Danielle Manchon témoigne de la bataille de Normandie et la libération de Lisieux

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Marc Laurenceau
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Danielle Manchon témoigne de la bataille de Normandie et la libération de Lisieux

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Danielle se souvient de ses quatre ans. Photo : Ouest-France

Source : Ouest-France
Date :
Lien : http://www.ouest-france.fr/juin-1944-li ... nt-2553526

Le 6 juin 1944, Danielle Manchon se trouvait dans le centre-ville de Lisieux avec sa mère et son arrière-grand-mère. Bien que n'étant alors âgée que de 4 ans, elle se rappelle sa mère en train de regarder les avions dans le ciel par la fenêtre. Elle se souvient du moment où elles sont toutes les trois descendues au rez-de-chaussée de leur immeuble rejoindre leurs voisins qui s'étaient regroupés pour échapper aux bombes.

En effet, les Alliés bombardaient tous les points stratégiques de la ville : ponts, grands axes... La gare de Lisieux fut bombardée à 20 h et vers minuit, ce fut le centre-ville.

« Ne m'abandonnez pas »

Danielle Manchon se revoit accroupie entre sa mère et son arrière-grand-mère, serrée contre les résidents de l'immeuble, terrifiés, à la queue leu leu entre la haie et le mur de la cour. Profitant d'une accalmie, ils sont tous ressortis et ont croisé une fillette avec son petit frère dans les bras qui leur a déclaré : « Mes parents sont sous les décombres de ma maison, ne m'abandonnez pas ! » Danielle Manchon a les larmes aux yeux en évoquant ce souvenir : « Toute ma vie, je me souviendrai du regard de cette fille ! »

Fuyant Lisieux, les habitants de l'immeuble partirent tous ensemble à pied dans la compagne et finirent la nuit dans un champ. Le matin, ils se réfugièrent dans une première ferme, puis une deuxième quelques jours après. « C'est là que j'ai vu mon grand-père arriver, j'ai crié de joie en le voyant, je n'avais pas compris qu'il venait de faire Paris-Lisieux à pied pour nous retrouver ! ».

La famille réunie acheva son périple dans une troisième ferme, près de Saint-Pierre-sur-Dives, attendant qu'un ami de la famille vienne les chercher avec son cheval et une bétaillère pour s'installer chez lui, à Clécy, toujours dans le Calvados.

« Hélas, début août, les Allemands nous ont mis dehors. Nous avons donc dû fuir à nouveau et nous nous sommes réfugiés sous le tunnel de la Goutte, entre la gare de la Lande-Clécy et Berjou. Là, les conditions de vie étaient épouvantables : nous couchions dans un wagon de marchandises, il n'y avait pas d'eau pour se laver. »

Les Allemands minent le tunnel

Il faisait noir, la fumée s'immisçait partout car les gens faisaient du feu. Le pire arriva le 14 août lorsque les Allemands commencèrent à miner le tunnel afin de le faire sauter. Les réfugiés n'eurent la vie sauve que grâce au directeur de la fromagerie de Berjou qui, prétextant qu'il n'y avait que des civils réfugiés dans le tunnel, négocia avec le général allemand l'arrêt du minage.

« Enfin le 16 août, les Alliés sont arrivés au tunnel et ils nous ont dit que c'était la Libération et qu'on pouvait sortir ! »

Danielle Manchon a aujourd'hui 74 ans et se souvient de tout, même si ces moments sont parfois douloureux à évoquer. Pour elle, se souvenir et transmettre est essentiel : « Il faut honorer la mémoire de tous ces soldats qui se sont battus et sont morts pour notre liberté. »
Marc Laurenceau
Webmaster du site DDay-Overlord et du forum
Auteur du livre Jour J Heure par Heure

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