Azeville (Manche)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 9 juin 1944

Unités engagées :

Drapeau américain 12th Infantry Regiment, 4th Infantry Division

Drapeau américain 22nd Infantry Regiment, 4th Infantry Division

Drapeau américain 359th Infantry Regiment, 4th Infantry Division

Drapeau américain 44th Field Artillery Battalion, 4th Infantry Division

Drapeau américain 39th Infantry Regiment, 9th Infantry Division

Drapeau américain 502nd Parachute Infantry Regiment, 101st Airborne Division

Drapeau américain 899th Tank Destroyer Battalion

Drapeau nazi Sturm-Bataillon AOK 7, 709. Infanterie-Division

Drapeau nazi Heeresküstenartillerie-Regiment 1261

Historique :

Au printemps 1944, le village d’Azeville est occupé par 170 artilleurs appartenant à la 2e compagnie de l’Heeresküstenartillerie-Regiment 1261. Sous les ordres de l’Hauptmann Dr Treiber et de son adjoint, l’Oberleutnant Hans Kattnig, ils servent la batterie côtière codée Stp 133 ainsi que MKB (Marine Küsten Batterie) Azeville. Sa construction débute en 1941 et elle représente l’une des toutes premières batteries à s’implanter sur le territoire français. Volontairement située à proximité immédiate d’Azeville, ses bâtiments sont peints avec la même coloration que les pierres des habitations du village afin d’induire en erreur les patrouilles aériennes alliées chargées du renseignement.La batterie se compose de quatre casemates : deux de type Regelbau H650 et deux autres de type Regelbau H671, protégeant chacune un canon de 105 mm Schneider d’origine française et datant de la Première Guerre mondiale.

Abondamment bombardée par l’aviation alliée dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, la batterie est l’objet quelques heures plus tard d’une attaque menée par des parachutistes américains du 502nd Parachute Infantry Regiment (101st Airborne Division) largués par erreur dans le secteur. Ces derniers, ne parvenant pas à s’emparer du site, se replient vers le sud pour rejoindre leur unité. A l’aube du Jour-J, 6 juin 1944, les canons de 105 mm engagent les navires alliés situés devant Utah Beach ainsi que le débarquement américain sur cette plage pendant toute la matinée, gênant la progression à l’intérieur des terres. La marine alliée bombarde sans relâche le site et parvient à effectuer un coup au but, détruisant l’une des pièces et la casemate.

En début de soirée du 7 juin, les Américains de la 4th Infantry Division commandée par le général Raymond O. Barton sont aux portes d’Azeville : le 2ème bataillon du 22nd Infantry Regiment est situé au sud-est tandis que le 1er bataillon du 12th Infantry Regiment est positionné au sud-ouest. Le 2ème bataillon lance une première offensive mais est repoussé par une violente contre-attaque adverse qui lui coûte de nombreuses pertes. Pendant ce temps, la batterie d’Azeville ouvre le feu pour stopper une autre attaque américaine à hauteur de Saint-Marcouf.

Le 8 juin, la 4th Infantry Division renouvelle ses actions pour s’emparer du village et de sa batterie. Le 1er bataillon, qui s’élance à l’ouest à 10 heures, est stoppé par un tir de barrage avant d’être violemment contre-attaqué à 14 heures par le Sturm-Bataillon AOK 7 (709. Infanterie-Division) commandé par le Major Hugo Messerschmidt. Les fantassins américains doivent leur salut à la présence de la compagnie B du 359th Infantry Regiment (rattaché à la 4th Infantry Division en réserve d’intervention) qui vient aussitôt apporter son aide pour renforcer la ligne de contact. Les pertes sont très élevées dans les deux camps, mais une nouvelle offensive est prévue pour le lendemain, les Américains ne souhaitant pas se laisser ralentir plus longtemps.

Ainsi, le 9 juin, le 3ème bataillon du 22nd Infantry Regiment (sans la compagnie K) passe à l’attaque après une importante préparation d’artillerie délivrée par le 44th Field Artillery Battalion commandé par le lieutenant-colonel William A. Watson (1 500 obus sont tirés au total lors de cette préparation). La compagnie L effectue un large mouvement de contournement par l’ouest, prenant ainsi les défenses allemandes de flanc. Elle est aussitôt suivie par la compagnie I commandée par le capitaine Joseph T. Samuels et qui est articulée pour l’occasion en 5 groupes d’assaut : ces derniers s’infiltrent à travers les réseaux de barbelés et les champs de mines et atteignent les casemates peu après midi, essuyant des tirs d’armes légères. Les fantassins sont appuyés par des chars mais qui sont mis hors d’usage, touchant des mines lors de la phase d’approche : un seul d’entre eux parvient à atteindre la position ennemie. Les soldats américains forment rapidement un groupe d’assaut chargé de détruire une première casemate à l’explosif et au lance-flammes, mais sans effet. Ils effectuent une deuxième tentative, puis une troisième, sans résultat. Le capitaine Samuels envoie alors le soldat Ralph G. Riley attaquer la casemate au plus près avec son lance-flammes : celui-ci parcourt les 70 mètres de découvert sous le feu adverse avant d’atteindre un cratère de bombe à proximité de son objectif. Mais son lance-flamme ne fonctionne pas : Riley sélectionne alors le mode « déclenchement immédiat » de son armement portatif, ouvre la valve d’arrivée des gaz et approche un briquet de l’extrémité du canon. Son lance-flamme fonctionne et il l’approche de la porte blindée de la casemate ; quelques secondes plus tard, tandis que des obus provenant de la batterie de Crisbecq tombent sur la batterie d’Azeville, plusieurs détonations retentissent à l’intérieur du bunker : ce sont les munitions allemandes qui explosent.

Un drapeau blanc est hissé et la garnison d’Azeville forte de 169 personnels se rend, derrière un officier parachutiste américain qui était jusque là prisonnier des Allemands. Dans la foulée, le 22nd Infantry Regiment est déployé vers le nord. Il progresse sur environ un kilomètre avant d’être stoppé par une résistance isolée à hauteur du château de Fontenay.

  Photos d’Azeville en 1944

Cartes de Azeville :

Image : carte de Azeville