Opération Chicago

Les opérations aéroportées américaines en Normandie

Galeries de photos des opérations aéroportées en Normandie

Organisation de l’opération Chicago

L’opération Chicago (également connue sous l’appellation « mission Chicago ») consiste en l’aérotransport par planeur des renforts de la 101e division aéroportée. Il s’agit du deuxième volet de trois assauts successifs menés par cette division sur le Cotentin, le premier étant l’opération Albany. L’objectif de Chicago est de fournir des renforts en hommes et surtout en équipements aux régiments parachutés afin d’augmenter leur puissance de feu et leur capacité de franchissement en territoire ennemi. Ces moyens transportés sont des pièces d’artillerie, des véhicules légers, des postes radio, des mitrailleuses, des munitions, des explosifs ainsi que des moyens d’aide à la mobilité et à la contre-mobilité pour les sapeurs.

Image : Les C-47 et les planeurs attendent l'ordre de décollage

Les C-47 et les planeurs attendent l’ordre de décollage. Photo : NARA

L’assaut aérotransporté de l’opération Chicago est supervisé par le commandant en second de la 101st Airborne, le général Don F. Pratt, qui embarque à bord du Waco « Fighting Falcon » piloté par le lieutenant-colonel Mike Murphy et le Second Lieutenant John M. Butler.

52 planeurs Waco sont nécessaires pour l’opération. Ils sont remorqués par autant de Dakota C-47 appartenant au 434th Troop Carrier Group (TCG) basé à Aldermaston. Le posé des planeurs sur les zones d’atterrissage (en anglais « landing zones« , LZ) est initialement prévu pour débuter à l’aube, permettant ainsi aux parachutistes largués peu après minuit de sécuriser les aires d’assaut. Mais le 27 mai 1944 les Alliés choisissent d’avancer cet horaire de deux heures en le fixant à 4 heures du matin pour que les planeurs profitent de l’obscurité et ne soient pas mis en danger par la Flak, l’artillerie anti-aérienne allemande.

Image : Les C-47 et les planeurs sont prêts à décoller

Les C-47 et les planeurs sont prêts à décoller. Photo : NARA

Plusieurs unités sont transportées par planeur. La plus nombreuse est la 81st Airborne Antiaircraft Battalion qui occupe 44 Waco avec deux batteries (batterie A et batterie B) complètes. Dans les 8 autres planeurs se tassent des éléments de la 101st Signal Company et du 326th Airborne Engineer Battalion, une équipe chirurgicale de la 326th Airborne Medical Company et la section anti-char du 327th Glider Infantry Regiment. Dans le détail, les Waco transportent 155 personnels, 25 véhicules légers, 16 canons anti-char de 57 mm, 11 tonnes d’équipements divers (avec notamment une radio SCR-499) et 2,5 tonnes de munitions.

L’opération Chicago a pour zone d’atterrissage la LZ « E » située aux abords nord-ouest de Hiesville et qui est colocalisée avec la zone de saut « C » (cette dernière étant destinée aux 1er et 2e bataillons du 506e régiment parachutiste ainsi qu’au 3e bataillon du 501e régiment parachutiste). Cette « landing zone » est de forme triangulaire, d’un kilomètre de longueur et d’un kilomètre et demi de largeur. Elle est située au coeur du dispositif de la 101e division aéroportée ce qui permet de renforcer les trois zones de saut divisionnaires en un minimum de temps. Contrairement aux zones d’atterrissage des planeurs de la 6e division aéroportée au nord-est de Caen, la LZ « E » est très compartimentée en plusieurs vergers et champs bordés de hautes haies propres au bocage normand ainsi que par des lignes d’arbres atteignant parfois les quinze mètres de hauteur. Cependant, les champs de ce secteur sont en moyenne deux fois plus étendus que dans le reste du Cotentin.

Image : Planeur Waco CG-4A "Hadrian" en vol

Planeur Waco CG-4A « Hadrian » en vol. Photo : NARA

Déroulement de l’opération Chicago

Les premiers C-47 remorquant les planeurs de l’opération Chicago décollent d’Angleterre à 01 heures 19 le mardi 6 juin 1944. Les Dakota se rassemblent par quatre et la formation adoptée est appelée échelon à quatre sur la droite. Quelques minutes seulement après le décollage, le planeur transportant l’unique radio SCR-499 devant servir à la liaison entre la 101e Airborne et la 4e division d’infanterie casse sa remorque et doit atterrir d’urgence. Finalement récupérée, cette radio est transférée dans un autre planeur affecté à l’opération Keokuk.

Lorsque les séries de planeurs parviennent au-dessus de la Normandie, l’artillerie anti-aérienne entre en action et parvient à toucher plusieurs appareils : un C-47 et son planeur s’écrasent sur la Douve à proximité de Pont-l’Abbé tandis que sept autres Dakota sont endommagés mais parviennent tout de même à poursuivre leur mission. Un C-47 perd la formation à travers les nuages et décide de larguer sa remorque au sud de Carentan, plusieurs kilomètres au sud de l’aire d’atterrissage.

Image : Plan de l'opération Chicago

Plan de l’opération Chicago

Consulter la 27e série de largage

Le marquage au sol effectué par les Pathfinders sur la LZ « E » est repéré par les pilotes des 49 Dakota encore opérationnels qui larguent leur remorque à 3 heures 54 pour les premiers appareils et à 140 mètres (450 pieds) d’altitude. Livrés à eux-mêmes, les planeurs doivent effectuer une rotation de 270 degrés conformément aux instructions préalables. Lors de cette phase délicate, de nombreux pilotes sont désorientés d’autant plus que la luminosité de la Lune est très faible durant cette nuit, les nuages étant très nombreux.

Image : Un laneur Waco CG-4A abimé lors de son atterrissage

Un planeur Waco CG-4A abimé lors de son atterrissage. Photo : NARA

Seuls 6 des 49 planeurs atterrissent directement sur la LZ « E », 15 autres touchent le sol de Normandie à moins d’un kilomètre. 10 autres atterrissent dans la région des Forges à l’ouest (sur la LZ « W » destinée aux planeurs de la 82e division aéroportée). Les 18 planeurs restant se posent dans un rayon de trois kilomètres autour de la LZ « E », sauf un qui atterri une vingtaine de kilomètres plus au sud, près de Graignes.

L’atterrissage des planeurs se déroule dans des conditions difficiles. L’obscurité pose de sérieux problèmes aux pilotes qui aperçoivent tardivement les lignes d’arbres bordant les champs et sont dans l’obligation de changer de zone de poser. La rosée est particulièrement présente à ce moment de la nuit et les planeurs glissent sur l’herbe sans ralentir : la plupart d’entre eux s’encastrent dans les haies à pleine vitesse malgré tous les efforts effectués par les équipages pour freiner. C’est notamment ce qui arrive aux pilotes du « Fighting Falcon » transportant le général Pratt : en dépis des actions du lieutenant-colonel Murphy, le Waco heurte une haie composée de peupliers de 12 mètres de haut au sud-ouest de Hiesville à 250 mètres de la D329. A l’intérieur, le général Pratt est assis à bord d’une Jeep et meurt à l’impact, la nuque cassée par le choc, tandis que le sous-lieutenant Butler est tué par une branche d’arbre traversant le cockpit côté copilote.

Image : L'épave du Waco "Fighting Falcon" près de Hiesville. Le corps est celui du sous-lieutenant Butler.

L’épave du Waco « Fighting Falcon » près de Hiesville. Le corps est celui du sous-lieutenant Butler. Photo : NARA

Bilan de l’opération Chicago

L’opération Chicago est une réussite dans sa globalité. Les renforts aérotransportés parviennent à destination pour renforcer les parachutistes américains largués dans le cadre de l’opération Albany 3 heures et 40 minutes plus tôt.

Dans la grande majorité des atterrissages, les équipements transportés par planeur sont en état de fonctionner et sont récupérés immédiatement après l’atterrissage. Les autres Waco sont déchargés à l’aube par une patrouille envoyée par le commandement de la 101e division aéroportée. Cette dernière a retrouvé vers midi 115 soldats aérotransportés (jusque là isolés), 6 canons anti-chars, 3 Jeeps et a fait 35 prisonniers au cours de l’aller-retour entre Hiesville et la zone de poser.

Les pertes humaines s’élèvent à un total de cinq tués (dont le général Pratt, commandant en second de la division), dix-sept blessés et sept portés disparus. Quantitativement, ces chiffres sont supérieurs aux estimations les plus optimistes, mais la mort de Don Pratt est un coup sérieux porté à la division.

Image : Un planeur Waco endommagé posé sur la LZ "E"

Un planeur Waco endommagé posé sur la LZ « E ». Photo : NARA

La troisième mission aéroportée de la 101e division a lieu en début de soirée vers 21 heures ce mardi 6 juin 1944 : l’opération Keokuk. 32 planeurs viennent renforcer la division américaine en hommes et en équipements.

Retour au menu Opérations aéroportées américaines en Normandie

Débarquement de NormandieBataille de NormandieLa Normandie, aujourd’hui
MédiathèqueArmographieFilmographieBibliographieBoutiqueForumInfos du site