Date : 21/08/2015
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Le 21 août 1944, ce soldat belge de la brigade Piron entre le premier dans Dozulé, incendié par les Allemands. Il y revient régulièrement depuis dix ans.
Jean d'Otreppe voulait, coûte que coûte, participer à la libération de son pays, la Belgique. Et pour cela, être de ceux qui libéreraient la France du joug nazi. Il y a soixante-et-onze ans, jour pour jour, il était l'un des premiers Alliés à entrer dans Dozulé en flammes. Un village tout juste abandonné par les Allemands qui avaient pris le soin de détruire tout ce qui pouvait l'être avant leur fuite.
À 95 ans « et demi », Jean d'Otreppe a toujours le regard malicieux, un humour bien trempé et une mémoire à faire pâlir les livres d'Histoire.
« La peur, ça existe »
Depuis plus de dix ans, chaque année, il séjourne chez ses amis dozuléens, Jean-Pierre et Sophie Caldairou, et savoure l'instant. « Je voulais revenir là où j'avais connu la peur. La peur, la vraie, ça existe. »
Chemin après chemin, colline après colline, vallon après vallon, il a retrouvé les lieux de son passage en pays augeron. Il est l'un des derniers vétérans de la Brigade Piron et le premier à être entré dans Dozulé libéré.
En mai 1940, il avait quitté la Belgique avec son frère pour s'engager. C'était le début d'une longue quête périlleuse pour rejoindre Londres, but ultime. « Je voulais intégrer la Royal air force mais il était trop tard. »
Ce n'est qu'en août 1944 que Jean d'Otreppe foulera la terre normande, avec son peloton de reconnaissance rattaché à la 6e Airborne. « Nous étions des éclaireurs. Avant, nous ne servions à rien ici. On nous a fait attendre à proximité de Pegasus Bridge, puis on nous a envoyés en direction de Franceville. »
« Je suis mort ! »
Dozulé est libéré le 21 août. « Nous sommes arrivés vers 8 h du matin, à hauteur de la ville. Les Allemands avaient mis le feu. Nous sommes passés par Putot-en-Auge. »
À l'entrée du bourg, « il y avait des feuilles partout sur la route. Juste devant moi, une moto a sauté sur une mine. J'ai pensé : je suis mort ! Mais, je suis passé à quelques millimètres du détonateur. »
Au total vingt-six mines avaient été disposées à l'entrée du village, cachées sous des feuilles.
Dozulé franchi, il faut poursuivre « vite. Ne pas laisser aux Allemands le temps de s'installer plus loin. » Objectifs : Pont-l'Évêque et Pont-Audemer avant la Belgique, enfin.