Léon Gautier, commando Kieffer

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Marc Laurenceau
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Léon Gautier, commando Kieffer

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Le béret vert unit le grand-père et son petit-fils

Léon Gautier est un héros de la Seconde Guerre mondiale, ancien membre du commando Kieffer. Gérard Wille forme les commandos fusiliers de demain. Ce week-end, le grand-père a honoré son petit-fils, coiffé du même béret vert. Entre Bretagne et Normandie, une histoire de famille au sein d'un corps d'élite.

« Mon petit-fils avait 4 ans, peut-être 6... Un jour où je participais à une cérémonie commémorative chez moi, à Ouistreham, il s'est planté devant la stèle du commandant Kieffer, l'a salué et a lancé : 'Je serai commando, comme mon papy, et comme lui, j'aurai un Béret vert.' Et Gérard a tenu parole », s'enorgueillit Léon Gautier, né à Rennes il y aura bientôt 89 ans.
« C'était la réflexion d'un petit garçon », tempère l'intéressé, Gérard Wille, grand gaillard de 44 ans au regard bleu acier.
Ce vendredi, sur la place de Lanester, dans le Morbihan, siège de la base des commandos depuis 1856, ce fils de gendarme fait face à son papy : Léon Gautier, l'un des douze survivants de l'emblématique commando Kieffer.
Le 6 juin 1944, commandés par le capitaine de corvette Philippe Kieffer, ces 177 soldats qui ont rejoint les Forces françaises libres en Angleterre entre 1940 et 1942 ont été les premiers à poser le pied en Normandie. Durant la longue campagne de reconquête qui a mené à la Libération de la France, 27 ont été tués au combat. Seuls 24 ont terminé la guerre sans être blessés.
Parmi eux : Léon Gautier, ce petit homme au visage jovial qui claudique maintenant jusqu'à son petit-fils d'un bon mètre quatre vingt-dix. Une centaine de fusiliers marins ont déjà reçu leur fourragère, cette cordelette tressée portée à l'épaule gauche de l'uniforme. C'est au tour du lieutenant de vaisseau d'être décoré. Tout en sobriété, le grand-père lui acccroche la Croix de la valeur militaire sur la poitrine. Elle vient récompenser les missions de renseignement que son petit-fils a conduites dans l'océan Indien en qualité de chef d'une équipe de Forces spéciales.
Protocole respecté. Rien n'a trahi leur émotion. Mais plus tard, à l'écart de la cérémonie, Gérard Wille confiera : « C'était un honneur à titre militaire et sur le plan affectif, c'était quelque chose de grand »...
Pourtant, lorsqu'il est entré dans les commandos, il a caché sa filiation, « par pudeur ou humilité ». Aujourd'hui, il l'assume mais se défend : « Je n'ai jamais essayé de faire aussi bien que mon grand-père, jamais recherché l'identification. On ne peut pas comparer mes actes avec les siens. Lui a évolué dans un contexte de guerre, même si dans le nôtre, la menace est toujours présente... »

« J'ai caché cette filiation »
Et puis, résume Patrick, proche de la famille et commando lui-même : « Léon Gautier, c'est le monument de la spécialité, le président de tous les commandos de France ». Un homme d'honneur sur tous les points puisqu'il a aussi tenu la promesse faite à celle qui devait devenir son épouse.
« C'était en 1943, à Douvres, j'étais ingénieure du téléphone lorsque nous nous sommes fiancés, se souvient Dorothy, avec son accent so british. Je lui ai dit : 'Si tu ne reviens pas blessé, on se marie' ». Ce qu'ils ont fait, le 14 octobre 1944. « Depuis, Léon dit que je suis son butin de guerre », s'esclaffe-t-elle du haut de ses 86 années.
Elle a traversé la Manche, s'est investie avec son époux et leur fille Jacqueline - la maman de Gérard - dans leur petit musée d'Ouistreham, baptisé n° 4 Commando. Là, sept mois dans l'année, ils accueillent notamment des scolaires. Histoire « de maintenir la flamme, de transmettre la mémoire ». À la grande satisfaction d'André Ledran, maire de la commune normande : « Lors des visites, la présence de Léon apporte une charge émotionnelle que ne véhiculerait aucun autre intervenant. »

Quant au petit-fils, il forme les commandos de demain au sein de l'école des fusiliers marins. Au nombre de 400, ils exécutent des opérations spéciales partout dans le monde, dans toutes les conditions. Le lieutenant de vaisseau compte lui-même « vingt-six années de service, dont vingt-et-une opérationnelles sur tous les théâtres d'opérations connus ».
Ce père de quatre enfants sait pouvoir être rappelé à tout moment. Ce que comprend mais craint son grand-père : « Il faut toujours être vigilant car la guerre, c'est la misère. » Son petit-fils lui parle-t-il de ses missions ? « Même lorsqu'il est monté en grade, sourit Léon Gautier, je ne l'ai pas su. » Fort de ses multiples qualifications, Gérard Wille est aujourd'hui « certifié commando à vie ». Rien ne pourra jamais empêcher le petit-fils et son grand-père de continuer à respecter la devise de leur corps d'élite : « Commando un jour, commando toujours... ».

Un article de Yan Duvivier paru dans Ouest-France, source : http://lignesdedefense.blogs.ouest-fran ... -fils.html
Marc Laurenceau
Webmaster du site DDay-Overlord et du forum
Auteur du livre Jour J Heure par Heure

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