L'histoire de l'USS Relief

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Cpl. Darling
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L'histoire de l'USS Relief

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L'USS Relief est un navire de l'US Navy qui participa à la guerre du Pacifique en tant que navire-hôpital. Long de 147 mètres, large de 18 mètres, il peut transporter jusqu'à 11 tonnes de matériel. 700 patients pouvaient être pris à bord en addition à l'équipage qui comprenait 454 personnes : cinquante-deux officiers dont seize de la Navy, trente-quatre du corps médical et deux aumôniers ; plus 402 membres d'équipage dont soixante-quatre était attaché au pont, vingt-trois aux communications, soixante-cinq étaient mécaniciens, dix-sept étaient réparateurs, cent cinquante-quatre faisaient partie du personnel médical et il y avait également douze infirmière de la Navy.

Au lendemain de l?attaque de Pearl Harbor, l'USS Relief fut immédiatement transformé en navire-hôpital dans le port de Boston avant de rejoindre l'immensité du Pacifique. En novembre 1943, il couvrit l'attaque de Tarawa puis en février 1944, celle d'Eniwetok. Après cette dernière bataille, le navire doit retourner à Pearl Harbor pour débarquer les victimes qui encombrent alors ses lits.


12 février-14 février 1944, Pearl Harbor

L'île ressemblait au paradis que les hommes réclamaient après Kwajalein. Aux docks d'Honolulu, le navire débarqua les patients et ils furent accueillis par une fanfare.

Les Américains étaient débarqués les premiers et alors que les Marines quittaient le navire, les blessés japonais furent transportés sur le pont arrière. Pendant que les japonais attendaient dans leurs brancards d'être transférés en bas de la passerelle, les derniers Marines sortaient de leurs salles et traversaient le pont arrière. Pour la première fois depuis le début de la traversée, les Marines étaient face à face avec leurs ennemis. Les Marines regardaient les japonais et les japonais regardaient les Marines. C'était les hommes qui s'étaient entretués quatre jours auparavant. L'officier du pont les regardait. Après un moment, les américains se rapprochèrent des japonais et ils leur donnèrent des cigarettes. Puis ceux qui n'avaient pas le bras dans le plâtre ou en écharpe saluèrent leurs ennemis avant de traverser la passerelle et de quitter le navire.

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Un prisonnier japonais quitte un navire américain

L'équipage travailla toute la nuit pour se ravitailler en provisions, pour ajouter du fuel et pour nettoyer le navire. Le matin suivant, les compartiments dans lesquels les japonais avaient été placés furent désinfectés. Tout le monde eut l'ordre de quitter le navire pendant ce processus. Ceci donna à l'équipage quatre heures de liberté à Pearl Harbor. Après, le navire partit pour l'île de Roi.
Pendant le trajet, les soldats apprirent une musique américaine aux japonais. Les japonais la chantèrent, et même plutôt bien. Le nom de la chanson était " Remember Pearl Harbor".

21 février-29 février 1944, île de Roi

L'USS Relief transporta un supplément de fournitures médicales pour l'île de Roi depuis Pearl Harbor. Elles étaient censées être utilisées pour les hôpitaux établis sur l'île.

L'île de Roi avait été aussi gravement touchée que Kwajalein ou Tarawa. Des groupe entiers de maison étaient détruits, les bâtiments étaient torus et grotesques. Ils ressemblaient à un film pour Journey's End. Des avions et des épaves japonaises de toutes sortes jonchaient la plage.

Le groupe de maisons que les japonais avaient occupé comme lieu de résistance avait été converti en hôpital. Le navire débarqua ses suppléments médicaux, en traitant simultanément les hommes de la flotte et les hommes sur la plage. Radio, consultations des dents, des yeux, des oreilles, du nez et de la gorge furent l'objet de très nombreuses visites.

Après neuf jours, le navire partit pour Majuro : l'atoll le plus beau du monde.

1er mars-4 juin 1944, atoll de Majuro

Majuro fut occupé facilement, avec peu d'opposition. La beauté naturelle de cette île tropicale n'avait pas été détruite. Après Tarawa, Kwajalein et Roi, Majuro ressemblait à un décor hollywoodien. L'eau était aussi bleue que le ciel, et aussi transparente que le cristal. Le fond du lagon était une masse de formation corallienne. Il y avait des bancs entiers de poissons tropicaux sur la côte et ils rougissaient à la lumière du soleil comme s'ils avaient été peints. Les îles étaient recouvertes d'herbes humides des tropiques et le sable corallien était étoffé d'un tapis de végétation tombante. De l?eau bleue du lagon émergeaient des jetées, le long desquelles venaient accoster les vedettes amenant le personnel des navires aux cantines et aux clubs de « Majuro Beach ». Majuro est un exemple typique de ces bases de circonstances édifiées en quelques jours. Au croisement de deux routes de ciment, les indigènes micronésiens qui, une semaine plus tôt, n?avaient jamais vu une automobile, ni même une roue, passaient leurs journées à regarder dans la stupeur le dieu casqué de blanc de qui les gestes orientaient les autos. Quelques-uns mâchaient déjà le chewing-gum ; la plupart conduisaient jeeps et camions.

La plus grande concentration de navire que le monde ait vu mouillait à Majuro. Sa grandeur et le nombre de navires étaient stupéfiants. L'USS Relief n'apporta jamais de fournitures médicales pour autant de navires et d'hommes, et il ne le ferait plus jamais. Le Relief était le seul navire présent à Majuro et il devait s'occuper des 200 000 hommes de la 5ème flotte. Le laboratoire dentaire travaillait nuit et jour. Il n'était jamais vu sans une queue de quinze ou vingt hommes attendant un traitement et il se passait la même chose pour les autres départements. Les salles du navire étaient tellement pleine que c'eut aurait été un honneur si l'on avait du les évacuer entièrement.

L'Etat-major médical tenait des forums et des meetings médicaux sur le port pour tous les officiers médicaux du navire. Tous les jours, il y avait des pique-niques et des fêtes pour tous les hommes en repos. Ils prenaient des steaks grillés au barbecue et des bières sur l'île, ils nageaient et se reposaient.

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Atoll de Majuro

Le navire établit un programme régulier de voyages d'ambulances vers tous les navires de la zone de mouillage. Le nombre de patients traités qui retournaient au combat était tellement élevé qu'une liste régulière de bateaux était tenue afin de ramener les hommes sur leur bateau d'origine. Un programme régulier d'avion avait également été établi pour évacuer les hommes de la zone et les emmener à Pearl Harbor ou aux Etats-Unis.

Après trois mois passés dans ce paradis tropical (qui était le seul endroit dans le Pacifique ou les hommes voulaient retourner), Le Relief partit pour Kwajalein.
Cpl. Darling
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5 juin-15 juin 1944, Kwajalein

Kwajalein était un point de passage pour les hommes de la flotte. Saipan était le prochain arrêt sur la route de Tokyo, et la flotte devait être prête pour ceci.

Le Relief n'avait pas revu l'île depuis le jour de l'attaque. Les hôpitaux avaient guéri leurs blessés. Maintenant, la plage était aménagée d'une ligne de cabanes. Les pontons des quais atteignaient le lagon. L'aérodrome comprenait de nombreux avions en ligne et on entendait un ronronnement régulier à cause du son de leur moteur lorsqu'ils décollaient et se posaient. Les hommes sur l'île avaient même construit une petite chapelle, avec un clocher sur le toit et des bancs d'églises dessous.

Le travail principal du Relief à Kwajalein était de débarquer les patients restés à bord et de partir pour Eniwetok, ou il devait attendre pour l'attaque de Saipan.

16 juin-21 juin 1944, Eniwetok

Pour se préparer à Saipan, le Relief augmenta ses capacités avec des provisions médicales. En même temps, il continuait ses traitements routiniers sur les patients de la flotte.

Les frappes aériennes sur Truk avaient commencé. Un après-midi, l'officier du pont regardait un Liberator revenir de sa mission. Il vit l'avion descendre pour atterrir sur l'aérodrome, puis chanceler et s'écraser dans la mer à 90 mètres de la plage. Le navire pompier et de l'aide arrivèrent immédiatement sur la scène du crash. L'équipage de l'avion fut récupéré et envoyé sur le Relief. Le jour suivant, l'équipage était à nouveau en pleine forme et il put repartir au combat. Le pilote du bombardier expliqua que le réservoir d'essence avait été touché au dessus de Truk et au retour, le fuel avait fui. Un quart de plus de gasoil les aurait amené en sécurité sur l'île.

Une nuit, à minuit, le capitaine a été réveillé par le Signal Man. Un message urgent était arrivé et le capitaine devait en faire un rapport au directeur du port. L'attaque sur Saipan allait commencer. Avant le lever du jour, le navire est parti, faisant tout son possible pour naviguer le plus rapidement possible.

24 juin-26 juin 1944, Saipan

A Saipan, l'équipage savait à peu près à quoi s'attendre. Le navire entier était organisé sur une base d'évacuation. Les équipes de transfusions furent réorganisées, une cagnotte pour les hommes non en service fut instituée, les superstructures du pont du navire furent gréées avec des lits de camp et l'équipage se porta volontaire pour organiser une banque de sang. Leur sang était classé et la banque s'est construite. L'équipage savait exactement combien de plasma il leur faudrait et la quantité de sang dont il allait avoir besoin.

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Don de sang à bord d?un navire-hôpital

Tous les équipements de sécurité, les gilets de sauvetage et les casques étaient prêts pour une utilisation immédiate. Chaque partie du bateau et la routine du travail était revérifiée et intensifiée.
Le Relief avait un rendez-vous et devait avancer vers l'île à partir de là. Mais au point de rendez-vous, le plan fut annulé et le Relief avança seul en direction des plages de Saipan.

Saipan est une île, non un atoll. Elle paraît imposante à l'horizon. Son immense masse apparaissait hors de la brume et prenait forme à mesure que le navire approchait. La fumée du bombardement naval apparut ainsi que le feu de l'artillerie plus bas. Des bombes fendaient l'air et plongeaient en se lamentant au dessus de l'île pour traquer impitoyablement ce qu'avaient creusé les japonais. Près de l'île, les radios retransmettaient la voix des pilotes parlant aux hommes qui dirigeaient les tirs depuis les navires et aux conducteurs de chars. C'est le dialogue du prix de la guerre, le son le plus dramatique du monde.

Les japonais avaient tenu l'île plus de vingt ans; les cartes marines de la zone de mouillage étaient rares. Alors que le navire approchait de l'île, le capitaine se tourna vers le navigateur et il déclara : "J'avance par supposition et grâce à dieu; je ne trouve pas les positions et les distances". Il les obtint finalement, et le navire jeta l'ancre devant la plage de Charan-Kanoa.

Les navires ayant des pertes commencèrent à venir vers le Relief. Les hommes blessés étaient récupérés là ou ils avaient été touchés, et on les apportait jusqu'à la plage grâce à des jeeps, des camions, des charrettes à boeufs et tout ce qui pouvait servir. De là, ils étaient transportés dans des appareils de transport de toute sorte : tracteur amphibie, camions amphibies, barges de débarquement, LCVP, LCM et parfois même, les propres chaloupes des navires. Les bateaux formaient une chaîne ininterrompue de la plage jusqu'aux côtés du Relief. Les hommes arrivaient saignants, estropiés, paralysés ou inconscients. Beaucoup reçurent du plasma et des transfusions de sang entre la plage et le Relief.

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Infirmière de la Navy au milieu des blessés à bord du Relief

Le navire se remplit constamment jusqu'au soir. Juste après la tombée de la nuit, les avions japonais arrivèrent. Un écran de fumée fut établi dans le port, mais le vent changea de direction, et la fumée passa de chaque côté du Relief. Tandis que la flotte de Saipan était dissimulée sous la fumée, le Relief miroitait dans le port, blanc et seul. Les avions japonais se dirigèrent immédiatement sur le navire mais ils ne larguèrent pas de bombes, on ne vit que quelques flashs. S'ils avaient pris des photographies, les japonais durent croire que le support entier du débarquement à Saipan était un navire-hôpital.
Les hommes sur le pont mirent le moteur en marche dès que l'alarme sonna, annonçant l'arrivée des avions japonais. Ils continuèrent leur travail tandis que le son des avions se faisait entendre. Quand les fusées éclairantes furent larguées, tout le pont du navire fut éclairé en une demi seconde et le navire tanguait au dessus de l'eau sous la lumière. Le capitaine demanda la vitesse standard et il commença à sortir du port. La fumée était toujours épaisse dans la zone de mouillage. Le capitaine du Relief fit traverser le navire à travers la fumée, à travers les navires à l'ancrage et il l'emmena précautionneusement en mer.

Le navire se dirigeait vers Kwajalein pour débarquer les patients.

29 juin-1er juillet 1944, Kwajalein

Le Relief resta autant de temps à Kwajalein qu'il en fallait pour débarquer les blessés de Saipan, sur les ponts des docks, et il partit à Eniwetok pour se ravitailler.

1er juillet-2 juillet 1944, Eniwetok

A Eniwetok, le Relief se ravitailla en fournitures médicales, en réserve et en provisions et il fut prêt à repartir en mer. Alors il se dirigea a nouveau vers Saipan.

3 juillet 1944, en route vers Saipan

Le 3 juillet, le Relief quitta Eniwetok pour Saipan. Un jour plus tard, il reçut l'ordre par radio de retourner à Eniwetok. Un sous-marin japonais l'attendait sur la route de Saipan. C'était invraisemblable car c'était des eaux que le navire n'arrêtait pas d'emprunter et un sous-marin s'y baladait.

4 juillet-11 juillet 1944, Eniwetok

Encore, le navire se prépara pour un autre voyage à Saipan.

L'équipage prit à bord deux orphelins de guerre japonais, natifs de l'île de Saipan. Ils avaient été récupérés par un transport pendant le combat et on les avait ramené à Eniwetok. Le Relief avait été désigné pour les prendre et les ramener à Saipan afin de les confier aux autorités chargés de retrouver leur famille, et si possible, leur maison. Un était un garçon de sept ans et l'équipage l?appela "Butch". L'autre était une fille de douze ans et elle fut surnommée "Susie". Ils avaient été blessés quand les américains avaient envahi l'île et ils avaient été récupérés par les Marines.
La première fois qu'ils vinrent à bord, ils furent terriblement apeurés. On leur avait donné une chambre séparée dans les quartiers des officiers malades, et un homme s'occupait en permanence d'eux. Ils étaient les seuls patients sur la route à Saipan. Le navire n'eut jamais de patients comme eux. Japonais ou non, ils étaient des enfants impuissants, épouvantés et seuls, jetés soudainement dans l'horreur brutale de la guerre. L'équipe médicale entière se dévouait corps et âme pour les aider. Les infirmières leur fabriquèrent des vêtements et les membres d'équipages leur apportèrent de la glace. Quelqu'un donna à Butch un yo-yo. Les infirmières confectionnèrent à Susie une poupée habillée. Butch était tellement habitué à dormir sur le sol que les hommes eurent un mal fou à le garder dans un lit. L'homme restait derrière les portes de leur chambre jusqu'à ce qu'ils s'endorment. Une nuit, quand il regarda si tout se passait bien, Butch avait disparu. Il avait grimpé par le hublot à bâbord et on le retrouva assoupi dans les voies d'eau dures du pont.

15 juillet-19 juillet 1944, Saipan

Le navire était organisé de la même façon qu'à son premier voyage à Saipan. L'île n'était pas encore sécurisée, mais la bataille progressait et la plupart des montagnes appartenaient aux Marines.

Le 7 juillet, une grande partie des 22 000 civils avait participé à une charge suicide contre les américains. Ceux-ci avaient été présenté par la propagande japonaise comme des monstres et des cannibales, et le gouverneur de Saipan avait reçu un message du Palais Impérial l'informant que tout civil qui mourrait en se battant contre les Américains se verrait accorder les mêmes privilèges après leur mort que les soldats morts pour l'empereur. Les civils japonais se jetèrent donc dans cette bataille avec la force du désespoir, mais une tragédie commença lorsque les japonais comprirent que les américains allaient gagner la bataille sur l?île. Au fur et à mesure que les américains avançaient, les civils qui ne combattaient pas fuyaient. Lorsque les Américains atteignirent le nord de l'île, des milliers de civils, hommes femmes et enfants se trouvèrent bloqués par les falaises qui dominaient la mer. Des suicides de masse commencèrent alors. D?abord, ce fut les militaires. Le lieutenant général Yoshijo Saïto, gouverneur de l?île et le vice-amiral Chuichui Nagumo, commandant les forces navales japonaises dans le Pacifique central. Saïto, trop faible pour s?administrer lui-même le seppuku traditionnel, se fit exécuter par un aide. La plupart des soldats survivants se donnèrent la mort à la grenade. Quelques centaines d?entre eux fuirent à la nage en direction des récifs coralliens, ou un officier japonais décapitait ses propres hommes. Puis ce fut au tour des civils : plutôt que de se rendre aux Américains, des milliers se suicidèrent alors en sautant du haut des falaises. Des femmes tranchaient la gorge de leurs enfants avec une lame de rasoir avant de se jeter dans le vide. Des interprètes réussirent à en dissuader, mais on estime que 8 000 civils se suicidèrent en sautant de lieux qui portent maintenant les noms de Suicide Cliff et Banzai Cliff.

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Des interprètes tentèrent de dissuader les civils japonais de se suicider

Quand le Relief approcha des côtes de Saipan, des corps flottaient de chaque côté du navire. L?équipage, effaré et muet, les observait dériver au gré des courants.

Le Relief prit à bord 276 japonais blessés, en plus des victimes américaines. En plus des blessés japonais s?ajoutaient des troupes coréennes. Ils voulaient à tout prix faire savoir qu'ils étaient coréens. Ils répétaient " Chrétien coréen, comme vous" et pointaient les japonais du doigt en disant " Nippons". Ils pensaient qu'ils allaient recevoir un meilleur traitement. Mais sur un navire-hôpital, il n'y a pas de japonais, d'américains, d'allemands ou de coréens. Un homme blessé est un homme blessé, sans différenciation selon la race, la croyance ou la couleur.

Parmi les japonais, il y en avait plusieurs qui parlaient anglais. Un était diplômé de la High School McKinley à Honolulu, à Hawaï; un autre était diplômé d'une université d'Hawaï. Un des japonais était appelé "Good time Charlie' par l'équipage. Il souriait tout le temps, s'inclinait sans arrêt et répétait à l'équipage qu'il voulait se rendre utile. Les hommes le mirent au travail pour nettoyer les têtes, servir les repas, aider les docteurs à changer les robes et le mieux de tout, pour agir comme interprète. Il put ainsi aider les docteurs à déterminer la nature et l'étendue des blessures parmi les blessés japonais.
Au début, les japonais étaient nourris de la même façon que les américains. Après quelques jours, il devint évident que la nourriture américaine était trop riche pour leur estomac. En effet, leur ration de garnison comprenait 560g de riz ou d?orge, et de l?argent pour s?acheter viande, poisson ou légume. Quant à leur ration de combat, elle comprenait quelques 200g de nourriture, dont 50% de riz, mais aussi des légumes et de la viande. La ration de combat des américains était la ration K, du nom de son créateur, le docteur Keyes. Son apport, qui s?élevait à 3000 calories, entendait satisfaire aux besoins du soldat sans que celui-ci ait à transporter une charge trop lourde. Les blessés japonais demandèrent donc du riz.

Parmi les japonais, il y avait beaucoup de cas de Tétanos. En revanche, pas un seul américain. Les japonais ne vaccinaient pas leurs troupes contre le tétanos; les américains le faisaient.

Beaucoup de japonais demandaient à ce que la chirurgie radicale soit appliquée soir eux. Une blessure sur le bras ou la jambe et les japonais demandaient à ce que les docteurs amputent alors que les américains auraient demandé à ce que l'on sauve leur membre. L'équipe médicale apprit que la chirurgie radicale était courante parmi les médecins militaires japonais. Les japonais à bord du Relief, cependant, étaient traités en accord avec les standards américains.

Un officier de la Marine Intelligence demanda aux japonais s'ils comptaient retourner au Japon après la guerre. Presque tous répondirent qu'ils ne voudraient jamais revenir au Japon s'ils pouvaient lui être utile. Ils avaient goûté au bonheur que leur interdisait le régime japonais et ils ne voulaient plus retourner dans leur pays.
Cpl. Darling
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20 juillet-21 juillet 1944, Kwajalein

Tandis que les japonais quittaient le navire, les forces sur la plage s'entraînaient au canon. Quand un avion passa au dessus, en remorquant une cible, et que les canons sur la plage tirèrent, les japonais se jetèrent à plat ventre sur la passerelle.
Encore, le Relief fit le plein, prit de nouvelles fournitures et le jour suivant, il partit pour Saipan.

25 juillet-4 Août 1944, Saipan

Le temps que le Relief arrive sur l'île de Saipan, la zone avait été sécurisé. Mais les combats continuaient sur Tinian.

Les pertes venaient de la plage de Tinian moins rapidement que depuis Saipan. Les japonais étaient fatigués; ils savaient que le combat pour l'île était désespéré. Un temps infect retarda l'embarquement pour plusieurs jours. En même temps, le Relief reprenait le service régulier avec les navires autour de lui, plus que ce qu'il avait fait dans les premiers jours à Esperitu Santo et Efate. C'était la vieille routine de l'attente.

Quand le temps s'améliora, le navire se remplit d'américains blessés et il partit pour Eniwetok.

8 Août-9 Août 1944, Eniwetok

Le navire ne resta que quelques heures à Eniwetok. Durant celles-ci, il se réapprovisionna et a fit le plein avant de partir pour Pearl Harbor, avec les victimes de Tinian, toujours à bord.

16 Août-25 Août 1944, Pearl Harbor

Quand le navire entra à Pearl Harbor, il fut accueilli par un orchestre. Les hommes de l'USS Relief savaient que l'orchestre jouait pour les hommes blessés qu'ils avaient à leur bord. Ils aimaient ceci. Ils les avaient vu tomber sur les plages, et ils savaient qu'ils étaient les véritables héros.

Un des Marines avait été blessé au cou par un sniper japonais. Il avait perdu son frère sur les plages de Kwajalein et il avait lui-même la réputation de n'avoir peur de rien, de n'être jamais nerveux, d'être courageux et amusant. Il allait obtenir le plus haut honneur que la Navy puisse donner à un homme pour son courage hors du commun : La Navy Cross. Ses camarades racontèrent la façon dont il était entré seul dans une cave infestée de japonais et comment il en était ressorti sans personne derrière lui. Ils disaient en plaisantant qu'il avait tué les japonais de ses mains nues. Un des officiers du navire lui demanda comment il s'était senti quand il était entré seul dans la cave.
"Je me sentais bien" répondit le Marine.
"Vous n'étiez pas effrayé ?" lui demanda l'officier.
Le Marine réfléchit un moment.
" En fait" dit-il, "il y avait une chose que je craignais, c'était qu'il n'y ait pas de bière dans cette cave."

3 septembre-19 septembre 1944, Eniwetok

L'USS Relief fut réparé pour la première fois en deux ans, dans les chantiers de réparation de la Navy Yard. Le navire put également pour la première fois transférer des hommes qui avaient été sur le navire depuis qu'il avait quitté les Etats-Unis.

Là, le navire, fut appelé en première ligne encore une fois. Il embarqua des fournitures médicales. Encore une fois, Le Relief jeta l'ancre dans les fonds coralliens du lagon. Une épidémie de dysenterie faisait rage sur l'atoll. Les radars étaient constamment en marche pour vérifier que rien ne s'approche. Une conférence réunissant tous les officiers médicaux eut lieu. Une campagne préventive fut recommandée, incluant l'interdiction de se baigner autour du navire, des mesures pour contrôler les sanitaires et la nourriture, et des tentes protégées sur l'île. En une semaine et demi, la propagation de la maladie était arrêtée. Un navire resta en quarantaine. Il était seul au mouillage dans une zone isolée.
Une nuit, un signal lumineux urgent fut reçu depuis un navire mouillant dans le lagon pour demander de l'oxygène pour un homme. Il n'y en avait plus sur ce navire, la réserve venait de s'épuiser et un homme en avait besoin. Le Relief rejoignit ce navire le plus rapidement possible pour lui apporter de l'oxygène. Quand il vint se placer sur le côté du navire "malade", tous les hommes attendaient sur les rampes. L'oxygène fut amené jusqu'à l'homme et il fut inséré dans ses voies respiratoires juste à temps pour le sauver.

Plus tard, les ordres furent reçus pour partir dans les îles Palau. L'attaque contre Peleliu-Anguar avait commencé.

24 septembre-30 septembre 1944, Peleliu

Toutes les vieilles routines furent revérifiés. La cagnotte fut reformée, la banque de sang ré ouverte et les équipes de transfusions furent recrée ainsi que les équipes de triage de patients, les équipes d'opération, les porteurs de brancard, etc.

L'archipel des Palau est cauchemardesque. L'île est sombre et humide, pleine de grottes sombres et de formations rocheuses grotesques. La mer entre par l'intérieur et se perd dans les crevasses et les creux sauvages avant de tourbillonner violemment pour s'échapper. L'aspect de cette place est menaçant, tranchant et ébréché. Un air d'enfer plane au dessus de cet endroit.

Les hommes pouvaient discerner la bataille tandis que le navire approchait, celle-ci rageant dans les centaines de caves qui crevaient la surface de cette roche volcanique. Les troupes américaines forçaient l'ennemi à reculer, toujours plus profondément dans les crevasses sur les côtés de l'île, les enterrant avec des lance-flamme et des mortiers.

Une fois de plus, le temps fut infect. La mer autour des plages était écumeuse et mouvementée, comme si l'océan lui-même avait été blessé par le feu constant des canons. La mer était très profonde donc le navire ne pouvait pas mouiller. Il attendit que le temps s'améliore pour que les victimes puissent embarquer dans les bateaux. Le navire devait manoeuvrer constamment pour éviter les récifs peu profonds. Le Relief s'éloignait des plages le jour et il s'en rapprochait la nuit, tout illuminé.

Le navire embarqua des patients pendant une semaine. Pendant ce temps, Tokyo Rose annonçait que Peleliu était un désastre pour les américains. Elle racontait que les navires-hôpitaux américains se glissaient furtivement jusqu'à la scène de la catastrophe; quelqu?un semblait évidemment regarder la fumée du Relief sur les plages chaque matin et il croyait qu'il s'agissait d'un navire différent à chaque fois.

Un des principaux facteurs compliquant le traitement des blessés à Peleliu était la gangrène due au gaz. Le département médical attribua la faute de la gangrène au fait que l'île avait été une terre d'agriculture prioritaire à l'invasion. Or, les japonais fertilisaient leur sol avec des excréments humains. Ainsi, quand les soldats blessés tombaient sur le sol, l'infection se répandait.

Après une semaine, les ordres furent reçus pour partir avec les blessés à Guadalcanal, qui était à l'époque une zone avec un grand hôpital. Après une semaine de traversée, le navire fut détourné vers Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, là ou l'USS Relief avait vu pour la première fois les îles du Pacifique. Il y avait déjà deux ans.

11 octobre-15 octobre 1944; Nouméa, Nouvelle-Calédonie

Sur la route de Nouméa, le navire reçut un message de la part du commandant des forces envahissant Peleliu. "Bien joué" disait-il. Chaque homme prit ceci comme une satisfaction personnelle.

A Nouméa, le navire fut reçut par deux orchestres indépendants sur les docks. Les deux jouèrent immédiatement et ce fut le plus bel accueil que le navire n'eut jamais reçu.
Là, les nouvelles arrivèrent pour rentrer au pays. Le navire avait besoin de grosses réparations. Les hommes à bord avaient également besoin de revoir leur terre. Ils parlaient maintenant des Etats-Unis comme "le vieux pays" ou la "Mère Patrie".
Le navire avait déchargé les patients de Peleliu. Maintenant, il en embarquait d'autre. Certains étaient les mêmes que depuis Peleliu; d'autres étaient nouveaux pour le navire, ceux qui avaient été récupéré à Nouméa.

27 octobre 1944, Pearl Harbor

L'équipage, qui espérait vraiment que le navire rentre à la maison était nerveux, de peur que les ordres changent. Le navire resta à Pearl Harbor le 27 octobre et partit le même jour, en direction des Etats-Unis. Tout le monde souffla ...

4 novembre 1944, San Francisco

A 8H10, le Relief passa sous le Golden Gate bridge. Quand le pont passa au dessus du navire, un cri s?éleva. Ceci commença avec les hommes du pont puis tout le navire se mit à crier.

Le navire amarra à la jetée numéro 7 à 9H00. A midi, les patients avaient été débarqués. Le 4 novembre, le navire entra dans le fleuve. Il mouilla au numéro 12. Le 6 novembre, le Relief entra au General Engineering et à la Drydock company, jetée n°1, à Alameda en Californie. Le Commander Service Force et la flotte du Pacifique garantissait que le navire serait prêt le 15 février 1945. Il allait l'être le 21 février 1945

4 novembre 1944-13 février 1945, baie de San Francisco

Le 22 novembre, le Relief alla au drydock n°1 pour être réparé. Le 5 décembre, il quitta le drydock et retourna à la jetée n°1.

Durant l'indisponibilité du navire, des rencontres furent tenues toutes les semaines entre les officiers du navire et les officiers du General Engineering et de la Drydock company. Ces rencontres étaient très précieuses pour l'officier commandant car il pouvait offrir aux officiers du navire l'opportunité de faire des commentaires et des suggestions concernant les travaux en progrès, et de signaler le travail urgent ou insatisfaisant.

L'équipage était partit au front dès que les combats avaient commencé. Il allait de soi de lui donner des permissions et de la liberté. L'équipage sortait du navire dès que les ouvriers y entraient pour travailler. Il s'avéra qu'il n'y avait pas un seul centimètre du navire qui soit vivable. Les fils de soudure, les générateurs et les outils des ouvriers étaient partout. Le navire entier était en travaux. Au final, l'ancien air conditionné de la chambre d'opération avait été remplacé avec un équipement nouveau, et toutes les pièces eurent l'air conditionné. La salle des radios fut complètement détruite et refaite avec des installations complètement nouvelles. Une nouvelle salle de radio d'urgence fut bâtie. Une nouvelle salle d'isolement fut installée ainsi que des compartiments changeants, des nouveaux générateurs d'urgence et des pompes à auxiliaire. L'USS Relief sortit du chantier comme neuf.

L?équipage suivait de loin les combats qui continuaient dans le Pacifique. En février, ils apprirent le débarquement des forces américaines sur une île volcanique qui était sur la route de Tokyo : Iwo Jima.

Vers la fin de la période d'indisponibilité, quand tout le monde rentra de permission, le navire organisa une soirée dansante. Tout le monde était invité.

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Soirée dansante à l?hôtel Alsameda, à San Francisco le 4 et 5 février 1945

Le 13 février 1945 à 07H30, le Relief hissa son ancre et à 08H00, il traversa une fois de plus le Golden Gate bridge. Il partait une fois de plus en mer, en direction d'Ulithi dans les îles de Carolines de l'ouest.

Le 21 février, le navire passa à environ 32km de deux îles qui faisaient partie d?Hawaï.
Cpl. Darling
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5 mars-26 mars 1945, Ulithi

L?équipage du Relief aperçut Ulithi vers 06H30 du matin. Il entra dans le port à 8H00 et posa l?ancre à 10H00. Il y avait des navires partout, au moins une centaine.

Ulithi était un atoll aménagé en base de circonstance. On y pouvait voir, outre les installations nécessaires à l?entretien et à l?approvisionnement des navires, celles destinées à la relaxation du combattant. On voyait aller et venir sur l?eau bleue du lagon les embarcations transportant les hommes vers les plages, vers les bars aux toits de feuilles de palmier, rigoureusement conformes aux canons exotiques d?Hollywood. Les consommateurs étaient assurés de n?y pouvoir obtenir une seule goutte d?alcool, pas même un verre de bière, et de n?y point voir apparaître un seul corsage féminin. ; Beaucoup se dirigeaient cependant sur l?île, histoire de quitter le navire une heure ou deux. Bains de soleil à bord, quelques heures à terre dans les bars propres et préfabriqués, cinéma à bord le soir, la journée s?écoulait paisiblement pour les marins. Les hommes parlaient modérément de la guerre, mais ils y pensaient beaucoup. Des rumeurs relatives au prochain appareillage circulaient sans cesse.

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A Ulithi, des marins sont descendus sur les plages pour un moment de détente

Les attaques aériennes sur Tokyo étaient en pleine marche. Le 6 mars, le Relief reçut à bord l'équipage d'un B-29 écrasé qui revenait d'un raid sur Tokyo. L'avion s'était écrasé en mer après avoir atteint sa cible au Japon. L'équipage avait été récupéré par un destroyer quatre jours plus tard et ce destroyer avait emmené les hommes sur le Relief.
Le 7 mars, le navire leva l?ancre pour naviguer dans plusieurs zones de mouillage et l?équipage aperçut le long des îles environnantes d?Ulithi des huttes indigènes. Ce même jour, le courrier fut distribué au personnel du navire pour la première fois depuis leur retour dans le Pacifique.

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Indigènes sur l?île d?Ulithi

Le 11 mars 1945, l'atoll offrait un spectacle de temps de paix. La journée avait été ensoleillée. Encore quelques lueurs rouges à l'ouest, mais le bref crépuscule tropical faisait place à la nuit étoilée. Par principe, le black-out était tenu. Pour divertir les hommes, des films étaient projetés sur l'entrepont des navires. Dans la nuit obscure, on ne voyait que les tâches lumineuses des écrans de cinéma. Sur L'USS Randolph, placé à tribord du Relief, on passait un film policier qui attira beaucoup de monde, même des autres navires. L'entrepont du hangar était bondé.

Au même moment, vers 20H00, Air Flash Red remarqua que deux avions s'approchaient d'Ulithi, mais personne n'y porta grande attention.

Soudain, en pleine projection du film, une formidable explosion eut lieu à l'avant de l'USS Randolph. Tous les hommes se levèrent pour comprendre ce qui se passait tandis que les acteurs du film parlaient dans le vide. Au début, les hommes pensèrent qu'il s'agissait d'un avion américain en panne qui s'était écrasé sur le pont, très probablement un chasseur F. 6 F., aisément reconnaissable au bruit de son moteur. D?énormes ratés avaient été entendus pendant la chute. Le lendemain, quand le lieu du drame refroidit, les hommes regardèrent dans les gravats. Ils y découvrirent un avion japonais et son pilote. Il venait de l?île de Minami Daito. Il avait parcouru 1 287 km pour venir écraser son appareil sur un porte-avion américain. Trente hommes furent tués sur le Randolph et quarante autres furent blessés.

L'autre avion s'écrasa sur une île corallienne, Sorlen Island, vraiment très proche du Relief, en croyant dans la nuit qu'il s'agissait d'un porte-avion.

Les hommes du Relief venaient d'entrer dans une autre ère de la guerre du Pacifique. Les règles du combat allaient être bouleversé, un nouveau degré de folie était apparu en cette fin d'année 1944 dans les eaux du Pacifique sud : dorénavant, les hommes allaient constamment vivre avec la menace de voir leur navire attaqué par les kamikazes.

La réaction en ce qui concerne l'alerte fut très lente dans le port. Beaucoup de navires travaillaient avec les lumières allumées, les cargos avaient leurs bougies qui brûlaient encore après que le second avion se soit crashé. Les navires qui passaient des films sur leur entrepont ne s'étaient pas sécurisés.

A 02H00 du matin, le Relief reçut les victimes de l'USS Randolph. Ils étaient trente et la plupart d?entre eux souffraient de brûlures sévères au torse.

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Le pont de l?USS Randolph après l?attaque kamikaze

Le soir du 12 mars, Air Flash Red reçut un signal de la part de la SOPA. Mais aucune attaque ne se produisit.
Le 13 mars, Air Flash Red reçut un message, mais aucun avion ennemi ne été aperçu.
Le 18 mars, nouvelle alerte. Toujours pas d'avions dans la zone de mouillage.

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L?USS Relief le 13 mars 1945 à Ulithi

Le 24 et le 25, le Relief reçut les blessés des navires de la task-force qui revenaient des opérations contre le sol japonais. L'USS Bountiful, un autre navire-hôpital, était dans le port à ce moment-là. Le Relief transféra beaucoup de ses patients au Bountiful, retenant à son bord les blessés qui devaient être évacués dans les hôpitaux proches.

Parmi les blessés, on retrouvait les hommes de l'énorme porte-avion USS Franklin qui avait été en première ligne au Japon. L'énorme navire resta dans le port le 24, derrière le Relief. Il faisait peur à voir et c'était un signe des furieux combats qui se déroulaient là-bas. Il était déformé, tordu et son entière structure était distordu par l'intensité des explosions. De plus, il penchait dangereusement sur le côté droit. Les hommes du Relief se demandaient comment il flottait encore sur l?eau. Les blessés à bord étaient horriblement brûlés. Ils avaient effectué le voyage du retour depuis Tokyo, en dépit des dommages sévères que jamais aucun navire n'avait reçu et ils étaient arrivés là tant bien que mal. Le Relief prit à son bord cent vingt hommes du Franklin.

Le 20 mars, alerte. Toujours rien.
Le 22 mars, encore une alerte, mais toujours pas d'avion.

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L?USS Franklin après l?attaque de Tokyo
Cpl. Darling
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26 mars-28 mars 1945, Guam

L'USS Relief mouilla au dock X-4 et débarqua les patients restés à bord. Les blessés furent emmenés à l'hôpital de la Navy n°926.

Le navire se préparait maintenant à la mission la plus difficile de sa carrière dans le Pacifique : Okinawa.
Des correspondants furent pris à bord et eux-mêmes en ignoraient la raison. Un radar portable fut installé sur le pont avant. Un technicien fut emprunté aux installations côtières pour effectuer le voyage suivant avec le navire et pour instruire les membres de l'équipage. De toute évidence, il se passait quelque chose d'important.

Le navigateur et l'officier des communications effectuèrent un voyage sur la plage et revinrent avec les ordres du navire. Il était prêt à repartir en mer. Le plan était de se rejoindre avec l'USS Comfort deux jours plus tard et de voyager dans la zone assignée en sa compagnie.

Le Comfort, un des nouveaux navires-hôpitaux (qui avait été converti en C1 à Los Angeles) paraissait éclatant et neuf au côté du Relief. Le Relief, le plus ancien des deux, prit la position de tête et le capitaine assuma le devoir d'officier dans les commandes tactiques.
Presque immédiatement, il y eut une liaison intime entre les deux navires. Il y a des navires qui sont naturellement rivaux. Il y en a d'autres, comme le Relief et le Comfort, qui sont naturellement camarades de course. En vue de ce qui allait arriver au Comfort plus tard, la relation amicale entre les deux navires prit un air de piquant.
Le Comfort devint rapidement un vétéran. Il avait participé à la campagne de Leyte et avait été raté de peu par une torpille japonaise. Durant la bataille du détroit de San Bernardino, le Comfort s'était trouvé entre la task-force japonaise et la task-force américaine qui faisaient feu l'une sur l'autre et il avait été mitraillé par des chasseurs japonais. Les deux fois, il avait eu de la chance et n'avait subi aucune perte.

A 8H30 le 30 mars, la rencontre était faîte avec l'autre navire-hôpital et le Comfort prit position 900 mètres à l?arrière du Relief. C'était la première fois que le Relief voyageait en compagnie de aucun autre vaisseau depuis qu'il avait été envoyé dans le Pacifique.

Les deux navires continuèrent ensemble leur route vers Okinawa.

2 avril-12 avril 1945, Okinawa

En approchant d?Okinawa, les américains entendaient à la radio japonaise que les forces américaines, à mesure qu?elles s?approchaient des défenses métropolitaines du Japon, rencontreraient une opposition de plus en plus dense et de plus en plus efficace, à la fin mortelle pour elles. La défense d?Iwo Jima avait donné un aperçu de la nature des retranchements japonais (des centaines de galeries souterraines creusés dans la roche). La Marine et l?aviation japonaise allaient maintenant pouvoir opéré à proximité de leurs bases. Le bruit circulait que les avions-suicides allaient être utilisés en masse. Les américains en route vers Okinawa savaient que la prise de l?île allait être longue et coûteuse. Cependant, Okinawa faisait partie du Japon et il allait s?agir du premier pas pour les américains sur le sol japonais.
Pour compléter le malheur de l?équipage, un typhon était prévu sur la route du Relief. Tout fut doublement sécurisé afin de protéger le navire et les hommes espéraient que tout se passerait bien.

Le 1er avril, le débarquement sur Okinawa commença. Les Marines américains qui progressaient sur la plage ne furent pas pris pour cible par les japonais, comme ce fut le cas à Iwo Jima. Il n?y eut aucun combat le premier jour car les japonais ne se montrèrent pas. A la fin du 1er avril, il n?y avait que deux victimes américaines : un accidenté et un malade.

Le 2 avril à 5H58, les hommes du Relief aperçurent Okinawa à 50 km devant eux. Vers 6H10, un avion fut aperçu volant au dessus de l'avant du Relief à une distance d'environ 8 km. L'avion fut identifié comme étant un chasseur japonais. Les lumières du navire brillaient encore de tout leur éclat. La matinée était nette et sombre, et ainsi, la croix rouge et les bandes vertes du navire étaient clairement visibles. Sans prévenir, l'avion ennemi effectua une rotation de 19° et il approcha le Relief et le Comfort par l'avant. L'avion s'approcha du Relief et largua une bombe à une distance peu élevée au dessus du navire. On vit aussi les éclairs des canons sous les ailes de l'avion et des éclaboussements dans l'eau sur les côtés du navire, ce qui indiquait que l'avion tirait aussi avec ses mitrailleuses. En même temps, un destroyer en patrouille hors de l'île à bâbord du Relief avait repéré l'avion japonais sur ses radars. Le destroyer assista à l'attaque des navires-hôpitaux avant d'ouvrir le feu sur l'avion japonais. Tandis que le chasseur relâchait une bombe, une munition de DCA du destroyer toucha son aile, jetant l?explosif quelques mètres plus loin qu'à l'endroit prévu. La bombe tomba à une trentaine de mètres à bâbord du Relief, et il navigua dessus avant qu'elle n'explose. Son explosion secoua violemment le Relief, mais le seul dommage fut la perte d'aspiration d'une pompe à lubrification de pétrole, qui fut d'ailleurs placée immédiatement en réparation. L'avion ennemi revint pour une autre charge, mais le destroyer (plus tard identifié comme étant l'USS Wickes) tira encore sur l'avion et le toucha avant qu'il ne s'approche complètement. L'appareil japonais chuta irrémédiablement dans les eaux d'Okinawa.
L?équipage du Relief n?avait jamais été autant été terrorisé. Se faire tirer dessus sans pouvoir se défendre est une expérience désagréable.

Le Relief garda ses lumières allumées et il maintint sa course et sa vitesse, en accord avec les procédures du navire-hôpital et de la loi internationale.
L'USS Wickes (DD578) devint le destroyer favori de l'équipage du Relief. Il n'était pas prévu qu'il patrouille là et son apparition était un heureux accident.
Quelques heures plus tard, un autre chasseur japonais fut aperçu. Celui-ci vola directement au dessus du navire et resta là-haut plusieurs minutes, mais aucune attaque n?eut lieu.

Les navires-hôpitaux se dirigèrent vers la zone des transports et mouillèrent devant les plages de débarquement. Les combats sur Okinawa n?avaient toujours pas commencé, ce qui n?empêchait pas les navires de bombarder l?île. Les japonais ne se montraient toujours pas et déjà, les Marines américains qui progressaient dans l?île osaient penser que les forces ennemies avaient été exterminées par le bombardement naval et aérien. Ce jour là, deux alertes furent reçues, et des avions ennemis furent aperçus à proximité de la zone à chaque fois.

Juste avant le coucher du soleil, les navires-hôpitaux se retiraient des plages de débarquement et regagnaient la mer. L'idée était d'assurer leur protection car leurs lumières étaient constamment allumées. Les avions ennemis volaient plusieurs fois par nuit au dessus de la zone d'ancrage. Il fallait croire que les navires hôpitaux constamment illuminés bénéficiaient d'une plus grande protection en mer que dans le port. Comme prévu, le Relief et le Comfort gagnaient la mer au coucher du soleil, brillant comme des arbres de Noël. Les japonais n'avaient pas signé la convention de Genève, donc il fallait protéger les navires-hôpitaux. Les deux navires restaient en mer jusqu'à minuit avant de repartir vers les plages de débarquement. Au petit matin, ils entraient dans la zone d'ancrage et commençaient à embarquer les patients. Quand le Relief arrivait dans la zone des débarquements, il devait réduire sa vitesse et utiliser des signaux pour faire sa route sans problème dans la zone de mouillage. Le port était toujours couvert de fumée des raids de la nuit précédente. La visibilité était nulle. Jusqu'au 9 avril, les navires-hôpitaux continuaient à se retirer la nuit, protégés par leur supposé immunité contre les attaques.

Le 3 avril, les combats commencèrent sur l?île, à l?est de l?aérodrome de Yonten, mais il s?agissait plutôt de tirs sporadiques que de combats acharnés. Le 5, la bataille du Pacifique qui allait coûter le plus de vies humaines débuta enfin de façon très violente.

Tôt dans la matinée du 4, un avion non identifié fut entendu au dessus du Relief. Aucune attaque ne s'ensuivit, bien que le port était attaqué dans les airs à ce moment là. Dans l'après-midi du 5 avril, tout le monde fut alerté d'une attaque aérienne de masse imminente sur l'île et dans la zone de mouillage. Cette nuit-là, un nouveau plan de retraite fut institué. Il consistait à retirer les navires la nuit entre Kerama Retto et Okinawa. Ceci était hasardeux car il y avait de nombreuses attaques aériennes sur Kerama Retto au crépuscule et à l'aube.

Durant l'après-midi du 6, quatre alertes furent reçues. Entre 400 et 500 avions ennemies, dont beaucoup étaient des kamikazes, furent détectés sur les radars. Il s?agissait d?une nouvelle technique de combat : les avions ne s?écrasaient plus en solitaire mais en groupe des plusieurs centaines pour avoir plus de chance d?échapper à la DCA américaine. Ces vols meurtriers étaient appelés « Chrysanthème flottants » par les japonais. Les appareils japonais ne tardèrent pas à arriver au dessus de la zone de transport et le ciel devint complètement couvert. Le Relief fut le premier à être choisi dans cette façon de se battre desésperée. On reconnaissait les kamikazes à leur façon de voler. Ils arrivaient lentement au dessus des nuages, décrivant des cercles avant de plonger brutalement. Ils choisissaient sans doute leur victime ou peut-être qu?ils s?accordaient quelques minutes de méditation. Le capitaine recommanda à l'un des officiers présent sur le pont de décrire ce qu'il voyait au micro pour que tout l'équipage soit informé de la progression de la bataille. L'officier tenta de compter le nombre d'avions ennemis attaquant. "Avion Jap descendu juste sur notre avant droit !", "Kamikaze vient de plonger sur un LST sur notre avant droit !","Trois avions-suicides attaquent sur notre gauche !". Mais en quelques minutes, il y avait tellement d'avions qui s'écrasaient et tellement étaient touchés dans la zone qu'il ne pouvait plus les compter. Les chasseurs américains s?étaient envolés eux aussi pour intercepter les appareils japonais et le combat aérien qui se déroulait au dessus des navires de la flotte américaine était spectaculaire et démesuré. A la fin de cette journée, environ 400 appareils japonais furent abattus contre seulement deux américains. Les kamikazes réussirent cependant à causer des dégâts et du désordre au sein de la flotte américaine.

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Navire américain après le crash d?un avion-suicide

Le 7, une nouvelle attaque aérienne de masse eut lieu. 182 avions japonais, dont beaucoup étaient des kamikazes, se ruèrent sur les navires américains. Certains avions-suicides réussirent à s?écraser sur les bâtiments américains mais les dégâts occasionnés restaient minimes.

Le fait est que ces deux derniers jours durant lesquelles les kamikazes japonais se jetèrent fanatiquement sur les navires de la flotte américaine affectèrent le moral américain. La flotte japonaise était pratiquement détruite, les défenses aériennes du territoire japonais ne constituaient plus une véritable menace aux B-29 mais si les kamikazes arrivaient à détruire ou à estropier la quasi-totalité des navires américains, comment envahir le Japon. La flotte américaine stationnée devant Okinawa comprenait mille cinq cent navires de toutes sortes et le slogan des kamikazes « Un avion contre un navire » pouvait mettre à mal la force américaine si chaque avion-suicide arrivait à atteindre son objectif. Il paraissait évident aux équipages américains qu?aucune destruction ne parviendrait à démoraliser ce peuple au point de le forcer à capituler. Alors ? Faudrait-il exterminer toute la population du Japon ? Les équipages des navires ne se posaient pas explicitement toutes ces questions mais ils en avaient obscurément conscience. ; Et surtout, ils se demandèrent si, dans cette guerre devenue incompréhensible, les kamikazes n?allaient pas finir par avoir raison d?eux. Ils craignaient avant tout de faillir si près du but ; il leur paraissait impossible de perdre la guerre dans le Pacifique après toutes les victoires qu?ils avaient connus depuis les trois dernières années. Et même si leurs inquiétudes n?étaient pas si graves, ils éprouvaient un profond malaise. Affronter un ennemi résolu à lutter jusqu?à la mort est différent, être attaqué par un ennemi qui se tue volontairement pour vous tuer est traumatisant. Cette forme de combat dépasse même les limites du combat inexpiable, elle introduit un élément psychique nouveau, difficilement soutenable. D?ailleurs, les trois amiraux commandant la flotte d?Okinawa furent relevés à la fin du mois car leurs nerfs avaient lâché.
Après la fin de la censure, les journaux américains minimisèrent l?évènement en caractérisant ces attaques « coûteuses pour l?ennemi et peu efficaces ». Les américains, stupéfiés par le fanatisme japonais, crurent en ce qu?affirmaient les journaux. Les marins qui naviguaient au large d?Okinawa, eux, savaient qu?il s?agissait d?une tout autre réalité.

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Kamikaze s?écrasant sur un navire américain

Six alertes furent reçues le 7 et cette nuit-là, un autre avion non identifié fut entendu au dessus du Relief pendant la retraite. Ce même jour, le Relief eut un cas de méningite au sein de son équipage et le patient fut mis en chambre d?isolement de 04H00 à 08H00. Il fallu changer le lit de la chambre car le patient avait déféqué. Le 8, trois alertes furent reçues et un autre avion fut entendu pendant la retraite. Un avion fut abattu à bâbord après être passé directement au dessus du navire alors qu'il se retirait de la zone d'ancrage encore tout illuminé.

Le 9 du mois, le plan de retraite fut abandonné, à cause des nombreuses et tentantes attaques sur les navires-hôpitaux pendant la retraite. Ceux-ci restèrent donc dans la zone de mouillage et ils eurent l'avantage des écrans de fumée pour cacher leurs illuminations et de cette façon, ils purent éviter les attaques aériennes.

Le 10 Avril, le Relief eut un embarquement important de victimes depuis les plages et il se déclara complet. Il devait donc revenir à Guam. L?équipage était heureux de s?éloigner de la zone des raids aériens.
Cette nuit-là, durant l'attente à Okinawa, le Relief et le Comfort furent retirés car ils étaient pleins. L'officier du pont du Relief intercepta un message expliquant que le Comfort était en train de se faire attaquer par les airs. Le Comfort était à une courte distance à l'avant du Relief à ce moment-là. Par miracle, aucun des deux navires n'essuya de dommages, mais il est important de noter que le Comfort, à cause de cette attaque, fut retardé quand il retourna à Guam pour débarquer les blessés.
Cpl. Darling
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13 avril-16 avril 1945, Saipan

En route vers Guam, Le Relief changea de cap. Il devait aller à Saipan pour faciliter le débarquement des blessés.

Le 13 avril, le Relief aperçut une mine de contact qu'il évita et qu'il tenta de couler avec des armes légères ; sans succès. Ce même jour, le navire décora la moitié du mât avec des couleurs en hommage aux président Roosevelt. Les couleurs restèrent sur le mât pendant trente jours.

Le Relief arriva à Saipan le 15 avril et il débarqua les victimes. Ce même jour, le courrier fut distribué. Le navire resta amarré aux docks de Saipan toute la nuit, et le jour suivant, il prit la mer est se dirigea vers Ulithi.

18 avril-21 avril 1945, Ulithi

Le Relief récupéra des provisions et du fuel. Durant l'après-midi, Air Flash Red reçut un signal mais aucun avion ennemi ne fut observé dans la zone d'ancrage. Le même après-midi, le Relief fut prêt pour repartir à Okinawa.

Le 19 avril, l?équipage apprit qu?Ernie Pyle avait été tué à Iwo Jima la veille. Ernie Pyle était un journaliste américain qui travaillait pour le Scripps Howard Newspapers et qui couvrait les différents fronts américains. Ses chroniques étaient non seulement adorées par les lecteurs américains de plus de deux cent journaux, mais aussi des soldats qui aimaient son humour et surtout son inconditionnelle humanité et sa façon réaliste de décrire les événements.

Il a été précisé plus haut que le Comfort avait été retardé à Guam à cause de certaines complications ensuivies après l'attaque aérienne durant l'attente à Okinawa. Il alla donc à Guam pour débarquer ses victimes tandis que le Relief, qui aurait du lui aussi y aller, se dirigea vers Saipan puis vers Ulithi. Le Relief et le Comfort changèrent de plan pour le voyage suivant. Le Relief quitta Ulithi pour retourner à Okinawa tandis que le Comfort attendit quelques jours à Guam avant de retourner lui aussi à Okinawa.

22 avril-26 avril 1945, Okinawa

Une fois de plus, le plan de retraite fut abandonné, et le Relief resta à l'ancrage durant la nuit, ayant l'avantage de la couverture des écrans de fumée.

Le 22, il y eut deux raids aériens dans la zone de mouillage. Chaque nuit et chaque jour, les raids continuaient. Les victimes étaient récupérées à bord du navire même pendant les alertes et les attaques.

Le 26, le navire eut ordre de partir pour Guam. En sortant de la zone de mouillage, un message fut reçu depuis l'USS Montrose (APA 212) pour que le Relief prenne à bord un cas d'urgence. L'homme fut transféré sur le Relief grâce à un LCVP et les deux vaisseaux continuèrent leur route.
Le Comfort, lui, resta dans la zone de mouillage d'Okinawa. C'était le Relief qui aurait du rester là, mais il partait car le Comfort avait été retenu à Guam.

Dans le destin tragique qui allait s'ensuivre pour le Comfort plus tard, ceci est important.

27 avril-30 avril 1945, Tinian

Le Relief est arrivé à Tinian le 30 avril et il effectua un rapide voyage là-bas pour décharger ses victimes sur les plages. Il avait ordre de repartir en mer pour arriver à Saipan le 1er mai, et ceci à des fins logistiques.

En arrivant à Tinian, les nouvelles choquantes d'une attaque kamikaze sur le Comfort furent interceptées à la radio. La navire était à Okinawa alors que c'était le Relief qui aurait du y être. Le Comfort avait été frappé pat un kamikaze qui tua vingt-huit personnes (dont 6 Army Nurses) et en blessa quarante-huit autres, tout en ayant causé des dommages considérables. Après des réparations temporaires à Guam, le navire partit pour Los Angeles ou il arriva le 28 mai. Le 4 mai, Tokyo Rose déclara à la radio qu?elle était désolée que le Comfort ait été attaqué.

1er mai-3 mai 1945, Saipan

Le navire alla de Tinian vers Saipan, deux îles qui n'étaient qu'à quelques km de distance. Le 2 mai, il se dirigea vers Guam, mais le 3, alors qu'il n'était qu'à une vingtaine de km de l'entrée du port de Guam, il reçut l'ordre par radio d'oublier Guam et d'aller à Okinawa.

Le 2 mai, l?équipage apprit la mort d?Hitler et de Goebbels de l?autre côté du monde. Pour l?équipage, ceci était lointain et il savait que cette nouvelle n?allait pas rendre leur quotidien meilleur. En fait, il ne se sentait pas concerné.

Du 3 au 7 mai, le Relief était sur la route d'Okinawa.

7 mai-10 mai 1945, Okinawa

Le Relief s'occupait des blessés depuis les plages.
Encore, le navire resta à l'ancrage pendant la nuit, en ayant l'avantage des voiles des écrans de fumée dans le port.

Le 7, une alerte fut programmée dans le port, mais aucun avion ne fut aperçu dans la zone immédiate de mouillage. En même temps, les radars des escortes de destroyers et les écrans d'interceptions des chasseurs fonctionnaient très bien, et la plupart des avions ennemis étaient interceptés avant d'arriver dans la zone des plages de débarquement.

Le 8, le navire apprit la fin de la guerre en Europe. Il n?y eut ni célébration, ni joie. Comme pour le suicide de Hitler et de Goebbels, les hommes du Relief ne se sentaient pas concernés.

Le soir du 9 mai, six alertes furent sonnées. Le matin, deux alertes de plus furent sonnées.

Le 10 mai, tous les navires présents dans la zone d?ancrage tirèrent une salve d?honneur pour célébrer le VE Day (Victory in Europe).
Ce même jour, le navire repartait pour Guam avec à son bord de nombreux blessés.

14 mai-15 mai 1945, Guam

Le navire resta à Guam le 14 et il débarqua ses patients. Le jour suivant, il repartit pour Okinawa.

19 mai-26 mai 1945, Okinawa

Le 19 mai, le Relief resta au large de la plage Hagushi à Okinawa, et il commença à embarquer les victimes depuis la plage. Il continua ceci du 19 au 26 mai.

Le 20, deux alertes furent sonnées. Le 21, une seule. Le 22, c'est trois alertes qui furent entendus. Le 23, deux alertes de plus furent sonnées et le 24, une de plus fut entendu dans le port. Celle-ci dura jusqu'à 04H30 du lendemain matin. Le feu nourri de la DCA et de nombreux avions ennemis fut visible toute la nuit.

Le 21, quelques hommes du Relief quittèrent le navire pour visiter Okinawa. Les morts étaient partout et les hommes visitèrent les huttes et les tombes.

Le 25, un terrible raid aérien ennemi eut lieu en continu de 08H00 à 11H45 du matin.

26 mai-1er juin 1945, Guam

Le 26 mai, le Relief partit d'Okinawa pour rejoindre Guam, lieu où il resta jusqu'au 30 mai.

Le 30 mai, les hommes du Relief reçurent du courrier.

En partant, après avoir débarqué ses victimes, le Relief un rapide tour de l'île. Le jour suivant, le 1er juin, il naviguait en direction d'Okinawa.
Cpl. Darling
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1er juin-11 juin 1945, Okinawa

Du 1er au 7 juin, le Relief était en mer. Durant la nuit du 4 au 5, un message fut reçu demandant au navire de modifier sa course afin qu'il évite un typhon qui se préparait sur son chemin. Le typhon toucha un peu le navire : les vagues s?échouaient fréquemment sur le pont et une atteignit même la pharmacie. Le 5, le centre du typhon s'est éclairci et le navire a repris sa route.

Le 7 juin 1945, le Relief est entré à Okinawa. Il y est resté jusqu'au 11.

Sur l?île, les Marines furent confrontés à une violence qu?ils n?avaient encore jamais vue. Les japonais jaillissaient de leurs trous après s?être attaché des grenades sur le ventre et ils se jetaient sous les chars américains pour les faire sauter. Les américains, dès qu?ils voyaient un ennemi se jeter sur eux, les immobilisaient au lance-flamme avant de vider leurs chargeurs sur les corps calcinés. Des femmes combattaient dans les rangs japonais armées de bambou taillé en pointe. Des centaines de civils japonais préférèrent se jeter du haut des falaises plutôt que d?être faits prisonniers et un grand nombre d?entre eux, entre autres 85 futures infirmières qui se cachaient dans une caverne, furent tués par des GI qui les avaient pris pour des militaires. Lorsque les américains réussirent enfin à pénétrer dans le quartier général souterrain à Naha, ils découvrirent que les deux cent soldats et officiers de haut rang s?étaient déjà suicidés.

Okinawa allait devenir le massacre le plus important dans la guerre du Pacifique, mais également le symbole du prix à payer pour la victoire comme l?avait été Omaha Beach en Europe, à la différence qu?Omaha Beach avait redonné confiance au peuple américain. En effet, Okinawa démoralisa les américains. Aux Etats-Unis, on décida de publier le nombre de tombés à Okinawa. Du côté américain, on dénombrait 6990 hommes tués, 880 avions détruits, 35 navires endommagés et 299 endommagés. Du côté japonais, c?était 117 000 hommes qui avaient péri, ainsi que 3800 avions. On s?attendait à ce que le public soit frappé par la différence de victimes et qu?il applaudirait l?habileté des chefs. Or, la publication de ce bilan souleva une tempête de cris aux Etats-Unis. Près de 7000 morts, c?était inconcevable alors que les Etats-Unis disposaient d?une supériorité écrasante.

Mais le pire était à venir. Les hommes présents dans le Pacifique savaient que la pire des batailles était la pire à venir : l?invasion du Japon. Les japonais hommes, femmes, enfants et vieillards se défendraient jusqu?à la mort pour tenter de repousser les envahisseurs. Déjà, les commandants de l?US Air Force rassuraient leurs pilotes, mal à l?aise de tuer autant de civils japonais lors des bombardements du Japon, en leur disant que tous les civils avaient crée une armée volontaire et en ajoutant « Pour nous, il n?y a pas de civils japonais. » Au Japon, on apprenait aux femmes et aux enfants à se battre avec des fourches et des bâtons. Les japonais, en sentant l?approche des américains sur leur île, seraient plus tenaces et plus fanatiques que jamais. Les militaires avaient déjà décidé que si un seul américain posait le pied sur le Japon, ils exécuteraient tous les prisonniers de guerre alliés.
L?invasion du Japon allait être éprouvante et coûteuse en vies humaines. Partout dans le Pacifique, les hommes commençaient déjà à faire rimer victoire avec 1946 ou 1947.

Le 7, deux alertes furent sonnées, mais aucun avion ne fut aperçu dans le ciel.
Le 8, il y eut trois raids. La DCA depuis les navires et l'île était très intense.
Le 9, il y eut six raids aériens. Encore, la DCA des plages était très nourrie.
Le 10, il y eut deux alertes, mais aucun avion en vue.
Le 11, le navire partit pour Guam car il était rempli de blessés.

15 juin-21 juin 1945, Saipan

Le 13 juin, le navire reçut l'ordre par radio de changer de direction vers Saipan.

On garantit au navire quatre jours d'indisponibilité pour le réparer. Les mécaniciens avaient besoin de camions transporteurs et les chaudières avaient besoin d'être nettoyées. Des équipements et des provisions furent montées à bord.

Le 21 juin, le Relief fut une fois de plus sur la route d'Okinawa. Ce jour-là, le Relief reçut un communiqué officiel : Victoire à Okinawa.

26 juin- 30 juin 1945, Okinawa

Pendant le voyage pour aller à Okinawa, le capitaine exerça les officiers du pont du navire à manier l'arme au poing, à utiliser un radeau de survie comme mannequin, à simuler les conditions de vie des hommes à bord et à manoeuvrer le navire le long d'un radeau pour sauver des équipages perdus en mer.

Le 25, sur la route, le Relief signala une mine de contact large qu?il essaya de couler avec des armes légères ; toujours sans succès

A Okinawa, le navire resta une fois de plus à l'ancrage dans le port durant la nuit.

Le 27, il y eut un raid aérien. Le 30, les japonais bombardèrent l'île. On pouvait voir le feu nourri de la DCA de l'île.

Le 30, le Relief reçut l'ordre de rentrer à Guam pour ensuite aller à Leyte, dans les Philippines, afin de faire un rapport au Commander Service Squadron Ten sur le travail que le navire avait accompli dans cette zone avec la 3ème flotte. Ce jour-là, le Relief quitta Okinawa pour Guam.

Le 2 juillet, il fut détourné vers Saipan. Le 4 juillet, jour anniversaire de l?Independance Day, on annonça aux américains que le Japon venait de recevoir sa cent millième tonne de bombe.

Le Relief arriva à Saipan le 5 juillet. Immédiatement après avoir débarqué les hommes, il partit pour Guam. Le 8 juillet, il arriva à Guam. Il était en route pour Leyte mais il passa par Guam pour de la logistique.

9 juillet-25 août 1945, Leyte

Le Relief arriva à Leyte le 13 juillet et il resta là jusqu'au 25 août.

Quand il arriva aux Philippines, il fut assigné comme station hôpital. Une épidémie de dysenterie bacillaire faisait rage dans le port. Une fois de plus, la vieille routine fut établi : une conférence des officiers médicaux de la zone fut demandée et une campagne préventive contre la maladie fut recommandée par l'équipe médicale du Relief. Il agit comme centre de recherche de l'épidémie et il reçut la plupart des cas pour le traitement.

L?équipage put descendre à terre pour s?amuser. Tacloban était la capitale de Leyte et les hommes pouvaient admirer la mairie, qui était imposante en comparaison avec les cabanes des alentours qui étaient en fait des commerces. Les commerces étaient ouverts et la température à l?intérieur était étouffante. Il y avait également un College et une High School. Dans cette ville, il n?y avait ni trottoir, ni feux mais des indigènes se promenaient dans les rues. Palo était une ville plus petite que Tacloban mais les cabanes et la chaleur étaient les mêmes. Là-bas, les hommes purent voir des caribous et des poneys, mais ils furent déçus de ne croiser aucune jolie fille. Au marché, les hommes pouvaient achetaient beaucoup de choses, dont des bananes.
Il y avait également un cimetière militaire à Leyte. 4000 croix blanches se dressaient hors du sol en formant des longues rangées. Les prisonniers japonais étaient employés pour creuser les tombes et dès qu?un américain s?approchait d?eux, ils arrêtaient de rire.

Le 6 puis le 9 août, l?équipage apprit le largage de deux bombes atomiques sur le Japon. Personne ne savait vraiment de quoi il s?agissait, mis à part que cette bombe de la taille d?un ballon de football pouvait raser n?importe quelle ville de la carte.

Le soir du 10 août 1945, vers 21H10, tandis que l'équipage regardait un film, la nouvelle se propagea dans le navire disant que le gouvernement japonais avait accepté de bonne volonté les règles de la conférence de Postdam. Il pourrait cependant garder leur Empereur comme souverain suprême. Immédiatement, les projecteurs des navires balayèrent le ciel au dessus du port, clignotants en des séries de V, ou tournoyants en de vastes arcs. Un feu d'artifice grandiose fut organisé depuis dans le port depuis les navires. L'horizon entier semblait parsemé de feux d'artifices. Le ciel était illuminé de toutes les couleurs ; bleu, rouge, vert, mauve, orange, jaune et blanc. Des sifflements, des sirènes, des orchestres et les cloches des bateaux : tout s'est joint dans cette célébration démesurée. La fête a battu son plein pendant un à trois quarts d'heures puis a continué sporadiquement tout le reste de la nuit. Les hommes n?en revenaient pas. La guerre était terminée alors que tout le monde se préparait au débarquement au Japon. La victoire grâce aux bombes atomiques laissa tout le monde surpris et cette bonne surprise inattendue amplifia le bonheur des américains.

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Feu d?artifice à Leyte à l?annonce de la signature à la conférence de Postdam du Japon

Cependant, Washington, Londres et Moscou n?avaient pas affirmé la nouvelle et il paraissait évident que les alliés n?acceptaient pas les conditions japonaises. L?équipage aurait voulu que les japonais aient vu le feu d?artifice de la veille pour les pousser à capituler sans condition. Le 14 août, un programme radio de San Francisco annonça que les japonais avaient accepté la capitulation. Le lendemain, Truman annonça enfin officiellement que le Japon avait la reddition complète des forces du Japon. Tout le monde éclata à nouveau de joie.

Le 17, deux nouveaux reporters embarquèrent à bord pour couvrir les futures opérations du Relief.

Le 24 août, le Relief transféra une partie de ses hommes pour les démobiliser de la Navy. Ils étaient les premiers du navire. Ce même jour, le Relief partit pour la baie de San Pedro et il alla à Guinian Harbor, dans les îles Samar, pour décharger tous les patients hospitalisés, et pour pouvoir repartir vers Subic bay, à Luzon, toujours dans les Philippines.

25 août 1945, Luzon

Le Relief partit pour Samar, Leyte puis Subic bay à Luzon. Il resta un jour dans cette baie, avant de partir pour Guam.

28 août-4 septembre 1945, Guam

Le dernier jour du mois, un typhon d'une intensité étonnante fut rencontré. La mer était déchaînée et les hommes du Relief crurent qu?ils ne verraient jamais le lendemain et beaucoup prièrent. Un jour après que le typhon fut passé, le Relief reçut l'ordre par radio de rejoindre Okinawa. Le 2 septembre, pendant que le Relief était toujours en mer, la seconde guerre mondiale se termina. Les hommes étaient toujours terrifiés après le passage de la tempête et ils étaient trop extenués pour faire la fête. A chaque vague un peu plus importante que les autres, ils se figeaient, croyant qu?un autre typhon arrivait.

Le 3, le navire arriva à Okinawa ou cinq autres navires-hôpitaux étaient présents. Le 4, il partit pour Dairen, une ville de Mandchourie d?environ 500 000 habitants. La mission du navire était d'évacuer les prisonniers libérés du camp japonais de Mukden. Le Relief partit en compagnie d'une escorte de deux destroyers : le McNulty (DE-581) et le Elmore (DE-686). Ces deux destroyers devaient accompagner le Relief à travers les dangereux champs de mine à l'est de la Mer de Chine et de la Mer Jaune. Beaucoup de mines flottantes avaient en effet été aperçu dans cette zone.
Cpl. Darling
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4 septembre-12 septembre 1945, Dairen

Le 4 novembre, le Relief quitta Okinawa pour Dairen, en Mandchourie ou il arriva le 8 septembre.

Les destroyers formèrent une escorte de deux km à l'avant du Relief et de 500 mètres sur ses côtés pendant le voyage jusqu'à Dairen.

Le 6 septembre un navire radeau fut signalé, directement sur la route du navire. Le radeau avait été submergé par un typhon récent et il restait deux survivants à bord. L'USS McNulty repêcha les survivants et les transféra sur le Relief à l'aide de bouées. Les survivants étaient chinois : une femme et un homme. Ils souffraient terriblement du froid. Le typhon qui était passé dans cette zone cinq jours auparavant les avait jeté dans la Mer Jaune. Les officiers du navire firent des tentatives pour communiquer avec les chinois en utilisant des signes et quelques notions de grammaire chinoise. Ils parvinrent à comprendre que la femme avait dix-huit ans et que l'homme en avait un de plus. Le frère de la jeune femme avait été un commerçant à Suchow, et il avait pris l'habitude de voyager à Shanghai pour acheter des marchandises qu'il transportait ensuite à Suchow et qu'il vendait dans le petit commerce qu'il possédait là-bas. L'homme, quant à lui, était le propriétaire du bateau qui était en location pour le voyage. Au départ, plusieurs personnes se tenaient dans la petite embarcation : le commerçant, sa femme, la jeune femme, sa plus jeune soeur et le propriétaire du bateau. A mi-chemin de Shanghai, le typhon frappa l'embarcation et tous périrent dans la mer, à l'exception des deux survivants. Ils furent soufflés par la force du typhon, loin dans le Mer Jaune, sur la route du Relief. On les prit à bord et on leur donna des traitements pour leurs blessures.

Le 7 septembre, l'escorte des destroyers signala les mines flottantes. Sept furent détruites, trois furent coulées. A 15H30 ce même jour, le McNulty vint le long du Relief pour transférer un membre d'équipage qui avait été blessé par l'éclat d'une mine qui avait explosé. L'éclat avait frappé l'homme au visage et lui avait arraché la partie haute du visage. Le patient fut transféré par bouée sur le Relief mais il mourut quelques minutes après avoir été reçu à bord. La majeure partie de son cerveau avait été touchée.

Durant la nuit, les projecteurs des navires fouillaient la mer à la recherche des mines pour les éviter. Le Relief arriva à Dairen le 8 septembre.

Le capitaine emmena le navire le long des docks sans l'aide de remorqueurs ou d'autres vaisseaux. Les russes, qui contrôlaient le port, avaient promis de fournir remorqueurs ou pilotes. Cela ne fut jamais fait.

Aucune liberté ne fut autorisée pour les hommes de l'équipage, mais les officiers du navire furent invités à un tour d'observation. Jusqu'au 11 septembre, le Relief est resté le long de la jetée, en attendant les prisonniers libérés de Mukden, au nord de Dairen. La ville paraissait moderne et les civiles étaient coréens, chinois, japonais ou mandchous. De nombreux soldats et marins soviétiques se promenaient sur les docks. En attendant l?arrivée des prisonniers, les hommes du Relief, non autorisé à quitter le navire, marchandaient avec les chinois depuis les côtés du navire. Ils leur jetaient des cigarettes, de la soupe, des cigares, du sucre, etc. et les chinois leur donnaient en échange de la monnaie chinoise, des casseroles, des chapeaux, des vases et des tasses en porcelaine de Chine, etc.

Le navire resta le long des docks trois jours, se préparant à recevoir les prisonniers. Beaucoup d'entre eux avaient été fait prisonniers à Bataan, ou ailleurs dans les Philippines. Ils avaient survécu aux camps de prisonniers des Philippines, de Formose, de Honshu et finalement de Mukden. C'était les hommes de "la marche de la mort" de Bataan. Beaucoup avaient été faits prisonniers trois ans plus tôt.

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Le camp de Mukden, en Mandchourie

Toute la journée du 11, la rumeur disait que le train venait d'entrer à Dairen. Finalement, à 20H50, les hommes commencèrent à arriver. La scène était dramatique et poignante. On les entendait avant de les voir arriver. Les docks étaient éclairés par les projecteurs; derrière, il y avait l'obscurité. A 20H50, le premier d'entre eux est sorti de l'ombre, ébloui par les projecteurs, puis deux, puis dix, puis tout le cortège. Ils arrivèrent en foule, transportant tous leurs effets personnels sur leurs dos ou dans des gros sacs. Tout le navire s'est précipité sur la lisse pour les accueillir. Au pied de la passerelle, on chantait pour les prisonniers libérés et l'équipage du navire criait au dessus de la lisse pour eux, leur offrant des cigarettes, échangeant des histoires, se demandant d'ou ils venaient aux Etats-Unis. La croix rouge et la bande verte furent illuminées, et quelqu'un commença à jouer de la musique américaine sur le navire : Dixie, l'hymne des Marines, Stardust, etc. ... Le Relief était le premier navire américain que ces hommes avaient vu depuis trois, ou parfois quatre ans.

La première chose qu'ils voulurent fut de prendre une douche. On leur donna ensuite de la soupe, des serviettes et un lit propre et douillet. Après avoir été mis à l'aise, un dîner avec des steaks énormes fut servi. Ils eurent de la glace pour le dessert.
A minuit, la plupart d'entre eux allèrent au lit. Les hommes du navire continuèrent de les servir jusqu'à deux heures du matin. Une fois que tout fut calme, beaucoup d'anciens prisonniers, envieux de parler et trop excité pour dormir, se levèrent pour aller sur le pont discuter avec l'équipage. Ils racontaient leur longue histoire et l'équipage les écoutait leur expliquait ce qui s'était passé durant ces quatre années. Les anciens prisonniers voulaient tout savoir : qui étaient les stars des films, quelles musiques étaient à la mode, etc. ... Ils écoutaient fièrement la description des combats menés à Kwajalein, Tarawa, Guam, Peleliu, Okinawa, etc. ...

Deux civils montèrent à bord cette nuit-là. Il s'agissait de Franklin G. Lewis et de sa femme Claudia S. Lewis, de l'état de Washington. Mr. Lewis devint consul américain à Mukden après la guerre.

Un docteur de la Navy et un sergent des Marines, eux-mêmes prisonniers, montèrent également à bord du Relief. Grâce à ces deux hommes, l'équipage apprit le nombre d'hommes qui étaient entrés dans le navire cette nuit-là et leurs conditions de vie.
Cette nuit-là, 753 survivants rejoignirent le Relief, en addition aux 2245 blessés qui étaient déjà à bord.

Le Relief quitta Dairen le 12 septembre à 05H30 pour Okinawa. Durant le voyage, l'attention était portée sur le confort et les commodités des passagers. Des programmes spéciaux de divertissement furent établis et les aumôniers firent de leur mieux pour assurer le plus grand confort possible aux passagers. Les nouvelles du monde extérieur étaient programmées dans le navire par les radios de divertissement de l'équipage, qui venaient directement de San Francisco. Les équipements officiels de la radio du navire étaient constamment gardés par des gardes et branchés sur des circuits spécialement désignés, pour intercepter les messages adressés aux anciens prisonniers de la part de leur famille. Chaque jour, les passagers étaient servis de glace et les membres d'équipage donnèrent une partie de leur cagnotte et des provisions pour chacun d'entre eux. Les hommes de l'équipage ayant du temps libre passèrent leur temps à écouter les prisonniers libérés raconter les actes de cruauté et de brutalité que leur infligeaient les japonais, et eux expliquaient aux ex-prisonniers ce qui se passait au pays, l'histoire de la guerre et la dernière musique à la mode. Les membres d'équipage demandèrent aux prisonniers leur ville et état d'origine et ils purent ainsi les aider à envisager une vie là ou ils allaient retourner.
Les histoires racontées par les prisonniers à propos du traitement qu'ils avaient reçu des mains des japonais restèrent dans les mémoires des hommes du Relief comme le récit le plus infâme des ennemis qu'ils avaient combattus.

Le 11 septembre 1945, l'Opération Magic Carpet commençait. C'était la grande vague des hommes rentrant à la maison pour la démobilisation.
Cpl. Darling
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12 septembre-26 septembre 1945, Okinawa

Le 12 septembre, le Relief quitta Dairen pour Okinawa. Le 15 septembre, il arriva là-bas.

Le 15, tandis que le Relief préparait le débarquement des ex-prisonniers, le mot fut donné qu'un typhon sévère était attendu près d'Okinawa le 17. Tous les navires ancrés dans le port partirent donc en mer le 16 septembre après 17H00.
A 14H00, un petit navire s'approcha du Relief pour lui donner des instructions afin de se retirer en mer. Il devait le faire sur la gauche pour éviter la tempête qui devait passer à 21H00. A 18H10, le Relief partit pour la zone de mouillage de Machinato, sur le côté ouest de l'île, afin de débarquer les passagers. Mais à cause de la pluie, la visibilité fut mauvaise et le vent de plus en plus puissant faisait gonfler la mer. Le débarquement des passagers ne put donc pas se faire. Tous les passagers ayant leur couchette sous le pont supérieur furent envoyés le plus bas possible dans le bateau. Le centre ne devait pas passer dans la zone avant minuit.

Durant la nuit du 16 et toute la journée du 17, le Relief est resté au milieu de la tempête, à 160 Km à l'ouest d'Okinawa. Le navire fonctionna extrêmement bien et il n'y eut pas de grands déconforts pour les passagers ou l'équipage. Les vents atteignirent quatre-vingt-dix à cent Km/h et des creux d'un mètre furent observés pendant la nuit. Le typhon était très sévère en intensité, et il causa plus de dégâts aux navires qui s'ils étaient restés à Buckner Bay.

Le 17 septembre à dix heures, le typhon diminua quelque peu, et le Relief regagna sa place. A 16H00, il arriva en vue de Aguni Shima, et il attendit que les vagues se calment dans la zone d'ancrage de Machinato. Le 18, le navire resta à Machinato et il débarqua les ex-prisonniers. Les deux chinois avaient été retenus à bord. Le 19, ils furent transférés à Okinawa et on les confia aux autorités militaires pour les ramener en Chine.

Le 20, le Relief se posta dans la zone d'ancrage de la plage d'Hagushi. Le 22, il revint à Buckner Bay pour embarquer des provisions, pour se réapprovisionner en fuel et pour installer des installations de détente pour l'équipage. Le 24, le deuxième groupe d'homme prêt pour la démobilisation quitta le Relief et fut transféré sur un navire receveur. Le 24, le navire s'installa dans la zone d'ancrage de Nago Wan. Il avait ordre de faire un rapport au Commander Transport Squadron 17 pour être inclus dans un convoi en partance pour Taku, en Chine.

Le 26, le Relief quitta la zone de Nago Wan à Okinawa avec un convoi de plus de trente navires. Ils se dirigeaient vers Taku, en Chine.

30 septembre-30 octobre 1945; Taku, Chine

Le 30 septembre, le convoi mouilla à Taku. Le Relief resta là jusqu'au 29 octobre, ancré à 8 Km à la droite de la ligne des vaisseaux.

Le convoi qui avait voyagé à Taku était le convoi le plus important que le Relief avait rencontré depuis le début de la guerre du Pacifique. Il était composé de transports et de vaisseaux de support.

La 1ère Division de Marines était entre Taku et Tientsin pour aider à maintenir l'ordre en attendant qu'un gouvernement chinois local se forme, mais également pour désarmer les nationalistes chinois dans la zone.

Le Relief était inclus dans le groupe qui devait fournir des institutions médicales et hospitalières dans le cas de certaines difficultés, et également pour assurer de navire-hôpital. Il fit exactement ceci. Il resta à Taku un mois et il retrouva la routine des consultations et des urgences hospitalières. Une très grande liberté était donnée aux membres d'équipage. Taku est séparé de la mer par Taku Bar, là ou l'eau est peu profonde. Le navire jeta l'ancre non loin de là. Les membres d'équipage se faisaient transportés à la Hai Ho (la rivière chinoise menant à Taku et à Tientsin) dans des LCI et des LSM.

30 octobre-2 novembre 1945; Tsingtao, Chine

Les ordres furent reçus pour placer le navire sur la liste de Magic Carpet. Cela signifiait que le navire avait été assigné au task groupe 16.12, qui était assigné à la task force devant retourner aux Etats-Unis.

Le navire avait été dirigé vers Taku pour embarquer du matériel et il devait ensuite retourner à San Francisco. Si une capacité d'embarquement des patients ne pouvait être obtenue à Taku, le navire devait partir pour Tsingtao. Si une capacité d'embarquement des patients ne pouvait être obtenue à Tsingtao, le navire devait partir pour Okinawa. C'est ce qui se passa.
Le Relief posa l'ancre à Tsingtao le 1er novembre et l'équipage était libre d'entrer dans la ville. Le jour suivant, il s'avéra que la capacité d'embarquement des patients ne pouvait être obtenues à Tsingtao, donc le Relief est parti pour Okinawa.

5 novembre-8 novembre 1945, Okinawa

Le Relief jeta l'ancre à Buckner Bay le 5 novembre.

A Okinawa, le navire reçut l'ordre d'embarquer du matériel avec les patients et les ex-prisonniers. Quand tous les patients furent montés à bord, le navire avait encore de la place. Les LCT apportèrent sept cent dix passagers sur le Relief entre le 7 et le 8. La moitié d'entre eux étaient des passagers pour Guam. L'autre moitié comprenait du personnel retournant aux Etats-Unis et des patients destinés à être soignés aux Etats-Unis.

13 novembre -14 novembre 1945, Guam

Le Relief partit pour Guam, dans les Mariannes, le 8 novembre. Il arriva le 13 ou il resta à Apra Harbor pour décharger les patients

Le 13, un message fut reçu, changeant la désignation du navire-hôpital à navire de transport (APH-11). Ses marquages d'hôpital ne furent pas retirés mais l'équipe médicale fut radicalement réduite, et son type de travail allait être différent de celui effectué pendant la guerre. Il faisait maintenant partie de l'énorme flotte dont la seule mission était de faire rentrer tous les hommes aux Etats-Unis.
Il embarqua des fournitures à Guam, avec tous les hommes prêts à revenir chez eux.

Le 14 novembre 1945, l'USS Relief reprit la mer et il se dirigea vers San Francisco, lieu ou il arriva le 30 novembre 1945. La plupart des hommes étaient prêts pour la démobilisation et pour retourner à la vie civile. Tout allait redevenir comme trois ans plus tôt.
Cpl. Darling
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Sources :

- Le survivant du Pacifique de G. Blond

- http://adams.patriot.net/~eastlnd2/rj/a ... onicle.htm


Et encore merci à mon dico d'anglais Image
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