La bataille de Kilstett

Le front de l'Ouest ne se limite pas à la bataille de Normandie : discutez ici des autres grandes batailles !
XaV
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La bataille de Kilstett

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Extrait du Journal de marche et opérations du 1er RCA.
Opérations du sous-groupement Daigny.

4 au 6 janvier 1945.

Le 3e escadron est au repos à Gertwiller où il revoit son matériel et fait reposer son personnel, tout en restant en état d'alerte.

7 janvier.

A 7h, le peloton Calmels à 4 chars, complété par "Gallifet", 2eme char de commandement, fait mouvement vers Strasbourg. Il doit entrer dans la composition d'un groupement spécialement constitué en vue de l'attaque de Gambsheim aux ordres du commandant Daigny. L'ennemi a crée une tête de pont en ce point et fait peser une lourde menace sur Strasbourg dont il ne se trouve plus qu'à 17 kilomètres. La menace est d'autant plus dangereuse que l'ennemi montre également une forte activité vers Erstein et Krafft, soit à peine à 16 kilomètres au sud de la ville, formant ainsi autour d'elle une tenaille redoutable.
Il fait -20° degrés, une légère couche de neige recouvre la campagne.
Le groupement Daigny est ainsi constitué:

-L'escadron Light du 1er RCA moins un peloton ( Capitaine Forcade ).
-1 peloton Medium de 3/1er RCA ( Lieutenant Calmels ).
-la CAB.
-2 peloton de TD du 7e RCA.
-1 section du génie allégée.

Par Obernai, la Robertsau, le groupement atteint à 12h30 la Wantzenau, où les pleins sont complétés et les ordres donnés. Mission - s'emparer de Gambsheim en 2 temps; Bettenhoffen d'abord, puis Gambsheim même.
Articulation prévue:
- Pour Bettenhoffen, le détachement Forcade: le peloton Light du Boullay, 1 section d'infanterie du I/RMLE.
- Pour Gambsheim, le détachement Louf: le peloton Light de la Ferté, le peloton Medium Calmels, 2 sections d'infanterie du I/RMLE.

Départ 14h, dans l'ordre Forcade, puis Louf. La ligne de départ est la lisière N.N.E du village de Kilstett, 2 kilomètres sud-ouest de Bettenhoffen. Trois groupes d'artillerie doivent appuyer l'attaque. La CAB et le TD compléteront l'action de l'artillerie.
Kilstett est tenu par un bataillon de tirailleurs ( 3e RTA ); un autre bataillon suivra et aidera l'attaque et devra s'installer ensuite à Gamsbheim. Par ailleurs le sous-groupement Robelin, opérant à l'ouest de Gambsheim doit aider de ses feux la 1ere partie de l'opération puis, au cours de la 2eme phase, nettoyer le bois N.N.O de Gambsheim.

14h- L'aspirant de Boullay a reçu l'ordre de rechercher un passage sur le Giessen, rivière d'une huitaine de mètres de large qui borde Bettenhoffen et Gambsheim vers l'est. Cette reconnaissance est confiée au "Bournazel", maréchal des logis-chef Degrave: le point signalé est le pont sur la voie ferré, à 500 mètres sud-ouest des lisières de Bettenhoffen.
Degrave enfonce le passage à niveau fermé, s'engage sur le pont, le franchit, progresse sur la voie d'une trentaine de mètres à peine et rend compte par radio à "Bayard", le char de l'aspirant du Boullay, qu'il a franchi le pont qui est praticable, mais qu'une coupure de la voie l'arrête.
A ce moment précis, "Bournazel", reçoit un panzershreck et prend feu. Le brigadier Fricaud, les chasseurs Bermond et Botella sont tués; Degrave, quoique grièvement blessé, réussira à rejoindre nos lignes. Il y a en effet dans cette zone tout un réseau de tranchées bien camouflés; et l'ennemi a attendu le dernier moment pour se réveler.
Les tirs de Panzershreck sont nourris, mais les armes de nos chars désorganisent assez la défense adverse pour éviter l'incendie d'autres appareils. La section d'infanterie, malheuresement réduite à une douzaine d'hommes, essaie de progresser; mais, prise à partie par de nombreuses armes automatiques, elle subit de lourdes pertes et ne peut atteindre les tranchées ennemies. Par sucroît, un tir de minen extrêmement violent s'abat sur nos éléments.
Le peloton du Boullay, réduit à 4 Light, "Bayard", "Bugeaud", "Bougainville" et "Balaklava", à qui le passage du pont se trouve interdit puisque "Bournazel" en flammes à sa sortie obstrue la voie ferré, ne peut donc déboucher. Tout ceci s'est déroulé très rapidement. Le capitaine Forcade rend compte au commandement Daigny de la situation. Celui-ci décide l'envoi immédiat d'un renfort: c'est le détachement Louf.

14h10- Le détachement Louf débouche sur Kilstett, les chars portant les fantassins sur leurs plaques-moteurs. Le peloton Calmels se déploie dans la plaine à l'ouest de la voie ferré dont l'important remblai le protège presque entièrement des feux venant de Gambsheim et des lisières des bois qui bordent le Rhin, à peine à 1500m de là.
Le peloton de la Ferté, lui, est déployé en flanc-garde à droite entre le Rhin et la rivière dont les ponts ont sautés. Dès le débouché, le billard que représente le terrain est inondé de projectiles de toutes sortes, artillerie, antichars, balles automatiques et de snipers. Dans le petit bois immédiatement au sud de Bettenhoffen, une casemate de la ligne Maginot, dévoile des 75 PAK. En arrière de cette ligne, des Panther embossés sont repérés.

14h40- Le "baroud" est sévère. A droite, les Légionnaires portés par "Bourgogne", Maréchal des Logis-chef Maître, sont vite hors de combat. Le char lui-même est touché, Maître tué. La 1ere ligne de défense allemande est atteinte, une cinquantaine d'allemands restent sur le terrain, tués ou blessés.
A gauche, Calmels, qui a reçu l'ordre de franchir la voie ferrée et, longeant la rivière, d'atteindre les lisières de Gamsbheim, fait passer ses chars un à un sur un étroit passage à niveau constamment battu par des feux ajustés d'armes automatiques et d'artillerie.
Le passage est effectué sans pertes. Mais, immédiatement après le franchissement, les Médium sont tirés à bout portant par d'innombrables panzershreck qui partent d'une tranchée creusée parallèlement à la rivière et qui semble suivre celle-ci jusqu'au Rhin. Le groupe de tête, "Guérande", Maréchal des logis-chef David et "Grenoble", Maréchal des logis-chef Reviron, prend d'enfilade la tranchée à bout portant. Les occupants, ahuris de cette attaque soudaine, sont abattus à la mitrailleuse.
"Gai Luron", lieutenant Calmels, est touché à l'avant; le pilote, brigadier-chef Girma, gravement blessé, doit être évacué. Le peloton réussit à focer le passage et se trouve vite dans la plaine à l'est de la voie ferrée et de la route. Toujours soumis à de violents tirs, il se lance sur son objectif, les lisières est de Gambsheim, dépassant les Lights du peloton de la Ferté.
XaV
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15h10- 2 casemates de la ligne Maginot ouvrent le feu sur kes chars de tête: le peloton Calmels en entier concentre ses feux sur ce nouvel objectif, qui est aussitôt muselé. Un antichar qui se dévoile est repéré et détruit à son tour par "Grenoble".
Brutalement, des coups de 88 claquent, partis des lisières de Gambsheim, probablement de la digue de protection du Rhin, et de points situés plus à l'est. "Guérande" est atteint le premier et flambe: David, le chef de char, grièvement blessé, parvient à sortir de son appareil en feu, mais meurt quelques instants plus tard. Le tireur, Pierre, grvement atteint lui aussi, sort de la tourelle comme une troche vivante et s'abat sur le terrain. Le pilote Venckavicius, le chargeur Cordonnier et l'aide pilote Martinez tiés à leur poste de combat, brûlent dans leur char.
Les chars reçoivent alors à ce moment l'ordre d'obliquer sur la droite. Mais un nouvel antichar se dévoile dans une autre casemate à l'est de Gambsheim.

15h17- "Grenoble" est touché et prend feu: l'équipage évacue. A l'exception de l'aide-pilote Truchol, mortellement touché, les 4 hommes, tous blessé, peuvent cependant rejoindre avec peine Kilstett.

15h20- "Gérardmer", brigadier-chef Bertrand, et atteint et brûle. L'équipage, indemne, a le temps de sortir; seul, le chasseur Freiburger, brûlé au visage, devra être évacué. Le lieutenant Calmels poursuit son action avec 2 chars; "Gallifet, maréchal des logis Berrier, et le sien.
La sévérité de l'action ennemie s'accroît de seconde en seconde dans une progression inquiétante. La situation est critique: 5 canons antichars au moins sont vus en action, ainsi que 2 ou 3 chars ou automoteurs; un tir de minen extrêmement violent submerge le terrain. L'infanterie, devançant dans un effort magnifique les chars, tente d'atteindre la rivière. Elle est décimée. Le capitaine Forcade rend compte au commandant Daigny, qui lui annonce l'envoie d'une compagnie de tirailleurs.
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Quelques photos de la région en attendant la suite...
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15h25- A peine en arrière des Medium, c'est au tour des Light du peloton de la Ferté d'être pris à partie. "Bigorre", maréchal des logis Maurin passe auprès d'un abri de rondins où se sont réfugiés des blessés allemands. L'un d'entre eux grande "Bigorre" qui prend aussitôt feu, atteint de plus immédiatement après par des obus.
Le lieutenant de la Ferté reçoit alors l'ordre de repli du Halftrack de commandement "Bouillon" du capitaine Forcade. Mais la Légion n'a pas encore été touché par cet ordre, que la Ferté n'exécutera pas, car ce serait priver les Légionnaires de tout soutien ou recueil éventuel. Les 3 derniers Light de son peloton maintiennent un feu d'enfer.

15h30- Le capitaine Louf, à pied, vient sur place confirmer l'ordre de repli. Celui-ci commence, sous la protection des chars. Le peloton du Boullay, qui est à l'est de Bettenhoffen, reçoit mission de couvrir le repli de tous les élements, chars et infanterie, et s'oppose, par un feu violent, aux réactions de l'infanterie ennemie.
Light et Medium, couvrant directement le repli des Légionnaires font demi-tour en bon ordre: mais les pertes s'aggravent. "Berry", puis "Béarn", presque simultanément atteints, prennent feu. Sauf le maréchal des logis Cadion, chef de char du "Berry", qui est probablement brûlé dans sa tourelle, les équipages peuvent évacuer et rejoindre Kilstett, non sans une peine infinie, sous la direction du maréchal des logis Eugène, du "Béarn", essuyant sans discontinuer d'intenses feux d'armes automatiques.
" Bretagne", lieutenant de la Ferté, reste seul et se porte au secours de "Gai luron" qu'il aperçoit immobilisé. Il reçoit un obus qui lui casse 6 patins et une poulie de tension, crevant de plus son réservoir à essence gauche.
"Gai Luron" a été touché une nouvelle fois, un 88 qui a percé sa tourelle et mis le 75 hors service. Le lieutenant Calmels, indemne, fait évacuer l'appareil et, prenant lui même les leviers de commande, tente de ramener son char à Kilstett.
"Bretagne" qui a la garde de nombreux légionnaires et chasseurs auxquels il fait rempart de sa cuirasse, regagne en les protégeant le plus proche couvert, tout en surveillant "Gai Luron". Il voit celui-ci soudain prendre feu, atteint par 2 nouveaux coups de 88. Le lieutenant Calmels saute de son char mais est girèvement blessé par une rafale de mitrailleuse et tombe inanimé. Il ne peut être question sur le moment de repartir en arrière à son secours.
Du peloton Medium, seul "Gallifet" rejoint Kilstett, non sans peine; un obus lui a, au cours du combat, arraché un boggie.
Le peloton du Boullay se replie à son tour, ayant hissé sur ses 4 chars restants, un grand nombre de légionnaires blessés. "Bugeaud", maréchal de logis chef Loutovinoff, qui s'est aventuré à l'Est de Bettenhoffen avec une dizaine de légionnaires, ramène en plus une quarantaine de prisonniers.
Il est à peine plus de 17h, le drame ne diminue pas de violence: une contre-attaque allemande se manifeste. Les obus antichars, les nebelwerfer et les rafales de mitrailleuses redoublent d'intensité. "Bretagne", dans son demi-tour, aperçoit un premier char allemand à quelques centaines de mètres, puis 3 Jagd-Panther peints en blanc, surgissent: indubitablement, la contre-attaque part.
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3 TD du 7e RCA ont été postés à Kilstett en prévision de cette éventualité. Ils règlent leur tir grâce aux indications du lieutenant de la Ferté qui est rentré, sauvant les hommes à pied qu'il convoyait, et qui leur indique les objectifs. 2 TD sont atteints, le lieutenant Couard a les 2 jambes broyées et succombe à ses blessures.
Mais les pertes ennemies sont certainement lourdes, et la contre-attaque semble stoppée.
Il est 18h, la nuit est tombée. Le commandant Daigny organise la défense de Kilstett avec les quelques chars qui restent, 1 Medium avarié et 4 Light, et avec un petit nombre de légionnaires valides.
Une patrouille est lancée à la recherche du lieutenant Calmels: le maréchal des logis Maurin, les chasseurs L'écouil et Hyelle, du "Bigorre" se présentent comme volontaire et s'enfoncent dans la nuit; accompagnés de 2 brancardiers du I/RMLE. Le lieutenant Calmels est resté, incapable en raison de la gravité de sa blessure de ramper un mètre de plus, à une cinquantaine de mètres de son chars qui brûle, sous le feu ennemi incessant et la menace de 3 Jagdpanther qu'il a eu le sang froid de parfaitement identifier. Il a été magnifiquement aidé et protégé dans cet effort surhumain par son aide pilote, Durand, un jeune engagé du mois précédent qui, malgré les ordres de Calmels, a refusé d'abandonner "son" lieutenant.
Heuresement l'ennemi a certainement eu de très lourdes pertes et ne se hasarde pas dans ce no man's land qu'est l'immense clairière entre Kilstett et Gambsheim. Vers 19h, la patrouille revient à Kilstett: elle ramène le lieutenant Calmels, qui est soigné et évacué aussitôt sur Strasbourg.
Cette affaire de Gambsheim aura été l'une des plus dures épreuves subies par le régiment:

-4 Light et 4 Medium brûlés, 1 Light et 1 Medium gravement atteints.
-10 tués, 6 blessés.

Mais le sacrifice de nos équipages magnifiques aura permis d'infliger à l'ennemi de telles pertes que sa contre-attaque, qui, réussisant, aurait été catastrophique, a complétement échoué.

Au mois de mars suivant, une visite des lieux de ce combat sans merci a révelé l'importance des pertes ennemies, inscrites sur le terrain encore couvert de neige. Il y restait encore une centaine de cadavres allemands, un grand nombre e carcasses calcinées d'engins de combat, dont au moins 2 "Ferdinand" et 1 "Jagdpanther". Ces pertes, ajoutées au nombre important des prisonniers ramenés par les éléments du Groupement, expliquent mieux que tout commentaire l'échec complet de la contre-attaque lancée par l'ennemi à 17h sur Kilstett. Strasbourg, si dangereusement menacé, était sauf.

Le même jour, le 3e escadron, moins le peloton Calmels fait mouvement sur alerte de Gertwiller à Osthouse à partir de midi. il est affecté en renfort au sous-groupement Bourgin qui fait face à la menace allemande au sud de Strasbourg. Arrivant à Osthouse, renforcé d'un élément de reconnaissance et travaillant au voisinage de l'escadron Davoul, il a reçu la mission de nettoyer les bois situés au sud de la route Osthouse-Gertsheim, et d'atteindre le village d'Herbsheim. L'escadron, à 17h, occupe, sans avoir rencontré de résistance, les points 931-740, 939-743, 936-747 et 953-754. A 17h30, il reçoit l'ordre de regagner Osthouse son cantonnement. Il y apprend que le peloton Calmels a subi à Gambsheim des pertes extrêmement sévères.
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Une petite anecdote maintenant qui me vient des mémoires et souvenirs de la 5e DB.
Pourquoi "50-Grenoble"?

Le régiment dispose des lettres A, B, C, D, E, F, G, L, M, N, P, et doit à partir de celles-ci rechercher comme noms de baptêmes, ceux de villes, batailles, grands hommes, animaux, régions, forts, pays... Naissent ainsi Cherbourg, Colmar, Champagne, Marignan, Narwick, Fontenoy, Bayard, Bugeaud, Foch, Lyautey, Lanne, l'Aspic, Léopard, Lynx, Alsace, Guyane, Fort Dauphin, Fort National, Fort l'Empereur, Sénégal, Soudan, Somalie...

Le 2e peloton du 6e escadron (lieutenant R. Calmels), contre toute attente, choisit les noms de baptême de ses cinq chars: Gai Luron, Galopin, Garnement, Gamin, Gaulois!!! Même si ces appellations font sourire, le peloton est fier de cette singularité qui renforce sa cohésion.

Sous ces noms sans qu'aucune autorité hiérarchique n'en prenne ombrage, pendant 18 mois et pour mise en condition, ce peloton sillone le Maroc, l'Algérie, puis défile le 14 juillet 1943 à Rabat, pour dire au revoir à sa garnison de 30 ans.

Après le débarquement, le général de Vernejoul, qui commande la 5e DB, inspecte le régiment provisoirement stationné à Salon-de-Provence. Feignant de découvrir ces appelations, il les juge "dérisoires" et dit au capitaine commandant l'escadron: "Changez moi tout ça"...

Naissent alors Gaillac, Guerande, Gergovie, Gerardmer et enfin Grenoble. Les équipages et leur chef de peloton en sont tout de même affligés!
Le 22 novembre a lieu à Lepuix-Delle (trouée de Belfort), le premier plus gros accrochage; Gaillac et gergovie sont détruits et aussitôt remplacés.
Sans le dire à quiconque, son équipage excepté, le lieutenant R. Calmels, chef de peloton, baptise son char Gai Luron 2! Ses chefs de chars insistent pour reprendre leurs noms d'origine. "Je peux désobéir sous ma propre responsabilité, je n'ai pas le droit d'engager la vôtre dans une désobéissance collective" répond t-il.

La destinée du lieutenant Calmels.

Si personne ne fit la moindre observation à Calmels pour Gai Luron 2, ironie de l'histoire, il sera même félicité, lorsque pour la campagne d'Allemagne, il apparaîtra dans un Gai Luron 3 flambant neuf, par le même général de Vernejoul que cette appellation avait choqué six mois auparavant.

Quatre ans plus atrd, venu d'Indochine après deux ans de séjour et de combats, un escadron du 1er Etranger de Cavalerie arrive à Madagascar. Il vient renforcer un bataillon du 4e étranger, qui est là depuis un an pour faire face à la rébellion sur les hauts plateaux de la grande île.
Il se trouve que le chef de corps Perrin, qui acceuille l'escadron Calmels, était le chef d'état major du sous groupement Daigny à Gambsheim, le 7 janvier 1945. S'adressant à Calmels:

-"Jai une surprise pour vous".

S'avance alors un vieux légionnaire qui se présente:

-"Caporal chef infirmier..., à vos ordres mon capitaine! Vous me reconnaissez?. Je suis le brancardier, venu en patrouille dans la nuit, vous rechercher, blessé, sur le champ de bataille de Gambsheim, le 7 janvier 1945."
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Si quelqu'un a des infos sur la 42e division d'infanterie américaine et son emploi dans le secteur, je lui serais vraiment redevable...
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Je mettrai bientôt la photo de la plaque commérative à la 42e division US "Rainbow", ainsi que quelques photos d'un bonker dont j'ai mis les photos plus haut, et que j'ai eu aujourd'hui même la chance de visiter, du moins les premières pièces. Pour mon job de vacances, je suis employé saisonnier au service entretien de la commune, donc miracle nous avons les clés d'accès au bunker, qui plus est est magnifiquement conservé, et en le retapant un peu, je pense qu'on peut en faire un bon truc. Ne reste plus qu'à trouver une association de la ligne maginot voulant bien le faire. Pour preuve, j'ai vu le système d'extration d'air très bien conservé... A bientôt pour les photos et la suite des évemenents de janvier 1945 à Kilstett.
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La Bataille du 22 janvier 1945: Les civils pendant les combats.

L'artillerie US faisait rage. Il semble que les patrouilles aient bien dépisté la zone d'infiltration et de progression ennemie pour obtenir ce tir d'arrêt intense et efficace. Les témoignages d'habitants nous permettent de suivre quelques phrases des combats dans Kilstett encerclé, investi jusqu'au réduit central puis dégagé par les blindés.

Vers 22h chars et infanterie allemande atteignent le nord-ouest du village au quartier de la gare par la ligne de chemin de fer Strasbourg-Lauterbourg.

La première maison investie est fouillée; le propriétaire Klein Victor est sommé d'aller rejoindre le poste de secours établi à la gare de Gambsheim: "Longez la voie ferrée! Présentez-vous au poste de secours!" Le feu d'artillerie est effrayant. C'est l'obscurité. Tout est enneigé. Des blessés gémissent le long des rails et appellent au secours. Touché par les instances d'un blessé, Victor essaie de le hisser sur les épaules, mais lui-même s'écroule... " Je suis un vieillard. On m'ordonne d'aller au poste de secours: je vous enverrai l'infirmier! " Cette phrase, il la répétera à chaque blessé qui espère être secouru par le premier vivant surgissant enfin au milieu de ce déluge de feu. En effet, les groupes d'assaut n'étaient pas suivis d'infirmiers. N'avait-on pas prévu les premiers soins, l'évacuation des blessés?

Victor rejoint finalement le bunker médical indiqué... Les infirmiers l'acceuillent. Le vieil homme plaide la cause des blessés: personne ne bouge, personne ne sort aider les blessés. Le roulement sinistre des batteries américaines pénètre jusqu'ici. Des patrouilles arrivent du front. On quête des nouvelles: " Kilstett est une forteresse imprenable! ". Deux heures plus tard, le PC de combat mande les infirmiers au secours des blessés. Quelqu'un ose enfin quitter le poste douillet. Victor propose ses services conformément à l'ordre d'évacuation. Que sait-il faire? on l'occupe à peler des pommes de terre, à préparer le café, à faire du gâteau. Notre curieux prisonnier prête l'oreille aux nouvelles. Allaient-ils réussir leur marche sur Strasbourg?
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