Opération Fortitude

Les préparatifs du Débarquement de Normandie

Guerre du renseignement

Opération FortitudeUn char gonflable représentant un char Sherman M4 et supposé tromper les missions de reconnaissance aérienne allemande dans le cadre de l’opération Fortitude. Photo : IWM

A partir de 1943, l’opération Round-up (en français : rassemblement) commence. Les Anglos-Américains transfèrent une grande partie de leurs effectifs militaires en Angleterre et ces manœuvres sont remarquées par les forces de l’Axe, qui s’intéressent de près à ces mouvements. Les Allemands comprennent rapidement qu’il s’agit d’une offensive amphibie de grande envergure en préparation.

Pour en savoir plus, et pour adapter leurs mises en alertes, les services de renseignements de l’Axe renforcent leur présence en Angleterre. Les Alliés, qui s’attendaient à une recrudescence des agents allemands et Italiens, décident de créer un centre chargé d’envoyer de faux renseignements afin de désorienter les services étrangers. C’est la naissance de l’opération Fortitude, dirigée par la Section de contrôle située à Londres.

Les fausses informations envoyées par la Section de contrôle sont variées : ainsi des opérations « coups de poing » effectuées par des commandos britanniques sont signalées par Londres, tout comme des mouvements de troupes en direction de la Norvège ou vers le Pas-de-Calais. L’objectif principal de cette stratégie est le suivant : éloigner les Allemands de la Normandie et les tromper sur les préparatifs du débarquement.

Une armée en caoutchouc

Afin d’augmenter l’effet de désinformation des forces allemandes, les Alliés décident de construire des leurres gonflables qui, vus d’un avion de reconnaissance, font croire à de réelles unités. La campagne du sud-est de l’Angleterre voit ainsi une quantité importante de chars, véhicules de transport et d’artillerie factices, peints aux marques de la 3e armée commandée par le bouillant et redouté général Patton. Dans les ports de la région de Douvres, des bâtiments de guerre et des navires de transport en bois ou en caoutchouc prennent place.

Cette action de déception se compose de deux opérations distinctes, l’une américaine (opération Quicksilver, confiée à Patton), l’autre britannique (opération Skye). L’opération Skye consiste à mobiliser une fausse armée (4th Army) au sud de l’Ecosse et en Irlande afin de simuler des préparations de débarquement en Norvège.

Les Allemands reçoivent dans un premier temps des informations provenant de leurs avions de reconnaissance, qui indiquent qu’une gigantesque armée s’organise en Angleterre, tout juste en face du Pas-de-Calais. Effectivement, les appareils de la Luftwaffe sont assez étonnés de pouvoir survoler relativement facilement la région du sud-est de l’Angleterre, alors que ce n’était pas possible avant le début de l’année 1944, du fait du nombre important de patrouilles britanniques dans cette zone.

En réalité, les aviateurs britanniques de la Royal Air Force ont reçu l’ordre de s’éloigner des avions de reconnaissance allemands, mais ils doivent toujours cependant abattre les bombardiers ennemis. Les pilotes allemands peuvent ainsi photographier les sites de regroupement des unités alliées qu’ils prennent pour de véritables engins, mais qui en vérité ne sont que des ballons gonflables adoptant la forme de chars, de canons ou de navires de guerre.

Un faux débarquement

La stratégie alliée vise à protéger à la fois les préparatifs de l’opération Overlord, mais également le déroulement même de cette offensive. En effet, les chefs militaires anglo-américains ont conscience que les premières 48 heures d’Overlord sont décisives. Il leur faut débarquer très rapidement un maximum d’unités, afin de résister aux probables contre-attaques immédiates allemandes.

Pour avoir le temps d’établir une tête de pont relativement solide en Normandie, la Section de contrôle de Londres donne le départ, quelques heures avant le Jour J, à une série de manœuvres indiquant qu’une attaque alliée amphibie de grande envergure est en cours en face du Pas-de-Calais. Les Allemands devront obligatoirement maintenir une force militaire importante dans cette région, s’ils tombent dans le piège, une force qui ne serait pas employée sur une autre zone d’opération, comme en Normandie.

Les bombardements aériens sont nettement plus intenses au nord de la France, et particulièrement en face de Douvres, depuis mai 1944. Dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, plusieurs milliers de tonnes de bombes sont larguées par des bombardiers Alliés dans la région du Pas-de-Calais. Les soldats allemands de la XVe armée sont placés en alerte : leurs généraux redoutent un débarquement allié dans cette zone.

Pour ajouter à la confusion, une escadre de petites embarcations émettant de fausses communications radio quitte le 5 juin 1944 en soirée les ports du sud-est pour se diriger ensuite vers le nord de la France. Les opérateurs de surveillance allemands remarquent de larges échos sur leurs radar et donnent l’alarme : pour l’Allemagne, le débarquement aura bien lieu, il se fera au Pas-de-Calais.

Le piège de l’opération Fortitude tendu par la section de contrôle basée à Londres fonctionne à merveille. Le Jour-J, perturbés par les nombreux rapports contradictoires en provenance du Pas-de-Calais et de la Normandie dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, les Allemands considèrent le débarquement sur les plages de Basse-Normandie comme une diversion, tandis que le véritable débarquement aura lieu dans le Pas-de-Calais.

Les généraux allemands sont persuadés que le débarquement en Normandie n’est qu’une simple diversion malgré les moyens engagés. Ils choisissent de maintenir en alerte les 150 000 hommes de la XVe armée dans le Pas-de-Calais et décident de ne pas envoyer ces troupes combattre en Normandie. L’opération Fortitude est une très grande réussite, à un tel point que les Allemands n’engageront la XVe armée qu’à partir de mois d’août 1944.

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