d'Estienne d'Orves : 1er martyr de la France Libre

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stan_hudson
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d'Estienne d'Orves : 1er martyr de la France Libre

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Erigé en héros de la Résistance française aux lendemains de son exécution, le 29 août 1941, Honoré d'Estienne d'Orves est né en 1901 à Verrières dans une famille aristocratique provençale de tradition catholique, et dont plusieurs membres ont servi dans la " Royale ".

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Elève de Polytechnique, il fréquente quelque temps Antoine de Saint-Exupéry, dans le cercle d'amis de sa cousine, Louise de Vilmorin. En 1921 il choisit d'entrer à l'Ecole navale et accomplit son instruction maritime comme enseigne de vaisseau de 2° classe sur la Jeanne d'Arc, à bord duquel il parcourt et découvre le monde.
Dans les années trente, de retour sur la terre ferme, Honoré d'Estienne d'Orves, tout en préparant le concours d'entrée à l'Ecole de guerre navale, participe aux " Equipes sociales ", groupe de réflexions confessionnel catholique engagé dans la vie sociale. Marié en 1929 à Eliane de Lorgeril, il est, en 1939, père de quatre enfants. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, d'Estienne d'Orves est affecté à Toulon, puis il part sur le croiseur Duquesne basé à Alexandrie, dans l'escadre de l'amiral Godfroy. C'est là qu'il apprend la défaite et la signature de l'armistice ; refusant l'un et l'autre il décide de quitter son escadre et rejoint en septembre 1940 le général de Gaulle, à Londres.
Londres, d'Estienne d'Orves figure parmi les premiers officiers à se mettre aux ordres du général de Gaulle. Sous une nouvelle identité, il est affecté au service de renseignements, sous la direction de l'amiral Muselier. Sa mission est de collecter un maximum de renseignements en provenance de France pour soutenir l'action des troupes britanniques.
Il est nommé chef du 2° Bureau [organisme chargé du renseignement] de l'Etat-major de la France Libre et obtient le grade de capitaine de corvette dans les Forces Navales de la France Libre (FNFL). Impatient d'agir en France même, " Châteauvieux " (son nom dans la clandestinité) quitte l'Angleterre et débarque clandestinement sur les côtes bretonnes le 22 décembre 1940. Avec deux compagnons, Yan Doornik et Maurice Barlier, il met sur pied un des premiers réseaux de renseignement en France, le réseau " Nemrod ". Honoré d'Estienne d'Orves, hébergé par un couple de Nantais, les Clément, parcourt alors la Bretagne et se rend plusieurs fois à Paris afin d'organiser son réseau et de recruter des volontaires.

A son retour en Bretagne, ses adjoints et ses hôtes lui font part de leurs inquiétudes relativement à la conduite du radio Alfred Gaessler. Celui-ci traîne dans les bars et converse imprudemment avec les soldats allemands. D'Estienne d'Orves, par excès de confiance, commet la faute de ne pas le renvoyer immédiatement Angleterre et lui laisse une deuxième chance.Quelques jours plus tard, Gaessler, humilié et peut-être déçu par la vie d'espion, qu'il espérait plus palpitante et plus fastueuse, se rend dans les locaux de l'armée allemande à Nantes. Il déballe tout.
Trahi et dénoncé par son radio, D'Estienne d'Orves est arrêté le 21 janvier 1941 à Nantes par la Gestapo avec d'autres membres du réseau Nemrod, qui est rapidement démantelé.
D'Estienne d'Orves résiste autant qu'il peut aux hommes qui ont fait irruption dans sa chambre. Roué de coups, il est jeté en cellule ainsi que ses compagnons.
Les bureaux de Londres, ignorants du drame, vont être intoxiqués pendant plusieurs semaines encore par des faux messages radio du traître Gaessler, provoquant de la sorte l'arrestation d'autres agents (Gaessler sera finalement évacué par les Allemands en Autriche et disparaîtra dans la tourmente en 1945

D'abord transféré avec quelques-uns de ses camarades à Berlin, il est finalement renvoyé en France et incarcéré à la prison du Cherche-Midi puis à Fresnes ; pour briser l'isolement et soutenir l'espoir de ses compagnons de captivité, il y organise clandestinement des discussions de cellule à cellule. Il rédige également des cahiers et envoie à sa famille de nombreuses lettres à travers lesquelles transparaissent sa foi et ses sentiments religieux, son optimisme aussi. La veille de sa mort, il écrit à sa soeur :
"Maintenant, je vais dormir un peu. Demain matin nous aurons la messe. Que personne ne songe à me venger. Je ne désire que la paix dans la grandeur retrouvée de la France. Dites bien à tous que je meurs pour elle, pour sa liberté entière, et que j'espère que mon sacrifice lui servira. Je vous embrasse tous avec mon infinie tendresse. Honoré "
Il s'entretient régulièrement avec l'aumônier de la prison, l'abbé Franz Stock, qui apporte à Honoré d'Estienne d'Orves ainsi qu'à ses camarades Yan Doornick et Maurice Barlier, un soutien spirituel.
Le 1er avril 1941, Honoré d'Estienne d'Orves et ses compagnons d'infortune sont incarcérés à Paris dans la prison de la rue du Cherche-Midi. En prison, soutenu par sa foi, le lieutenant de vaisseau manifeste une exceptionnelle force d'âme dont témoigne l'aumônier allemand, l'abbé Franz Stock.Devant le tribunal militaire allemand, son courage lui vaut l'admiration de ses juges, lesquels vont le condamner à mort ainsi que huit de ses compagnons, mais également demander leur grâce au Führer !
Le 22 juin 1941, Hitler envahit l'URSS et du coup, les communistes français entrent dans la résistance. Le 21 août, un militant communiste de 22 ans, Pierre Georges, futur «colonel Fabien», se rend au métro Barbès et abat le premier Allemand qu'il croise sur le quai, l'aspirant Moser.
En France, la répression se durcit aussitôt. Dans le réseau Nemrod, six condamnations à mort sont commuées en peines de prison mais trois condamnations sont confirmées...

Le 13 mai 1941 s'ouvre le procès du réseau Nemrod devant la Cour martiale allemande de Paris ; d'Estienne d'Orves, prenant sur lui l'entière responsabilité des faits, cherche à disculper ses compagnons. Après plusieurs jours de débats, Honoré d'Estienne d'Orves, accusé d'espionnage, est condamné à mort ainsi que Maurice Barlier, Yan Doornick et les Clément. Transféré à la prison de Fresnes, à la suite des attentats communistes de l'été 1941, et en dépit des démarches entreprises à Berlin pour obtenir une grâce, les condamnés sont exécutés au Mont-Valérien le 29 août 1941, à l'aube. Aux lendemains de l'exécution, l'affiche allemande apposée sur les murs de Paris faisant état de la condamnation de d'Estienne d'Orves côtoie celle annonçant l'exécution de cinq communistes. Quelques-unes de ces affiches sont fleuries, et l'hommage ainsi rendu inspirera à Louis Aragon son célèbre poème " La Rose et le Réséda ", dédié aussi à Gabriel Péri et à Guy Môquet. Nommé Compagnon de la Libération, Honoré d'Estienne d'Orves est inhumé à Verrières.À l'aube du 29 août 1941, un autocar escorté de camions vert-de-gris quitte la prison de Fresnes pour le fort du mont Valérien, à l'ouest de Paris. À l'intérieur de l'autocar, Maurice Barlier, Yann Doornick et Honoré d'Estienne d'Orves, assis sur leurs cercueils, sous la garde des soldats allemands qui vont quelques instants plus tard les fusiller.
Devant les murailles du fort, d'Estienne d'Orves et ses adjoints demandent à ne pas avoir les yeux bandés ni les poignets entravés. Accordé. Ils reçoivent à genoux la bénédiction des mains de l'aumônier Stock.
D'Estienne d'Orves s'approche du président Keyser, le magistrat qui l'a condamné à mort et lui déclare : «Monsieur, vous êtes officier allemand. Je suis officier français. Nous avons fait tous les deux notre devoir. Permettez-moi de vous embrasser».
Quelques instants plus tard, les condamnés meurent criblés de balles et dès le lendemain, un communiqué et une affiche diffusent la nouvelle. Leur mort courageuse frappe les consciences. Beaucoup de jeunes gens vont basculer dans la Résistance pour se montrer dignes de leur exemple.

SOURCE :

http://www.herodote.net/histoire/evenem ... r=19410829

http://www.fondationresistance.com/page ... Portrait=7
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