Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

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Marc Laurenceau
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Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

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Près d’une cinquantaine d’incorporés de force auraient déserté en juillet 1944 en Normandie. Ceux qui les ont cachés à l’époque cherchent à les contacter. S’ils sont encore vivants.

Les 26 ou 27 juillet 1944, tout près de Coutances dans la Manche, trois Alsaciens, incorporés de force dans la Waffen SS, se réfugient dans la ferme de la Cirouerie tenue par Georges et Marie Collette, parents d’un garçon, Gérard, alors âgé de 12 ans.

Les déserteurs remettent leurs armes aux Normands afin qu’ils les dissimulent. Mais lors de la manipulation, un coup part. Soixante-huit ans plus tard, la balle se trouve toujours dans une cloison de la maison. Les trois Alsaciens seront remis quelque temps après aux Américains.

Gérard Collette cherche à contacter ces trois Alsaciens (s’ils sont encore vivants) ou leurs familles. Et ils ne sont pas les seuls. Nicole et Jean Bézard, couple installé à Saint-Aubin-sur-Mer, qui a créé en juillet dernier l’association « Solidarité Normandie aux incorporés de force Alsaciens et Mosellans » (Snifam), bataillent ferme depuis des années pour faire connaître à leurs compatriotes normands le triste destin des incorporés de force. C’est ce couple qui, pour ces avis de recherche, joue les intermédiaires entre les deux régions.

Autour de 900 Alsaciens et Mosellans auraient combattu lors du débarquement en Normandie et certains en ont profité pour déserter l’armée allemande. « En Normandie, la résistance était souvent silencieuse, discrète et anonyme. Beaucoup ont pris des risques, notamment pour accueillir ces incorporés de force. Malheureusement, peu de déserteurs se signalèrent une fois la paix revenue. Souvent, ils ne savaient pas où ils se trouvaient et l’auraient-ils su, il aurait été très imprudent d’avoir noté par écrit les noms et adresses des bienfaiteurs. Pour ces raisons, ils ne donnèrent pas de nouvelles aux personnes qui les aidèrent ».

Selon Jean Bézard, il y aurait eu une cinquantaine de désertions dont une trentaine sont avérées. Et, à l’image des Collette, d’autres familles normandes souhaitent aujourd’hui entrer en contact avec ceux qu’ils ont sauvés d’une mort presque certaine.

C’est le cas de la famille Duval, habitant dans la petite commune de Pont-Brocard dans la Manche, située à 15 km de Saint-Lô. Vers la mi-juillet, trois Alsaciens demandent à Georges Duval des vêtements civils afin de se débarrasser de leurs uniformes. « Andrée, la fille de Georges Duval aimerait tant avoir des nouvelles de ces trois jeunes français qui semblaient si malheureux », indique Jean Bézard.

Autres désertions, à Créances, commune limitrophe de Lessay dans la Manche. Maurice Laroze a joué les guides pour des Alsaciens qui voulaient rejoindre les Américains. Il leur faisait franchir de nuit, à marée basse, l’estuaire du petit fleuve côtier L’Ay. Ce fut notamment le cas d’un instituteur alsacien.

Ces désertions eurent lieu avant le 25 juillet 1944, date de l’opération « Cobra », jour où la Panzer lehr division est pulvérisée près de La-Chapelle-en-Juger par un terrible bombardement allié. Durant ces événements, là encore, des incorporés de force vont quitter les rangs allemands.

C’est le cas de deux hommes membres d’une unité de la division Das Reich qui, arrivés à la ferme de la Malherbière à Courcy, vont se cacher dans la cuve à cidre située sous le pressoir à pommes. « Ont-ils réussi. Que sont-ils devenus ? Nous aimerions les retrouver, eux ou leurs familles », souligne Jean Bézard.

Renseignements auprès de Nicole et Jean Bézard à aubertn@wanadoo.fr


Un article publié dans les Dernières Nouvelles d'Alsace le 6 janvier 2013 : http://colmar.dna.fr//?Normands-cherchent-incorpores-de
Marc Laurenceau
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

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Voici la liste des Alsaciens- Mosellans incorporés de force dans l'armée allemande, été tués pendant la bataille de Normandie et les combats qui suivirent :

APFEL Georges, 15.09.1922 (Wingen, Bas-Rhin) / 09.07.1944 (Saint-Lô, Manche)
AMBILL Jean, 14.02.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 04.08.1944 (Percy, Manche)
BADINA René, 27.01.1920 (Boersch, B.-R.) / 19.08.1944 (Normandie)
BAHL René, 15.06.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 1944 (France)
BASCH Charles, 18.11.1916 (Roeschwoog, B.-R.) / 04.06.1945 (France)
BEHE (DEMOUCHE) François, 29.08.1926 (Colmar, H.-R.) / 07.1944 (Normandie)
BENDER René, 16.12.1926 (Wittenheim, Haut-Rhin) / 22.07.1944 (Normandie)
BIENTZ Ernest, 01.06.1926 (Mulhouse, H.-R.) / 10.1944 (France)
BIERLEIN Raymond, 12.05.1923 (Strasbourg, B.-R.) / 05.07.1944 (Normandie)
BISCHOFF Raymond, 17.09.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 26.06.1944 (Fontenay-le-Pesnel, Calvados)
BOHN Marcel, 25.03.1920 (Racrange, Moselle) / 17.07.1944 (France)
BONNEVILLE Alphonse, 29.11.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 1944 (Normandie)
BRAMMERTZ André, 18.11.1926 (Schiltigheim, B.-R.) / 07.1944 (Le Dézert, Manche)
BRAUN Charles, 09.05.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 07.1944 (Normandie)
BUCHLER Charles, 09.01.1911 (Strasbourg, B.-R.) / 06.1944 (Caen, Calvados)
CHRISTEN Edouard, 10.02.1926 (Mulhouse, H.-R.) / 08.1944 (Manche)
CHRISTOPHE Lucien, 15.08.1926 (Engenthal, B.-R.) / 1944 (Caen, Calvados)
CLAVEY Germain, 18.05.1925 (Wattwiller, H.-R.) / 12.07.1944 (Raids, Manche)
DANGLER Georges, 09.07.1921 (Gundershoffen, B.-R.) / 1944 (France)
DEPARIS Charles, 04.04.1920 (Breitenbach) / 05.08.1944 (Vire, Calvados)
DOERR Robert, 15.01.1926 (Lohr, B.-R.) / 21.08.1944 (France)
EBERLING Raymond, 25.01.1926 (Alsace) / 07.1944 (Saint-Lô, Manche)
EBERSOHL Frédéric, 23.07.1911 (Griesbach, H.-R.) / 1944 (Conflans-Ste-Honorine, Yvelines)
ENGEL René, 12.07.1912 (Tieffenbach, B.-R.) / 1944 (Cherbourg, Manche)
ERB René, 12.02.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 1944 (Normandie)
ERHART Georges, 17.07.1926 (Langensoultzbach, B.-R.) / 1944 (Normandie)
FARNY Emile, 30.10.1926 (Ribeauvillé, H.-R.) / 08.08.1944 (Normandie)
FASSLER Louis, 27.10.1926 (Ste-Marie-aux-Mines, H.-R.) / 07.1944 (Normandie)
FAUDEL Emile, 28.10.1920 (Wangen, B.-R.) / 03.07.1944 (Normandie)
FISCHESSER Constant, 01.06.1926 (Alsace) / 07.1944 (Normandie)
FLORY Henri, 18.01.1926 (Lauterbach-Zell, H.-R.) / 1944 (France)
FRITSCH Henri, 25.04.1926 (Colmar, H.-R.) / 1944 (Normandie)
FREYD Johann, 29.07.1924 (Strasbourg, B.-R.) / 11.06.1944 (Normandie)
GANSTER René, 24.11.1921 (Nilvange, Moselle) / 19.08.1944 (Normandie)
GERBER Oskar, 31.12.1914 (Sundhouse, B.-R.) / 27.07.1944 (Montcuit, Manche)
GIGAX Théodore, 13.07.1920 (Boofzheim, B.-R.) / 12.07.1944 (Hambye, Manche)
GILLE Armand, 08.10.1926 (Algrange, Moselle) / 25.08.1944 (Troyes, Aube)
GRAFF Clemens, 29.11.1926 (Folgensbourg, H.-R.) / 28.06.1944 (Grainville-sur-Odon, Calvados)
GRIMBICHLER Robert, 22.07.1926 (Strasbourg, B;-R.) / 1944 (France)
GROSKOPF Roger, 27.01.1926 (Mulhouse, H.-R.) / 01.1945 (Alsace)
GULLY Aimé, 05.06.1926 (Goldbach, H.-R.) / 07.08.1944 (Normandie)
HAAS Renatus, 12.11.1926 (Husseren-Wesserling, H.-R.) / 01.07.1944 (Noyers-Bocage, Calvados)
HAEGEL René, 25.09.1920 (Geispolsheim, B.-R.) / 07.08.1944 (Normandie)
HAEGELE Gustave, 04.01.1922 (Mittelbronn, Moselle) / 08.1944 (Normandie)
HAFNER Georges, 07.06.1910 (Mackwiller, B.-R.) / 07.1944 (Normandie)
HAHN Albert, 08.09.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 06.1944 (Rauray, Calvados)
HALLER Maurice, 28.08.1926 (Fellering, H.-R.) / 26.08.1944 (La Londe, Seine-Maritime)
HASSENFORDER Emile, 24.09.1926 (Ste-Croix-aux-Mines, H.-R.) / 01.07.1944 (Normandie)
HAUS Charles, 28.08.1925 (Illkirch-Graffenstaden, B.-R.) / 25.08.1944 (Grand-Couronne, Seine-Maritime)
HAUACKER Maurice, 07.09.1926 (Urbès, H.-R.) / 01.08.1944 (Manche)
HEITZ Jean-Paul, 24.06.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 1944 (Normandie)
HENNY Adolf, 13.06.1926 (Saint-Amarin, H.-R.) / 07.07.1944 (Montgardon, Manche)
HERZOG Claude, 27.05.1926 (Ostheim, H.-R.) / 06.1944 (Normandie)
HERRGOTT Lucien, 18.12.1926 (Mulhouse, H.-R.) / 31.07.1944 (Normandie)
HOFFNER Robert, 24.01.1926 (Mollau, H.-R.) / 17.07.1944 (Raids, Manche)
HUGUENEL Ernest, 18.08.1926 (Bischwiller, B.-R.) / 28.06.1944 (Grainville-sur-Odon, Calvados)
JEHL Jean-Joseph, 24.04.1926 (Colmar, H.-R.) / 07.1944 (Normandie)
JUNG Albert, 23.04.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 07.1944 (Caen, Calvados)
KAEFFER Gustave, 28.07.1926 (Scherwiller, B.-R.) / 1944 (Normandie)
KERLE Raymond, 04.12.1926 (Pfastatt, H.-R.) / 22.08.1944 (Saint-Julien - Montricher, Savoie)
KIEFFER Roger, 30.09.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 1944 (Caen, Calvados)
KILIAN Albert, 22.01.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 02.08.1944 (Saint-Lô, Manche)
KLEIN Lucien, 06.05.1926 (Basse-Yutz, Moselle) / 07.1944 (Caen, Calvados)
KLINGER Pierre, 29.12.1926 (Mulhouse, H.-R.) / 06.1944 (Caen, Calvados)
LACHER Werner, 15.04.1924 (Windstein, B.-R.) / 24.08.1944 (Gacé, Orne)
LAUFS Raymond, 23.01.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 21.08.1944 (Bourgogne)
LAZARUS Joseph, 13.01.1923 (Strasbourg, B.-R.) / 09.08.1944 (Normandie)
LERCH Bernard, 10.11.1926 (Kirchberg, H.-R.) / 28.06.1944 (Grainville-sur-Odon, Calvados)
LOBSTEIN André, 28.10.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 05.08.1944 (Vire, Calvados)
LOEGEL Charles, 16.08.1923 (Reipertswiller, B.-R.) / 22.08.1944 (Normandie)
LUTZ Joseph, 16.03.1926 (Moyeuvre-Grande, Moselle) / 11.06.1944 (Norrey-en-Bessin, Calvados)
MARCHAND Alphonse, 16.01.1910 (Auenheim, B.-R.) / 13.08.1944 (Chartres, Eure-et-Loir)
MARTIN Charles, 02.02.1926 (Turckheim, H.-R.) / 08.1944 (Percy, Manche)
MELLINGER Joseph, 27.02.1916 (Kirsch-lès-Sierck, Moselle) / 06.08.1944 (Saint-Paul, Orne)
METRICHER Jean-Pierre, 02.03.1915 (Thionville, Moselle) / 06.08.1944 (Normandie)
METZLER Albert, 14.02.1914 (Weitbruch, B.-R.) / 04.08.1944 (Normandie)
MINCK Andreas, 06.12.1924 (Saint-Jean-Saverne, B.-R.) / 07.08.1944 (Vire, Calvados)
NIESS Alfred, 28.06.1923 (Hunspach, B.-R.) / 28.08.1944 (Lizy-sur-Ourcq, Seine-et-Marne)
NORTH Charles, 23.04.1926 (Furdenheim, B.-R.) / 20.07.1944 (Raids, Manche)
OSTER Emile, 26.01.1912 (Eschbourg, B.-R.) / 28.06.1944 (Grainville-sur-Odon, Calvados)
PFEFFER Jean, 02.06.1926 (Mulhouse, H.-R.) / 1944 (Normandie)
PFERTZEL Adolphe, 17.02.1925 (Colmar, H.-R.) / 10.1944 (France)
PREVOT Charles, 15.06.1914 (Schirmeck, B.-R.) / 17.08.1944 (Normandie)
REUTENAUER François, 31.08.1925 (Moyeuvre, Moselle) / 28.07.1944 (Précorbin, Manche)
REY Arnold, 10.12.1926 (Grendelbruch, B.-R.) / 1944 (Normandie)
REYDEL Lucien, 14.01.1921 (Haegen, B.-R.) / 1944 (Normandie)
RIGAUX Nicolas, 04.07.1920 (Metz, Moselle) / 07.06.1944 (Folligny, Manche)
ROHRBACH André, 29.11.1926 (Wittelsheim, H.-R.) / 07.07.1944 (Angoville-sur-Ay, Manche)
SALZMANN René, 26.11.1926 (Herbitzheim, B.-R.) / 1944 (Caen, Calvados)
SCHAEFFER Johann, 14.11.1909 (Bergbieten, B.-R.) / 23.07.1944 (Normandie)
SCHAFFNER Georges, 01.06.1920 (Langensoultzbach, B.-R.) / 12.08.1944 (Normandie)
SCHATZ Marcel, 19.10.1926 (Colmar, H.-R.) / 1944 (Normandie)
SCHEER Charles, 13.07.1926 (Strasbourg, B.-R.) / 06.1944 (Grainville-sur-Odon, Calvados)
SCHILDKNECHT Léon, 14.02.1908 (Hipsheim, B.-R.) / 1944 (Normandie)
SCHRATZ Robert, 07.04.125 (Illzach, H.-R.) / 06.1944 (Normandie)
SEILLER Hermann, 04.03.1923 (Habsheim, H.-R.) / 20.07.1944 (Normandie)
SEILLER Thiebaut, 18.08.1926 (Lauw, H.-R.) / 28.06.1944 (Grainville-sur-Odon, Calvados)
SEMBACH Alfred, 08.06.1926 (Colmar, H.-R.) / 11.07.1944 (Saint-Lô, Manche)
TRAUTTMANN Jean, 18.08.1920 (Batzendorf, B.-R.) / 12.07.1944 (Saint-Martin-d'Aubigny, Manche)
WACH Raymond, 30.08.1926 (Cernay, H.-R.) / 28.06.1944 (Normandie)
WALTER Eugène, 19.07.1926 (Haguenau, B.-R.) / 07.1944 (Caen, Calvados)
WEBER Ernest, 05.06.1910 (Jetterswiller, B.-R.) / 1944 (Caen, Calvados)
WEISS Charles, 27.11.1926 (Kirchberg, H.-R.) / 01.07.1944 (Rauray, Calvados)
WICKERSHEIM Victor, 11.01.1924 (Hunawihr, H.-R.) / 08.1944 (France)
WILHELM Moritz, 10.11.1926 (Urbès, H.-R.) / 28.06.1944 (Normandie)
WINTERBERGER Edmund, 14.04.1926 (Illkirch-Graffenstaden, B.-R.) / 08.07.1944 (Périers, Manche)
WIRTH Roger, 22.08.1926 (Bischwiller, B.-R.) / 07.1944 (Saint-Lô, Manche)
WOCHNER Emile, 08.09.1921 (Sondernach, H.-R.) / 16.07.1944 (Maltot, Calvados)


Bien cordialement.
Marc Laurenceau
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weyax
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

Message non lu par weyax »

Beaucoup des jeunes de SS-Panzergrenadier-Regiment 4 "Der Führer" et de 2. SS-PD "Das Reich.

Par Example:

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Soldbücher de musee St.MereEglise

Salut
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Manuferey
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

Message non lu par Manuferey »

Marc Laurenceau a écrit :incorporés de force dans la Waffen SS
Je croyais qu'il fallait être volontaire pour entrer dans les SS.

Emmanuel
Marc Laurenceau
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

Message non lu par Marc Laurenceau »

C'est au Gauleiter Wagner que l'on doit l'incorporation des Alsaciens dans la Waffen SS. La guerre, à partir de 1943 se fait de plus en plus dure pour l’Allemagne et l’issue en est totalement incertaine. A la suite d'un accord avec Himmler fin 1943, la moitié de la classe 1926 est incorporée d'office dans les Waffen SS en février 1944. La proportion sera encore plus importante pour les classes 1908 à 1910 incorporées en avril-mai et la classe 1927 incorporée en novembre.

Le comportement des Alsaciens dans la Wehrmacht, en particulier celui des classes qui ont déjà effectué leur service militaire, n'est vraisemblablement pas étranger aux décisions d'envoyer les nouvelles recrues dans la Waffen SS, où la discipline est plus stricte et les possibilités de déserter restreintes. Cette tragédie dans la tragédie aura des conséquences particulières pour ceux qui sont incorporés dans la Waffen SS, où les pertes sont beaucoup plus lourdes que dans la Wehrmacht.

De nombreux prisonniers SS sont en effet systématiquement abattus lorsqu'ils tombent aux mains des Russes. D'autres sont abattus sur le front de l'ouest par les Américains. Il faudra attendre mars 1945 pour que le préfet du Haut-Rhin, Jacques Fonlupt-Esperaber attire l'attention du gouvernement sur cette situation tragique afin que celle-ci soit signalée aux Alliés, qui considèrent tous les SS comme des volontaires fanatiques. Les survivants vont rester durablement marqués d'avoir fait partie de ce type d'unité dont les membres ont tous été qualifiés collectivement de « criminels de guerre » par le tribunal international de Nuremberg. C'est le cas de l’affaire d’Oradour sur Glâne.

Source
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

Message non lu par Marc Laurenceau »

C'est ce qui est arrivée à mon grand-oncle, Walter Oehler, Strasbourgeois, engagé dans les EOR (élèves-officiers de réserve) de Saint-Cyr en 1939, engagé dans un régiment d'infanterie sur la ligne Maginot puis démobilisé, il a été incorporé de force en 1943 dans la 4. Pz.-SP.-TROSS (4. Panzerdivision, Späheabteilung – Tross) ayant servi sur le front est jusqu'en 1944.

Je vous livre, en avant-première, des extraits de ses mémoires que je suis en train de recopier sur format informatique. Malheureusement décédé en 2003, son témoignage est particulièrement impressionnant pour faire résonner la voix des Alsaciens-Mosellans enrôlés de forces pendant la Seconde Guerre mondiale. A sa mort, il avait encore des éclats d'obus dans la main et dans le crâne.

Voici, c'est inédit, des extraits de son premier chapitre :


"Le « Gauleiter » Wagner publiait ordonnances sur ordonnances. Il mettait chaque jour plus la population en condition. Les limites des zones étaient devenues des frontières hermétiques et gardées militairement. Beaucoup de jeunes alsaciens et mosellans, ayant essayé de passer en France, s’étaient fait prendre et jeter au camp de Schirmeck. Ils n’en sortaient que pour être incorporés de force dans des unités disciplinaires de l’armée allemande.

Au bout d’une année, les serres de l’aigle nazi broyait le peuple et ne le lâchait plus. L’incorporation des garçons et des filles d’Alsace avait commencé par une ordonnance rendant le « service du travail » obligatoire pour les jeunes de dix-huit ans. C’était le ballon d’essai, avant la grande rafle. En effet, à partir de 1942, la conscription fut instaurée. Devant le peu de succès de cette première ordonnance de recrutement, Wagner en publia d’autres, qui permettaient aux nazis de traduire devant les tribunaux ceux qui n’obtempéraient pas à l’appel de l’« Arbeitsdienst », le service du travail. Tous les jeunes furent ainsi enrôlés et au bout de quelques mois on pouvait lire dans la presse les premières annonces de décès de quelques jeunes tués en Pologne ou morts sous un bombardement : « für Volk und Führer gefallen » (tombés pour le peuple et le Führer), « im kampf für Grossdeutschland gefallen » (tombés au champ d’honneur pour la Grande Allemagne). Cette première mainmise sur la jeunesse était à peine entreprise qu’une nouvelle ordonnance était publiée, rendant obligatoire le service militaire pour les garçons qui allaient revenir de l’« Arbeitsdienst ». C’était fait.

Les Allemands incorporaient dans l’armée des citoyens français, sans que ne s’élève de protestation, sans que ne change l’attitude servile du gouvernement français de Vichy. Les appels aux volontaires n’ayant pas eu le succès escompté, les Nazis se sont jetés sur les jeunes en les menaçant de camps de concentration en cas de rébellion. Beaucoup y furent déportés, ainsi que leurs familles.
En 1942, après que beaucoup de jeunes incorporés alsaciens étaient déjà morts ou blessés sur divers théâtres d’opérations, une nouvelle ordonnance de Wagner promulguait l’incorporation des classes d’âge ayant déjà servi dans l’armée française. C’était la négation de l’esprit de corps de la « Wehrmacht » qu’il venait de signer. Car beaucoup d’officiers de carrière de l’armée allemande avaient gardé un grand sens de l’honneur militaire, en dépit de la présence des nazis au pouvoir. Faire porter pendant le même conflit l’uniforme de la « Wehrmacht » à des soldats qui avaient déjà servi dans l’armée française les répugnait et ils ne s’en cachaient pas. Mais le parti commandait. Le Führer approuvait l’ordonnance de Wagner. Il avait, lui, déjà perdu le sens de l’honneur militaire, dont l’ancien caporal s’était souvent glorifié dans ses discours passés.

Les premières réactions furent vives, mais vite réprimées par la « Gestapo », qui arrêtait et déportait les récalcitrants et leur famille. C’est dans ce climat de haine, de larmes mélangées à l’espoir de voir se terminer rapidement la guerre, que furent incorporés d’anciens mobilisés français. Et le gouvernement français de l’époque n’a pas réagi. Il avait laissé faire. Il n’avait pas poussé à la révolte contre l’oppresseur. Les provinces de l’est étaient livrées aux nazis. La population était bafouée, méprisée, elle saignait dans sa chair et pire encore, elle perdait petit à petit son âme, car les nazis lui avaient pris son honneur.

C’est dans cette atmosphère, où se mélangeaient la crainte et la révolte, que se situait la période durant laquelle le destin de beaucoup d’Alsaciens se jouait.
L’incorporation dans l’armée allemande était aux yeux de beaucoup une solution pour survivre à cette guerre absurde ; car se faire déporter en Pologne ou incarcérer dans un camp de concentration offraient moins de possibilités de passer le cap des quelques mois, pensions-nous, qui nous séparaient de la fin du régime nazi.

Gagner la France, s’engager dans le maquis ou rejoindre l’Afrique étaient des hypothèses très problématiques, d’autre part cela ne solutionnaient jamais le sort des membres des familles qui restaient au pays, livrés à la vengeance de l’ennemi et dont la déportation vers l’est était plus que certaine. L’appareil d’asservissement du peuple était bien au point. Hitler et ses valets avaient organisé leur coup de main de maître.

Mais la chance des Allemands avait tourné. L’Amérique était en guerre contre l’Allemagne et le Japon. Elle fournissait aux Russes du matériel et des vivres. Eux-mêmes avaient absorbé dans leur immense pays l’élite des divisions allemandes, qui saignaient devant Leningrad et Stalingrad. A chaque bulletin de victoire publié par l’O.K.W. correspondait un autre bulletin de victoire diffusé par Radio-Londres. C’est de là que venait notre seul rayon d’espoir.
L’incorporation de force s’était faite massivement, sous le couvert de troupes en armes. Et c’est par trains entiers que les Alsaciens traversèrent le Rhin au chant de la Marseillaise pour se trouver soumis par une discipline de fer, dans une caserne ou un camp militaire au cœur de l’Allemagne. Oh ! L’instruction militaire ne fut pas longue. En quelques jours, ou pour certains en quelques semaines, ils se sont tous trouvés comme éparpillés sur les divers fronts de l’est, du nord au sud de l’Europe.

Pour ma part, c’est près de Nuremberg que le destin m’avait conduit, juste à temps pour subir à trois reprises des bombardements nocturnes de l’aviation anglaise, et pouvoir juger de l’efficacité de cette nouvelle forme de la guerre. Le peuple souffrait. Et les dirigeants nazis responsables clamaient leur indignation contre les aviateurs anglo-saxons. C’étaient les premières attaques massives qui marquaient le début de la fin du IIIe Reich et beaucoup d’Allemands, prenant conscience de cette situation, se mordaient les doigts d’avoir accordé leur confiance à Hitler et à sa clique.


Après la guerre, Walter a terminé ses études d'architecture et participe à la reconstruction de la ville de Strasbourg, fortement touchée par les bombardements.

Voici quelques exemples des constructions effectuées : http://www.archi-strasbourg.org/personn ... r-409.html .

Bien cordialement.
Marc Laurenceau
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weyax
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

Message non lu par weyax »

Je pense le Point de gravure est "Malgré-nous"

Salut
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glady
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

Message non lu par glady »

Marc,
Il existe un bon livre à ce sujet : Ma ville à l'heure nazie (Colmar 1940-45) de Marie-Joseph BOPP.
Il décrit la vie des Alsaciens, les Malgrés-nous, l'annexion.....
Tu connais peut-être.
Concernant les Alsaciens dans la Bataille de Normandie, mon mari a un oncle qui était incorporé de force dans la Wehrmacht et se trouvait en Normandie. Il fut fait prisonnier par les Anglais et retenu à Southampton. Il fait parti des derniers incorporés (1926). Mais il n'a plus tellement la mémoire. Dommage, j'aurai voulu en savoir plus. Mon beau-père (87 ans) qui se porte comme une fleur et qui a toute sa mémoire va essayer de lui arracher quelques souvenirs... Wait and see :-)

@+ Linda
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Manuferey
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

Message non lu par Manuferey »

Merci Marc pour les précisions concernant l’incorporation de force dans la Waffen SS et surtout pour le témoignage de ton grand-oncle.

Emmanuel
Marc Laurenceau
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Re: Des Alsaciens dans la bataille de Normandie

Message non lu par Marc Laurenceau »

Mais attention ! Il existe encore beaucoup de personnes persuadées que les Alsaciens ont tous été volontaires dans les S.S.

Malheureusement, l'un d'entre eux est Robert Hébras, qui est l'une des six personnes à avoir survécu au massacre d'Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944.

Robert Hébras, a été condamné le 14 septembre 2012 à un euro symbolique de dommages et intérêts et à 10 000 euros de frais de justice pour avoir émis des doutes sur le caractère forcé de l’enrôlement d’Alsaciens dans les Waffen SS dans son livre Oradour-sur-Glane, le drame heure par heure, écrit en 1994 dans lequel il écrivait que : « Parmi les hommes de main, quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force dans les unités SS ». Suite aux protestations des Associations des évadés et incorporés de force (ADEIF) du Bas-Rhin et du Haut-Rhin qui demandaient le retrait du livre des librairies, il avait nuancé ce propos dans les éditions suivantes, mais dans un nouveau retirage en 2009 il a repris sa version initiale.

La cour d’appel de Colmar a estimé que Robert Hébras « a outrepassé les limites de la liberté d’expression en mettant en doute le caractère forcé et non volontaire de l’incorporation de force de jeunes Alsaciens dans les unités allemandes de Waffen SS » Elle a estimé par ailleurs que « Robert Hébras ne pouvait pas se prévaloir de la qualité de témoin, car à l’époque du massacre «il n’avait pas distingué les Allemands nazis des Alsaciens portant tous le même uniforme» et qu’il était « encore moins témoin de l’incorporation de force des Alsaciens dans les unités allemandes ». L’incorporation de force, estime la Cour d’appel, est une « vérité historiquement et judiciairement établie. »
Rober Hébras a indiqué que le retirage incriminé de son livre avait été effectué à l’initiative de son éditeur qui a utilisé d’anciens typons d’impression non corrigés et qu’il n’a jamais signé de bon à tirer pour cette réédition. En janvier 2013, il se pourvoit en cassation.

Je suis attristé de voir que ce pan de notre histoire est encore mal connu et plein de préjugés. Que des Français se soient portés volontaires dans les S.S. n'a rien à voir les Alsaciens-mosellans enrôlés de force. J'imagine que je serai amené à le dire et à le redire bien souvent dans ma vie...

Bien cordialement.
Marc Laurenceau
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