Feuilleton : Mister Arizona saute sur la Normandie
Posté : 02 févr., 11:26
John W. "Johnny" Gibson était né un 27 aout 1921 à Humbolt, Dakota du sud. Il est décédé en Arizona en 2010. Il avait rejoint l'US Army dès le 4 septembre 1942 à Tucson, AZ, et avait demandé à intégrer les paratroops. Il suit sa formation à Toccoa, avant la Parachute school à Benning, au sein de G/506th. Très sportif, il s'intéresse à tout ce qui touche la remise en forme et intègre l'équipe de boxe du régiment.
Il saute avec la 101st sur la Normandie le Jour J. Il est capturé au lever du jour le 6 juin et conduit à Rennes, où les armées de Patton le libèreront le 4 aout 1944. Il pourra ainsi retrouver son unité pour sauter en Hollande, et participer au siège de Bastogne. Il reçoit une balle dans le poumon et dans le foie le 9 janvier près de Noville alors qu'il panse son capitaine Jim Morton. Il sera hospitalisé durant 11 mois, avant d'être démobilisé le 5 décembre 1945 avec grade de sergent. Johnny retournera en Arizona où il se consacrera à sa passion, le fitness, la remise en reforme. Il remportera à deux reprises en 1950 et 1951 le titre de Mister Arizona.
Son expérience du Jour J a été dramatique, cauchemardesque, ainsi qu'en témoigne son récit que je vous propose sous forme de feuilleton:
"Il devait être environ minuit en ce 5 juin 1944 quand j'ai jeté un coup d'oeil par le hublot de notre avion de transport, et ai aperçu une lune magnifique qui jetait des reflets d'argent sur la Manche en dessous de nous. Le miroitement argenté balayait la grande mare et m'aida à retirer de mon esprit les effroyables expériences à venir. Se faire entendre malgré le bruit des moteurs était quasiment impossible, mais j'ai crié en direction de mon voisin ; "Comment te sens tu, Lee?" Après deux essais pour me faire comprendre, sa réponse me parvint, "Mieux que je ne croyais, et toi?"Je lui criai la même réponse qu'il venait de me donner, mais en mon for intérieur, je frissonnais. J'avais l'estomac noué et mes mains ruisselaient d'une sueur froide. J'ai pensé à un milliard de choses alors que nous volions vers la côte française. Je n'oublierai jamais la beauté de cette lune, et combien elle me rappelait celle qui brille si merveilleusement dans le désert près de ma maison en Arizona.
Il y avait aussi des nuages cette nuit là et on les traversait pour tout de suite tomber sur d'autres. Durant ces instants entre deux bancs de nuage, la lune brillait à travers les hublots de l'avion, illuminant l'intérieur. Bien que noircis au charbon de bois, je distinguais les expressions des visages. Certains regardaient droit devant eux, avec les mâchoires serrées, avec un grand sérieux sur leur visage. D'autres semblaient tristes et abattus. Tous semblaient concernés et anxieux. Anxieux d'en terminer avec cette guerre et de rentrer à la maison. Ces hommes qui avaient la réputation d'être les tueurs les plus élitistes de l'armée n'étaient absolument pas des meurtriers. Contrairement aux déclarations allemandes affirmant que les parachutistes américains étaient tous d'anciens taulards condamnés pour meurtre et dénués d'humanité, les visages que je contemplais cette nuit là sous les rayons de lune appartenaient à des hommes qui avaient librement choisi d'effectuer une tâche difficile en réponse à un fort appel intérieur. Ces hommes avaient depuis longtemps prouvé qu'aucune tâche n'était trop ardue pour eux. Il n'y avait pas de missions trop difficile à essayer d'accomplir. Le sentiment de fierté pour leurs proches et pour leur pays, ajouté à leur désir de rentrer à la maison, avaient consolider une forme de courage intérieur qui ne pouvait être détruite.
L'avion était balloté par le vent et chuta de plusieurs mètres dans un trou d'air, puis repris sa formation. Nous volions en formation serrée cette nuit là et on avait l'impression de pouvoir marcher d'un avion à l'autre.
On a changé de cap et en effectuant ce virage, j'ai pu voir sous la lune des avions sur ce qui semblait être des kilomètres et des kilomètres de long. Je savais que je ne voyais là qu'une fraction de la totalité de la flotte, et j'ai réalisé l'ampleur de l'expédition en cours. Je savais que le monde entier avait attendu ce moment durant des mois et des années. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une immense fierté de faire partie de l'avant garde de l'invasion de l'Europe et de déclencher le grand mouvement d libération.
On a poursuivi notre vol jusque vers une heure du matin en ce 6 juin 1944. Puis un des gars a crié : "There she is, boys!" Et j'ai su qu'il voulait dire que nous étions en vue des côtes de France….
TO BE CONTINUED….
Il saute avec la 101st sur la Normandie le Jour J. Il est capturé au lever du jour le 6 juin et conduit à Rennes, où les armées de Patton le libèreront le 4 aout 1944. Il pourra ainsi retrouver son unité pour sauter en Hollande, et participer au siège de Bastogne. Il reçoit une balle dans le poumon et dans le foie le 9 janvier près de Noville alors qu'il panse son capitaine Jim Morton. Il sera hospitalisé durant 11 mois, avant d'être démobilisé le 5 décembre 1945 avec grade de sergent. Johnny retournera en Arizona où il se consacrera à sa passion, le fitness, la remise en reforme. Il remportera à deux reprises en 1950 et 1951 le titre de Mister Arizona.
Son expérience du Jour J a été dramatique, cauchemardesque, ainsi qu'en témoigne son récit que je vous propose sous forme de feuilleton:
"Il devait être environ minuit en ce 5 juin 1944 quand j'ai jeté un coup d'oeil par le hublot de notre avion de transport, et ai aperçu une lune magnifique qui jetait des reflets d'argent sur la Manche en dessous de nous. Le miroitement argenté balayait la grande mare et m'aida à retirer de mon esprit les effroyables expériences à venir. Se faire entendre malgré le bruit des moteurs était quasiment impossible, mais j'ai crié en direction de mon voisin ; "Comment te sens tu, Lee?" Après deux essais pour me faire comprendre, sa réponse me parvint, "Mieux que je ne croyais, et toi?"Je lui criai la même réponse qu'il venait de me donner, mais en mon for intérieur, je frissonnais. J'avais l'estomac noué et mes mains ruisselaient d'une sueur froide. J'ai pensé à un milliard de choses alors que nous volions vers la côte française. Je n'oublierai jamais la beauté de cette lune, et combien elle me rappelait celle qui brille si merveilleusement dans le désert près de ma maison en Arizona.
Il y avait aussi des nuages cette nuit là et on les traversait pour tout de suite tomber sur d'autres. Durant ces instants entre deux bancs de nuage, la lune brillait à travers les hublots de l'avion, illuminant l'intérieur. Bien que noircis au charbon de bois, je distinguais les expressions des visages. Certains regardaient droit devant eux, avec les mâchoires serrées, avec un grand sérieux sur leur visage. D'autres semblaient tristes et abattus. Tous semblaient concernés et anxieux. Anxieux d'en terminer avec cette guerre et de rentrer à la maison. Ces hommes qui avaient la réputation d'être les tueurs les plus élitistes de l'armée n'étaient absolument pas des meurtriers. Contrairement aux déclarations allemandes affirmant que les parachutistes américains étaient tous d'anciens taulards condamnés pour meurtre et dénués d'humanité, les visages que je contemplais cette nuit là sous les rayons de lune appartenaient à des hommes qui avaient librement choisi d'effectuer une tâche difficile en réponse à un fort appel intérieur. Ces hommes avaient depuis longtemps prouvé qu'aucune tâche n'était trop ardue pour eux. Il n'y avait pas de missions trop difficile à essayer d'accomplir. Le sentiment de fierté pour leurs proches et pour leur pays, ajouté à leur désir de rentrer à la maison, avaient consolider une forme de courage intérieur qui ne pouvait être détruite.
L'avion était balloté par le vent et chuta de plusieurs mètres dans un trou d'air, puis repris sa formation. Nous volions en formation serrée cette nuit là et on avait l'impression de pouvoir marcher d'un avion à l'autre.
On a changé de cap et en effectuant ce virage, j'ai pu voir sous la lune des avions sur ce qui semblait être des kilomètres et des kilomètres de long. Je savais que je ne voyais là qu'une fraction de la totalité de la flotte, et j'ai réalisé l'ampleur de l'expédition en cours. Je savais que le monde entier avait attendu ce moment durant des mois et des années. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une immense fierté de faire partie de l'avant garde de l'invasion de l'Europe et de déclencher le grand mouvement d libération.
On a poursuivi notre vol jusque vers une heure du matin en ce 6 juin 1944. Puis un des gars a crié : "There she is, boys!" Et j'ai su qu'il voulait dire que nous étions en vue des côtes de France….
TO BE CONTINUED….