Petit extrait, for your eyes only….
"Après le désastreux échec de l'escorte des prisonniers de guerre jusqu'à Utah Beach depuis la zone de rassemblement d'Angoville au Plain le 6 juin, le pathfinder du 501st Robert Sechrist avait quitté le groupe du 2/501st du Lieutenant Colonel Robert Ballard à la recherche des forces du colonel Johnson aux écluses. Mais au lieu de cela, Sechrist pénétra dans le secteur tenu par Shettle, et fut vite recruté pour rejoindre quelques gars du 506th qui menaient la chasse aux snipers, ces tireurs isolés qui prélevaient un lourd écot sur le bataillon établi à quelque centaines de mètres.
En revenant de cette mission, Sechrist fut assommé par l'explosion proche d'un obus de mortier, qui lui ouvrit la partie droite du thorax, et abîma sérieusement son bras droit.
Il revint à lui pour découvrir plusieurs allemands debout autour de lui, qui pointaient leurs fusils sur son visage. Bob dira plus tard : "Je devais avoir une expression de terreur absolue sur mon visage à cet instant… et mes seules pensées étaient "vont ils me faire à moi ce que nous leur avons fait à eux…"
Bob grimaça, quand un coup de feu éclata près de lui ; un trooper mortellement blessé du 506th venait d'être achevé par ses gardiens.
Bob reçut l'ordre de se lever. On le fouilla puis on le fit avancer en le poussant du bout d'un canon de fusil sur plusieurs kilomètres, tandis que le sang qui coulait de ses blessures tachait le sol de France. On lui interdit de s'arrêter pour se reposer ou de s'assoir, sous peine d'être exécuté sur le champs. Bob fut conduit dans une maison, proche ou dans Carentan, que les allemands utilisaient comme infirmerie de campagne. Il y avait à l'entrée une pile impressionnante de bras et de jambes amputés. Un officier allemand interrogea Sechrist et sa première question fut : "Pourquoi vous autres parachutistes américains, tuez vous tant de gens inutilement?"
Quand Bob fut allongé dans la salle d'opérations, il se redressa et s'adossa contre le mur pour observer le chirurgien allemand opérer. Aucune morphine ou toute autre moyen anesthésique n'était disponible. On donnait à chaque patient un beau morceau de bois, qu'il plaçait entre ses dents et dans lequel il mordait, pour lutter contre la douleur. Sechrist fut le témoin de plusieurs interventions et remarqua qu'aucun patient allemand ne cria, ni ne prononça ne serait ce qu'un murmure. Et cela fut vrai aussi pour des hommes que l'on amputait.
Quand vint le tour de Bob, il s'allongea sur la table et prit le morceau de bois dan sa bouche, bien déterminé à ne proférer aucun son ; la réputation des paratroopers américains était en jeu. Il alla chercher loin au fond de lui-même la force qui lui avait permis de survivre à l'entraînement parachutiste. Le bras fracassé de Bob avait détrempé de sang la manche de sa veste de saut. Deux de ses côtes ressortaient de sa poitrine. Le docteur allemand agrippa une des côtes qui ressortait, et commença à la scier.
Bob ne cria pas aussi longtemps qu'il demeura conscient. Mais cela ne dura que durant les premières minutes de l'intervention. Par chance, il s'évanouit de douleur pour le reste de l'opération."
Mark Bando