Bataille navale d’Ushant

9 juin 1944

 

A l’origine de la bataille d’Ushant

Après le lancement de l’opération Neptune, qui consiste au transport aérien et naval des forces alliées de l’Angleterre vers la Normandie, les Allemands ont perdu le contrôle des airs et de son espace maritime. Plusieurs centaines de navires de guerre alliés empêchent toute intrusion adverse pouvant gêner le déroulement de l’opération Overlord puis les débuts de la bataille de Normandie.

Pour les Allemands, il est nécessaire de réagir afin de contrer cette puissance militaire navale qui est un véritable pont reliant les côtes sud de l’Angleterre aux plages normandes. Une contre-offensive est mise sur pied directement après le Jour J, elle concerne la 8e flotte de destroyers commandée par le vice-amiral Theodor Krancke, alors au mouillage à proximité des côtes de Gironde. Ses bâtiments sont des Type 36A qui reçoivent l’ordre, le 6 juin 1944, de faire route vers Brest. Trois destroyers forment la escadre : le ZH1, le Z24 et le Z32.

Mais les Britanniques interceptent et décodent les transmissions allemandes : des bombardiers alliés sont déployés pour attaquer ces bâtiments dans le Golfe de Gascogne. Ils endommagent le destroyer-amiral Z32 qui doit être réparé à Brest. La escadre est alors renforcée le 8 juin par le bâtiment T24, appartenant auparavant à la 4e escadre de lance-torpilles aux ordres de Theodor von Bechtolsheim. Ils se mettent ce même jour en route vers la Manche et les navires alliés, ayant renforcé leurs moyens antiaériens.

Déroulement du raid d’Ushant

Une fois encore, les Alliés interceptent les transmissions allemandes. Ils envoient alors la 10ème escadre britannique de destroyers, commandée par le capitaine Basil Jones, stopper ce raid maritime en dehors de la zone sensible dans laquelle ils évoluent au profit de la bataille terrestre en cours en Normandie. Les bâtiments alliés sont divisés par Jones en deux entités : la 19e division (H.M.S. Eskimo, H.M.S. Javelin et les bâtiments polonais O.R.P. Piorun et O.R.P. Blyskawica) et la 20e division (H.M.S. Tartar – sur lequel se trouve Jones -, H.M.S. Ashanti et les bâtiments canadiens H.M.C.S. Haida et H.M.C.S. Huron).

Dans la nuit du 8 au 9 juin 1944, la escadre britannique alors située à l’ouest du Cotentin progresse en direction des côtes bretonnes : les radars alliés détectent la présence des bâtiments de guerre allemands à une heure du matin, trente miles au nord-est de l’île de Batz. L’engagement débute aussitôt et tous les armements de bord sont utilisés dans la bataille navale : la 20e division attaque à bout portant le ZH1. Gravement endommagé par une torpille tirée depuis le H.M.S. Ashanti, le ZH1 du capitaine Klaus Barckow commence à couler et explose à 02h40 du matin. Les bâtiments canadiens prennent en chasse les Z24 et T24 qui parviennent à s’échapper à travers un secteur miné par les Britanniques.

Lorsque les H.M.C.S. Haida et H.M.C.S. Huron retourne au point de rencontre initia, ils découvrent en chemin le bâtiment Z32 de Bechtolsheim, déjà touché à plusieurs reprises. Les navires de guerre ont le plus grand mal à s’identifier dans la nuit, mais les Canadiens découvrent en premier l’identité du bâtiment avançant à vive allure en face d’eux : ils ouvrent le feu sur Bechtolsheim et lui infligent de nouveaux dégâts. Finalement, le Z32 tente la fuite mais s’échoue sur l’île de Batz.

Bilan de la bataille d’Ushant

Au final, le raid naval organisé par les Allemands échoue avant même d’avoir pu inquiéter les Alliés. Ces derniers, bénéficiant à la fois d’un rapport de force favorable (à huit destroyers contre quatre) et du travail de la machine Ultra permettant de décoder les transmissions adverses, détruisent la force de Bechtolsheim.

Si un destroyer britannique est endommagé, les Allemands en perdent deux : le ZH1 qui est coulé, et le Z32 qui est échoué. Le capitaine du ZH1, Barckow, est tué dans l’attaque de son destroyer en même temps que trente-huit autres membres d’équipage. Vingt-huit marins parviennent à rejoindre le rivage à la nage ou à bord d’embarcations de fortune tandis que les Britanniques font cent-quarante prisonniers.

Les Allemands, conscients de leur infériorité numérique dans cette bataille, ne tentent plus à partir de cet épisode de s’infiltrer dans la baie de Somme comme ils ont cherché à le faire ce 9 juin 1944.

Auteur : Marc Laurenceau – Reproduction soumise à l’autorisation de l’auteur – Contact Webmaster