Suite su récit du Major Albin F.Irzyk

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Stevenot Gilbert N.
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Suite su récit du Major Albin F.Irzyk

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Major Albin F. Irzyk ( suite)

C'était plus fort que nous et nous nous demandions si l'un de ces jours pouvait être le dernier.Pour nous, quand viendrait le jour, l'heure, la seconde...? Une balle, un fragment d'obus, où notre nom pouvait être inscrit, et nous frapper à tout instant !!
Nos pensées voguaient vers nos familles, les amis, les professions abandonnées,tout celà filtrait dans nos esprits. Alors que nous regardions fixement au-delà de l'océan, nous réalisions tous, que les vaillants soldats de la flotte d'invasion avaient eu des pensées similaires, à l'approche des plages, mais nous savions aussi qu'ils étaient assurément plus tendus et que beaucoup étaient tombés sous le feu de l'ennemi.

C'était D.DAY + 36. Toute une nuit entière et toute la journée suivante, nous traversions la Manche.Chaque homme soumis, réfléchissant, concerné,lorgnait droit devant pour sa première vue de la France. Finalement, était-ce du brouillard ou un pays ! C'était le continent, la Normandie. Les brouillards dissous devenaient falaises. Très vite, de nos yeux avides, nous découvrions des fortins en béton, des bunkers, couvrant des points stratégiques au dessus et à côté des falaises. Tout n'était que carnage, spectacle de désolation. Arrivant plus près, nous découvrions des piles de fer barbelés et des tas de mines désamorcées. Les marées avaient balayé vers la mer, tout ce qui devenait les épaves de la bataille. Une partie de la plage était relativement propre. Plus loin, cependant, beaucoup de débris dispersés, témoins de la bataille héroïque et surtout épique, qui s'y était déroulée les jours précédents.Alors que je regardais, une sueur froide m'envahit et ma gorge se noua.
Je me demandais comment des êtres humains avaient pu affronter les mines qui couvraient la plage, traverser ses pentes bardées de fer barbelés, alors que le feu meurtrier venait de toutes les directions.Les terrains élevés étaient à la faveur des Allemands, mais nos soldats ont tenu bon, ont pris pied sur le sol français, enfonçant les lignes ennemies et s'emparant de points d'appui confortables.
J'étais frappé de stupeur et rempli d'humilité. je m'émerveillais devant se prodigieux courage, devant autant d'abnégation. Et surtout devant cette grande habilité professionnelle qui à permis de mettre en place les forces d'intervention pour s'emparer des plages, de détruire les défenses, et d'établir la trouée décisive.
Alors je contemplais, je me demandais si notre nation pourrait un jour comprendre et apprécier ce qui fut accompli ici.
Nos forces ont, avec un plein succès, traversé ce que les Allemands appelaient la " zone de la mort " J'étais admiratif et reconnaissant.
Grâce à ces vaillants soldats, lors de notre approche nous n'avons pas essuyé de coups de feu. Nous pouvions voir tous ces engins de débarquement qui encombraient les plages. Tout en regardant, j'avais une sensation étrange. La plage était pratiquement silencieuse, presque déserte. Certaines étendues avaient été nettoyées. D'autres apparaissaient comme ayant été épargnées. L'activité qui reprenait était tranquille, propre aux affaires courantes. Pourquoi donc cette étrange sensation? Je réalisais que je regardais UN SOL SACRE.
Des milliers de soldats alliés étaient morts pour leur pays, pour la liberté, sur ce sol. Certains se sont noyés, au large sous le poids des lourds harnais, touchés par la mitraille, d'autres ayant mis, à peine, le pied sur la plage et dans leur lente progression sont tombés sans combattre.
Mes rêveries cessèrent dès que la rampe de mon bateau s'est abaissée. Maintenant je devais jouer mon rôle. Nos tanks dévalaient la rampe dans un mètre d'eau, armant les moteurs pour les maintenir flottant et les amener sur la plage.Nous étions sur le sol français. Pour nous pas d'attaque de la Luftwaffe, pas de barrages d'artillerie, pas de tireur d'élite. En dépit des annonces de sécurité, à notre arrivée sur la plage, nous avions tout préparé en cas d'attaque. Nos lourds engins s'engageaient sur le sable léger longeant le rivage sur une centaine de mètres, nous quittions la plage et nous nous engagions sur des routes étroites et poussiéreuses, juste au dessus des marécages, et nous pouvions constater que l'infanterie d'invasion en avait déjà fait le nettoyage. L'obscurité tombait et très vite nous intallions notre premier bivouac en Europe. Aucun signe de présence humaine ou d'habitation ne semblait évident et pourtant la guerre était engagée à peu de miles de nous.
Les pensées des événements des derniers jours étaient effacés de notre mémoire et j'avais l'impression d'avoir vécu un temps de vie assez court ces dernières 24 heures. J'avais expérimenté toutes les possibles émotions, mais celle qui me surmenait le plus, était celle d'une terrible émotion qui me tenaillait.
Je pensais toujours à ces plages au travers desquelles j'étais passé. je ne pouvais pas comprendre les magnifiques exploits qui s'étaient déroulés sur ces plages sanglantes. Infanterie ,démineurs,éclaireurs, ingénieurs, force blindée, infanterie et combien d'autres qui ont collectivement et avec succès, pris possession et nettoyés, ce petit coin de France.
C'est grâce à eux que nous nous y trouvions en toute sécurité. Ils nous ont assuré le tremplin et ont accompli un travail exemplaire et le moment était venu d'assumer le nôtre.Comme les coureurs en relais, ils nous ont passé le bâton et pour emprunter le langage du football, donnez-nous une position de choix sur le chemin de la victoire.
Quelques jours plus tard, nous quittions les boccages de Normandie et entamions notre longue marche en avant. Nos tanks apportaient la mobilité sur le champ de bataille et sous la conduite de Patton, dont la vision et l'exceptionnelle connaisance des tanks le rendait célèbre. La bataille pouvait réellement commencer. Chacun de nous savait, qu'aucun de nos succès futurs n'auraient été possible sans les sacrifices de ces soldats qui ont ouvert la brèche le 6 juin 1944.

PS: Le général Albin F. Irzyk, et son batallion, ont été les premiers à joindre le général Mc Auliffe, le jour de l'encerclement de Bastogne, mais un ordre de repli fut donné....
Al est revenu avec son fils et son grand ami le général James H. Leach, le 10 décembre dernier. Ils m'avaient invité à les rejoindre, sans savoir qu'une surprise les attendait. La cérémonie au Mardasson, que j'avais organisée pour ce grand retour, fut une réelle surprise ! Al fêtait ses 9O ans et Jimmy à mon âge.
Consultez Google, réf CRIBA.et Ivan Steenkiste,reportage sur des oiseaux et vous poursuivez. "L'arbre de Chaumont', vous cliquez sur ce lien qui vous conviera à la cérémonie du 10 décembre 2OO6.
Cordialement à tous.Steve.
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