Extrait du témoignage de Vaillant couturier au procès de Nuremberg.
"Madame VAILLANT-COUTURIER : - Oui, toutes les Françaises survivantes de notre convoi. Nous avons appris, par les Juives arrivées de France vers juillet 1944, qu'une grande campagne avait été faite à la radio de Londres où l'on parlait de notre transport, en citant Maï Politzer, Danielle Casanova, Hélène Salomon-Langevin, et moi-même, et à la suite de cela, nous savons que des ordres ont été donnés à Berlin d'effectuer le transport de Françaises dans de meilleures conditions."
"Dr MARX : - Comme les autres ? Vous avez dit aussi que le peuple allemand était au courant de ce qui se passait à Auschwitz; sur quoi se base cette assertion ?
Madame VAILLANT-COUTURIER : - Je l'ai dit, d'une part, sur le fait que lorsque nous sommes parties, les soldats lorrains de la Wehrmacht nous ont dit dans le train : "Si vous saviez où vous allez, vous ne seriez pas si pressées d'y arriver". D'autre part, sur le fait que les Allemandes qui sortaient de la quarantaine pour aller travailler dans des usines étaient au courant de ces faits et qu'elles disaient toutes qu'elles le raconteraient dehors. Troisièmement sur le fait que, dans toutes les usines où travaillaient des "Haeftlinge", des détenues, elles étaient en contact avec des civils allemands, ainsi que les Aufseherinnen qui avaient des relations avec leurs familles et leurs amis et qui souvent se vantaient de ce qu'elles avaient vu."
http://www.jewishgen.org/ForgottenCamps ... mpsFr.html
Pour ceux qui veulent plus d'éclaircissement sur l'attitude des Allemands je (re) conseille de lire Avec Hitler. Les allemands et leur Führer de Robert Gellately (Robert Gellately enseigne l'histoire de l'Holocauste au Centre d'études de l'Holocauste de la Clark University aux Etats-Unis). Livre publié chez Flammarion 2003.
Texte de la 4ème de couverture :
Depuis 1945, où le monde découvre l'existence des camps de concentration, une question hante la conscience occidentale, et plus spécialement les historiens : les Allemands étaient-ils informés de l'existence des camps de concentration ? Et quand l'ont-ils su ? Longtemps, il fut admis que les nazis avaient systématiquement dissimulés ces crimes : il était donc possible que les gens ordinaires n'en aient rien su.
Ce livre apporte les preuves du contraire. Le régime nazi fut une "dictature plébiscitaire" qui s'appuya habilement sur les attentes de la population et s'assura toujours de son soutien. A partir de 1933, la dictature grandit sur les ruines de la République de Weimar et impose la traque des communistes comme un devoir d'Etat ; puis, dès 1939, elle recueille le bénéfice de la guerre : nombre d'opposants potentiels, qui avaient des doutes sur Hitler et le nazisme, font passer leur pays avant tout. Comme le montre l'étude des dossiers de la police secrète (Gestapo), de la police criminelle (Kripo), du parti, ainsi que la presse de l'époque, les camps eux-mêmes furent crées à grand renfort de publicité et présentés comme des institutions éducatives et correctives. De même, les innombrables cas de dénonciation spontannée (telle femme "avait l'air juive" et aurait eu des relations sexuelles avec un voisin, par exemple) étaient abondamment relayés par la presse. Les tribunaux se trouvaient aussi entraînés dans une compétition meurtrière avec la police, significative de la manière dont contrainte et consentement s'entremêlaient.
Avec cette analyse nuancée et étayée par de nombreux documents, Robert Gellately fournit les pièces maîtresses d'un débat majeur de l'historiographie du nazisme.
345 pages passionnantes et qui m'ont amené à repenser totalement certains points de vue qui tenaient plus du cliché que de la réelle compréhension d'un engrenage qui aujourd'hui encore nous pose problème.
Par ailleurs je tiens à préciser que Monsieur tout l'monde n'a pas découvert les camps de concentration en 1945, mais en avait entendu parlé dès avant la guerre. Ce qu'il a découvert c'est l'ampleur des atrocités qui eurent cours dans ces camps, ainsi que l'existence des camps d'extermination. Enfin, les Etats étaient parfaitement au courant de ce qui se passaient via des rapports du CICR, des services de renseignements et des réseaux de résistants allemands.
On peut reprocher aux Allemands d'avoir fermé les yeux mais dans ce cas on ne peut excuser aucune démocratie puisque nos gouvernements n'ont rien fait : aucun camp n'a été bombardé. En la matière, malheureusement, il n'y a pas d'innocents.
Pour en finir, je rappellerai simplement que l'antisémitisme à l'époque faisait "partie du décor" : on était antisémite comme on était catholique, royaliste, socialiste, communiste... Les actions menées contre les Juifs n'étaient perçues à ce moment que comme un pogrom de plus, ni plus ni moins, qui révoltaient certains, laissaient beaucoup indifférents ou avaient l'aval d'autres.