Avranches (Manche)

Les villes de Normandie pendant les combats de 1944

Libération : 31 juillet 1944

Unités engagées :

Drapeau américain Combat Command A, 4th Armored Division

Drapeau américain 6th Armored Division

Drapeau américain 332nd Engineer General Service Regiment

Drapeau nazi Kamfgruppe Bacherer, 77. Infanterie Division

Historique :

La prise d’Avranches par les Américains, ce même jour, n’assure pas encore la rapide progression vers le sud. Un obstacle de taille barre encore la route à la 3e armée du général Patton : la Sélune. Ce fleuve, qui se jette dans la baie du Mont-Saint-Michel, traverse la commune de Pontaubault au sud d’Avranches. Un pont en pierre permet aux véhicules de le traverser : cet ouvrage d’art devient aussitôt pour les deux camps opposés un point d’intérêt majeur. Il est à noter qu’un autre pont, dédié au transport ferroviaire, franchi également le fleuve à l’ouest de la commune, mais il a été détruit les semaines précédentes par les bombardements alliés.

Le 31 juillet 1944, vers 20 heures, les troupes de reconnaissance du Combat Command A (CCA) de la 4th Armored Division, qui avaient reçu pour mission de renseigner la division sur la praticabilité des axes et des points de franchissement sur la Sélune, atteignent sans difficulté le pont. A leur grande surprise, celui-ci est encore utilisable malgré quelques dégâts, alors que le reste du village est en ruines. Leurs adversaires n’ont pas eu le temps de le détruire et se sont majoritairement repliés au sud de la Sélune, abandonnant en chemin du matériel et des blindés. Aussitôt, le CCA sécurise les approches du pont et réalise des reconnaissances de Pontaubault, libéré en l’absence de résistance allemande.

 Dans ce secteur, les Allemands sont aux ordres de l’Oberst Rudolf Bacherer, chef de corps du Grenadier-Regiment 1049 au début de la bataille de Normandie et qui commande désormais différentes unités de la 77. Infanterie-Division, rassemblées en groupements tactiques interarmes (Kampfgruppe). Dans la nuit du 31 juillet au 1er août, ils cherchent à reprendre le pont et le village, lançant sans succès plusieurs contre-attaques tandis que la 6th Armored Division réalise la relève par dépassement de la 4th Armored Division.

Voulant exploiter à la fois la prise du pont et le manque de coordination des unités adverses pour mettre en œuvre sa « Blitzkrieg », Patton presse ses troupes pour traverser au plus vite la Sélune, malgré les craintes des sapeurs qui aimeraient d’abord consolider les treize arches de l’ouvrage afin de permettre aux chars lourds de franchir en toute sécurité. Ainsi, du 1er au 3 août, sept divisions traversent Pontaubault, soit environ 100 000 soldats et 15 000 véhicules. L’accumulation des unités, concentrées dans ce véritable goulot d’étranglement, occasionne de nombreux embouteillages qui ne sont pas sans rappeler les ralentissements de l’armée allemande dans les Ardennes en mai 1940.

Le 4 et le 7 août, les Allemands organisent deux attaques aériennes visant les ponts sur la Sélune et la Sées afin d’empêcher les renforts américains de continuer à déferler vers le sud du Cotentin. Ils tirent à ces deux occasions plusieurs bombes planantes téléguidées Henschel Hs 293, conçues à l’origine comme armes antinavires et engagées pour la première fois contre des cibles terrestres, sans parvenir pour autant à leur but : le pont de Pontaubault reste utilisable.

Durant la deuxième moitié du mois d’août, les sapeurs américains du 332nd Engineer General Service Regiment sont chargés de remettre en état le pont ferroviaire. Ces impressionnants travaux sont réalisés en seulement douze jours : une structure métallique du type « Bailey » de près de 200 tonnes est utilisée, représentant ainsi l’un des travaux les plus audacieux réalisés par l’armée américaine pendant la libération. La sécurisation de ce pont permet de rouvrir la ligne de chemin de fer Pontaubault-Dol-Rennes-Le Mans, assurant ainsi l’évacuation des blessés par voie ferroviaire ainsi que le ravitaillement du front.

Carte de Pontaubault :