IL Y A TOUT JUSTE 64 ANS, SOUVENONS NOUS... 3 Juillet 1944

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IL Y A TOUT JUSTE 64 ANS, SOUVENONS NOUS... 3 Juillet 1944

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24 Juin 1944- Drame du DERRY CUNIHY en face de Ouistreham

La tempête du 19 au 21 Juin a fortement handicapé le débarquement des alliées. Bon nombre de navires pleins d'hommes et de matériel sont alors restés au large, ne pouvant approcher les côtes.

C'est le cas du Derry Cunihy, transporteur de troupes MT 41, qui est stationné depuis le 20 Juin au large de Ouistreham. A son bord, les 500 hommes du régiment de reconnaissance d'une division britannique, la 43e WESSEX.

La Luftwaffe n'a pas cessée ses activités pendant la tempête et se sont ainsi quantité de mines qui se trouvent derversées dans la Baie de Seine. Il s'agit de mines à dépression, flottant entre deux eaux et qui explosent sous la préssion provoquée par le déplacement des navires. Ces mines sont très difficiles à repérer.

Au matin du 24 Juin 1944, le commandant du Derry Cunihy reçoit l'ordre de changer de position et gagner un endroit moins encombré. La plupart des hommes à bord dorment encore paisiblement. Soudain, une énorme explosion rompt le silence juste après la mise en route des machines. Le Navire est alors coupé en deux.

La poupe ne tarde pas à s'enfoncer dans les flots attirant avec elle des dizaines d'hommes pris au piège d'autant que nombre de véhicules stockés sur le pont s'écroulent sur eux. L'avant du navire flotte encore mais se retrouve vite sous les flammes. Le mélange de munitions et de mazout produit de nombreuses explosions et attisent le brasier.
Très rapidement, de nombreuses embarcations voisines se mobilisent pour porter secour aux survivants. Sur l'épave, le médecin, l'aumônieret et d'autres hommes se distinguent par leur courage pour évacuer les bléssés. Scéne surréaliste, le commandant de l'unité et le capitaine du navire se disputent l'honneur de celui qui sera le dernier a quitter le navire.

Le bilan du soir laisse apparaître l'étendue de la catastrophe:
-180 hommes ont disparu
-150 autres ont été bléssés, mortellement pour certains.



Le régiment vient d'être pratiquement anéanti avant même d'avoir combattu.


D'après J. Quellien.


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Gaël.
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28 Juin 1944- CAEN-L'abbaye aux Hommes et sa société réfugiée.

Contrairement aux cherbourgeois, les caennais attendent encore de retrouver leur liberté en ce Mercredi 28 Juin 1944. Cela fait déjà trois semaines que leur ville est assiégée. La vie a quasiment disparu dans le centre, suite aux bombardements du 6 et 7 Juin. Seuls des centaines de cadavres gissent sous les decombres de leurs anciennes maisons. L'odeur du chaos et de la mort se fait sentir dans tous les recoins de Caen.

Pourtant l'âme de la vieille ville est toujours présente dans les quelques quartiers épargnés par la folie des hommes, à l'Ouest de la ville. Des milliers de sans-abri de tout âge se sont rassemblés à L'abbaye aux hommes. La vieille Eglise Saint Etienne quant à elle, sert de refuge pour les hommes et les femmes qui ont échappés au danger, retrouvant ainsi sa vocation médiaval en ouvrant ses portes de la sorte. Une petite société de 1500 à 2000 personnes prend ainsi possession du vénérable édifice. On y retrouve toutes les scénes de la vie courante et beaucoup d'entraide entre les diffèrentes familles qui sont dans le même besoin chacune. Seul le choeur a échappé à l'invasion mais les bruits de la foule cessent à peine quand les fidèles viennent y suivre l'office.

A quelques métres de l'église, les batiments du Lycée Malherbe (actuelle Mairie) sont aussi sous les flots d'une foule de réfugiés. Des caves aux greniers en passant par les escaliers, les couloirs et le cloître, le gymnase et autre salle des fêtes, se sont plus de 5500 personnes qui occupent desormais les lieux.

Les cuisine dirigées par le très populaire Jean Le Hir, s'étendent jusque dans les cours. Les jeunes des équipes d'urgence ont la charge d'assurer le ravitaillement en fouillant les ruines pour y recupérer nourriture, ainsi que tout ce qui peut servir... Ces derniers n'hésitent pas à quitter la ville à la rechercher de bétail abandonné dans la campagne voisine. Des milliers de biftecks seront ainsi découpés.

Une société éphémère essaye ainsi de survivre au coeur des ruines. Ici, l'argent a perdu beaucoup de sa valeur et de sa signification... Confrontés au même destin, riches et pauvres se côtoient. La fraternité trouve tout son sens en ces temps difficiles.

D'après Jean Quellien.

Image
En arrière-plan, les deux clochers de l'abbaye aux Hommes sont restés intacte malgré les bombardements alliées. (Archive Normandie 39-45)





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Gaël.
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29 Juin 1944-"Le Mont Calvaire"-Cote 112.

Toujours bloqué devant Caen, Montgomery décide de lancer l'opération Epsom qui prévoit de contourner la ville par l'Ouest pour mieux s'en emparer. De grands moyens sont mobilisés: 90 000 hommes réunis en deux corps d'armée, 600 chars et 700 canons appuyés par l'artillerie de marine.

Sous de grosses averses, la 15e division écossaise s'engage dans l'assaut. Saint-Manvieu et Cheux ont été pris après de terribles combats contre les grenadiers de la 12e SS.
Le 27, les Britanniques ont atteint L'Odon, "la vallée de la mort" pour de nombreux hommes.
Le lendemain, franchissant les ponts de Tourmeauville et Gavrus, ils ont ouvert une brèche de l'autre coté de la rivière, bientot surnommé "le couloir des écossais", et les chars de la 11e division blindée ont atteint une hauteur près du village d'Esquay-Notre-Dame: la cote 112.

Mais en ce Jeudi 29 Juin 1944, le redoutable IIe corps blindé SS, composé des 9e et 10e divisions Hohenstaufen et Frundsberg est lancé contre "le couloir des écossais". L'intervention de la marine et de l'aviation permet de stopper la contre offensive. Mais l'opération Epsom est un échèc. La prise de Caen ne sera pas encore pour tout de suite.

Dès lors, débute une terrible bataille qui va durer plus d'un mois, jusqu'à début Août, sur les flancs de la terrible cote 112.
Un officier allemand avait dit: "Qui tient la cote 112 tient Caen". En effet, elle commande la voie vers l'Orne, objectif du commandement britannique.

Sans trève, des milliers d'hommes vont se retrouver à combattre au corps à corps pour garder cette cote. Aux charges impétueuses de la 43e Wessex, font face les contres-attaques brutales des chars SS. Aux bombardements de l'artillerie britannique, répondent les tirs meurtriers des mortiers allemands et des Nebelwerfer, redoutées des Tommies.

Dix fois la position changera de main. Bientot, la colline dévastée n'est plus qu'un gigantesque cimetière jonché de cadavres et de carcasses de véhicules.

Surnommé à bon droit "le Mont calvaire" par les Allemands; la sinistre cote 112 entre dans la légende noire de la bataille de Normandie.

D'après Jean Quellien.


Image

L'infanterie traversant le secteur de Gavrus. (Archive Normandie 39-45)


Image
Frappés par les tirs de mortier, un canon 17. pounder. et un camion ont brûlé sur la côte 112. (Archive Normandie 39-45)


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Gaël.
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Guile
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Très intéressant comme posts, merci Gaël !
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30 Juin 1944- Macabre besogne à la Maison d'arrêt de Caen

Le 29 Juin en fin de journée, une camionnette bachée entre à la Maison d'arrêt de Caen. A son bord quelques Allemands et huit jeunes gens enchaînés. En début d'après-midi, on était venu les extraire de leurs geôles de la prison des Ducs, à Alençon. Sans aucune explication, ils sont immédiatement enfermés dans des cellules pour y passer la nuit.

Tôt en ce Vendredi 30 Juin 1944, ils sont reveillés par de fortes détonations, puis bientôt conduits, sous bonne garde, dans les courettes de promenade de la prison. Par les trous béants ouverts dans les murs à coup d'explosifs, ils aperçoivent, dans le chemin de ronde un fort déploiment de soldats allemands et deux camions.

Divisés en deux groupes, munis de pelles, les huit garçons reçoivent l'odre de creuser les parterres qui occupent le centre des courettes. Macabre découverte. Il y a là de nombreux cadavres empilés les uns sur les autres. Combien? Des dizaines et des dizaines. Ce sont les dépouilles des 75 à 80 patriotes éxécutés tout au long de la journée du 6 Juin, au moment même où Britanniques et Canadiens débarquaient à quelques mettres de là.
Faute de moyens de transport pour les évacuer vers l'Est de la France, puis vers les camps de concentration en Allemagne, le chef de la la Gestapo locale, Harald Heynz, avait pris la terribe decision de les supprimer, afin d'éviter qu'ils tombent aux mains des Alliés.
Presque tous appartenaient à la Résistance et avaient été arretés dans les semaines voire les jours précédant le Débarquement. Conduits un par un dans les courettes de promenade, ils avaient été froidement éxecutés là et enterrés sur place. Seuls une vingtaine d'entre eux furent épargnés - pour des raisons ignorées- et envoyés à pied, le lendemain, en direction de Paris.

Quelques jours plus tard, les nazis revinrent à la Maison d'arrêt pour y faire disparaître les archives permettant d'identifier les victimes. Restait la dernière et la plus terrible trace de leur forfait: les corps eux-mêmes.

Aussi la Gestapo de Rouen donna-t-elle fin juin l'ordre de les faire disparaître.
Enveloppés dans des couvertures, ils furent chargés dans les camions et, en plusieurs voyages, emportés vers une destination restée aujourd'hui encore inconnue, en dépit de multiples recherches. Seule certitude, ils ne peuvent être très loin de Caen puisque les trajets aller et retour des camions n'ont pas durés plus d'une heure et demie à chaque fois.

Quant aux huit prisonniers chargés d'executer cette horrible besogne, deux seulement, des détenus de droit commun, ont été laissés en vie; les six autres, probablement des résistants, ont eux aussi disparu dans "la nuit et le brouillard".

Jean Quellien

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1er Juillet 1944-"OLD SOLDIERS NEVER DIE, THEY DIG"-Aux alentours de Caen.

Cela fait maintenant plus de trois semaines que Canadiens et Britanniques sont bloqués devant Caen.

En effet, les nombreuses offensives menées par Montgomery en ce début de juillet sont venus se heurter contre les six Panzer division du secteur, remarquablement bien disposées de telle sorte que toutes les tentatives de contournement de Caen ont échouées.

Les alliés ne parviennent plus à progresser. On redoute une guerre de position semblable à celle de 14-18, que nombre d'officiers supérieurs ont connu et ne veulent pas revivre.
Certains soldats sont découragés par le nombre de pertes déjà si important. Mais le "creuse ou crève" retrouve sa place sur ce front.


Voir photo ci dessous (disponible à partir de demain):

Sur ce panneau planté par des canadiens contraints de s'enterrer pour survivre, on peut lire :"Des soldats expérimentés ne meurent pas, ils creusent"


"Ce fut une période difficile", déclarera plus tard Eisenhower. Il est vrai que la presse britannique et américaine furent "hostiles" avec le haut commandement allié du fait de la lente progression des troupes.
"Les Alliés ont-ils appris quelques chose de neuf depuis les tranchées en France, il y a vingt-six ans?", questionne l'un des correspondant de guerre.

Le général Montgomery se retrouve la cible d'un journal américain qui lui reproche de "pousser la prudence jusqu'au vice". Certains l'accusent de ménager ses propres troupes au détriment des Gi's.

Les doutes ne vont pas tarder à envahir le haut commandement allié lui même. Ce sont d'abord les responsables de l'aviation qui vont pousser Eisenhower a prendre en main les opérations pour que celles-ci s'accelerent. Ils désirent disposer de la plaine entre Caen et Falaise pour y installer de nouveaux terrains.
Patton fait figurer dans son journal ces conclusions sans appel:
"Montgomery fait un gâchis épouventable en Normandie. Ike est pieds et poings liés devant les Anglais et il ne s'en aperçoit même pas."

Sous la pression, Monty comprend qu'il doit débloquer cette situation. C'est pourquoi il prévoit une nouvelle attaque contre Caen, frontale cette fois-ci, en ce Samedi 1er Juillet.

D'après Jean Quellien.



Je m'excuse auprès des fidéles de ce poste pour cette publication tardive (1 juillet 2008, vers 23:30).
Journée chargée... Image


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Gaël.
USmedic
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[quote="SULLY"]
Je m'excuse auprès des fidéles de ce poste pour cette publication tardive (1 juillet 2008, vers 23:30).
Journée chargée... :)
[/quote]


on se demande bien ce que tu as fais de 17h a 20h :roll: :lol:

good job boy
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Ces des sujets qui donne de la qualité à un forum! Que de la belle Job! J'adore. Image
J. Savoie
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Adrien j'adore cette photo. Un brin d'humour ça a presque toujours sa place.

J. Savoie
Québec, 400 ans d'histoire!
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