El Djem Raid, 26 dec 1942

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Gennaker
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El Djem Raid, 26 dec 1942

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L'histoire retient que le 509th PIRB (ex 2/503rd, 2/509th) a effectué 3 sauts de combat en Af Nord ; il convient naturellement de relativiser cette appréciation. Ainsi que nous l'avons conté par ailleurs, le premier saut, celui du 8 novembre n'a réellement concerné que 6 sticks sur 20. Celui sur Youks les Bains une semaine plus tard, 350 troopers sur les 556 hommes du bataillon. Le "troisième saut", qui concerne effectivement le 2/509th, est plus de nature "commando" avec 32 hommes effectuant un saut de nuit dans le désert tunisien le 26 décembre 1942. Récit.

Le General Anderson de la First Army souhaite couper les lignes d'approvisionnement de l'Afrika Korps en Tunisie, en faisant sauter un pont métallique à El Djem, sur la voie ferrée entre Sousse et Sfax, quelques 60 milles derrière les lignes de front. Tous les raids aériens avaient échoué à cause d'un terrain très accidenté. Les Français prétendent à l'époque qu'aucun train ne circulait sur cette voie. Mais le haut commandement allié en a décidé autrement, et l'ordre est donné d'envoyer un commando de parachutistes dynamiter le pont.

Edson Raff, boss du 2/503rd, est à l'époque à Thélepte, avec 85 de ses hommes ( la compagnie E du Captain Archie Birkner), appelés les ruffians de Raff. Le reste du bataillon est à Boufarik, avec le XO du bataillon Doyle Yardley. C'est Yardley qui reçoit l'ordre ce 24 décembre 1942 de désigner les 32 hommes du commando. Quand Raff apprend la nouvelle, il est trop tard, et malgré tous ses efforts pour annuler une mission qu'il considère comme suicide, le plan est mis en route.
Après quelques retards, le 26 décembre 1943, à 21 heures 30, 3 C 47 décolèrent de Thelepte en Tunisie. A leur bord, 32 hommes du 509 PIB, dont deux français ( le sergeant Jean Guilhenjouan et le Caporal Paul Vullierme sensés connaitre le pays, menés par un jeune lieutenant de 24 ans fraichement débarqué en provenance d'Angleterre, où il était  demeuré pour rassembler les effets du bataillon, et donner le change aux éventuels espions allemands, avec les remplaçants du bataillon, le Lieutenant Daniel De Leo, qui devait plus tard s'illustrer en sautant comme pathfinder sur le Muy et lors de la prise de saint Tropez en aout 44. (De Leo sera un des premiers Five o Niners à Manhay le 22 décembre 44 à entrer en contact avec la 3rd Armored de Maurice Rose.Lle lendemain 23 décembre , il est grièvement blessé lors d'un face à face avec une patrouille allemande, et évacué).
Mais deux ans auparavant, la mission de son commando est de détruire un pont vital pour l'acheminement des approvisionnement de l'Afrika Korps à El Djem en Tunisie, près de 130 km derrière les lignes ennemies. Cette mission en territoire ennemi , désapprouvée par Edson Raff, CO du bataillon, tourna en eau de boudin. Les paras ne trouvèrent jamais le pont, firent exploser un morceau de voie ferrée et un transformateur électrique, et tentèrent, par petits groupes, de rejoindre les lignes alliées. Sur les 32 hommes du commando, 7 y parvinrent relativement facilement, les 6 hommes ci dessous, et un jeune private de 18 ans, Mike Underhill qui, seul dans le désert après avoir semé ses poursuivants italiens, rejoignit les lignes françaises au bout de 6 jours de marche. 16 autres hommes retrouveront plus tard le bataillon. On pense que le reste a été tué par les allemands.

Un certain Sergent Manuel Serrano fut fait prisonnier par les allemands. Il parvint à s'échapper longtemps après et rejoint le 509 en Italie. Comme l'exige le règlement, un homme ayant subi la captivité devait être renvoyé aux USA (Comme ce fut le cas pour Doc Alden). Mais Serrano estimait ne pas en avoir terminé avec les allemands. En aout 44, il se trouvait toujours avec ses potes du 509. Le 14 au soir, il tournait autour des C47 sur l'aérodrome de Fallonicia et embarqua ni vu ni connu avec ses potes. Il sauta ainsi sans ordre du côté de Grasse et alors que Yarborough le croyait en partance pour les States... L'esprit "San Antone"!!

L'épopée de De Leo, déguisé en Arabe pour tromper les patrouilles allemandes après le saut sur El Djem....

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De Leo reviendra voir le pont après la défaite de l'Afrika Korps. Il fut stupéfait de découvrir la solidité de l'ouvrage ; "Jamais nous n'aurions pu le détruire" avoua t'il.

sur la photo, assis : 1st Sergeant Jean Guilhenjoven et caporal Paul Vullierme;
Debout, pvt Roland W. Rondeau, Sgt John Betters, Lt Dan De Leo et Pvt Franck Romero
Notez la jumpsuit M41 de Private Rondeau...
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Parmi les 32 hommes du raid mené par De Leo sur le pont ferré de El Djem se trouvait un jeune "pedzouille" de Pennsylvanie, Michael Underhill, 18 ans à peine! Quand Dan De Leo ordonne au groupe de se séparer et de tenter de rejoindre chacun pour soi les lignes alliées, Underhill se retrouve avec deux Demolition Men seulement armés de . 45. Underhill a toujours avec lui son M1, 60 cartouches 30.06 et 4 grenades. Les trois hommes se mettent en marche cap plein ouest à travers le désert. Alors qu'ils escaladent une petite colline les trois Five O' Niners réalisent qu'un groupe d'environ 30 italiens les observe à la jumelle. Les Italiens ouvrent le feu à la mitrailleuse. Underhill riposte. Du haut de ses 18 ans, il ordonne à ses deux compagnons de poursuivre leur marche pendant qu'il garde les italiens à distance. Les deux Demo men disparaissent dans la pénombre de la nuit qui tombe. Plus tard, et alors que la nuit est bien avancée, Underhill retrouve ses deux camarades d'échappée. Au petit matin, les trois hommes exténués conversent. Les deux demo men pensent qu'entre le risque de se faire dépouiller et tuer par les arabes, ou descendus par les italiens, ils préfèrent se rendre. Underhill répond : "No way! I'm going home!" Le lendemain, il est seul sur une immensité désertique plate comme la main. Alors que l'après midi s'avance, il entend le bruit d'un camion qui gronde dans son dos. Il se jette à terre. Le camion s'arrête et une dizaine d'italiens en descend, armés jusqu'aux dents, et avance prudemment vers lui. Le M1 d'Underhill a souffert durant le saut. Le viseur de son arme est cassé. Underhill attrappe l'une de ses grenades, et lorsque ses assaillants se trouvent à moins de 60 mètres, il balance. La grenade explose aux pieds de deux hommes qui tombent. Aussitôt, les soldats italiens agrippent leurs blessés et refluent au camion, avant de s'enfuir sans demander leur reste. Underhill reprend sa marche, se cachant le jour, se méfiant des arabes, et se nourrissant des restes des K rations emportées dans ses poches cargo. Au bout de quatre ou cinq jours, il tombe sur des Français à Hadjeb el Aioun. Il a réussi.


Nom des hommes ayant participé au raid :
Lt. Dan DeLeo, 
Sgt. John Petters, 
Pvt. Roland Rondeau, 
Pvt. Frank Romero, 
Sgt. Jim Collins, 
S. Sgt. Manuel Serano, 
T-5 Keith Argraves (Medic,) 
Frank Stiburek, 
Warren Decker, 
Alcus Stokes 
James Rodgers, 
Hartwell Harris, 
Mike Underhill, 
Charles Doyle
? Caruso 
First Sgt. Jean Guilhenjoven (1er RCP) 
Corporal Paul Vullierme  (1er RCP)
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