeurs transportant des hommes et du matériel de la 6e division aéroportée commencent à se poser dans les environs de Ranville : les dégâts sont nombreux et les atterrissages imprécis, mais l’apport en matériel lourd (véhicules, canons…) et en nouveaux effectifs renforcent les parachutistes britanniques, isolés en territoire ennemi.

Image : Une vue aérienne du pont de Bénouville prise le 6 juin à 6 heures du matin montrant 3 des 6 planeurs

Une vue aérienne du pont de Bénouville prise le 6 juin à 6 heures du matin montrant 3 des 6 planeurs. Photo : Bundesarchiv

Ranville est le premier village libéré de France en ce 6 juin 1944. Cette petite localité doit servir de quartier général à la 6e division aéroportée du général Gale, qui se trouve lui-aussi en Normandie.

Objectif principal n°2 : s’emparer de la batterie de Merville

600 parachutistes britanniques appartenant au 9e bataillon de la 6e division aéroportée reçoivent une importante mission : s’emparer vers trois heures de matin d’une batterie d’artillerie côtière allemande située au sud de la localité de Merville : en effet, d’après les services de renseignement alliés, cette batterie prend sous son feu les plages de Sword et de Juno.

Dans le détail, ces renseignements indiquent la présence de quatre casemates protégeant de redoutables canons de 150 mm. Cette menace qui pèse sur ces plages de débarquement doit être supprimée par l’action des 600 parachutistes commandés par le lieutenant-colonel Terence Otway.

Mais les parachutages se déroulent mal : Otway ne parvient à regrouper que 150 parachutistes, les autres se sont perdus dans les marais. Il lance toute même son attaque à 4 heures 30 et s’empare de la batterie malgré de très lourdes pertes. Pour en savoir plus sur l’attaque de la batterie de Merville, cliquez ici.

Image : Le "Pegasus Bridge" après les combats du 6 juin 1944

Le « Pegasus Bridge » après les combats du 6 juin 1944. Photo : IWM

Objectif principal n°3 : détruire les ponts à l’est de l’Orne

Cinq ponts entre Varaville et Troarn sur la rive est de l’Orne doivent être détruits vers deux heures du matin. Ces destructions doivent permettre de protéger le flanc est de l’invasion alliée des éventuelles contre-attaques qui suivraient l’opération Overlord.

Quatre des cinq ponts sont détruits peu après l’atterrissage des parachutistes concernés par ces missions.
Mais une fois de plus, les parachutages ne se déroulent pas comme à l’exercice. Le Major Tim Roseveare, chargé de faire sauter le pont de Troarn, réalise que le village est tenu par des éléments de la 21. Panzerdivision lourdement armés.

Loin d’abandonner l’affaire, il met au point un raid audacieux avec l’aide d’une Jeep et de sa remorque dans lesquelles il embarque 900 kilos d’explosifs, 45 détonateurs, un lieutenant et sept sapeurs. Traversant à pleine vitesse la rue principale de Troarn sous un feu nourri qui peut déclencher les détonateurs à n’importe quel moment, ils atteignent le pont et se mettent immédiatement au travail. Cinq minutes plus tard, ils font sauter les charges qui creusent un large trou au milieu du pont mais sans le détruire entièrement. Au moment de se replier et dans la précipitation, le sapeur Peachey tombe de la remorque et est fait prisonnier par les Allemands.

Image : 3 soldats Britanniques montant la garde à un carrefour stratégique

3 soldats britanniques montant la garde à un carrefour stratégique. Photo : IWM

Opération Mallard

Le lancement de la deuxième vague de la 6e division aéroportée intervient en début de soirée la 6 juin 1944, dans le cadre de l’opération Mallard. 223 planeurs Horsa atterrissent sur la DZ « W » au sud d’Ouistreham et la DZ « N » à l’est de Ranville à compter de 21 heures pour apporter des renforts en hommes et en matériel à la première vague de la 6e division aéroportée.

Sur la DZ « W » atterrissent des éléments de la 6e brigade aérotransportée (Airlanding brigade), de la compagnie A du 12th Devons et de la compagnie D du 2nd Ox & Bucks. Sur la DZ « N » atterrissent l’état-major de 6e brigade aérotransportée, le 1er bataillon du Royal Hulster Regiment et le régiment de reconnaissance RAC avec ses 30 planeurs Hamilcar qui transportent des chars Tetrarch.

Image : Opération Mallard - Parachutages britanniques en Normandie

Ces artilleurs de la 3e division d’infanterie assistent aux parachutages de la 6ème division aéroportée à 21h00. Photo : IWM

L’opération Mallard est lancée alors même que les Allemands contre-attaquent en direction de Sword avec la 21. Panzerdivision du Major Hans von Luck. Visible de tous, cette action aéroportée gonfle moral des soldats alliés dans ce secteur après une première journée de combat. Inversement, elle pousse les Allemands à interrompre leur contre-attaque et à se replier au sud, levant une importante menace qui pesait sur les plages du débarquement.

Bilan

Les objectifs initialement prévus sont dans la très grande majorité atteints par les éléments de la 6e division aéroportée. Au soir du 6 juin 1944, cette division est entièrement déployée, exceptées les unités transportées par voie maritime.

Image : Les planeurs se posent à l'Est de Ranville, entre Hérouvillette et Le Mesnil

Les planeurs se posent sur la DZ « N » à l’est de Ranville, entre Hérouvillette et Le Mesnil. Photo : IWM

La 5e brigade tient le Bas de Ranville (13e bataillon), Ranville (12ème bataillon) et la DZ « N » (7e bataillon) ; la 3e brigade est étalée sur un front de plus de cinq kilomètres entre le Bois de Bavent au sud (8e bataillon), Le Mesnil au centre (1er bataillon canadien) et Le Plein au nord (9e bataillon) ; la 1st Special Service Brigade tient Le Plein, Le Hauger et Amfreville.

Le lieutenant-colonel Bradbrooke, commandant les parachutistes anglais et canadiens (lui-même sous les ordres du général Gale) peut être fier de ses hommes qui, malgré les difficultés rencontrées (erreurs de largage, dispositifs ennemis importants, etc.), ont su mener à bien leurs missions.

Le flanc gauche de l’invasion alliée est protégé par les parachutistes anglo-canadiens, qui se préparent aux éventuelles contre-attaques allemandes en valorisant leurs positions défensives face à la 21. Panzerdivision jusqu’au lancement de l’opération Paddle le 17 août 1944.

1 166 soldats de la 6e division aéroportée ont trouvé la mort pendant la bataille de Normandie. La plupart d’entre eux sont enterrés au cimetière militaire de Ranville.

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