Batterie de Maisy
Posté : 10 août, 09:16
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Avertissement aux lecteurs : ce débat contient des pages 1 à 22 des réflexions dédiées aux infrastructures de la batterie de Maisy. Il a vu l'intervention de passionnés, d'historiens et permet aujourd'hui de mieux connaître le site en lui-même.
A partir de la page 22, le débat sur l'histoire du site dans le Jour J commence et est toujours en cours.
Pour un résumé global et objectif de ce qui pourrait être appellé >, cliquez sur le lien suivant :
https://www.dday-overlord.com/debarquem ... aisy/debat
Cordialement.
Marc Laurenceau
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Suite à l'impressionnante redécouverte d'une immense batterie allemande enterrée, formée de deux points d'appui (Wn 83 et Wn 84) au sud-ouest de l'actuelle localité de Grandcamp-Maisy (Calvados), de nombreux articles ont été rédigés à ce sujet dans les médias locaux. A ce jour, l'un d'entre eux critique ouvertement Gary Sterne, le propriétaire de ces terrains. J'aimerai ici faire une réflexion sur cet article et tenter de comprendre pourquoi la batterie de Maisy est aujourd'hui le propos d'un débat si virulent.
En effet, depuis les premiers travaux effectués par Gary Sterne (un collectionneur anglais passionné par la Seconde Guerre Mondiale, auteur de l'ouvrage The International Militaria Collector's Guide, qui a racheté une grande partie de la batterie terrain après terrain et qui souhaite toujours en obtenir d'autres afin de reconstituer totalement l'espace occupé par les 2 batteries) en septembre 2005, de nombreuses interrogations sont apparues. Sterne a affirmé avoir mis à jour "l'une des batteries, voire LA batterie la plus importante de toute la Normandie".
Quelques temps après, en janvier 2006, la redécouverte a été rendue officielle par les médias, qui se sont relayés l'information. Très vite, les historiens du Débarquement et le Centre Académique de Caen ont tiré la sonnette d'alarme.
Ainsi le CARIM (Centre Académique de Ressources Informatiques et Multimédias en Histoire-Géographie) de l'Académie de Caen explique dans son journal officiel N°20 de Mars Avril 2006 qu'il s'agit d'une "pseudo découverte sensationnelle" :
> "La pseudo découverte sensationnelle...de la batterie de Maisy : en janvier, les médias ont annoncé une découverte "sensationelle", par un "passionné" britannique, d'une batterie inconnue à Maisy. Gary Sterne raconte "le site le plus important... la batterie de la pointe du Hoc était un leurre.... ...C'était ici le commandement" et les journalistes, à leur tour, répètent ! Malheureusement, l'amateur aurait du lire n'importe quel ouvrage traitant du mur de l'Atlantique ou tout simplement un ouvrage sur "Grandcamp de 1939 à 1945" pour savoir que cette batterie était répertoriée et parfaitement connue ! Seulement recouverte de broussailles comme tant d'autres après son bombardement dans la nuit du 5 au 6 juin. Jean Quellien a d'ailleurs rappelé le rôle mineur de cette batterie et dénoncé l'affabulation de G Stern.
Du sensationnel dans un but mercantile, voilà la vérité, en effet G Sterne veut profiter de la proximité du cimetière américain et de la pointe du Hoc pour attirer des visiteurs sur le site qu'il a acquis."
Face à un tel discours, je suis allé rencontrer Gary Sterne sur le site même en août 2006, dans le cadre d'une visite privée. Il m'a conduit au-dessus d'une large butte de terre longée par une imposante haie infranchissable et m'a dit : "Nous sommes situé au-dessus d'un bunker qui se trouve enterré sous 2 mètres de pierres et de terre. Maintenant, si tout le monde connait cette batterie, je vous demande la forme de ce bunker et son rôle du 6 au 9 juin 1944 ".
Il est en effet impossible de répondre. J'ai été suffisament de fois à cette batterie pour dire qu'il ne s'agit pas de simples "broussailles", mais bien de mètres de terre. Sterne a déterré la plupart des encuvements et des bunkers, certainements recouverts de terre par les militaires et les paysans après les combats. Personne avant lui n'avait pu circuler d'un bunker à l'autre en utilisant le tracé des tranchées allemandes : aucun historien n'avait eu accès avant Sterne aux encuvements de la batterie. J'en veux pour exemple que Helmut Konrad von Keusgen, passionné allemand du Mur de l'Atlantique et auteurs de plusieurs livres sur des points fortifiés allemands en Normandie, ne connaissait que de nom l'existence de cette batterie : pour rédiger son dernier ouvrage "Pointe du Hoc", il a lui-même téléphoné à Gary Sterne afin de connaître les moyens déployés par les forces allemands à Maisy. Dans ce livre, j'ai retrouvé les mêmes informations que m'a communiqué Sterne, excepté certaines dont je ferai mention ci-dessous.
Une batterie "parfaitement connue"...
J'ai consulté le livre d'Alain Chazette ("Le Mur de l'Atlantique en Normandie") aux éditions Heimdal (2001). Sur 80 pages, il n'y a qu'un paragraphe quatre lignes sur cette batterie, indiquant la présence de 4 casemates protégeant des canons lourds.
J'ai visité la batterie à plusieurs reprises en compagnie de Sterne. Il s'agit en effet d'un site extraordinaire, de plus de 40 hectares, soit près de 4 fois la superficie du site de la Pointe du Hoc... Un site que personne n'a visité entièrement déterré auparavant. J'ai personnellement vu plusieurs emplacements pour canon. D'après les informations de Sterne, le site de Maisy en entier contenait :
- 12 canons de 88 mm
- 5 canons de 155 mm
- 4 canons de 100 mm
- Plusieurs canons de 50 mm
Si ces informations sont exactes, il apparaît que plus de 12 canons, et pas des moindres, ont été "oubliés" par Chazette. D'autant plus qu'il n'est fait que mention des pièces de 155, sans jamais connaître leur nombre exact. Pour une batterie "parfaitement connue", on est loin du compte. Le mystère demeure...
Ces informations laissent planer le doute sur l'histoire méconnue de cette batterie. Pourquoi un tel silence sur un site qui semble être l'un des plus importants en Basse-Normandie ?
L'article de CARIM poursuit : >
Cette phrase - si tels sont vraiment les mots de Quellien - est problématique. Sa compréhension dépend du point de vue : mineur à propos des batailles, de l'importance du site, des enjeux américains ?
Contrairement à la Pointe du Hoc, la batterie de Maisy a pu ouvrir le feu (d'après le témoignage de Sterne) sur la plage de Omaha jusqu'au matin du 9 juin 1944. Si tel est le cas, la batterie de la Pointe du Hoc a joué un rôle mineur, parce que les canons n'étaient pas en place le Jour J. La batterie de Maisy a joué un rôle majeur, parce qu'elle représentait une puissance de feu importante face aux Alliés, et parce qu'elle a ouvert le feu.
Si l'on considère l'importance d'un site en fonction des combats qui s'y sont déroulés, on ne peut pas encore juger à ce jour de la valeur de la batterie de Maisy, car rares sont les ouvrages qui décrivent les combats du 9 juin 1944 dans ce secteur.
Maintenant apparaît une nouvelle interrogation : comment les Alliés ont-ils abordé la batterie de Maisy ? Celle-ci devait être bombardée dans la nuit du 5 au 6 juin par l'aviation alliée, à l'aube et dans la journée du 6 juin par le bâtiment de guerre britannique HMS Hawkins. D'après les rapports du HMS Hawkins (cité par Sterne) : "le site a été fortement bombardé, quelques pièces furent ensevelies et neutralisées".
Sterne m'a montré les bunkers de près et m'a demandé : "Que voyez-vous ?" J'ai répondu : "Je vois des bunkers en parfait état, sans traces d'éclats, exceptés à l'arrière (côté Sud) de ces installations". Et c'est bien ça le problème : la batterie ne semble pas avoir souffert du bombardement. Les éclats côté Sud sont, selon Sterne, les traces du combat d'infanterie qui a opposé les défenseurs allemands aux Rangers américains dans la matinée du 9 juin 1944. Ces derniers ont attaqué la batterie par le Sud avec des Half-Tracks.
Le livre "Pointe du Hoc" de Konrad von Keusgen reprend les rapports officiels du HMS Hawkins et affirme ainsi à son tour que la batterie a été lourdement bombardée. Mais sur le site même, on ne trouve pas de telles traces. D'après Sterne, des obus isolés ont effectivement touché la batterie, mais sans faire de terribles dégats.
Enfin, l'article du CARIM explique que cette affaire n'est qu'une affaire de gros sous.
Selon eux, Sterne voudrait faire de la publicité pour attirer des visiteurs et faire de l'argent.
Je me suis rendu sur les lieux et j'ai vu moi-même un site historique hors du commun. Sterne, avec l'aide d'historiens, doit encore écrire l'histoire de la batterie de Maisy, pour mieux comprendre son rôle, ses capacités le Jour J, et pourquoi elle est si soudainement tombée dans l'oubli. Et c'est ici ce qui semble réellement sensationnel : plus de 62 ans après le débarquement, l'histoire n'est pas entièrement écrite.
Sterne souhaitait ouvrir son site dès juillet 2006 aux touristes. A ce jour, ils ne sont pas encort admis.
A ce stade de la réflexion, j'en viens maintenant aux conclusions.
Pour mieux comprendre l'histoire de cette batterie oubliée, il faut aujourd'hui retrouver les rapports militaires, les témoignages de vétérans et les photographies d'époque pour donner au site une identité complète. Mais il faut aussi se rendre sur le terrain. Si de tels oublis ont été possibles, c'est parce que certains travaux historiques n'ont pas été fait sérieusement, parce que le site restait presque entièrement enfoui, muet.
Mais pourquoi s'en prendre si brusquement à Gary Sterne ? Parce qu'il n'est pas encore connu ni reconnu dans le domaine. Il n'a effectivement pas écrit d'ouvrage historique sur le Débarquement de Normandie : il travaille à ce jour pour une revue consacrée au militaria ("The Armourer Magazine"), et collectionne, comme je l'ai déjà expliqué plus haut, du matériel militaire en rapport avec cette période. Mais cet "amateur", comme aiment à l'appeler ses détracteurs, est en passe d'être à la tête d'un des plus grand sites du Mur de l'Atlantique, qui pourra bientôt être visité, ce qui fait probablement peur à certains (flux de touristes...) et suscite la jalousie chez d'autres.
Marc LAURENCEAU
DDay-Overlord.com
Avertissement aux lecteurs : ce débat contient des pages 1 à 22 des réflexions dédiées aux infrastructures de la batterie de Maisy. Il a vu l'intervention de passionnés, d'historiens et permet aujourd'hui de mieux connaître le site en lui-même.
A partir de la page 22, le débat sur l'histoire du site dans le Jour J commence et est toujours en cours.
Pour un résumé global et objectif de ce qui pourrait être appellé >, cliquez sur le lien suivant :
https://www.dday-overlord.com/debarquem ... aisy/debat
Cordialement.
Marc Laurenceau
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Suite à l'impressionnante redécouverte d'une immense batterie allemande enterrée, formée de deux points d'appui (Wn 83 et Wn 84) au sud-ouest de l'actuelle localité de Grandcamp-Maisy (Calvados), de nombreux articles ont été rédigés à ce sujet dans les médias locaux. A ce jour, l'un d'entre eux critique ouvertement Gary Sterne, le propriétaire de ces terrains. J'aimerai ici faire une réflexion sur cet article et tenter de comprendre pourquoi la batterie de Maisy est aujourd'hui le propos d'un débat si virulent.
En effet, depuis les premiers travaux effectués par Gary Sterne (un collectionneur anglais passionné par la Seconde Guerre Mondiale, auteur de l'ouvrage The International Militaria Collector's Guide, qui a racheté une grande partie de la batterie terrain après terrain et qui souhaite toujours en obtenir d'autres afin de reconstituer totalement l'espace occupé par les 2 batteries) en septembre 2005, de nombreuses interrogations sont apparues. Sterne a affirmé avoir mis à jour "l'une des batteries, voire LA batterie la plus importante de toute la Normandie".
Quelques temps après, en janvier 2006, la redécouverte a été rendue officielle par les médias, qui se sont relayés l'information. Très vite, les historiens du Débarquement et le Centre Académique de Caen ont tiré la sonnette d'alarme.
Ainsi le CARIM (Centre Académique de Ressources Informatiques et Multimédias en Histoire-Géographie) de l'Académie de Caen explique dans son journal officiel N°20 de Mars Avril 2006 qu'il s'agit d'une "pseudo découverte sensationnelle" :
> "La pseudo découverte sensationnelle...de la batterie de Maisy : en janvier, les médias ont annoncé une découverte "sensationelle", par un "passionné" britannique, d'une batterie inconnue à Maisy. Gary Sterne raconte "le site le plus important... la batterie de la pointe du Hoc était un leurre.... ...C'était ici le commandement" et les journalistes, à leur tour, répètent ! Malheureusement, l'amateur aurait du lire n'importe quel ouvrage traitant du mur de l'Atlantique ou tout simplement un ouvrage sur "Grandcamp de 1939 à 1945" pour savoir que cette batterie était répertoriée et parfaitement connue ! Seulement recouverte de broussailles comme tant d'autres après son bombardement dans la nuit du 5 au 6 juin. Jean Quellien a d'ailleurs rappelé le rôle mineur de cette batterie et dénoncé l'affabulation de G Stern.
Du sensationnel dans un but mercantile, voilà la vérité, en effet G Sterne veut profiter de la proximité du cimetière américain et de la pointe du Hoc pour attirer des visiteurs sur le site qu'il a acquis."
Face à un tel discours, je suis allé rencontrer Gary Sterne sur le site même en août 2006, dans le cadre d'une visite privée. Il m'a conduit au-dessus d'une large butte de terre longée par une imposante haie infranchissable et m'a dit : "Nous sommes situé au-dessus d'un bunker qui se trouve enterré sous 2 mètres de pierres et de terre. Maintenant, si tout le monde connait cette batterie, je vous demande la forme de ce bunker et son rôle du 6 au 9 juin 1944 ".
Il est en effet impossible de répondre. J'ai été suffisament de fois à cette batterie pour dire qu'il ne s'agit pas de simples "broussailles", mais bien de mètres de terre. Sterne a déterré la plupart des encuvements et des bunkers, certainements recouverts de terre par les militaires et les paysans après les combats. Personne avant lui n'avait pu circuler d'un bunker à l'autre en utilisant le tracé des tranchées allemandes : aucun historien n'avait eu accès avant Sterne aux encuvements de la batterie. J'en veux pour exemple que Helmut Konrad von Keusgen, passionné allemand du Mur de l'Atlantique et auteurs de plusieurs livres sur des points fortifiés allemands en Normandie, ne connaissait que de nom l'existence de cette batterie : pour rédiger son dernier ouvrage "Pointe du Hoc", il a lui-même téléphoné à Gary Sterne afin de connaître les moyens déployés par les forces allemands à Maisy. Dans ce livre, j'ai retrouvé les mêmes informations que m'a communiqué Sterne, excepté certaines dont je ferai mention ci-dessous.
Une batterie "parfaitement connue"...
J'ai consulté le livre d'Alain Chazette ("Le Mur de l'Atlantique en Normandie") aux éditions Heimdal (2001). Sur 80 pages, il n'y a qu'un paragraphe quatre lignes sur cette batterie, indiquant la présence de 4 casemates protégeant des canons lourds.
J'ai visité la batterie à plusieurs reprises en compagnie de Sterne. Il s'agit en effet d'un site extraordinaire, de plus de 40 hectares, soit près de 4 fois la superficie du site de la Pointe du Hoc... Un site que personne n'a visité entièrement déterré auparavant. J'ai personnellement vu plusieurs emplacements pour canon. D'après les informations de Sterne, le site de Maisy en entier contenait :
- 12 canons de 88 mm
- 5 canons de 155 mm
- 4 canons de 100 mm
- Plusieurs canons de 50 mm
Si ces informations sont exactes, il apparaît que plus de 12 canons, et pas des moindres, ont été "oubliés" par Chazette. D'autant plus qu'il n'est fait que mention des pièces de 155, sans jamais connaître leur nombre exact. Pour une batterie "parfaitement connue", on est loin du compte. Le mystère demeure...
Ces informations laissent planer le doute sur l'histoire méconnue de cette batterie. Pourquoi un tel silence sur un site qui semble être l'un des plus importants en Basse-Normandie ?
L'article de CARIM poursuit : >
Cette phrase - si tels sont vraiment les mots de Quellien - est problématique. Sa compréhension dépend du point de vue : mineur à propos des batailles, de l'importance du site, des enjeux américains ?
Contrairement à la Pointe du Hoc, la batterie de Maisy a pu ouvrir le feu (d'après le témoignage de Sterne) sur la plage de Omaha jusqu'au matin du 9 juin 1944. Si tel est le cas, la batterie de la Pointe du Hoc a joué un rôle mineur, parce que les canons n'étaient pas en place le Jour J. La batterie de Maisy a joué un rôle majeur, parce qu'elle représentait une puissance de feu importante face aux Alliés, et parce qu'elle a ouvert le feu.
Si l'on considère l'importance d'un site en fonction des combats qui s'y sont déroulés, on ne peut pas encore juger à ce jour de la valeur de la batterie de Maisy, car rares sont les ouvrages qui décrivent les combats du 9 juin 1944 dans ce secteur.
Maintenant apparaît une nouvelle interrogation : comment les Alliés ont-ils abordé la batterie de Maisy ? Celle-ci devait être bombardée dans la nuit du 5 au 6 juin par l'aviation alliée, à l'aube et dans la journée du 6 juin par le bâtiment de guerre britannique HMS Hawkins. D'après les rapports du HMS Hawkins (cité par Sterne) : "le site a été fortement bombardé, quelques pièces furent ensevelies et neutralisées".
Sterne m'a montré les bunkers de près et m'a demandé : "Que voyez-vous ?" J'ai répondu : "Je vois des bunkers en parfait état, sans traces d'éclats, exceptés à l'arrière (côté Sud) de ces installations". Et c'est bien ça le problème : la batterie ne semble pas avoir souffert du bombardement. Les éclats côté Sud sont, selon Sterne, les traces du combat d'infanterie qui a opposé les défenseurs allemands aux Rangers américains dans la matinée du 9 juin 1944. Ces derniers ont attaqué la batterie par le Sud avec des Half-Tracks.
Le livre "Pointe du Hoc" de Konrad von Keusgen reprend les rapports officiels du HMS Hawkins et affirme ainsi à son tour que la batterie a été lourdement bombardée. Mais sur le site même, on ne trouve pas de telles traces. D'après Sterne, des obus isolés ont effectivement touché la batterie, mais sans faire de terribles dégats.
Enfin, l'article du CARIM explique que cette affaire n'est qu'une affaire de gros sous.
Selon eux, Sterne voudrait faire de la publicité pour attirer des visiteurs et faire de l'argent.
Je me suis rendu sur les lieux et j'ai vu moi-même un site historique hors du commun. Sterne, avec l'aide d'historiens, doit encore écrire l'histoire de la batterie de Maisy, pour mieux comprendre son rôle, ses capacités le Jour J, et pourquoi elle est si soudainement tombée dans l'oubli. Et c'est ici ce qui semble réellement sensationnel : plus de 62 ans après le débarquement, l'histoire n'est pas entièrement écrite.
Sterne souhaitait ouvrir son site dès juillet 2006 aux touristes. A ce jour, ils ne sont pas encort admis.
A ce stade de la réflexion, j'en viens maintenant aux conclusions.
Pour mieux comprendre l'histoire de cette batterie oubliée, il faut aujourd'hui retrouver les rapports militaires, les témoignages de vétérans et les photographies d'époque pour donner au site une identité complète. Mais il faut aussi se rendre sur le terrain. Si de tels oublis ont été possibles, c'est parce que certains travaux historiques n'ont pas été fait sérieusement, parce que le site restait presque entièrement enfoui, muet.
Mais pourquoi s'en prendre si brusquement à Gary Sterne ? Parce qu'il n'est pas encore connu ni reconnu dans le domaine. Il n'a effectivement pas écrit d'ouvrage historique sur le Débarquement de Normandie : il travaille à ce jour pour une revue consacrée au militaria ("The Armourer Magazine"), et collectionne, comme je l'ai déjà expliqué plus haut, du matériel militaire en rapport avec cette période. Mais cet "amateur", comme aiment à l'appeler ses détracteurs, est en passe d'être à la tête d'un des plus grand sites du Mur de l'Atlantique, qui pourra bientôt être visité, ce qui fait probablement peur à certains (flux de touristes...) et suscite la jalousie chez d'autres.
Marc LAURENCEAU
DDay-Overlord.com