Pont-l’Évêque (Calvados)
Les villes de Normandie pendant les combats de 1944
Au pied des ruines de l’église Saint-Michel au centre-ville de Pont-l’Evêque, théâtre des violents combats du 23 août, des parachutistes de la 6th Airborne Division franchissent la poutrelle métallique, vestige du pont oriental sur la Touques. Photo : IWM
Libération : 24 août 1944
Unités engagées :
5th Parachute Brigade, 6th Airborne Division
No. 48 (Royal Marine) Commando, 4th Special Service Brigade, 6th Airborne Division
1er groupement indépendant belge « Brigade Piron », 6th Airborne Division
Infanterie-Regiment 744, 711. Infanterie-Division
Historique :
Avant le lancement de l’opération Overlord, le village de Pont-l’Évêque est occupé par les soldats de la 711. Infanterie-Division dont le poste de commandement est situé à Vauville.
Dans la soirée du 6 juin 1944, à 20 heures 22, le village de Pont-l’Évêque est bombardé par l’aviation alliée : le but est ralentir la progression des renforts allemands en direction de la ligne de front en détruisant la plupart des points de franchissement tels que les ponts sur la Touques : 17 victimes civiles sont à déplorer, tandis que 40 habitants sont blessés. Sept soldats allemands sont également tués lors de ce raid qui a détruit plus de 60% des constructions de la commune.
Plus de deux mois plus tard, le 22 août, la 6th Airborne Division cherche à s’emparer de Pont-l’Évêque, toujours tenu par les soldats allemands appartenant à l’Infanterie-Regiment 744 (711. Infanterie-Division). Une première reconnaissance de la route, réalisée par des éléments motorisés du 1er groupement indépendant belge provenant de Branville, atteint les abords de Pont-l’Evêque : ils sont aussitôt pris à partie par les défenseurs allemands. Les renseignements obtenus par les Belges permettent de confirmer que la prise de ce village ne se fera pas sans combattre. Ce dernier est situé en contre-bas de la vallée de la Touques, entouré de collines occupées par les observateurs d’artillerie. Dans l’après-midi, les soldats du No. 48 (Royal Marine) Commando (4th Special Service Brigade) abordent les hauteurs à l’Ouest de la cité et cherchent à définir le contour du dispositif adverse, engageant également de rapides escarmouches contre les défenseurs allemands.
Le général Gale ordonne alors au Brigadier Nigel Poett, commandant la 5th Parachute Brigade, de s’emparer de la commune et de sécuriser un maximum de points de franchissement sur la Touques. Initialement prévu dans la soirée du 22 août, l’offensive est finalement repoussée à l’après-midi du 23 août. Le 13th Battalion Parachute Regiment est ainsi chargé d’établir une tête de pont sur les deux rives, pendant que le 12th Yorkshire Battalion Parachute Regiment prend d’assaut le secteur de la gare.
Le 13th Para Regiment entame son assaut peu après le tir d’obus fumigènes britanniques. Dépassant le premier pont sur la Touques, les parachutistes anglais reçoivent le renfort de quatre chars Cromwell appartenant au 6th Airborne Armoured Recce Regiment et prennent position de part et d’autre de l’église, bousculant les forces adverses. Mais les Allemands intensifient leurs feux dans ce secteur, détruisant un char Cromwell et interdisant toute progression supplémentaire aux Anglais. Pendant ce temps, le Captain Baker, commandant la compagnie A du 12th Para Regiment, réalise également son assaut : il parvient à atteindre à la nage la rive opposée de la Touques mais, manquant de renforts et faisant face à des Allemands en surnombre, il doit se replier près de son point de départ. Les combats et les bombardements ont mis le feu au village, créant un gigantesque brasier.
Face à l’échec de cette offensive, Poett met un terme aux actions dans la soirée et ordonne à ses unités de s’installer en défense ferme pour la nuit. 95 parachutistes ont été mis hors de combat durant cette seule journée (56 pour le 12th Para Regiment et 39 pour le 13th Para Regiment). A l’aube du 24 août, une patrouille du 13th Para parvient à franchir le deuxième pont sur la Touques dont il ne reste qu’une poutrelle d’acier, et atteint la rive orientale de Pont-l’Évêque sans encombre. Le lieutenant-colonel Peter Luard, commandant le 13th Para, donne l’ordre à ses hommes de s’infiltrer par cet itinéraire et de sécuriser la tête de pont. Les Allemands parviennent néanmoins à contenir l’avance anglaise et interdisent l’accès aux autres quartiers de la commune, renouvelant les contre-attaques.
En début d’après-midi, les incendies reprennent dans Pont-l’Évêque, y compris en arrière des lignes britanniques, et risquent d’isoler les parachutistes : Poett donne l’ordre à sa réserve, le 7th Para Regiment, d’intervenir pour renverser le rapport de force et permettre au 13th Para de se réorganiser. Cette tactique s’avère payante : les Allemands se replient le long d’une nouvelle ligne de défense entre Saint-André-d’Hébertot et Saint-Benoît-d’Hébertot, abandonnant les ruines fumantes à leur adversaire. Ils ont perdu 127 soldats dans ces furieuses journées de combat. Au total, 30 Pontépiscopiens ont été tués lors des bombardements et des combats de la libération.
Carte de Pont-l’Évêque :
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