Tilly-la-Campagne (Calvados)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 8 août 1944

Unités engagées :

Drapeau canadien de 1944 The Essex Scottish Regiment, 4th Infantry Brigade, 2nd Infantry Division

Drapeau canadien de 1944 The Royal Regiment of Canada, 4th Infantry Brigade, 2nd Infantry Division

Drapeau canadien de 1944 The Calgary Highlanders, 5th Infantry Brigade, 2nd Infantry Division

Drapeau anglais North Nova Scotia Highlanders, 9th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division

Drapeau anglais Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders, 9th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division

Drapeau anglais 10th Armoured Regiment The Fort Garry Horse, 2nd Armoured Brigade

Drapeau anglais 2nd Battalion The Seaforth Highlanders, 152nd Infantry Brigade, 51st Infantry Division

Drapeau anglais 5th Battalion The Seaforth Highlanders, 152nd Infantry Brigade, 51st Infantry Division

Drapeau anglais 148th Regiment Royal Armoured Corps, 51st Infantry Division

Drapeau nazi Grenadier-Regiment 1055, 89. Infanterie Division

Drapeau nazi 1. SS Panzer-Division « Leibstandarte Adolf Hitler »

Historique :

La commune de Tilly-la-Campagne est située sur un léger mouvement de terrain d’une hauteur de 76 mètres qui permet d’avoir des vues sur le secteur. Elle est défendue par des éléments de la 1. SS Panzer-Division « Leibstandarte Adolf Hitler ». Conformément au plan de l’opération Spring, lancée le 25 juillet 1944, c’est le North Nova Scotia Highlanders (9th Infantry Brigade, 3rd Infantry Division) qui est chargé de s’en emparer.

L’assaut est précédé par un important bombardement aérien. Les Canadiens débutent la progression à compter de 3 heures 30 du matin à la lueur de faisceaux lumineux qui sont dirigés vers les nuages afin de créer un effet de réverbération. Cependant ce système est à double tranchant dans la mesure où il permet également aux Allemands de voir leurs adversaires. Le North Nova Scotia Highlanders progresse sur deux fuseaux : les compagnies B et D à l’est et la compagnie C à l’ouest. Cette dernière pénètre au nord-ouest du village sans difficultés majeures malgré la défense adverse. Les deux autres compagnies rencontrent plus d’obstacles et le commandant d’unité de la compagnie D, le Major Matson, est tué, tout comme son remplaçant quelques minutes plus tard, le capitaine Nicholson. Le Major Wilson, commandant la compagnie B, est blessé durant les combats. Les problèmes de communication étant fréquents, les Canadiens mettent en place un système de signal pour rester informer de l’évolution de la situation et à 4 heures 30, une fusée éclairante est tirée : c’est le signe de la réussite de la mission : Tilly-la-Campagne est sous contrôle. Le lieutenant-colonel Charles Petch, commandant le North Nova Scotia Highlanders, est soulagé.

Mais cette satisfaction ne dure pas : Petch se rend rapidement compte que l’intégralité du village n’est pas sous contrôle et que les Allemands, tenant la moitié sud du village, s’infiltrent partout. Par ailleurs, ils sont renforcés dès l’aube par des unités blindés qui occasionnent de très lourdes pertes dans le camp adverse. Pendant toute la journée du 25 juillet, les combats se poursuivent avec acharnement et jusqu’au corps à corps dans les rues et dans les maisons. Le lieutenant-colonel Petch fait appel à la compagnie A et à l’escadron C du Fort Garry Horse au profit de la compagnie C à l’ouest de Tilly-la-Campagne mais les blindés canadiens ne peuvent rien face aux chars Panther de la 1. SS Panzer-Division qui passent à l’assaut : onze chars sont détruits en quelques minutes et l’escadron C se replie vers Bourguébus. Depuis une position favorable et pendant tout l’après-midi, ils appuient du mieux qu’ils peuvent les soldats de la compagnie C qui creusent des trous de combat et s’enterrent pour se protéger des tirs et des bombardements incessants.

De plus en plus isolé et en infériorité numérique, Petch ordonne à ses hommes de se replier à la faveur de la nuit et de retrouver leur point de départ initial. Les communications passant mal, tous les Canadiens ne reçoivent pas l’information et les survivants de la compagnie A, au nombre de 9, ne se replient qu’au petit matin du 26 juillet. Les Allemands de la 1. SS Panzer-Division profitent de l’obscurité de la nuit pour renforcer leur présence dans Tilly-la-Campagne. De petits groupes de Canadiens restent fixés dans les ruines du village, isolés et en proie à une mort certaine.

Le 26 juillet, malgré les terribles pertes subies, le North Nova Scotia Highlanders reçoit l’ordre de relancer son offensive pour s’emparer du village, appuyé par le Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders et les chars de l’escadron C du Fort Gary Horse. Le général commandant la 9th Infantry Brigade, le Brigadier Cunningham, s’insurge contre cet ordre auprès du général Keller commandant la 3ème division d’infanterie canadienne. Finalement, aucun assaut n’est lancé, car les chances de réussite sont minces. Du 24 au 26 juillet, le North Nova Scotia Highlanders enregistre la perte de 58 de ses soldats. Le Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders a 4 tués tandis que le Fort Gary Horse en a 13. Le front n’évolue pas dans les jours qui suivent, mais les soldats continuent de mourir, frappés par les tirs d’artillerie. L’opération Spring est un échec et les Canadiens en ont payé le prix fort.

Les Canadiens renouvellent l’attaque de Tilly-la-Campagne dans la nuit du 31 juillet au 1er août avec l’engagement du Calgary Highlanders (5th Infantry Brigade, 2nd Infantry Division) soutenu par l’Essex Scottish Regiment (5th Infantry Brigade). L’offensive est précédée à une heure du matin le 1er août par une attaque de diversion menée par le Lincoln and Welland Regiment (10th Infantry Brigade, 4th Armoured Division) en direction de Bourguébus. Mais la diversion est rapidement stoppée par les mortiers allemands. A 2 heures 30, le Calgary Highlanders (4th Infantry Brigade, 2nd Infantry Division) s’élance vers Tilly derrière un barrage d’artillerie. Malgré de lourdes pertes, des Canadiens parviennent à s’engager dans le village et de violents combats se poursuivent le restant de la nuit. Cependant, ils n’y restent pas longtemps et se replient tandis qu’une compagnie du Royal Regiment of Canada (4th Infantry Brigade) est envoyée en renfort : elle rebrousse chemin lorsqu’elle rencontre les survivants du Calgary Highlanders qui se replient.

A 14 heures 30, une nouvelle offensive est lancée, sans plus de succès. Les Alliés ordonnent alors le pilonnage massif et permanent du village de Tilly-la-Campagne, aussi bien par l’artillerie que par l’aviation. Les ruines sont bombardées jusqu’à ne plus ressembler qu’à un tas de cendres. Régulièrement, des patrouilles canadiennes s’aventurent aux abords du village pour tester le dispositif adverse : ces actions s’avèrent toutes particulièrement meurtrières car contre tout attente, les S.S. tiennent bon malgré l’intensité du pilonnage et ouvrent le feu sur les patrouilles. Progressivement, les Allemands sont renforcés par l’arrivée d’une nouvelle division sur le front normand, la 89. Infanterie-Division, qui remplace les hommes exténués de la 1. Panzer-Division : à Tilly-la-Campagne, c’est le Grenadier-Regiment 1055 qui prend position. Les S.S. de la Leibstandarte estiment qu’ils viennent de subir le bombardement le plus important depuis le début de la guerre.

Pendant ce temps, les Alliés mettent au point une nouvelle offensive visant à bousculer les lignes de défense allemandes au sud-est de Caen : il s’agit de l’opération Totalize, qui débute dans la soirée du 7 août 1944 par de violents bombardements. Cette fois, aux premières heures du 8 août, c’est le 2nd Battalion The Seaforth Highlanders (152nd Infantry Brigade, 51st Infantry Division) qui monte à l’assaut, mais les éléments de la 89. Infanterie-Division repousse cette première attaque de la journée. Le 5th Battalion The Seaforth Highlanders (152nd Infantry Brigade) prend le relais. A 7 heures du matin, c’est au tour des chars de l’escadron B du 148th Regiment Royal Armoured Corps d’intervenir : le Grenadier-Regiment 1055 se replie, Tilly-la-Campagne tombe définitivement aux mains des Alliés en fin de matinée, mais à quel prix !

Pas moins de dix régiments d’infanterie et de cavalerie alliés, des dizaines d’unités d’appuis et de soutien ainsi que des forces aériennes ont été engagés pour s’emparer de ce petit village normand réduit à l’état de cendres au début du mois d’août 1944. Les pertes alliées s’élèvent à plusieurs centaines de soldats tués, blessés et disparus.

Photo de Tilly-la-Campagne :

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8 août 1944 : des chars Sherman canadiens progressent pendant l’attaque de Falaise entre les localités de Hubert-Folie et de Tilly-la-Campagne. Photo : IWM.

 

Cartes de Tilly-la-Campagne :

Image : carte de la commune de Tilly-la-Campagne

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