Caponnet – Hill 30 (Manche)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 10 juin 1944

Unités engagées :

Drapeau américain 501st Parachute Infantry Regiment, 101st Airborne Division

Drapeau américain 307th Airborne Engineer Battalion, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 507th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 508th Parachute Infantry Regiment, 82nd Airborne Division

Drapeau américain 358th Infantry Regiment, 90th Infantry Division

Drapeau américain 344th Field Artillery Battalion, 90th Infantry Division

Drapeau nazi Grenadier-Regiment 1057, 91. Infanterie Division

Drapeau nazi III/Grenadier-Regiment 1058, 91. Infanterie Division

Historique :

Le hameau de Caponnet est situé à moins d’un kilomètre au nord-ouest de Chef-du-Pont sur la rive ouest du Merderet. Placé sous la responsabilité du Grenadier-Regiment 1058 (91. Infanterie Division) au printemps 1944, ce petit village est sur un point haut qui domine la région (point coté 30, que les Américains appellent « hill 30« ). Le Jour-J, c’est à cet endroit que le 2e bataillon du 508th Parachute Infantry Regiment (82nd Airborne Division) commandé par le lieutenant-colonel Thomas J. B. Shanley doit se rassembler avant de débuter ses missions.

Aux premières heures du 6 juin 1944, les C-47 en tête du dispositif transportant le 508th PIR effectuent une bonne approche de la zone de largage mais le reste des pilotes ne suit pas, essentiellement en raison des tirs de la Flak allemande qui désorganisent les formations de vol. Le parachutage s’effectue entre 2 heures 08 et 2 heures 20 à une hauteur bien trop élevée, à 700 mètres d’altitude (alors que celui de la 101st Airborne Division est effectué à 150 mètres). En conséquence des difficultés rencontrées par les pilotes, seuls 33 des 132 sticks du 508th PIR atterrissent à moins d’un kilomètre de distance de la zone de saut. La moitié des parachutistes du régiment (soit environ 65 sticks) ne sont pas en mesure d’accomplir leur mission, soit parce qu’ils atterrissent à plus de 15 kilomètres de la DZ soit parce qu’ils sont totalement isolés et perdus dans la nuit.

Le lieutenant-colonel Shanley est largué à l’est de Picauville et décide de se diriger dans un premier temps vers le point de ralliement près du hameau de Caponnet avant d’attaquer les ponts sur la Douve à Beuzeville-la-Bastille et Pont-l’Abbé. Peu avant midi, il entre en liaison radio avec le lieutenant Norman McVicar commandant la compagnie D du 508th PIR et qui est parvenu à rassembler une soixantaine de parachutistes. Les deux éléments décident de se rejoindre pour unir leurs forces. Les Allemands multiplient les patrouillent et tentent de fixer Shanley pour l’empêcher de se réorganiser. En milieu d’après-midi, un troisième groupe, dirigé par l’adjoint du 1er bataillon du 508th PIR, le Major Shields Warren, vient renforcer ces éléments avec environ 150 parachutistes. Ces hommes s’installent en défensive pour la nuit dans le secteur du point coté 30 malgré les attaques incessantes de l’adversaire.

Toute la journée suivante, les parachutistes commandés par Shanley sont soumis à des tirs d’armes légères et d’obus : les Allemands harcèlent continuellement ces hommes qui tiennent bon malgré ce déluge de fer et de feu. L’état-major de la 82nd Airborne Division comprend rapidement que ces éléments, isolés sur la rive ouest du Merderet, doivent être renforcés le plus tôt possible, ou au moins ravitaillés, mais les Allemands empêchent toute manœuvre dans ce secteur composé d’importants découverts. Le colonel Roy E. Lindquist, chef de corps du 508th PIR, veut rétablir la liaison entre sa tête de pont à Chef-du-Pont et les parachutistes isolés sur le point coté 30 : une cinquantaine de soldats parviennent à atteindre la rive ouest du Merderet mais pas suffisamment dans la profondeur pour rejoindre les hommes de Shanley. Le terrain est également très compartimenté par de larges marécages inondés volontairement par les Allemands, ce qui est favorable à la défense. Les parachutistes parviennent toutefois à installer un barrage sur la route. Mais le 8 juin 1944, alors que les hommes du lieutenant-colonel Shanley n’ont plus de nourriture et sont à court de munitions, les Allemands contre-attaquent appuyés par des tirs de mortiers particulièrement précis et meurtriers, obligeant les Américains à abandonner le barrage routier et à se replier sur la rive est du Merderet, à hauteur de Chef-du-Pont : Shanley est à nouveau en danger au nord, à l’ouest et au sud de sa position.

Dans la soirée du 8 juin, le colonel Lindquist ordonne à Shanley de sécuriser la chaussée au sud de sa position afin de faire circuler un convoi de ravitaillement à son profit : les besoins en munitions, eau, vivres et matériel médical (en particulier du plasma) sont très urgents. Une patrouille de 23 parachutistes dirigés par le lieutenant Woodrow W. Millsaps (appartenant au Medical Detachment du 508th PIR) est alors déployée vers le sud en direction des ponts sur le Merderet pour sécuriser les abords de la chaussée jusqu’à la rive est. La patrouille engage plusieurs combats, appuyée et couverte par des parachutistes, parvenant in fine à remplir sa mission : le lieutenant Millsaps rend compte de son succès au colonel Lindquist. Malheureusement, ce dernier a décidé entre-temps de ne pas engager le convoi de ravitaillement en raison de la présence de nombreux ennemis au sud de la Douve. Shanley fait replier sa couverture le long de la chaussée, estimant qu’il n’est pas en nombre suffisant pour tenir davantage. Les parachutistes sont isolés pour une nuit supplémentaire, tandis que les Allemands maintiennent leur pression et continuent d’harceler leurs adversaires.

Le 10 juin 1944, le 358th Infantry Regiment commandé par le colonel James V. Thompson et appartenant à la 90th Infantry Division débute l’offensive dirigée vers Picauville depuis Chef-du-Pont à compter de 4 heures du matin. Les combats sont particulièrement violents et les fantassins américains progressent lentement. Néanmoins, appuyés par des éléments du 508th PIR, le 1er bataillon qui est en tête du dispositif parvient à bousculer les lignes allemandes malgré les tirs directs et indirects en provenance du château de l’Isle-Marie, au sud la chaussée. Ils s’emparent de Caponnet ce même jour, forçant leurs adversaires à se replier vers Picauville et Pont-l’Abbé.

 

Cartes de Caponnet :

Image : carte de Caponnet