ça y est, c'est le jour, on y va...

[Vandy]

Sans doute ont-ils dû entrendre ces mots.

Chaque année, ça ne rate pas, j'ai le blues le 6 Juin.
Non que j'aie quelque mérite à avoir 'participé' au débarquement,
j'étais trop jeune pour cela. Non. Je pense à eux, à ces jeunes
gens tombés en pleine force de l'âge, loin, très loin de chez eux
et pour tout dire -car on insiste pas assez là dessus- sur une
terre, un continent dont ils n'avaient rien à foutre. La majorité
d'entre eux ignoraient tout de nous, et même encore de nos jours,
ils sont bien en peine de situer nos villes sur un Atlas; l'américain
moyen se suffit à lui-même. A ce moment-là, pour eux,
nous étions presque des bouseux tant notre retard était (déjà)
flagrant. Nos politiques furent coupables d'inconscience.
La preuve ?
Elle est administrée rien que dans le fait de la présence salvatrice
de troupes, pour la plupart, la majeure partie, anglo-américaine.
Que diable aurions nous pu faire sans eux et leur matériel ?
Nos dirigeants de 36 à 39 furent assez aveugles -lâches?- pour
espérer que tout s'arrange avec des parlotes.
Vous avez dit, ai-je entendu: "rien n'a changé ?".
S'il n'y avait eu de grands hommes, des gens exceptionnels,
d'une envergure mentale hors du commun, opiniâtres, comme Roosevelt,
Churchill et de Gaulle pour relever la tête, on sait auourd'hui ce
qui serait advenu de nos peuples. Je n'ai rien (ou si peu) contre
les allemands actuels, mais ceux d'alors je les préfère vaincus à
plate couture.

En fait, le premier document valable que nous découvrîmes est le film:
'Le Jour le Plus Long' que je visionnai à sa sortie ciné avec papa.
Une anecdote. Lors de la séquende du parachutage, l'un d'entre eux
tombe dans un puit et il s'est trouvé des gens prêts à en rire dans
la salle. J'ai bien cru que mon père allait les bouffer, maman a dû
le retenir par la manche ou il allait grimper sur les sièges !
En noir et blanc, ce qui accentue son effet dramatique, ce film
impressionna énormément -le fit longtemps- les gens de ma génération
et plus encore nos parents qui vécurent réellement cette période.
Cette oeuvre cinématographique, même si elle a eu le mérite de
"montrer" ce que fut ce débarquement, est pourtant loin du réalisme
époustouflant filmé plus tard par Steven Spielberg dans sa version de:
'Il faut Sauver le Soldat Ryan'. Même si l'opération Overlord n'est
évoquée qu'au tout début, la séquence initiale est d'une telle intensité,
d'une telle reconstitution à ce point minutieuse, que des gens sont
parfois mal à l'aise dans les salles de projection.
A mon humble avis de cinéphile cette version est très au dessus de
ce qui fut réalisé depuis toujours côté réalisme, côté vécu.

Le temps qu'il fait aujourd'hui ressemble assez à ce qu'il fut alors;
moche, plafond bas, froid, en un mot glauque. Vous me direz que quand
on sait qu'on va au casse-pipe, ce n'est qu'un détail. Certes.
Mais on insiste pas assez sur ce que l'on représente comme une
extraordinaire d'organisation tactique et logistique et qui fut à
un poil de cul de mouche d'un ratage complet. Ce n'est, en effet
qu'un ensemble de circonstances, parfois de hasards heureux, côté
allemand ou allié, qui rendit possible le maintien et l'avance
des troupes dans le Cotentin. J'ai hâte de découvrir cette région et,
n'en doutez pas, j'irai m'incliner sur leurs tombes.