Mont Castre – Cote 122 (Manche)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 10 juillet 1944

Unités engagées :

Drapeau américain 358th Infantry Regiment, 90th Infantry Division

Drapeau américain 359th Infantry Regiment, 90th Infantry Division

Drapeau américain 712th Tank Destroyer Bataillon

Drapeau nazi 2. SS Panzer-Division « Das Reich »

Drapeau nazi Fallschirmjäger-Regiment 15, 5. Fallschirmjäger-Division

Drapeau nazi 77 . Infanterie-Division

Drapeau nazi Grenadier-Regiment 943, 353. Infanterie-Division

Historique :

Au début du mois de juillet 1944, les Américains poursuivent leur offensive en direction de La Haye-du-Puits mais les pluies diluviennes qui tombent dans la région ne permettent pas d’appuyer la progression par l’aviation. Ce n’est que le 3 juillet à 5 heures 30 que le 358th Infantry Regiment et le 359th Infantry Regiment (90th Infantry Division) débutent l’assaut sous la pluie des derniers verrous permettant d’atteindre leur objectif, à savoir la commune de Lithaire et le mouvement de terrain du Mont Castre. Depuis cet emplacement, les Allemands du Grenadier-Regiment 943 (353. Infanterie-Division) commandés par le Major Dickertmann sont en mesure d’observer et de corriger les tirs d’artillerie afin de soutenir la nouvelle ligne de défense orientée est-ouest qu’ils ont installé pour bloquer les Américains au nord du Cotentin : cette ligne est baptisée « ligne Mahlmann » du nom du Generalleutnant allemand Paul Mahlmann, commandant la 353. Infanterie-Division, qui l’a imaginé.

Le 359th Infantry Regiment commandé par le colonel Clarke K. Fales est sur le flanc droit de la division et doit s’emparer des hauteurs du Mont Castre (référencées sur les cartes comme étant le point coté 122). Le 358th Infantry Regiment commandé par le colonel Richard C. Partridge est quant à lui sur le flanc gauche et est chargé de reconnaître les abords sud de la colline 122. Le 357th Infantry Regiment (IR), placé en réserve, met ses appuis lourds au profit du 1er échelon. Opposé à une redoutable résistance adverse, le colonel Partridge fait reculer son régiment d’une centaine de mètres et demande un appui artillerie visant à déloger les Allemands de leurs positions défensives. A midi, il ordonne la reprise de la progression mais des véhicules chenillés apparaissent et sèment la panique dans les rangs du 358th IR. Au terme de cette première journée de combats pour le contrôle du Mont Castre, la ligne de défense allemande a tenu bon et les Américains ne sont parvenus à progresser que d’environ 500 mètres au prix de 600 pertes : les observateurs d’artillerie du Grenadier-Regiment 943 profitent pleinement des vues de la colline 122 pour régler des tirs précis et meurtriers.

Le 4 juillet, jour de fête nationale aux Etats-Unis, la 90th Infantry Division commandée par le Major General Eugene M. Landrum s’apprête à reprendre l’offensive au lever du jour. L’attaque est précédée par une préparation d’artillerie de 10 minutes mais les Allemands déclenchent à leur tour un tir de barrage qui laisse à penser qu’ils vont également passer à l’offensive : l’assaut américain est temporairement retardé et les soldats reçoivent la consigne de se tenir prêt à repousser l’adversaire. Cependant, aucune attaque allemande n’a lieu. 45 minutes après l’horaire initialement prévu, le colonel Fales fait débuter la progression du 359th IR : les Allemands ne se manifestent qu’après quelques minutes, déclenchant de nombreux tirs à l’arme automatique qui fixent les Américains et sèment une fois encore la confusion, occasionnant le repli partiel du régiment. Au crépuscule, les hommes de Fales parviennent à reprendre la progression et avancent sur plus de 2 kilomètres avant de s’arrêter pour le reste de la nuit. Les Allemands sont à bout de souffle et ils ne sont plus en mesure d’engager des réserves. Le Grenadier-Regiment 943 est entièrement engagé aux côtés de parachutistes du Fallschirmjäger-Regiment 15 (5. Fallschirmjäger-Division) : malgré le caractère critique de leur situation, ils tiennent bon et empêchent les Américains de progresser plus rapidement : 90 % de leurs pertes sont dues à l’artillerie allemande. Désorganisés, épuisés et en permanence mouillés depuis près d’une semaine, les soldats ont un moral particulièrement bas.

Le retour du beau temps le 5 juillet permet l’engagement de l’appui aérien. Contre toute attente, les Allemands résistent toujours malgré le déluge d’acier et de feu tombant sur leurs positions. Le général Landrum est obligé de réarticuler son dispositif en raison des pertes élevées de sa division : le 358th IR est décalé vers le sud afin de renforcer le 359th IR dans les combats pour la prise du Mont-Castre. Le 6 juillet, un bataillon du 359th IR effectue une manœuvre de contournement du mouvement de terrain par le nord, appuyé par les forces aériennes et profitant des couverts offerts par les haies du bocage normand pour progresser à l’abri des vues. Pendant ce temps, les deux autres bataillons renforcés par un bataillon du 358th IR attaque le Mont-Castre depuis l’est. Percevant cette manœuvre comme une tentative d’encerclement, les Allemands élargissent leur dispositif défensif afin de ne pas se laisser flanquer. Le front des assaillants n’étant pas totalement hermétique, plusieurs unités allemandes s’infiltrent et prennent à revers les soldats de la 90th Infantry Division : ces actions ralentissent la progression américaine sans toutefois la stopper. A la tombée de la nuit, les Américains sont parvenus à placer quatre bataillons sur la cote 122 et ils ont atteint le point le plus haut de la colline. Toutefois, ils manquent cruellement de munitions et de vivres et l’évacuation des blessés est difficile en raison de la végétation, particulièrement dense. Ils s’attendent à une contre-attaque toute la nuit mais celle-ci ne vient pas. Le colonel Robert L. Bacon remplace le colonel Fales à la tête du 359th Infantry Regiment à compter de ce jour.

A 23 heures 45, les Allemands déclenchent une redoutable préparation d’artillerie concentrée sur les positions américaines au nord du Mont-Castre, c’est-à-dire sur le flanc droit de la 90th Infantry Division. Des éléments appartenant à la 77. Infanterie-Division lancent ensuite un assaut terrestre qui est repoussé dans la souffrance pour leurs adversaires. Les Allemands parviennent toutefois à isoler des soldats du 357th IR. Le 7 juillet, le général Landrum n’est pas encore totalement satisfait de la situation de sa division sur le Mont-Castre car le front n’est pas entièrement tenu et les armes lourdes ainsi que les chars tardent à se déplacer en première ligne du fait des difficultés rencontrées pour se déplacer. Une compagnie du 357th IR est lancée à l’assaut pour rétablir la liaison avec les éléments isolés mais elle subit de très lourdes pertes, son commandant d’unité étant tué, et les Allemands contre-attaquent pour mettre un terme à la progression adverse. Alors que les communications par radio étaient encore possibles, plus aucun contact ne peut être réalisé avec les soldats encerclés ; le lendemain matin, 8 juillet, six soldats rejoignent les lignes du 357th IR et rendent compte que tous leurs camarades sont faits prisonniers ou tués. Les Allemands ne parviennent pas à poursuivre leur contre-attaque et la ligne de front se stabilise durant 48 heures. Le 10 juillet, la 90th Infantry Division relance la progression et s’éloigne du mont Castre.

 

Cartes du Mont-Castre :

Image : carte du secteur de Mont-Castre - Bataille de Normandie en 1944

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