Le Mur de l’Atlantique en Normandie
Batterie de Crisbecq – Mur de l’Atlantique en Normandie
Photo : US National Archives
Présentation générale du Mur de l’Atlantique
en Normandie
L’organisation Todt
Une fois la France envahie, les forces allemandes se sont concentrées sur le front est, face aux Russes, laissant quelques dizaines de divisions en stationnement sur les côtes à l’ouest. Cependant, les officiers allemands s’attendent à un débarquement justement à l’ouest qui viendrait attirer les divisions de l’est pour désengager le front russe.
Pour prévenir tout débarquement, les Allemands font appel à l’organisation Todt, une entreprise militaire spécialisée dans les constructions à vocation militaires, comme des casemates, des routes empruntées par des blindées, etc. Dès 1941, des travaux commencent face à l’Angleterre, une fois la tentative d’invasion allemande d’Hitler annulée. Des fortifications en béton armé sont construites de la Norvège au Pays Basque espagnol et en Méditerranée, accompagnées de champs de mines, de milliers de kilomètres de barbelés, de nids de mitrailleuses et de lance-flammes, de défenses de plages, de fossés antichars…
Défenses de plages sur les côtes normandes (photo prise d’un appareil de reconnaissance allié). Photo : Bundesarchiv
Cette fortification, très vite appelée le « Mur de l’Atlantique », se renforce dans des zones « sensibles », face à l’Angleterre par exemple, au Pas-de-Calais, où un débarquement est plus que probable selon les généraux allemands. Des batteries côtières armées de canons de fort calibre sont construites à des endroits clés des côtes, pour protéger un port ou un estuaire.
Artillerie côtière allemande dirigée vers le large. Photo : Bundesarchiv
En août 1942, les Alliés organisent un raid « test » à Dieppe qui échoue, face aux fortifications allemandes, fautes de renforts. Les officiers de L’état-major allemand prennent conscience du risque majeur de dégarnir les côtes du nord-ouest de l’Europe : ils font stationner la XVe armée dans le Pas-de-Calais, forte de 150 000 hommes.
Les « Asperges de Rommel », poutres de bois devant éventrer les engins de débarquement. Photo : Bundesarchiv
Le général Rommel
Depuis janvier 1944, Rommel (surnommé « le renard du désert » en raison de ses victoires en Afrique du nord) est nerveux. Sous les ordres de von Rundstedt, il est responsable d’un secteur difficile : la côte normande, face aux côtes de l’Angleterre.
Un guetteur allemand regarde avec ses jumelles vers le large. Photo : Bundesarchiv
Il estime que le dispositif de défense de son secteur n’est pas suffisant : il décide alors de faire inonder les prairies pour empêcher l’arrivée de parachutistes, il fait planter des pieux le plus souvent minés sur les plages de Normandie, destinés à prévenir l’atterrissage de planeurs (on retrouve ce même dispositif à l’intérieur des terres) et l’accostage de péniches de débarquement. Son expérience des combats d’Afrique du nord lui est bénéfique et il sait que si les Alliés parviennent à débarquer sur les côtes contrôlées par les Allemands, il n’est pas pensable de pouvoir les rejeter à la mer plus tard.
Position allemande armée de deux mitrailleuses MG 34. Photo : Bundesarchiv
Un pieu miné, destiné à empêcher tout débarquement aérien ou naval, dans le secteur de Grandcamp-les-Bains. Photo : NARA
Ainsi les travaux se multiplient principalement sur les côtes de la France du nord et jusqu’en Hollande. Mais l’Allemagne est encore en guerre en Russie et en Italie : ces deux fronts demandent une très importante quantité de matières premières et de matériel militaire divers.
L’organisation Todt lance plusieurs opérations de ratissage dans toute l’Europe pour récupérer le maximum de matériel qui peut lui être utile lors de la confection de ce gigantesque « Mur de l’Atlantique ».
Défenses de plages dénommées « Hérissons Tchèques ». Leur rôle est de détruire les engins de débarquement. Photo : Bundesarchiv
En Normandie, et comme ailleurs, les Allemands ont construit des batteries d’artillerie côtière puissamment armées et protégées par des points d’appui. Entre Barfleur et Le Havre, on dénombre pas moins de six batteries : celles de Merville, de Longues-sur-Mer, de la Pointe du Hoc, de Maisy, d’Azeville et de Crisbecq. Elles sont capables de tirer jusqu’à 30 kilomètres et inquiètent fortement les Alliés.
Un blockhaus allemand camouflé en maison normande pour tromper les aviateurs alliés. Photo : Bundesarchiv
Des yeux et des oreilles
Le Mur de l’Atlantique n’est pas seulement composé de blockhaus et de champs de mines. De très nombreuses stations radar sont placées sur tout le littoral de la Norvège à l’Espagne, ainsi que des stations d’écoute. On peut trouver, entre Cherbourg, Vire et Le Havre : 1 radar d’identification, 2 radars de type « Freya », 5 radars de veille côtière à longue portée, 7 radars de veille côtière et 14 radars géants de type « Wurzburg ». Souvent, ces radars sont couplés à de redoutables canons antiaériens, le plus souvent des canons de 88 mm.
Réseau de tranchées menant au bunker de combat au-dessus de la plage. Photo : Bundesarchiv
Pour contre-attaquer en cas de débarquement en Normandie, les forces militaires allemandes disposent de trois divisions blindées et un régiment de parachutiste, en plus des divisions d’infanterie classiques disposées le long du littoral.
Ces dernières sont en général composées d’unités retirées du front Est et placées en Normandie pour que les soldats qui les composent puissent se reposer.
Un canon de 50 mm à proximité du point d’appui de la batterie de Merville. Photo : Bundesarchiv
Ces allemands qui sont en Normandie vivent au rythme des bombardements alliés qui, régulièrement, touchent des objectifs côtiers et leur rappelle que la guerre n’est pas terminée.
Il semble pourtant clair que les Alliés vont tenter d’ouvrir un front à l’ouest. Mais où et quand ?
Une sentinelle allemande scrute l’horizon, à proximité de son bunker à Mers-les-Bains. Photo : Bundesarchiv
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