Yanks in town

[Gennaker]

Pour le peuple anglais en guerre et en privations depuis septembre 1939, l'arrivée de centaine de milliers de soldats Yankees à partir de 1942 a été diversement vécue. Lorsque début mars 1944, Nottingham voit débarquer plus de 2 000 jeunes parachutistes du 508th Parachute Infantry pleins de vie, ils sont nombreux à déplorer leur enthousiasme et leurs mauvaises manières.
Paul Strawn, F Company 508th PIR se souvient notamment des regards désapprobateurs des Britanniques lorsque les soirs de sortie, lui et ses potes envahissaient bus et pubs, gesticulant, riant et parlant fort, avides de dépenser vite leurs dollars. On se souvient à ce moment du récit de la réflexion en cours en Angleterre ; "You Yanks are over paid, oversexed, and over here!" Ce à quoi les troopers invariablement répondaient : "You Limeys are underpaid, undersexed... and under Eisenhower!"

Anyway, notre Californien Paul Strawn raconte comment une conductrice de bus (les hommes étant au front, les anglaises occupaient énormément d'emplois masculins pour l'époque...) réagissait souvent violemment aux débordements des troopers dans son bus qui faisait la ligne entre Wollaton Park et le centre de Nottingham. Elle ne faisait pas secret de son animosité, et déclarait ouvertement la présence des GI's "distasteful"!
Vint le 6 juin, et les rues de Nottingham se vidèrent brusquement des bruyants troopers.
Paul Strawn fut grièvement blessé à la jambe, et se réveilla dans un hopital anglais. D'opérations en opérations, il put remarcher et fut enfin autoriser à rejoindre son régiment à Wollaton. Il quitta l'hopital, s'appuyant sur une cane, et avec sa jumpboot coupé au ras de la cheville. C'est en boitant qu'il parvint à l'arrêt de bus. Lorsque son bus arriva, il reconnut tout de suite LA "chauffeur" revêche. Profil bas, il monta devant elle et prit place en milieu du bus. Un peu plus tard, la conductrice circula au milieu des passagers pour récolter le prix de la course. Paul tendit son billet... qu'elle ignora. Lorsqu'elle repassa une deuxième puis une troisième fois, elle ignora systématiquement son argent. Le dernier arrêt avant Wollaton était situé à bonne distance de l'entrée du camp. Paul se leva, anticipant un arrêt, et à sa grande surprise, le bus poursuivit sa course sans s'arrêter, pour finalement s'immobiliser... juste devant l'entrée du parc. Paul descendit, son argent à la main. L'anglaise sourit et dit : "Keep it Yank", et démarra dans la nuit...

[Manuferey]

"You Limeys

Pour info, aujourd'hui, on dirait "Brits" au lieu de "Limeys".

Emmanuel

[Gennaker]

Pas la même chose.. Limey, comme Yanks, renvoie aux vieilles rivalités de la guerre d''indépendance....