Décès du prix Nobel et résistant François Jacob

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Marc Laurenceau
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Décès du prix Nobel et résistant François Jacob

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Le prix Nobel et résistant François Jacob est mort à l'âge de 92 ans ce dimanche 21 avril.

François Jacob est né le 17 juin 1920 à Nancy ; son père était administrateur de sociétés.

Il commence ses études au lycée Carnot et les poursuit à la faculté de Médecine de Paris avec l'intention de devenir chirurgien.

Il se trouve encore étudiant lorsque la guerre éclate. De Saint-Jean-de-Luz, il embarque le 21 juin 1940 à bord du Batory, bâtiment polonais, à destination de l’Angleterre et s'engage dans les Forces françaises libres à Londres le 1er juillet.

Ne pouvant obtenir de servir dans l’artillerie, il est nommé médecin auxiliaire le 15 août 1940 et prend part à l'expédition de Dakar.

Il participe ensuite à la fin de la campagne du Gabon en novembre 1940.

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Affecté au Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST), en novembre 1941, il sert dans différents postes tchadiens. Promu médecin sous-lieutenant en septembre 1942, il devient à cette date, médecin-chef de la 12e Compagnie du Régiment faisant preuve d’un dévouement constant et d’un rare mérite.

François Jacob prend part à la seconde campagne du Fezzan avec la Colonne Leclerc, future 2e Division blindée, et à celles de Tripolitaine et de Tunisie, se distinguant par son courage. Ainsi, à maintes reprises, il se poste en première ligne et en ramène des blessés sous le feu de l'ennemi. Blessé lui-même le 10 mai 1943 au Djebel Garci, par des éclats de mortier au bras, il n'accepte de quitter la ligne de feu que le 11 au matin, après s'être assuré de l'imminence de son remplacement par un autre officier de Santé.

Il est ensuite affecté, le 1er juillet 1943 au Groupe sanitaire de Colonne n°2 qui devient, quatre mois plus tard, le 13e Bataillon médical de la 2e DB.

Rapatrié en Grande-Bretagne avec la Division en avril 1944, il débarque avec elle en Normandie le 1er août 1944 à Utah Beach. Le 8 août 1944, huit jours après le débarquement en Normandie de la 2e DB à Utah Beach, il est grièvement blessé au bras et à la jambe par 80 éclats de grenade aérienne, en relevant des blessés à Mortain. Evacué sur Cherbourg, puis sur Paris, est nommé médecin lieutenant à titre exceptionnel le 10 novembre 1944.

Sorti de l’hôpital du Val-de-Grâce le 30 janvier 1945 après six mois de soins, il est de nouveau hospitalisé deux mois jusqu’au 4 avril 1945. Il est démobilisé le 15 septembre suivant.

Après la guerre, François Jacob termine ses études de Médecine et soutient une thèse de Doctorat en Médecine à Paris en 1947.

Ne pouvant faire de chirurgie à cause de ses blessures, il s'essaie à différents métiers avant de se tourner vers la Biologie. Il obtient une licence ès-sciences en 1951, puis un Doctorat ès-sciences en 1954 à la Sorbonne.

En 1950, François Jacob entre à l'Institut Pasteur dans le service du Docteur André Lwoff. Il est successivement nommé Chef de laboratoire en 1956, puis en 1960 Chef du service de Génétique cellulaire récemment créé à l'Institut Pasteur.

En 1964, il est nommé Professeur de Génétique cellulaire au Collège de France.

Il a principalement travaillé sur les mécanismes génétiques des bactéries et des virus bactériens, sur les transferts d'information génétique et les mécanismes régulateurs de la cellule bactérienne.

Au cours des années, il a travaillé sur la Tératocarcinome de la souris comme modèle permettant d'étudier le développement embryonnaire chez la souris.

Avec plusieurs centaines d’articles, il a publié deux livres scientifiques : Les bactéries lysogènes et la notion de provirus et, avec Elie Wollman, Sexuality and the genetics of bacteria. En outre, il a publié deux ouvrages plus généraux : La logique du vivant, une histoire de l'hérédité et Le jeu des possibles, essai sur la diversité du vivant ainsi que ses souvenirs de guerre dans La Statue intérieure.

François Jacob a reçu plusieurs prix scientifiques français et notamment le prix Charles Léopold Mayer de l'académie des Sciences (1962). En 1965, il a reçu avec André Lwoff et Jacques Monod, le Prix Nobel de Physiologie ou Médecine.

Il est devenu membre étranger de l'Académie royale des Lettres et Sciences du Danemark (1962), de l'American Academy of Arts and Sciences (1964), de la National Academy of Sciences des Etats-Unis (1969), de l'American Philosophical Society (1969), de la Royal Society à Londres (1973), de l'Académie Royale de Médecine de Belgique (1973). Il est membre de l'Académie des Sciences de Paris depuis 1977.

De 1982 à 1988, François Jacob préside le conseil d’administration de l’Institut Pasteur.

Elu à l'Académie française en 1996, il devient membre du Conseil de l'Ordre de la Libération en juillet 1997.

Par décret du 12 octobre 2007, M. le professeur François Jacob est nommé chancelier de l'Ordre de la Libération. Il exerce ses fonctions jusqu'à la fin de son mandat en octobre 2011.

• Grand Croix de la Légion d'Honneur
• Compagnon de la Libération - décret du 17 novembre 1945
• Grand Officier de l'Ordre National du Mérite
• Croix de Guerre 39/45 (5 citations)
• Médaille Coloniale avec agrafes « Fezzan-Tripolitaine », « Tunisie »
• Médaille des Blessés

Principales publications :

• La logique du vivant, Paris 1970
• Le jeu des possibles : essai sur la diversité du vivant, Paris 1986
• La statue intérieure, Paris 1987
• La Souris, la mouche et l'homme, Paris 1997.

Source
Marc Laurenceau
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Araya
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Re: Décès du prix Nobel et résistant François Jacob

Message non lu par Araya »

le recit au moment de sa blessure.
8 aout 1944 23h30 entre Saint Senier de Beuvron et Saint aubin de terregats,(a 35 km de mortain ndlr) vrombrissement de Junker invisible dans la nuit,la 2eme Cie médicale s'apprete a prendre la route.Lorsque les 1eres bombes eclatent dans le champ voisin,nous avons juste le temps,le sergent et moi,de sauter de notre camionnette pour plonger dans le fossé.Cris dans la nuit,explosions qui secouent le champ.Les voitures prennent feu,je reste immobile dans mon fossé.
Le silence retombe vite dechiré par les cris des bléssés.Dans la prairie où bivouaquait la 2eme Cie,plusieurs hommes restent à terre.Non loin de moi,le lieutenant Benillouz geint doucement allongé pres d'une voiture,les traits crispés.A son flanc,une tache de sang s'elargit.Je lui souris.Je veux plaisanter.Je commence à fendre son blouson et sa chemise pour lui appliquer un pansement.Quand on entend à nouveau le halètement régulier des Junker qui reviennent.Le sous lieutenant Jacob n'ose quitter le lieut Benillouz qui lui a pris la main alors que tout le monde autour de lui court se mettre à l'abri."Je regarde le fossé avec envie,le fossé est là,à moins de 10 metres de moi.Pas question d'y trainer Benillouz ni de l'abandonner.Quand sifflent les 1ere bombes je me serre contre lui autant pour me faire le plus petit possible que pour l'abriter un peu.Pour la seconde fois la terre tremble se souleve dans un bruit de tonnerre.Les mottes giclent en tous sens.Si bien que me parait presque normale la secousse que je ressens avec violence sur le coté droit.Un instant,je reste sans bouger.Un instant que je cherche à prolonger le plus possible.Comme si je savais déjà que rien,après,ne serait pareil......

la route entre Saint Senier et Saint Aubin.
[img][IMG]http://img15.hostingpics.net/pics/815346jacob.jpg[/img][/img]
[youtube]NsYk8-Yzxj0[/youtube]
Florence
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Re: Décès du prix Nobel et résistant François Jacob

Message non lu par Florence »

Un grand Monsieur et une référence scientifique dans ma spécialité.
Je suis triste aujourd'hui.

Florence
Nous sommes conscients que ces Américains, là-bas vont à l'abattoir.
"Pauvres bougres" dit Frerking, incidemment à voie basse.....
J'ai moi aussi le sentiment de monter à l'échafaud.

Heinrich Severloh, WN62, Mémoires à Omaha beach
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