Voila, j'espère que c'est suffisant

(en deux parties)
A++
Patrick
Le 8 août vers 10 heures, le moment tant attendu et espéré des hommes de la brigade belge est enfin arrivé. Le débarquement de la brigade commence à Arromanches pour les véhicules, et à Courseulles pour le personnel.
A peine après avoir débarqué, une longue colonne se forme. Le Groupement fait mouvement et arrive dans la nuit à Douvres-la-Délivrande et à Plumetot où il s'installe en bivouac. L'état-major passe la nuit au château de Ranville (comtesse Rohan-Chabot).
Le Groupement passe sous commandement de la 6th Airborne Division du général-major GALE qui dépend de la 1ère Armée Canadienne (général CRERAR). Le colonel PIRON prend contact avec l'état-major britannique qui est installé dans les carrières de chaux sur la rive droite de l'Orne. La mission du groupement est de s'établir en réserve de la division sur la rive gauche de l'Orne. Les trains du groupement (véhicules) sont déjà sollicités par la division britannique pour transporter des parachutistes vers Pont l'Evèque.
Le 9 août dans la soirée, le Groupement belge relève la 5ème brigade britannique de commandos. En face de lui, une division d'infanterie allemande et la 12ème division de Panzergrenadiere SS.
Les trains du groupement sont installés dans des carrières voisines des ponts du canal. L'état-major s'installe à la mairie d'Hauger. En avant, les 3 unités motorisées s'alignent, depuis les marécages qui bordent l'estuaire de l'Orne. La compagnie du génie et les blindés sont en réserve. L'artillerie est en batterie sur la rive gauche du canal.
Les deux jours suivants sont mis à profit pour effectuer des reconnaissances. Le génie s'installe à Amfreville.
Le 13 août, le Groupement est en ligne au contact de l'ennemi devant les villages de Sallenelles et d'Hauger.
Le groupement belge se voit confier la bande côtière.
La 1ère Unité (major WINTERGROEN) est à droite appuyée sur Amfreville, en liaison avec le « 12 Devons » britannique.
La 3ème Unité (major NOWE) s'appuie à la mer, à gauche. Les pelotons de la 3ème Unité sont installés à l'entrée du village de Sallenelles, à hauteur de l'école.
La 2ème U.M. est au centre, au sud de la route qui mène vers Franceville. La lisière du village est encore aux mains des allemands. Toute la région est surveillée par l'ennemi depuis ce fameux abri bétonné qui commande l'estuaire.
Derrière, à moins d'un kilomètre, l'escadron d'autos blindées est en réserve dans une carrière de Basse l'Ecarde. Jules FLORIDOR (escadron blindé) et ses voltigeurs ont été détachés à la Ferme du Buisson, l'endroit hanté du secteur. Le lieutenant-colonel DERIDDER (batterie d'artillerie) a pris position le long du canal de l'Orne près de Haute-Longueville et commence immédiatement ses réglages.
Les échelons arrières et les trains bivouaquent le long de la rivière. L'état-major est installé dans la maison du maire d'Hauger.
Le major PONCELET, chef d'état-major du Groupement, déplie ses cartes dans la propriété des FABRE à Hauger. Dans la chambre la moins inconfortable, le soldat LEBRECHT (chauffeur du colonel PIRON) déplie le lit de camp de son patron. Tout près, le génie s'est installé en réserve dans un verger.
La batterie d'artillerie pilonne durant les 5 jours qui suivent les positions allemandes.
Le 14 août, les patrouilles amies et ennemies se rencontrent dans le premier chemin qui monte vers la droite à la sortie du village de Sallenelles et qui mène à la Ferme du Buisson. Une grenade tombe à côté du lieutenant Georges VAN DER VEEN (Chef du 5ème peloton de la 2ème U.M.), il est grièvement blessé. Le cadet Raymond VAN REMOORTELE le charge sur ses épaules après avoir confié le peloton à Joseph GILLEBERT.
Une patrouille ennemie s'infiltre entre les Anglais et la 1ère U.M.. Le lieutenant Jacques WANTY (2ème peloton de la 1ère U.M.) reçoit une balle dans l'épaule alors que le Sgt DEWANDEZ doit être évacué sur l'hôpital de campagne.
A la 3ème unité, le jeune soldat BASTIN, blessé au cours d'une patrouille est fait prisonnier par les allemands. Il restera quelques jours parmi eux et leur faussera compagnie en revenant dans ses lignes. Les premiers prisonniers allemands affluent au PC du Groupement.
Le PC de la 2ème Unité installé dans la maison de Mr LAVALLEE encaisse une salve allemande. La maison de Mr MAUBER en prend aussi un coup le soir même.
Les journées des 15 et 16 août, les troupes belges sont soumises à de nombreux tirs de mortier et subissent leurs premières pertes. Pour le soldat Edouard GERARD (5ème Pl-3ème U.M.), le docteur GOLDBLATT ne peut plus rien pour lui? Il fallait que le plus jeune des volontaires soit le premier des gars de PIRON "morts au champ d'honneur". Au même moment, à la 1ère U.M., le Lieutenant DE BLOCK reçoit une rafale dans la jambe. Il faudra l'amputer. Pour protéger la population, le village de Sallenelles est évacué.
Le 17 août à l'aube, un premier ordre d'avertissement parvient au Groupement. Le grand jour est arrivé. Les belges vont attaquer à 3 heures du matin. Leur mission est de s'emparer des fortes positions qui couvrent Franceville et Merville. Le Colonel donne ordre aux 2ème et 3ème unités motorisées d'envoyer de fortes patrouilles de reconnaissance. Celle de la 2ème se trouve prise dans un champ de mines sous de violentes rafales de mitrailleuses ennemies. Le cadet VAN REMOORTELE qui la commande est tué et deux hommes blessés. Les autres parviennent à se dégager sous la protection de l'artillerie. La patrouille de la 3ème U.M. partie le long de la route côtière en direction de Moulin du Buisson est arrêtée à 200 mètres des positions avancées. A 7 Hr 10, l'ordre d'attaque de l'opération "Paddle" arrive au PC de la brigade.
{la 6th Airborne Division dans l'opération "Paddle" (aviron) a été lancée sur l'axe Troarn-Dozule-Pont l'Evêque, son aile gauche étant composée par le 1st Belgian Group du Col Piron, la brigade néerlandaise "Princesse Irène" du Col de RUYTER van STEVENICK, le 12 Devons du LtCol Gleadell, le 1st Royal Ulster Riffles du LtCol Carson et le 2nd Ox and Bucks du LtCol Roberts}.
Tout est prêt. Le Colonel donne ordre aux 2 et 3 U.M. d'avancer. L'escadron blindé a pour mission de pousser aussi rapidement que possible le long de la route côtière et sur le chemin de Merville. Les résistances sont très fortes. La route est minée et tenue sous le feu du point fort du Moulin du Buisson, dont le centre est constitué d'une casemate blindée située au sommet d'une dune. L'autre itinéraire parcourt d'étroits chemins encaissés fortement minés. Les blindés n'avancent que pas à pas et sont obligés de faire souvent appel à la compagnie du génie. Une douzaine de mines sont neutralisées par l'adjudant HARBOORT et son équipe. Mais une mine explose, tuant un démineur et blessant mortellement l'adjudant HARBOORT, il décèdera deux jours plus tard. Le lieutenant SAUVAGE (Chef de Pl de l'escadron) est blessé au dos. Il sera remplacé par son adjoint NOEL, puis par Jules FLORIDOR. Le scout car de ROUZEE saute. A 10 heures 40, on annonce que Sallenelles est pris par le 3ème Pl de DEWANDRE. La progression reprend , mais elle est fortement ralentie par les tirs des mortiers et les mines. Le 3ème peloton de DEWANDRE est bloqué à 300 mètres au nord de Sallenelles. A 11 heures, une troupe de l'escadron blindé est mise à la disposition du bataillon anglais "12 Devons" qui progresse à droite du dispositif belge. A 12 Hr 30, le colonel donne ordre à la 1ère unité de se porter à la Ferme du Buisson. De là, elle attaquera vers les lisières est de Franceville, coupant à travers tout en évitant les points forts de la route côtière. Cette tactique réussit et la 1ère unité pénètre à Franceville plage, premier objectif du Groupement belge. Pendant ce temps, les autres unités étaient parvenues également à avancer. Après une intense préparation d'artillerie, FLORIDOR emporte les Winklers rassemblés des Troop 2,4 et 5 à l'assaut du fortin. Les allemands fuient comme des lapins. Le peloton de Winklers (voltigeurs) de l'escadron blindé, à pied, avait délogé les allemands du point fort du Moulin du Buisson. La compagnie du génie dégage la route des mines et des obstructions. A 19 heures, la brigade occupe tous les objectifs. Commence alors une véritable course poursuite.
Le 18 août, la journée se passe à tâter l'ennemi qui défend la tête de pont de la Dive. Les résistants français fournissent des renseignements qui se révéleront exacts. Tandis que la compagnie du génie démine la route de Cabourg à Bruqueville.
L'artillerie fait un bond jusqu'à Gonneville, puis Vauville sur Mer . Durant 5 jours ils vont à nouveau harceler les positions allemandes.
Le 20 août, l'escadron blindé, dont la progression avec le Groupement est rendue impossible par les nombreuses destructions, est détaché au régiment de reconnaissance de la 6ème Division. Celui-ci, étant très éprouvé depuis le débarquement. C'est pourquoi le commandement du régiment est enchanté de disposer de l'escadron belge pour reprendre le contact avec l'ennemi en direction de Dozule-Annebault. Le reste du Groupement est à Auberville
Le 21 août à 11 heures, les troupes belges entrent à Cabourg, devant la Dive, dont les ponts ont sauté. Le colonel y installe son PC avancé tandis que la 1ère unité, utilisant des moyens de fortune, traverse le fleuve. Elle dépasse Houlgate et s'avance vers Auberville où elle se heurte à de fortes arrières-gardes allemandes. Une section du Pl du Lt JACOBS, guidée par un patriote français , le Lt LEFEVRE, tombe dans une embuscade et se trouve prise sous le feu de 4 armes automatiques. 5 hommes sont tués (le Cpl BETBEZE et les soldats BECKAERT, JADON, GURHEM et DE BOECK) ainsi que le lieutenant LEFEVRE. L'aumônier DETHISE qui se rend sur les lieux pour secourir les mourants et les blessés est atteint à son tour et doit être évacué. Pendant ce temps, le génie travaille d'arrache-pied avec l'aide de la population à établir des moyens de passage sur la Dive. Quelques jeeps parviennent à passer la rivière et à apporter les ravitaillements aux unités en ligne. A 19 heures, arrive un message du commandement de la 6th Airborne "Congratulations on your advance". Dans la soirée, l'attaque est menée par la 1ère unité qui enlève les premières résistances sans appui d'artillerie. Dans la nuit, cette unité renforcée par des éléments de la 3ème U.M. et appuyée par l'artillerie repart à l'attaque. Cette fois, le succès est complet et les allemands décrochent.
Simultanément, l'escadron d'autos blindées évolue plus au sud. A 6 heures, à Goustainville, pendant que le commandant de l'escadron (Major de SELLIERS de MORANVILLE) donnait ses ordres aux chefs de peloton, le colonel commandant le régiment de reconnaissance britannique lui rend visite et, s'adressant au groupe d'officiers belges leur dit :"gentlemen, devant vous Dozulé est en feu, Troarn brûle encore derrière vous, là-bas, à gauche, une autre ville brûle , je ne sais pas laquelle. J'ignore où se trouve l'ennemi, vous le trouverez bien. Bonne chance". Dès midi, l'escadron trouvait la ligne de résistance principale ennemie à Branville, Annebaut, La Chapelle et Hainfray. Quelques blindés reçoivent l'ordre de se porter en position d'observation. Vers 18 heures, un général anglais demande au commandant de l'escadron de vérifier l'occupation de Branville. Le terrain d'approche est dangereux pour des autos blindées. Néanmoins, le Lt DEWANDRE s'avance avec prudence à la tête de sa « Troop » et parvient au milieu du village où il surprend un important détachement ennemi. Des allemands apparaissent dans toutes les maisons encadrant les véhicules. Toutes les autos blindées ouvrent le feu tandis qu'à la lisière nord du village le scout car de tête découvre un canon anti-char. Le Lt DEWANDRE donne l'ordre de décrocher avant que l'ennemi ne se remette de sa surprise. Les armes tirent à toute volée. La route se couvre de blessés et de morts ennemis. A 19 Hr 25, le Lt DEWANDRE revient avec le renseignement. Il recevra la "Military Cross".
Le 22 août, dès l'aube, la progression reprend. Cette fois avec le charroi de combat qui a passé la Dive sur un pont construit par le génie belge. À 13 heures, le Groupement entre à Villers sur Mer où la population lui réserve un accueil frénétique. Partout, les drapeaux français, anglais et belges flottent, les cloches sonnent et la foule crie :"vive la Belgique, merci, vive la France". Le soir, la Touques est bordée et Deauville occupée. Le Groupement belge est le premier à avoir atteint cette rivière. Le général GALE a convoqué le colonel PIRON à son EM pour le féliciter de la progression rapide de son groupement. Les ponts sont détruits et les allemands occupent les hauteurs de Trouville d'où ils bombardent les positions belges à coups de mortiers et d'artillerie.
Deux soldats de la 1ère ROUCHE et FOURNIER sont tués devant les ruines du pont. L'artillerie et le charroi lourd qui ont franchi la Dive à Troarn arrivent à Deauville. Le QG du Groupement s'installe dans une ferme exploitée par des belges.
La compagnie du génie s'installe à Lieu Bill
L'artillerie est en position à Clarbec.
Le 23 août, les belges aborderont les premiers la Touques entre Deauville et Pont l'Evêque. Sur la côte, l'U.M. du Major WINTERGROEN est à l'avant garde. Entre la Dives et la Touques, tous les itinéraires sur lesquels vont s'engager les unités de la 6th Airborne seront reconnus par l'escadron d'autos blindées. A Pont l'Evêque, la « Troop One » aura l'honneur d'essuyer les premiers coups de feu. La Dives est à peine franchie que dans la foulée, WINTERGROEN, au départ d'Houlgate pousse son extrême pointe (équipe de reconnaissance de ROELANTS) au château Fouchet de Carel, sur la butte de Chaumont. Derrière eux, le 5ème Peloton d'assaut de Georges JACOBS devancé par la section du Sgt DEGROOTE. Derrière eux, le peloton de José SCHMITZ. Conduit par des résistants français de Houlgate, DAUVILAIRE et LEFEVRE, le peloton se glisse de la ferme Chagnet à la ferme de Tolleville jusqu'à la crête.
La compagnie du génie s'affaire à la maintenance de l'itinéraire de la division et démine la route Pré le Houx , tandis que la batterie d'artillerie est en position à Coudret-Rabu.
Plus au sud, à l'escadron, après la prise de Branville, la « Troop One » de FLORIDOR se lance sur Pont l'Eveque. DEWANDRE vers la route de Beaumont et le pont de Rocheville. VERHAEGE vers Clarbec et le pont de Fierville. Il est 8 heures 30. FLORIDOR dépasse Annebault.
Le 24 août, à 8 heures 30, le Colonel donne l'ordre de reprendre la progression et de bousculer l'ennemi. Le pont détruit, l'infanterie traverse sur ses décombres portant armes et munitions pendant que la population amène des matériaux de construction et que le génie construit un bac pour passer les véhicules. Cette fois, c'est la 3ème unité qui est à l'avant garde. La progression se poursuit péniblement. Les résistances allemandes faiblissent. De nombreux prisonniers sont faits. Le Groupement belge est en flèche de 8 km sur le reste de la division. Le charroi n'a évidemment pas pu suivre. Le soir, le « First Belgian Group » est aux portes d'Honfleur, il y rentrera le lendemain. L'artillerie est en position à Saint Benoît d'Herbetot.