Les vestiges d'un bombardier allemand Junkers 88 G1 retrouvés à Pont-à-Celles

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Marc Laurenceau
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Les vestiges d'un bombardier allemand Junkers 88 G1 retrouvés à Pont-à-Celles

Message non lu par Marc Laurenceau »

Un chantier archéologique très particulier a connu son moment de gloire ce samedi 24 août 2013 en province de Hainaut... Après des années de recherches, témoignages et repérages, une quinzaine de passionnés d'histoire militaire ont identifié le lieu du crash d'un avion allemand abattu il y a près de 70 ans !

Nicolas Clinaz et son équipe de bénévoles viennent de remonter une pièce capitale. Un avion allemand de type Junkers 88 G1 dont les 3 membres d'équipage avaient pu sauter avant l'impact. Ce qui explique pourquoi cet avion a été oublié ici près de 70 ans. Il avait été abattu par un Mosquito.

Et dans ce cas-ci, le témoin clé, c'est Ivan Bachkatov. Agé aujourd’hui de 92 ans, Yvan Bachkatov garde encore bien en mémoire les circonstances de l’accident. Né à Koursk, cet ancien officier de l’armée russe a été fait prisonnier de guerre par les Allemands. Travailleur forcé, il a été envoyé au charbonnage de Souvret au Puits n°13, dont il réussit à s’évader. Puis il rejoint un groupe de résistance : la brigade spéciale de Luttre. Yvan a pris le maquis avec ce groupe. Jusqu’à la fin de la guerre, il se cache dans une maison du hameau de Launoy. « Un jour, en été 44, j’ai entendu une bataille aérienne et un bruit violent » se souvient-il. « C’était assez effrayant de voir l’avion en feu. C’est tout le ciel qui s’illuminait ! »

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La partie arrière d'une culasse

C’est une belle victoire pour Nicolas Clinaz. Après une dizaine d’années de recherches, ce militaire de carrière, et passionné dans la recherche d’épaves d’avion, est parvenu, avec le concours de Michèle Heck, secrétaire du Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Pont-à-Celles, à localiser un avion abattu la nuit du 14 au 15 juin 1944 ! Le secret avait été bien gardé… jusqu’alors. « Nous ne souhaitions pas divulguer trop vite les lieux, de peur que le site ne soit « visité » par d’autres personnes, avant nous ! » confie Nicolas Clinaz. Au cours d’une fouille archéologique menée samedi, celui-ci a authentifié l’avion allemand : il s’agit d’un Junkers 88 G1. Bien sûr, la carlingue n’a pas été retrouvée, car l’avion a pris feu… Des pièces intéressantes ont néanmoins été tirées de terre, comme l’arrière de la culasse d’un canon MG FF. Les faits se sont produits de la façon suivante : durant la nuit du 14 au 15 juin 1944, au cours d’une mission Intruder, le pilote de chasse de nuit britannique Arthur Burbridge, à bord d’un Mosquito, a provoqué la chute de l’avion allemand, à proximité de la base de Florennes. Le bimoteur allemand est finalement détruit sur le site du Launoy. C’est la 6ème victoire de l’équipage britannique.

La victime de cet affrontement n’est autre que le Kommandeur de Florennes, le Hptm.Wilhem Herget, redoutable pilote de la Nachtjagd (72 victoires . L’équipage allemand parvient à évacuer l’appareil en flammes. Ce dernier engagement clôture la carrière de ce pilote de chasse de nuit. A bord de l’avion avaient pris place également un navigateur et un mécanicien de bord. Presque 70 ans plus tard, la joie était grande aux abords du champ de fouilles. « Depuis quelques années, j’avais intensifié les recherches concernant les chutes d’avion à Pont-à-Celles, et les témoignages concordaient » note Michèle Heck. « C’est tout un travail d’équipe qui se solde par une belle découverte ! Il faut aussi remercier une quinzaine d’archéologues amateurs qui font un travail extraordinaire, par tous les temps ! ». Sur place, Florian Deblaere, échevin du Patrimoine, était venu encourager l’équipe. Les pièces retrouvées seront envoyées à Florennes, où elles devraient faire l’objet d’une exposition.

Photos du bombardier Junkers 88 G1 :

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Source 1 + Source 2
Marc Laurenceau
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Prosper
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Re: Les vestiges d'un bombardier allemand Junkers 88 G1 retrouvés à Pont-à-Celles

Message non lu par Prosper »

Bonjour Marc,c'est très intéressant et si je puis me permettre je vais ajouter un petit extrait (page 329,330,332 et 333 du livre "La guerre aérienne dans la région de Charleroi 1940-1945" de Roland Charlier, Cynrik De Decker, Jean Léotard et Jean Louis Roba paru aux éditions De Krijger. ISBN 90-72547-60-8.
Je cite:

.......................La nuit du 14 au 15 juin 1944 voit une victoire aérienne quelque peu exceptionnelle.
Le I/NJG (Nachtjagdgeschwader) 4, basé à Florennes, va en effet être privé de son Kommandeur, le Hptm (Hauptmann) Wilhelm HERGET. Ce dernier opérait cette nuit avec son équipage habituel (son radio, l’Ofw (Oberfeldwebel) Hans LIEBHERR, et son mitrailleur, le Fw (Feldwebel) Emil GROSS) lorsque leur Ju 88 (710833) est surpris par un Intruder.
Leur vainqueur est un des homologues britanniques de HERGET, le F/Lt (Flight Lieutenant) Brance BURBRIDGE.
Né en 1921, il s'était engagé dans la RAF en septembre 1940 après une courte période ... d'objection de conscience (vu son caractère mystique). La guerre étant inéluctable, il se porta finalement volontaire, étant affecté fin 1941 au N° 85 Squadron de chasse nocturne où il opérera quasiment pendant toute la guerre. En cette mi-44, il était crédité d'au moins
cinq victoires et de trois appareils probables/endommagés, ce qui lui accordait le statut d' "as".
Cette nuit du 14/15 juin, BURBRIDGE volait avec son habituel navigateur, le F/Lt Bill SKELTON. Ils avaient décollé dans leur Mosquito XIX de Swannington vers 23h16 (heure britannique) pour une opération «Flower», une attaque d'aérodromes.
L'une des cibles de cette nuit était Florennes mais aucun objectif ne fut aperçu au sol. Par contre, selon le rapport rédigé à son retour par le pilote:
"SKELTON me signala qu'il avait obtenu un contact à une distance d'un mile, volant de droite à gauche.
J'entamai mon virage vers la droite et, ce faisant, aperçus un appareil passer juste au-dessus de nous (...). Nous grimpâmes à sa suite, direction Nord-Ouest, nous en rapprochant lentement (..). Ce faisant, nous survolâmes une grande ville que j'estimai être Charleroi. A 1.200 pieds, j'obtins enfin la vision d'un bimoteur (..) et demandai au F/Lt SKELTON de se servir des jumelles pour m'aider à l'identifier. Presque immédiatement, il me signala que c'était un Ju 188. Je m'approchai et pus confirmer ce fait alors que j'étais à six cent pieds de distance. Mon objectif volait en ligne droite en montée, tout à fait ignorant de ma présence. A environ cent cinquante yards, je tirai une rafale de trois secondes et le moteur gauche de l'appareil ennemi explosa en flammes, des débris étant projetés dans notre direction. A ce moment, nous étions à 9.000 pieds.
Nous avons alors viré à gauche puis volé en cercles pour observer l'appareil en feu piquer doucement vers la gauche. Il percuta finalement le sol dans une terrible explosion à 2h18.
Tous les alentours en furent illuminés, ce qui nous permit de préciser que le point de chute eut lieu sur la rive orientale d'une rivière".
Le Ju 88 (et non 188!) s'est en effet écrasé près de l'Eau d'Heure sur le territoire de Ham-sur-Heure.
L'équipage a pu sauter mais les deux coéquipiers de HERGET ont été blessés.
Lui-même semble avoir été indemne mais il est probable qu'il quittera un temps le I/NJG 4 vu son besoin de repos et la temporaire mise hors combat de ses deux camarades. (Ce n'est là «que» le second Ritterkreuzträger victime du tandem BURBRIDGE/SKELTON).
Le 25 avril, soit quelques six semaines plus tôt, il avait abattu au large de Portsmouth le Me 410 du Kapitän du I/(F)122, l’Oblt (Oberleutnant) Hermann KROLL, un as de la reconnaissance ayant obtenu sa Croix de Chevalier dès 1942 pour ses opérations en U.R.S.S.
Pour l’anecdote, signalons que BURBRIDGE et SKELTON entreront tous deux dans les ordres la guerre terminée !!.........................

Pour la photo, si il s'agit bien d'un Ju 88 il est dommage que tu ai prise celle nous montrant le Junkers Ju-88.G-1 de chasse de nuit mais aux couleurs de la RAF, qui se posa - suite à une erreur de navigation - à Woodbridge (Suffolk) deux mois après la mise en service de cette version dans la Luftwaffe ! Ce hasard permit à la RAF d'évaluer les possibilités de l'appareil et des radars Lichtenstein SN-2 et Flensburg.
Bien amicalement
Prosper ;-)
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Marc Laurenceau
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Re: Les vestiges d'un bombardier allemand Junkers 88 G1 retrouvés à Pont-à-Celles

Message non lu par Marc Laurenceau »

Merci Prosper pour ces précisions. Tu as tout à fait raison concernant le Junkers 88 de prise aux couleurs de la RAF, il s'agit de la dernière photo de mon post.

Bien cordialement.
Marc Laurenceau
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