Opération Crossbow

Opérations préliminaires au débarquement de Normandie

Une fusée V2 est tirée par les Allemands depuis la base de lancement de Peenemünde en Poméranie Occidentale. Photo : Bundesarchiv

Une fusée V2 est tirée par les Allemands depuis la base de lancement de Peenemünde en Poméranie Occidentale.
Photo : Bundesarchiv

La menace des fusées allemandes

Alors que les Alliés reprennent l’avantage à compter de la défaite allemande infligée à Stalingrad en février 1942, Hitler est persuadé qu’il peut remporter définitivement la guerre avec l’aide des nouvelles armes, les fameuses Vergeltungswaffen ou « armes de représailles », qui sont susceptibles de détruire des lieux stratégiques en une seule frappe. Les fusées V-1 et V-2 entrent dans cette logique et frappent l’Angleterre sans discontinuer depuis l’annulation de l’opération allemande Seelöwe, qui consistait à envahir la Grande-Bretagne.

Les rampes de lancement de ces fusées ainsi que les usines de construction de ces « armes de représailles » sont installées à divers endroits dans le nord-ouest de l’Europe et les constructions sont relevées par les résistants locaux qui transmettent ces informations à Londres. En plus de ces précieuses données, l’aviation alliée équipe des avions en vue de chercher le renseignement et de photographier ces sites. Une fois les informations déchiffrées, il apparait que quatre-vingt seize bases de lancement ainsi que huit centres d’approvisionnement (d’une capacité de 250 fusées V-1 par centre) sont en construction et doivent être opérationnelles pour le printemps 1944.

Cette capacité de frappe allemande représente une menace certaine pour les Alliés qui sont dans l’obligation de la prendre en compte et de la traiter. Leurs adversaires pourraient, si ces sites sont opérationnels pour le mois de juin 1944, détruire l’ensemble des navires de la flotte traversant la Manche ainsi que la tête de pont se formant en Normandie. Les Alliés décident d’attaquer les premiers.

Lancement de l’opération Crossbow

Dès le mois de décembre 1943, les premiers bombardements aériens commencent sur les sites référencés. Les Alliés ne peuvent pas être certains de l’efficacité de leurs frappes, aussi décident-ils de larguer leurs bombes régulièrement et en grande quantité, jusqu’au moment du débarquement. 

Ces bombardements ont pour conséquence la fermeture d’un certain nombre de sites. Ces derniers sont particulièrement vulnérables aux attaques aériennes et les Allemands manquent de moyens pour augmenter massivement la production des rampes de lancement et des fusées. La solution, imaginée par Helmuth Walther, est de mettre en place des sites modulables, susceptibles d’être démontés et transférés à un autre endroit en vingt-quatre heures. Ce système porte le nom de Belhamelin, qui est tiré du lieu-dit où est installé le premier site modulable, à proximité de Cherbourg dans le Cotentin. Il se compose d’une rampe métallique de six mètres de long.

Conséquences de l’opération Crossbow

Les Alliés, avec l’opération Crossbow, ne suppriment pas le danger des fusées allemandes. Toutefois, ils empêchent leurs adversaires d’intervenir ou et quand ils le désirent, et surtout de la manière forte. Ces modules légers n’ont rien de comparable à la puissance de frappe des sites lourds et à la logistique de ravitaillement qui les accompagne. Pour compenser ces pertes, les Allemands multiplient le nombre de ces installations : 156 rampes sont disposées entre Cherbourg et Calais.

Lorsque le débarquement débute le 6 juin 1944, les sites de lancement de fusées sont totalement impuissants et ne parviennent pas à stopper la machine de guerre alliée. Les bombardements alliés ont eu pour conséquence de ralentir la construction de ces installations et de modifier la stratégie allemande de développement des fusées V-1 au nord de la France, effaçant ainsi une menace potentielle pour le bon déroulement de l’opération Overlord.

 

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