Episode 4
LE PLAN WALKYRIE
Le plan des conjurés avait été mis au point depuis août 1943 par Stauffenberg lui-même, à la demande du maréchal Witzleben et du général Olbricht. Les premières bases en avaient été jetées dès avant Munich par le général Beck, l?amiral Canaris, chef de l?Abwehr, le maréchal von Witzleben - qui n?était plus en activité ? et l?ancien bourgmestre de Leipzig, Carl Goerdeler, tous antis-nazis de la première heure.
Il consistait principalement, dès l?annonce de la mort du Führer à faire occuper tous les bâtiments militaires de Berlin, de Cologne, de Munich, de Vienne et quelques autres centres vitaux. En même temps, on mettrait hors d?état de nuire les SS de Berlin et des environs. Les conjurés pouvaient compter ? du moins le croyaient-ils ? sur le concours du régiment des Gardes, et quelques unités d?infanterie, d?artillerie et de chars, toutes commandées ou infiltrées par des membres de la conjuration.
Sous l?autorité du comte Heldorf, préfet de police et de son adjoint, Fritz von der Schulenburg, la police assisterait l?armée, de même que les forces de la « place » commandées par le général von Hase, et le général Fellgiebel, chef des transmissions au Q.G. de Rastenburg. L?ancien chef d?état-major général de l?armée de Terre, le général Halder mis à la retraite à la fin de 1942, avait également adhéré au complot.
A l?Est, derrière le major-général von Tresckow, chef d?E.M de la 2ème armée, l?un des moteurs de la conspiration, qui avait organisé et manqué un mars 1943 deux attentats contre Hitler, à l?Ouest avec von Stülpnagel à Paris et von Falkenhaussen en Belgique, les rangs des anti-nazis s?étaient fortifiés à la suite des défaites militaires et du débarquement allié.
Toutes les dispositions étaient prises, croyait-on, pour assurer la bonne marche du « plan Walkyrie », ainsi baptisé par les conspirateurs afin de créer une confusion avec celui que le Führer avait lui-même désigné sous ce vocable pour la répression de troubles éventuels.
Mais les conspirateurs n?avaient pu obtenir un accord ferme des maréchaux Rommel et Von Kluge qui venait de succéder à von Rundstedt à la tête du front de l?Ouest. Rommel promettait de « contribuer à l?arrestation du Führer », estimant que son devoir était « de venir au secours de l?Allemagne » mais rien de plus. Kluge se bornait à reconnaître qu?il fallait « agir contre Hitler ».
Quant au maréchal Fromm, commandant de l?armée de l?intérieur, il promettait tout un jour, pour faire marche arrière le lendemain. La versatilité de son attitude inspirait une profonde méfiance. En somme, peu de généraux détenant des commandements importants avaient adhéré à la conjuration. Mais à défaut de « marcher », ceux qui avaient été sollicités ou informés, ne dévoilèrent pas l?existence de cette conspiration.
A côté des militaires se trouvaient des hommes éminents venus d?horizon très divers. Aristocrates, juristes et diplomates, prêtres catholiques ou pasteurs protestants. Ils formaient autour du comte Von Moltke le cercle de Kreisau, nom du domaine des Moltke. S?étaient ralliés à eux des sociaux-démocrates comme Julius Leber, Reichwein et Holbach, des syndicalistes chrétiens comme Jacob Kaiser, tous animés par une haute idée de leurs devoirs de chrétiens.
Le 20 juillet, Stauffenberg et von Haeften, chacun avec sa bombe, quittent Berlin à six heures du matin et prennent la route de l?aérodrome de Rangsdorff. Le général-major Stieff, chef du bureau de l?organisation à l?O.K.H., qui a procuré les bombes comme il l?avait fait en 1943 pour les attentats montés par von Tresckow, les attend au pied du Heinkel. Celui-ci est l?avion personnel du général Edward Wagner, quartier-maître général, qui l?a mis à leur disposition avec un pilote sûr.
Peu de mots sont prononcés. Chacun sait que la mort est au bout du voyage. L?appareil décolle à 7 heures. Stauffenberg est pleinement confiant en survolant les 550 km qui séparent Berlin de l?aérodrome de Rastenburg. Il est sûr de sa bombe. Et les conjurés sont sur le pied de guerre à Berlin. L?avion arrive à destination à 10h15.
A SUIVRE ....
Prochains episodes : "une sortie précipitée" et "Stauffenberg, persuadé d'avoir réussi"
CORDIALEMENT VERO