Une si jolie plage

Les poèmes inspirés par le débarquement de Normandie

Sur une plage de Normandie, où je m’étais assoupi, la tête contre la sol, les galets m’ont raconté :

C’est sur ces rivages détrempés d’averses, par un jour du mois de juin, que nous avons vu surgir des barges dans la brume du petit matin.

En face, habillés d’autres uniformes, nous avons surpris l’agitation. Des hommes allaient mourir en masse pour la folie d’un dictateur, avide de pouvoir et de révolution.

Sous une pluie de flammes, perdus dans la bagarre, les rescapés des premières vagues, épargnés par la mitraille, sur nous se sont couchés, priant pour que cela cesse, cherchant dans ce brouillard de guerre la silhouette de leurs amis tombés.

Le sang de tous ces braves sur nous s’est répandu, imprégnant nos plages profondément. Ces jeunes gens venus d’ailleurs, jamais n’accompliraient leurs rêves d’adolescent, à tout jamais effacés.

Quand le fruit de la violence fut consommé, il ne restait sur nous que des cadavres que l’on avait alignés comme des points comptés, pour afficher le résultat d’une journée d’enfer que seul les livres ont conservé.

La mer, depuis, a nettoyé les plages, mais dans le sol, enfoui profondément, il y a encore des armes qui attendent les mains de leurs garçons. Ceux-ci reposent en terre de France, sur une pelouse de commémoration couverte de la bannière étoilée sous laquelle ils sont nés.

Ni les orages, ni les ressacs, n’ont pu effacer les cicatrices que les plages portent à jamais comme un éternel supplice. Nous avons deviné ces mères, qui longtemps on pleuré leurs enfants, leurs maris, morts au nom de la liberté.

Que reste-il dans vos mémoires de ce lourd tribut payé ? Si vous jouissez aujourd’hui encore du droit d’être libre, c’est grâce à tous ces valeureux soldats venus vous délivrer de l’infamie d’un être que la terre n’aurait jamais du porter.

Les yeux ouverts dans les étoiles, dans la nuit fraîchement tombée, je me suis relevé, regardant la plage paisible et calme. Bien des questions je me suis posées.

Rien ne justifie pareil acte de barbarie, ni territoire ni religion, nous n’avons pas tiré d’enseignements de toutes ces vies sacrifiées sur l’autel de la bêtise, que l’homme manie pour dessiner à sa guise les frontières de son insatisfaction.

Armand Voss

 

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