Source :
http://www.ouest-france.fr/musee-de-la- ... ns-2083097
Berjou - 01 Avril par Maxime HUTEAU
Musée de la Libération : polémique sur fond d'élections
La campagne a envenimé les relations entre le maire sortant et Romain Bon, le propriétaire du musée de la Libération, candidats sur deux listes différentes. Le lieu est fermé depuis dimanche.
À quelques mois du 70e anniversaire du Débarquement, le conflit tombe mal. Il touche ce petit musée associatif, retraçant les combats qui se sont déroulés les 15 et 16 août 1944 autour du Noireau, entre Alliés et Allemands.
Le musée ouvre tous les dimanches après-midi de mai à septembre, et se visite sur rendez-vous toute l'année. Mais dimanche, après une dernière visite de groupe, son propriétaire a baissé le rideau. « Le temps de la réflexion », explique Romain Bon. En toile de fond, les élections municipales, pendant lesquelles il était candidat sur une liste dissidente à celle du maire. Le premier tour a abouti à la réélection du maire, Didier Vieceli.
« Un malentendu »
Pendant la campagne, les tracts électoraux ont envenimé les relations. Pour Romain Bon, le maire s'est approprié le musée dans l'un d'entre eux : « Il évoquait l'aide de la municipalité pour la création, sa participation aux commémorations du 70e. » Et le propriétaire de se fendre d'un tract en retour, « rappelant que c'est nous qui avons acheté le bâtiment, payé sa mise aux normes, que c'est nous qui prenons en charge les cérémonies de commémoration. Je n'ai jamais demandé une subvention en six ans ! »
Dernier acte à deux jours du premier tour des élections : un tract du maire apportant un « rectificatif » au courrier du musée. Tout en y félicitant « l'excellente initiative » que constitue le musée, il regrette un « amalgame fait entre l'associatif et la campagne électorale » et invite à « ne pas mélanger intérêt personnel et aspiration au bien public ».
Cette dernière phrase, Romain Bon ne l'a pas digérée. « J'ai été blessé. Où est mon intérêt personnel ? Nous sommes bénévoles, l'entrée du musée est gratuite. Il fonctionne grâce aux dons. » Pour « marquer le coup », le propriétaire du musée a donc décidé d'une fermeture... provisoire. « Je veux que les gens comprennent qu'on n'a jamais rien demandé à la mairie. »
Le maire, Didier Vieceli, évoque un « malentendu, une erreur d'interprétation. J'ai fait ce dernier tract pour rétablir des vérités, pas dans le but de blesser qui que ce soit ». Il assure qu'il n'a jamais « essayé de s'approprier le musée », ni puni son ancien conseiller municipal de se présenter sur une liste dissidente : « Il en a tout à fait le droit, c'est la démocratie. » Et le maire de regretter : « Si le musée ferme, ce serait dommage pour les habitants de la commune, pour lui et pour moi. »
Une médiation ?
Dommage pour la commune, Romain Bon en a conscience : « Comment expliquer à ce grand-père, qui nous a apporté un casque allemand gardé pendant 70 ans, qu'on ferme à cause d'un conflit avec le maire ? » Les deux adversaires se rejoignent sur un point : « On n'aurait jamais dû mettre le musée dans le débat. »
Une rencontre est prévue entre Romain Bon et les soutiens du musée en milieu de semaine, afin de trouver une solution. Prendra-t-elle la forme d'une médiation ? Le conseiller général Philippe Senaux compte le proposer, dans l'intérêt de ce « musée exceptionnel ».
et Clémence HOLLEVILLE.