Amfreville (Manche)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 11 juin 1944

Unités engagées :

Drapeau américain 325th Glider Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 505th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 507th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 508th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 357th Infantry Regiment, 90th Infantry Division

Drapeau nazi Grenadier-Regiment 1057, 91. Infanterie Division

Drapeau nazi III/Grenadier-Regiment 1058, 91. Infanterie Division

Historique :

Le village d’Amfreville est placé au printemps 1944 sous la responsabilité du Grenadier-Regiment 1058 (91. Infanterie Division). Cette commune devient, lors de la phase de préparation de l’opération Overlord, l’un des objectifs du 507th Parachute Infantry Regiment (PIR) commandé par le colonel George V. Millet. Ce régiment doit être parachuté dans le cadre de l’opération Boston à moins d’un kilomètre au nord d’Amfreville pour accélérer la prise du village et pour sécuriser le secteur au nord-ouest de la chaussée de La Fière, point névralgique de la région. La zone de saut (« drop zone » en anglais) est codée « T ». C’est la compagnie F commandée par le capitaine Paul F. Smith qui est chargé de s’emparer de la commune.

Aux premières heures du 6 juin 1944, les éclaireurs sont largués pour baliser la « drop zone » (DZ) T. Mais les Allemands patrouillent dans le secteur et empêchent les Américains d’accomplir leur mission cruciale de balisage. Seul le stick numéro 2 aux ordres du lieutenant Charles Ames parvient à activer le système Eureka qui communique directement avec les avions de transport C-47. Par ailleurs, les séries de largage destinées à la DZ T font face à un important barrage d’artillerie anti-aérien durant leur passage au-dessus du Cotentin. Ces tirs, peu précis mais très nombreux, désorientent les pilotes et entraînent un sentiment de panique au sein des formations tenues par les C-47. Le parachutage du 507th PIR, qui débute à 2 heures 39, se déroule ainsi dans de très mauvaises conditions : trois sticks seulement atterrissent à proximité immédiate de la DZ. Les autres sont dispersés dans la région, notamment dans les marais aux abords du Merderet, et 180 parachutistes sont largués à plus de 20 kilomètres de leur zone de saut.

Le colonel George V. Millet est largué au nord-ouest d’Amfreville : une fois au sol, il ne parvient à rassembler que quarante paras. Magré ces faibles effectifs, il se dirige vers le sud de la localité d’Amfreville pour s’en emparer. Mais la résistance allemande est particulièrement forte et les moyens américains trop limités ; les paras se replient un kilomètre à l’ouest à hauteur du lieu-dit Les Landes dont ils s’emparent.

Le lieutenant-colonel Charles J. Timmes, commandant le 2ème bataillon du 507th PIR, est largué à l’est d’Amfreville. Il ne parvient à rassembler que trente parachutistes mais lorsqu’il entend des coups de feu provenant du village d’Amfreville, veut détourner l’attention des Allemands et prend d’assaut la commune par l’est. Face à un adversaire supérieur en nombre et préparé à la défense, il ne parvient pas à briser la ligne et doit se replier un kilomètre à l’est de la commune ; Timmes installe son poste dans un verger et fait établir un périmètre de sécurité sur 360 degrés. Sans radio, il doit absolument rétablir la liaison avec ses chefs et décide alors d’envoyer une patrouille de 17 parachutistes aux ordres du lieutenant Lewis Levy (compagnie D, 507th PIR) en direction du pont de La Fière. Dans la matinée, sa position est renforcée par une équipe de mitrailleurs que le lieutenant Levy à rencontré en chemin.

Pendant toute la journée du 6 juin, Timmes est isolé et son périmètre est continuellement sous le feu de l’adversaire. Le village d’Amfreville n’est pas sous contrôle mais il est progressivement encerclé par les parachutistes qui se regroupent : 75 d’entre eux viennent renforcer le colonel Millet au lieu-dit Les Landes. Plusieurs prisonniers américains sont gardés à Amfreville où ils sont interrogés durant de longues heures. Pour le général Gavin, commandant en second de la 82nd Airborne Division, il devient de plus en plus urgent de secourir ces éléments isolés de part et d’autre d’Amfreville, mais les parachutistes américains sont bloqués le long du Merderet et ne parviennent pas à briser la ligne de défense allemande qui est renforcée par l’arrivée d’éléments appartenant au Grenadier-Regiment 1057.

Il faut attendre le 8 juin pour que la situation semble évoluer. Le colonel Harry L. Lewis commandant le 325th Glider Infantry Regiment (GIR) ordonne au Major Teddy H. Sanford à la tête du 1er bataillon de traverser le Merderet au nord de La Fière et de sécuriser la chaussée en établissant la liaison aussi bien avec les parachutistes situés au lieu-dit des Landes qu’avec ceux du lieutenant-colonel Timmes à l’est d’Amfreville. Au même moment, le colonel Millet doit faire mouvement vers l’est afin de retrouver les lignes amies. Mais c’est sans compter sur la résistance allemande dans le secteur : les Américains s’avèrent incapables de se progresser tant la puissance de feu adverse est forte : le colonel Millet et plusieurs de ses hommes sont faits prisonniers. Les soldats aérotransportés du 1/325th GIR parviennent à établir la liaison avec Timmes puis ils poursuivent l’offensive en direction de la chaussée, mais doivent faire demi-tour du fait de la résistance adverse.

Le 9 juin, une nouvelle offensive américaine est déclenchée par le 325th GIR en direction d’Amfreville depuis La Fière, mais elle se brise à l’extrémité ouest de la chaussée, à l’est du hameau des Helpiquets. Les pertes enregistrées durant cet assaut sont effroyables et les soldats aérotransportés, appuyés par des parachutistes du 507th PIR et du 508th PIR, mettent un terme à l’attaque.

Le 10 juin à 5 heures, le 357th Infantry Regiment commandé par le colonel Philip H. Ginder et appartenant à la 90th Infantry Division traverse la chaussée, 2ème bataillon en tête, et débute l’assaut du hameau du Motey mais ne parvient pas à bousculer les défenseurs allemands devant Amfreville, solidement retranchés depuis plusieurs jours. A la tombée du jour, le 2ème bataillon est relevé sur position par le 1er bataillon qui lance une nouvelle attaque à 21 heures 30, sans plus de succès. Le 10 juin à minuit, le 357th Infantry Regiment enregistre 15 tués et 84 blessés durant cette première journée de combats. Le 11 juin dans la matinée, les fantassins renouvellent l’offensive et s’emparent cette fois de la commune avant de progresser en direction du hameau des Landes.

Cartes d’Amfreville :

Image : carte de Amfreville