Témoignage et souvenirs COMPAGNIE ABLE

Omaha Beach est le second des deux secteurs de débarquement américains. Longue de 5,9 kilomètres, cette plage est située à 12 kilomètres à l'Est de Utah Beach.
alain2904

Témoignage et souvenirs COMPAGNIE ABLE

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Ce que je vais retranscrire ici ,n'est pas de moi mais un article dans le magazine archives de la 2eme guerre mondiale.
Article rédigé par AURELIEN LUNTOBRE,journaliste.


Ce qui est décrit est l'oeuvre du Colonel Marshall historien de combat .
Les notes qui a prises au moment du débarquement de Normandie sont à l'origine du compte rendu héroïque que nous allons lire.

Ici nous allons suivre les péripéties des compagnies de fusiliers marins ABLE et BAKER, de la 116e d'infanterie,29 ème division.
Leur histoire a été tirée de notes prises en Normandie et qui couvrent le débarquement de toutes les compagnies àOmaha Beach.

La compagnie ABLE, arrivée avec la marée haute sut 7 bateaux de type Higgins, se trouve encore à près de cinq mille mètres de la plage quand elle est prise sous le feu de l'artillerie allemande.
Les obus tombent court. A mille mètres ,le bateau n°5 est frappé à mort et sombre. Six hommes se noient avant l'arrivée des secours. Le lieutenant Edward Gearing et vingt autres soldats arrivent à se maintenir en surface jusqu'à leur ramassage par des vedettes de marine, mais ils ne purent pas participer aux combats sur le rivage. Ce fût leur jour de chance.
Les six autres bateaux arrivent indemnes à moins de cent mètres de la plage, quand un obus frappe le bateau n°3, tuant deux hommes.
Une douzaine d'autres meurent noyés tandis que coule leur bateau. Restent cinq unités.
Sur le bateau n°2, le lieutenant Edward Tidrick s'écrit:"Mon Dieu, nous n'arrivons pas au bon endroit, regardez! Pas de plage de galets, pas de mur, pas de trous d'obus aucune couverture...Rien!".
Ses hommes sont sur les côtés du bateau, s’efforçant de trouver un endroit pour accoster. Ils se regardent mais ne disent rien. A exactement 6h30, les rampes sont déployées le long du bateau, les hommes sautent dans l'eau n'importe ou, avec de l'eau jusqu'à la taille, ou beaucoup plus. C'est le signal attendu par les Allemands au sommet de la falaise. Déjà pilonnée au mortier,la ligne ou pataugeaient les soldats est immédiatement balayée par le tir croisé des mitrailleuses, depuis les deux extrémités de la plage.

La compagnie ABLE avait prévu d'arriver sur la plage en trois files, à partir de chaque bateau. La file du milieu en premier, puis les deux autres en encadrement, à droite et à gauche. C'est ce que les premiers hommes ont essayé de faire, mais ils sont déchiquetés avant d'avoir parcouru cinq mètres.
Même ceux qui n'avaient été que légèrement blessés meurent de noyade, condamnés par leurs sacs surchargés qui se gorgent d'eau. Du bateau n°1, les soldats sautent dans l'eau, les mains au-dessus des têtes. La plupart d'entre eux seront emportés vers le bas. Une dizaine de survivants font le tour du bateau et s'accrochent à ses flancs, dans une tentative désesperée de rester à flot.La même chose arrive à la section sur le bateau n°4. La moitié de ses occupants sont perdus par le feu ou par l'eau, avant qu'ils n'arrivent à toucher terre. La compagnie ABLE était en pleine débâcle avant qu'elle n'ait tiré un seul coup de feu! Déjà, la mer se colorait en rouge. Même pour certains blessés légers qui avaient eu la chance de sauter en eau peu profonde, les coups de feu pouvaient s'avérer fatals. Renversés par une balle dans le bras ou affaiblis par la peur et le choc, ils sont incapable de se lever à nouveau et se noient alors que la marée est en train de monter.
D'autres soldats blessés se traînent à terre et, quand ils trouvent du sable, ils restent allongés en proie à un épuisement total, risquant seulement d'être rattrapés par l'eau, et de mourir ainsi.
Quelques-uns indemnes malgré le déluge de feu, progressent sur la plage, mais constatent qu'ils ne peuvent pas tenir la position. Ils retournent alors vers l'eau, pour y trouver protection. Visages tournés vers le haut, de sorte que leurs narines soient hors de l'eau, ils glissent vers la terre au même rythme que la marée. C'est ce qu'ont fait la plupart de ceux qui allaient survivre. Les moins habiles ou les moins coriaces recherchent la couverture des obstacles de défense ennemis, disséminés le long de la moitié supérieure de la plage. Ils sont alors frappés par le feu croisé des mitrailleuses. Dans les sept minutes qui suivent le déploiement des rampes, la compagnie ABLE est inerte et sans commandement. Sur le bateau n°2, le lieutenant Tidrick prend une balle dans la gorge au moment ou il saute de la rampe dans l'eau.Il titube sur le sable et se laisse tomber au sol à quelques mètres du soldat de première classe Leo J.Nash. Celui-ci voit le sang jaillir et entend les paroles étouffées de Tidrick, le souffle coupé:"Avance avec les cisailles pour couper les câbles!" C'est futile;Nash n'a pas de cisailles.
Pour donner l'ordre, Tidrick s'est soulevé en s'aidant de ses mains. L'espace d'un instant, il fait une très belle cible. Nash, qui s'enfonce dans le sable, voit les balles de mitrailleuses déchirer Tidrick de la tête au bassin. De la falaise au-dessus, les artilleurs allemands tiraient sur les survivants comme du haut d'un toit.

Le capitaine Taylor N.Fellers et le lieutenant Benjamin R.Kearfoot s'étaient trouvés avec leur section de trente hommes dans le bateau n°6. Mais on n'a jamais su exactement ce qui était arrivé à ce bateau et aux soldats qui étaient à bord. Personne n'a vu couler l'embarcation.On ne sais pas non plus comment les hommes sont morts. La moitié d'entre eux ont été retrouvés noyés sur la plage, et l'on pense que les autres ont été gardés par la mer. Le long de la plage, un seul officier de la compagnie ABLE est encore en vie: le lieutenant Nance, qui est touché au talon quand il quitte son bateau, puis il est frappé au ventre par une deuxième balle lorsqu'il monte sur la plage de sable. Après dix minutes, tous les sous-officiers étaient mort ou blessés. Aux yeux d'hommes du rang comme Howard I. Grosser ou le soldat de première classe Gilbert G.Murdock, cela suggérait que les Allemands sur les hauteurs avaient repéré tous les gradés et avaient concentré leurs tirs sur eux. Quand aux hommes qui progressaient toujours en même temps que la marée, ils jetaient leurs fusils, leurs sac et leurs casques dans l’intérêt même de leur simple survie. A droite du bateau de Tidrick à la dérive, flottant au gré du courant, avec le corps du barreur à côté de débris, il y' avait le septième bateau qui transportait une section médicale: un officier et seize hommes. Ils manœuvrèrent vers la plage. La rampes fut abaissée. A cet instant, deux mitrailleuses allemandes concentrèrent leur feu sur l'ouverture béante. Pas un homme n'eut le temps de sauter. Tous à bord ont été abattus, quelques soit l'endroit ou ils se trouvaient. A la fin des quinze premières minutes, la Compagnie ABLE n'avait toujours pas tiré un seul coup de feu.
Il n'y avait plus personne pour donner des ordres. Aucun mot ne fut prononcé. Les quelques survivants valides bougeaient ou demeuraient coi, comme ils l'entendaient.L'essentiel était de rester en vie. Le combat lui-même était devenu une opération de sauvetage, au cours de laquelle rien ne comptait sinon de donner un exemple fort.

Au dessus de tous les autres, il y avait l'homme des premiers soins, le secouriste Thomas Breedin.
Après avoir atteint le sable, il se décharge de son sac, de sa blouse, de son casque et de ses bottes.
Pendant un moment, il reste ainsi pour que d'autre sur la plage le voient et aient la même idée. Puis il se glisse dans l'eau pour tirer à terre les hommes blessés, sur le point d'être recouvert par la marée.
On sais que l'eau monte à la même vitesse qu'un homme qui marche. Mais maintenant, en prenant exemple sur Breedin, les plus fort des soldats deviennent des cibles bien visibles. Marchant le long du rivage, ils ramassent leurs camarades blessés pour les déposer sur la grève. Les mitrailleuses ratissent encore au ras de l'eau, rendant impossible l'acte de sauvetage en tirant sur l'homme flottant pour l'arracher des mains de celui venu le secourir, ou tuant les deux en même temps... Lais Breedin, pour l'instant, menait une vie magique et poursuivait sa tâche sans se pertuber. A la fin d'une demi-heure, environ les deux tiers de la compagnie avaient été réduits à néant. Il n'existe pas de chiffres précis sur les pertes à ce moment.
Pour le débarquement de Normandie dans son ensemble, il n'y a pas de chiffre précis pour la première heure ou le premier jour. Les circonstances l'interdisaient. Les hommes donnent des indications, mais on n'a pas toujours les preuves.
A la fin de la première heure, les survivants de la section principale ont rampé dans le sable jusqu'au pied de la falaise, ou se trouvait un étroit espace à l’abri des tirs. Là, ils sont restés toute la journée, sans armes, trop choqués pour ressentir la faim, incapable même de se parler les uns aux autres. Personne ne venait pour les secourir, pour demander ce qui s'était passé, pour apporter de l'eau ou offrir un peu de pitié non sollicitée. Le jour J à Omaha n'accordait ni le temps ni l'espace pour de telles missions.
Chaque unité de débarquement a été confrontée avec ses propres problèmes d'assaut. Au terme d'une heure et quarante-cinq minutes, six survivants d'un bateau sur l'extrême droite ont décidé de se frayer un chemin jusqu'à une corniche située en hauteur, à flanc de falaise.
Quatre d'entre eux firent une chute au cours de cette courte montée et n'avancèrent pas plus loin. Ils restèrent ainsi toute la journée, ne voyant plus personne de leur compagnie. Les deux autres, les soldats Jake Shefer et Thomas Lovejoy, se joignirent à un groupe du deuxième bataillon de Rangers, qui avait porté leur attaque sur la Pointe du Hoc,à droite du secteur de la Compagnie ABLE. Ils continueront à combattre avec les Rangers tout au long de la journée. Deux hommes, deux fusils. A part eux, les coups de feu portés par la compagnie ABLE au court du jour J se chiffrent à ZERO.
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Dam's 1944
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Re: Témoignage et souvenirs COMPAGNIE ABLE

Message non lu par Dam's 1944 »

Pauvre hommes, tant de sacrifices pour nous, qu'ils reposent en paix. :(
Merci pour cet article, j'attends avec impatience la suite.
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BILL BAROUD
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Re: Témoignage et souvenirs COMPAGNIE ABLE

Message non lu par BILL BAROUD »

merci doc.... super intéressant :super: la suite vite :mrgreen:
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RIP Bill Baroud - Alias Eric Lebouc, décédé le 28/03/2014.
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