Oliver Stone sur les plages du débarquement

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Marc Laurenceau
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Oliver Stone sur les plages du débarquement

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Source : article paru sur nouvelobs.com le 15 février 2013

Oliver Stone est la mauvaise conscience de l’Amérique. La guerre du Vietnam dans “Platoon”, l’ultraviolence dans “Tueurs nés”, la hantise du complot dans “JFK” ou la dictature de la finance dans “Wall Street” : il a visité tous les replis du cauchemar américain. Dans la série documentaire qu’il vient de réaliser et qu’il a présentée au cours de son débat avec Hubert Védrine, il explore l’envers de l’histoire des Etats-Unis, depuis la guerre contre l’Espagne au début du siècle dernier jusqu’à l’expédition en Irak.

Pourtant, invité par “le Nouvel Observateur” au Havre du 7 au 9 février, il a tenu à se rendre sur le haut lieu d’une guerre américaine juste (voir la vidéo), Omaha Beach, la plage sanglante du 6 juin 1944, celle que ses confrères cinéastes ont magnifiée, Zanuck dans “le Jour le plus long”, Fuller dans “The Big Red One”, Spielberg dans “Il faut sauver le soldat Ryan”.

Bien sûr, il pense que c’est l’URSS qui a gagné la Seconde Guerre mondiale, plus que l’US Army, et que sans Staline, les Alliés auraient perdu. Mais dès l’arrivée au cimetière de Colleville, Stone le rebelle reste interdit. L’alignement des tombes, la pluie normande, le belvédère silencieux qui domine une mer grise et un sable mouillé étrangement paisible quand on sait que près de 3 000 soldats sont morts au petit matin du 6 juin, hachés par les mitrailleuses allemandes, tout cela intime le respect.

Le père de Stone était en France en 1944 ; Stone lui-même a été fantassin au Vietnam ; les noms qui s’alignent sur les croix blanches lui sont étrangement familiers : les gamins en uniforme qu’il a connus au Vietnam portaient les mêmes.

La plupart des hommes enterrés à Colleville n’ont pas 20 ans ; pour un combat lointain, pour des idéaux abstraits, pour libérer une Europe inconnue, ils sont morts dans l’enfer du petit matin, fauchés en quelques minutes par des tireurs invisibles que des bombardements mal ajustés avaient épargnés.

Muet et renfrogné, Stone accuse le coup. Puis la langue du cinéma reprend le dessus. Spielberg, dit-il, a réussi une séquence d’ouverture magistrale, mais son scénario ne tient pas la route, trop artificiel, trop classique, trop invraisemblable. Quant à Tom Hanks, du moins son personnage, c’est un piètre sous-off qui conduit sa compagnie au suicide…

Comme tout le monde, il a en tête les scènes du “Jour le plus long”. Il sourit quand on lui désigne les lieux du film, qui sont ceux du D-Day : “John Wayne a sauté en parachute là-bas, derrière la ligne des dunes qu’on aperçoit à travers la pluie, Henry Fonda a débarqué sur la plage qu’on devine sur la gauche, et Robert Mitchum était là, en contrebas, sous les bunkers dont les ruines sont encore accrochées aux pentes du talus qui ferme Omaha Beach.”

Puis il va se recueillir sur la tombe de Theodore Roosevelt Junior, le personnage joué par Fonda, mort d’une crise cardiaque en Normandie. “Pourtant, explique la jeune guide du cimetière de Colleville, on avait dit aux soldats que chaque grain de sable d’Omaha avait été retourné au moins deux fois par les bombes la veille du Débarquement. Quand ils ont débarqué, les défenses étaient intactes et la plage plate comme la main, sans le moindre trou d’obus pour se protéger.” Alors Stone retrouve ses marques d’Américain dissident. Son regard se vrille et l’on devine sa pensée : une nouvelle fois, l’establishment yankee a menti au peuple…
Marc Laurenceau
Webmaster du site DDay-Overlord et du forum
Auteur du livre Jour J Heure par Heure

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