Ils ont pris Carentan
Posté : 22 févr., 19:40
Les gliderists américains de la seconde guerre mondiale sont un peu les parents pauvres de l'US Airborne, peut être à cause, en début de conflit, de leur uniforme moins "glamour" que celui des trooper boys, ou peut-être aussi parce qu'oubliés d'une certaine Mini Série. Ils ont en tous cas prouvé à maintes reprises qu'ils savaient être décisifs sur le terrain, tant au 325th GIR de la 82nd Airborne au pont d la Fière par exemple, qu'au 327th lors de la prise de Carentan. Ce sont bien les gliderists de la 101st, arrivés, ironie du sort et faute de planeurs, par la mer, qui se voyaient confier dès le 10 juin par l'Etat Major américain (Courtney Hodge himself!), le soin de mener l'assaut décisif vers le coeur de la ville depuis les rives de la Douve. Premier régiment de la 101st à atteindre la rive sud de la Douve, les boys des 327th et 401st GIR allaient aussi avoir l'honneur d'effectuer la jonction avec la tête de pont d'Omaha Beach, établissant un front cohérent entre Omaha et Utah dès le 10 juin.
Quelque peu passé sous silence en comparaison des autres morceaux de bravoure de la prise Carentan,( la charge de Cole, Bloody Gulch, Hill 30…) l'assaut des glidermen le long du bassin à flot vaut cependant son pesant de 88 et de balles de MG42. Le jeune bazookaman de G/327th Don Rich était en pointe de l'attaque côté ouest du canal. Son récit est édifiant. Oyez osez les exploits des hommes qui ont libéré Carentan….
Dimanche 11 juin 1944, 10 heures du matin
"La plupart de la compagnie G a franchi le petit pont piétonnier (en amont du pont Bailey actuel ndlr) quand soudain, l'air est rempli du bruit des explosions dans l'eau des obus de mortiers allemands. Les tirs proviennent de Carentan, et les obus tombent autour du pont, mais suffisamment loin pour n'occasionner aucune perte. L'ennemi sait de toute évidence que nous arrivons. A 10 heures, G company s'aligne pour l'assaut sur la droite du canal ( en regardant Carentan ndlr). La compagnie A du 401st est sur la rive est (gauche), arrivant tout juste de sa position de réserve au lieu dit le Rocher. Nous sommes sous commandement du 401st. Une équipe de mortier s'installe dans le petit verger derrière la maison proche du pont. Niland nous confie qu'un char Mark III est en position dans le secteur et que l'approche de la marina de Carentan est minée. Simultanément, les deux compagnies de part et d'autre du canal commencent leur progression.
Prudemment, nous avançons, la vue obstruée par les arbres et les buissons, avec pour seul bruit le frottement de nos pas sur l'herbe et les branches que l'on casse sous nos pieds. Le capitaine Evans a de nouveau choisi de mettre mon squad en pointe. Nous dépassons l'endroit où j'ai précédemment mené ma patrouille et progressons encore d'une centaine de mètres. A notre grand étonnement, les allemands ouvrent un feu dévastateur à la mitrailleuse et au fusil, qui nous prend totalement par surprise. Les mitrailleuses fauchent nos lignes et les mortiers pilonnent nos positions. De partout, les hommes s'écroulent. Notre élan est brisé. Je m'allonge à plat ventre et cherche une cible pour mon bazooka. Mais je ne parviens pas à repérer d'où les allemands nous tirent dessus. A cause des arbres, je ne parviens pas à m'ouvrir un champs de tir.
L'intensité de la bataille rend toute action surréaliste. Rien ne ressemble à ce que j'avais imaginé. L'odeur de la poudre me pique le nez. Toujours incapable de me trouver une cible claire à cause des arbres, je retourne en arrière quérir des ordres du lieutenant Hibbard. Les balles déchirent les feuilles au dessus de ma tête et les branches me tombent sur les épaules. Alors que je m'approche du gros de la compagnie, j'entends des gars s'interpeler, malgré le bruit de la bataille :
"Pourquoi a t'il fait cela?
-Que voulais tu en faire de toutes façons?
-Mieux lui mort que de nous faire tuer en protégeant un Boche!
"Mais de quoi parlez vous?" dis je
"Blankenship a tué le prisonnier" me répond on!
-Quoi? je m'étranglai!
"Blankenship a tué le putain de Boche!"
Je vacillai. Plus personne ne dit un mot. On avait une bataille à gagner. Et les choses ne se passaient pas bien du tout. Et pourtant, de nombreux gars, y compris moi-même, furent bouleversés par cette nouvelle. Bien que je comprenais pourquoi mon camarade avait choisi de tuer notre prisonnier, j'en était malade et tout retourné. La plupart d'entre nous pensait qu'on devrait traiter les gens, y compris l'ennemi, comme on voudrait nous même être traité si on était capturé. Nous savions cependant que ce prisonnier avait été fait au beau milieu d'une opération de combat, et qu'on avait besoin de toute le monde en ligne, et pas pour garder un prisonnier. Personne ne savait vraiment que faire de lui au moment dé noter attaque, et c'est ainsi qu'un des gars de mon squad décida de le descendre….
N'ayant pas trouvé Hibbard, je repartis vers la ligne de front. Brrrrrrppppppp! L'ennemi continue de tirer furieusement dans notre direction… Son feu se fait plus précis. Derrière nous, un peu sur la droite, j'aperçois des têtes d'allemands qui surgissent des marais et tirent sur notre équipe de mortier derrière la maison du verger. Tout autour de moi, des morts et des blessés qui hurlent. Blankenship est touché à la main par un tir de mitrailleuse. Il hurle comme s'il était grièvement blessé. Je suis sûr qu'il a très mal, mais personne ne lui montre beaucoup de sympathie, en partie à cause du sérieux de la situation et de la gravité des autres blessés, mais aussi parce que nous sommes encore sous le choc de ce qu'il a fait à notre prisonnier…"
A suivre...
Quelque peu passé sous silence en comparaison des autres morceaux de bravoure de la prise Carentan,( la charge de Cole, Bloody Gulch, Hill 30…) l'assaut des glidermen le long du bassin à flot vaut cependant son pesant de 88 et de balles de MG42. Le jeune bazookaman de G/327th Don Rich était en pointe de l'attaque côté ouest du canal. Son récit est édifiant. Oyez osez les exploits des hommes qui ont libéré Carentan….
Dimanche 11 juin 1944, 10 heures du matin
"La plupart de la compagnie G a franchi le petit pont piétonnier (en amont du pont Bailey actuel ndlr) quand soudain, l'air est rempli du bruit des explosions dans l'eau des obus de mortiers allemands. Les tirs proviennent de Carentan, et les obus tombent autour du pont, mais suffisamment loin pour n'occasionner aucune perte. L'ennemi sait de toute évidence que nous arrivons. A 10 heures, G company s'aligne pour l'assaut sur la droite du canal ( en regardant Carentan ndlr). La compagnie A du 401st est sur la rive est (gauche), arrivant tout juste de sa position de réserve au lieu dit le Rocher. Nous sommes sous commandement du 401st. Une équipe de mortier s'installe dans le petit verger derrière la maison proche du pont. Niland nous confie qu'un char Mark III est en position dans le secteur et que l'approche de la marina de Carentan est minée. Simultanément, les deux compagnies de part et d'autre du canal commencent leur progression.
Prudemment, nous avançons, la vue obstruée par les arbres et les buissons, avec pour seul bruit le frottement de nos pas sur l'herbe et les branches que l'on casse sous nos pieds. Le capitaine Evans a de nouveau choisi de mettre mon squad en pointe. Nous dépassons l'endroit où j'ai précédemment mené ma patrouille et progressons encore d'une centaine de mètres. A notre grand étonnement, les allemands ouvrent un feu dévastateur à la mitrailleuse et au fusil, qui nous prend totalement par surprise. Les mitrailleuses fauchent nos lignes et les mortiers pilonnent nos positions. De partout, les hommes s'écroulent. Notre élan est brisé. Je m'allonge à plat ventre et cherche une cible pour mon bazooka. Mais je ne parviens pas à repérer d'où les allemands nous tirent dessus. A cause des arbres, je ne parviens pas à m'ouvrir un champs de tir.
L'intensité de la bataille rend toute action surréaliste. Rien ne ressemble à ce que j'avais imaginé. L'odeur de la poudre me pique le nez. Toujours incapable de me trouver une cible claire à cause des arbres, je retourne en arrière quérir des ordres du lieutenant Hibbard. Les balles déchirent les feuilles au dessus de ma tête et les branches me tombent sur les épaules. Alors que je m'approche du gros de la compagnie, j'entends des gars s'interpeler, malgré le bruit de la bataille :
"Pourquoi a t'il fait cela?
-Que voulais tu en faire de toutes façons?
-Mieux lui mort que de nous faire tuer en protégeant un Boche!
"Mais de quoi parlez vous?" dis je
"Blankenship a tué le prisonnier" me répond on!
-Quoi? je m'étranglai!
"Blankenship a tué le putain de Boche!"
Je vacillai. Plus personne ne dit un mot. On avait une bataille à gagner. Et les choses ne se passaient pas bien du tout. Et pourtant, de nombreux gars, y compris moi-même, furent bouleversés par cette nouvelle. Bien que je comprenais pourquoi mon camarade avait choisi de tuer notre prisonnier, j'en était malade et tout retourné. La plupart d'entre nous pensait qu'on devrait traiter les gens, y compris l'ennemi, comme on voudrait nous même être traité si on était capturé. Nous savions cependant que ce prisonnier avait été fait au beau milieu d'une opération de combat, et qu'on avait besoin de toute le monde en ligne, et pas pour garder un prisonnier. Personne ne savait vraiment que faire de lui au moment dé noter attaque, et c'est ainsi qu'un des gars de mon squad décida de le descendre….
N'ayant pas trouvé Hibbard, je repartis vers la ligne de front. Brrrrrrppppppp! L'ennemi continue de tirer furieusement dans notre direction… Son feu se fait plus précis. Derrière nous, un peu sur la droite, j'aperçois des têtes d'allemands qui surgissent des marais et tirent sur notre équipe de mortier derrière la maison du verger. Tout autour de moi, des morts et des blessés qui hurlent. Blankenship est touché à la main par un tir de mitrailleuse. Il hurle comme s'il était grièvement blessé. Je suis sûr qu'il a très mal, mais personne ne lui montre beaucoup de sympathie, en partie à cause du sérieux de la situation et de la gravité des autres blessés, mais aussi parce que nous sommes encore sous le choc de ce qu'il a fait à notre prisonnier…"
A suivre...