Feuilleton, Airborne Brothers...

Le front de l'Ouest ne se limite pas à la bataille de Normandie : discutez ici des autres grandes batailles !
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Gennaker
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J'ai modestement répertorié une vingtaine de famille avec au moins deux frères dans l'US Airborne, dont quelques jumeaux...

Oyez pour débuter ce joli récit de Stanley S Kaslikowski, frère ainé de John L, tous deux membres de Hq 1/504 Parachute Infantry...


La famille Kaslikowsky de Stamford, Connecticut a envoyé 4 de ses fils à la guerre ; Stanley et John se sont tous deux retrouvés dans l'Airborne. Stanley effectuera les 3 sauts de combat des "Devils in baggy pants", en Sicile, Paestum et Hollande. Blessé à chacune de ses campagnes, il recevra 3 Purple Hearts, quatre Battle Stars et une PUC, et vit encore avec des shrapnels dans la jambe gauche...
Récit :

" Lors de ma formation, je n'a pas revu mon frère John. Mais un jour à Bragg, lors d'un saut d'entrainement, je suis resté accroché au sommet d'un arbre. Quelqu'un atterrit non loin de moi et vint à mon secours. C'était mon frère. Il s'est foutu de ma gueule quand il m'a vu. On est parti ensemble en Europe, et on a combattu ensemble.
Mon frère et moi n'étions pas sensés nous retrouver ensemble chez les paratroopers. L'armée n'aimait pas voir deux frères dans la même unité. Mais notre platoon leader, Lt Mills a fait ce qu'il fallait pour que l'on demeure ensemble. On s'est ainsi retrouvé au Maroc Français à Oujda pour nous préparer à l'invasion de la Sicile. Il faisait si chaud que nos entrainements avaient lieu la nuit, sauf pour les sauts, trop dangereux dans l'obscurité.

Je n'oublierai jamais la Sicile. On a sauté un 11 juillet 1943 (Husky II ndlr), le jour de mon 27ème anniversaire. On a quitté Kairouan, et en approchant de la Sicile, les canons anti aériens ont ouvert le feu. Les pilotes voulaient nous larguer à la première occasion. Notre DZ n'était pas en vue. Lorsque j'ai sauté, je n'y voyais rien. je ne voyais pas le sol et j'ai atterrit très durement sur une voie ferrée. je n'ai rien senti car nous étions à ce moment comme des boxers, plein d'adrénaline. on était tendu comme des arcs. J'ai entendu quelqu'un approcher et je ne voyais pas qui c'était. On avait un mot de passe et je l'ai hurlé. C'était un gars de mon unité. Bientôt, nous fûmes 10 avec LT Milles aux commandes. On a marché le long d'une route et on entendait toutes sortes de bruit. Je crois que c'était un tank.. On est tombé sur un pont. On l'a traversé et on est tombé sur des allemands. Lt Mills a ouvert le feu. Je n'ai même pas eu le temps d'attrapper mon M-1. J'ai bondi sur le côté de la route et ils m'ont fait prisonnier. Les allemands nous ont réuni au bord du chemin. Un "kraut" pointait son fusil sur ma tête et j'ai cru qu'il allait tirer.  J'ai piqué un sprint, en compagnie de trois ou quatre troopers. Des obus de mortiers tombaient autour de nous. Lt Mills a été salement touché. L'autre gars près de moi a eu le bras arraché. J'ai reçu des éclats dans le bras et la jambe.  Mais j'ai continué à courir. PLus tard, je me suis planqué dans un foxhole. Le lendemain matin, des soldats US sont arrivés. On m'a conduit à une infirmerie de campagne. Et je suis tombé sur Leo Dzilinski, un pote de South End Stamford., un voisin. On m'a conduit vers un hopital en Afrique où je suis demeuré 6 semaines...."

TO BE CONTINUED...
Stan et Johny Kaslikowski
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Gennaker
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"Le saut suivant eu lieu à Salerno. On a sauté pour aider nos troupes qui étaient refoulées vers la mer par les allemands. Le saut en lui même fut facile. On y voyait clair et il ne s'est pas passé grand chose. Mais un peu plus tard, on s'est battu dans les montagnes près de Cassino et on en a bavé. Il faisait froid, et on devait transporter à flanc de montagne tout notre équipement. J'étais en charge de la .30 cal. Elle ne pesait que 14 kg mais il fallait aussi porter mon équipement personnel. On grimpait sans cesse. Au combat, on ne contournait pas l'obstacle ; on le traversait. On a tout traversé, les ravins, les lacs... tout! On était trempé jusqu'à la poitrine et on était misérable. Il fallait faire gaffe aux mines en plus de ça. Après tous ces efforts, il fallait encore creuser un foxhole dans le granit!!! vous étiez heureux si vous parveniez à dormir deux heures.

On a fait toutes ces grimpettes en combattant. Une nuit, on a pris une position allemande et j'ai sauté dans un foxhole. Je suis tombé sur deux allemands morts. J'ai dû passer toute la nuit avec ces cadavres. Les balles volaient et il faisait très froid. Il fallait s'habituer à toute cette misère... puis ce fut Anzio..."

"A Anzio, j'ai été de nouveau blessé. On se battait le long du canal Mussolini. On était d'un côté et les allemands de l'autre. Il y avait des maisons et des bâtiments de leur côté, qui leur offraient quelque protection. Nous on n'avait rien. On était totalement à découvert. Des avions allemands venaient nous mitrailler et on ne pouvait que se blottir au fond de nos foxholes. Un obus est arrivé en plein dans le foxhole proche du mien. Le corps du gars qui était là a été pulvérisé. Les obus pleuvaient et on a finalement décidé de décrocher. C'est à ce moment que j'ai été touché à la jambe. J'ai encore eu de la chance car le gars à côté de moi a eu la jambe arrachée. J'avais seulement quelques shrapnels.On m'a transporté à l'hopital et quatre jours plus tard, j'ai vu arriver mon frère sur une civière. Ils nous ont mis côte à côte. Il était blessé au pieds.  Mais ce n'était pas grave.
Vous savez, parfois, c'était mieux d'être blessé. On vous donnait un lit, avec des draps blancs tout propres . Les infirmières s'occupaient de tout! Au combat, on dormait dans des trous plein de boue, on avait froid tout le temps, et on ne pouvait même pas quitter son foxhole pour faire ses besoins...."

"... Après ma guérison, j'ai sauté en Hollande. On devait soutenir des troupes aéroportées Britanniques et Polonaises larguées plus au nord. Ils se sont fait massacrer. On a pris un pont important, qui était tenu des deux côtés par les allemands. Des gars de chez nous ont traversé en bateaux. On a pris les ponts, et on s'est enterré. Toute la nuit on a entendu du bruit autour de nos foxholes. et au matin, on a trouvé un allemand à 3 mètres de nous. Il était polonais en vérité, et n'avait pas plus de 18 ans. Je parlais polonais. je lui ai demandé pourquoi il combattait avec les Krauts. Il a dit qu'on l'avait obligé! Il aurait pu nous balancer une grenade durant la nuit. Mais il ne l'a pas fait.

Ma dernière bataille fut dans les Ardennes. On s'était battu durant des semaines en Hollande et on avait salement besoin de repos. Mais alors qu'on était en France, les allemands ont percé. Un dimanche soir, on nous a annoncé qu'on repartait au front. On nous a chargé sur des camions et on a roulé pendant près de 8 heures vers la Belgique et un bled appelé Cheneux. Les allemands tenaient la ville et il nous fallait charger à travers un champs dénudé entrecoupés par des fils de fer barbelé. On a rampé comme des escargots. Il faisait froid et il y avait de la neige. Certains gars se relevaient pour escalader les clôtures. Ils se faisaient descendre immédiatement. J'ai réussi à rejoindre un petit bosquet. Il faisait nuit. On entendait l'ennemi mais on ne le voyait pas. Ils avaient des canons anti aériens à bout portant. On a répliqué avec notre .30 cal. Puis un obus est arrivé. il a éclaté en touchant la cîme des arbres, et j'ai été touché à la poitrine. Ce fut comme si on m'avait frappé avec un marteau piqueur. Je suis tombé à 4 pattes, et ce fut la fin pour moi....

Je suis resté à l'hopital plus d'un mois, et je ne pouvais pas me servir de mon bras gauche. A cause de mes nombreuses blessures, ils ont décidé de me renvoyer à la maison. Je suis parti sur un navire hopital. Lorsqu'on est arrivé à New York, j'ai craqué ; mes nerfs ont lâché. J'étais une loque....

Je n'ai jamais regretté mes années de service. Même après toutes mes blessures. Quand on a 20 ans, on est un peu fou... Je me considère comme chanceux, car je n'ai perdu ni bras ni jambe..."
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Gennaker
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Re: Feuilleton, Airborne Brothers...

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Autres fratries ;


Les frères McKearney, Bernard, 1st Lt à E/502, puis capitaine, et son frère ainé, James B., sergent au mortar squad de HQ 3/501st, et qui reçut une battlefield commission en Hollande.

Les frères STUTLER: Ogden S. (Hq Co, 1st Bn, 506th Prcht Inf) et son ainé WIlburn L. (C Company, 508th Prcht Inf Regt)

Les frères  VITALE: Basilio V. (B/513th PIR) et Joe M. (C/513th PIR)

Les frangins SHIELDS: Robert (Hq Co., 1/508th PIR) et George (Hq Co., 1/501st PIR)
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Les ATKINS: Charles S. et Joseph E., tous deux du LMG platoon de Hq Co., 1/508th. Ils étaient tireur et servant de la même .30 cal, et ont sauté en Normandie du même avion...

-Les frères  BOURN : Lloyd P. et Ralph R. Ils étaient tous deux au 501st Parachute BATTALION en 42!!  (Ralph a comme beaucoup rejoint le 2/503rd, redésigné 509th Prcht.  Il sera POW à Avellino en septembre 43...

Lloyd avant Avellino :
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Eugene "Jerry" Borowski du 507th PIR, KIA le 7 juin, avait un frère Walter au 2nd Ranger et qui a pris part à l'assaut de la Pointe du Hoc...

Au 506, on trouve aussi Pfc Raymond D. Teetor A/506 PIR et Pfc Robert P. Teetor A/506 PIR

James H. Busone du 507th PIR  intégré à la 17th AB Div avait un frère,  Anthony D. Busone , du 506th, KIA près de Cobru, le 9 janvier 1945 ...Ils étaint à moins de 10 bornes l'un de l'autre et ne l'ont probablement jamais su...

Russell Elmer SAPP (1923-1995) et Franklin Morris SAPP (1917-1975). engagés le même jour, de Boone Count, Missouri. Tous deux ont servi dans C Co., 506th PIR...

Ce trooper n'est rien moins que le frère cadet du légendaire Mark Alexander, XO du 505 en Normandie, puis CO de 2/508, après avoir débuté... au 504 PIR.
Edwin, c'est son nom, a rejoint les Engineers de B/307th AEB juste avant les Ardennes.
Notez son battle dress britannique en lieu de Ike jacket...
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Plus étonnant, le nombre de jumeaux dans l'Airborne ; On peut ainsi répertorier de manière aléatoire :

- Les jumeaux BROWN , dont on a déjà parlé ici, Jack L and James L., tous deux du  2nd platoon, I Co., 506th PIR
Jack
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Jim...
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- Les jumeaux  MANLEY très connus , Ralph K. (Demo Pltn, HQ/501st PIR) et Roland K Manley, T5 HQ 3/504

Les GREEN , Chester Joy et Lester Roy  tous deux engagés le même jour et intégré au 508th PIR. Lester Roy Green,POW 6.6.1944 WIA 6.6.1944
et malheureusement DOW Normandy!

Larry et Dominique Gentile étaient aussi jumeaux au 327 G Co. Dominique fut tué près de Opheusden et c'est Larry qui dû identifier le corps. Ces deux frères passaient leur temps à se bagarrer, et ils se retournaient systématiquement contre quiconque tentait de les séparer...

Il y a aussi  the BRANDOLINO twin bros, Anthony et Alfonso, engagés le même jour le 28 aout 1942. Tous les deux nés le 28 aout 1921 en Pennsylvanie. Ils servaient tous les deux dans la même compagnie, à savoir la Company A, 509th Prcht Inf Battalion. Tous les deux ont été fait prisonniers le même jour, à Avellino, le 15 septembre 1943...

Voici ce qu'on peut lire sur eux dans « Paratrooper! » de Gerard DEVLIN :
Les BRANDOLINO croyaient fermement au fait de faire les choses ensembles. Peu de temps après qu'ils soient entrés dans l'Armée, Anthony entendit parler des parachutistes et demanda à son frère s'il voulait s'y porter volontaire avec lui. Après quelques secondes de reflexion, Alfonso lui répondit : "Bon Dieu, on est né ensemble, on peut aussi s'engager dans une unité avec laquelle ou pourra mourir ensemble." Après l'école de saut (ils firent leurs 5 saut ensembles), les frères furent assignés au 509th en tant que remplacement. Le Colonel RAFF leur proposa de les incorporer dans des comagnies différentes, mais il refusèrent, déclarant qu'ils préféraient servir au sein du même "squad". (Durant les combats en Tunisie, les deux frères furent blessés au court du même accrochage, avant de finir la guerre dans le même Stalag.

Bill et Daun Rice étaient tous deux sergent à H company 504. Daun fut tué en octobre 44 dans les bois de den Huevel en Hollande quand une patrouille allemande pénétra les lignes du H/504...
Image faite en Hollande ; notez la M42 et le trench knife de Bill...
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Très connu, John M Steele, de F/505, l'homme du clocher de Ste Mère.
Il avait un jeune frère Norman, qui AURAIt trouvé la mort en Allemagne à la fin de la guerre...
John à gauche...

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Robert et Leonard Dumke. Robert était avec H/505, et Leo avec C/507 ; Leo fut POW en Normandie.
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Et bien sûr, Lt Col William "Snuffy" L Turner, KIA le 7 juin vers Beaumont dans la tourelle du Sherman dont il essayait de diriger le feu. Un sniper lui mit une balle dans la tête juste devant les yeux de ses soldats de 1/506.

Quelques jours plus tard, c'est son frère, le 1st Lt Dennis Turner Jr, de la 8th Infantry, qui était KIA à son tour. Ils reposent tous deux côte à côte à Colleville.

Lt Col Turner...
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sgt Earl L. Kramer Bco 506 et son frere

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Doc Shaw 82eme avec son frere

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Doc Shaw, 504th PIR[/quote]

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et une de Earl L. Kramer

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Et les frères Woodland… des paras…. BLACKs!!! et oui! (never say never…)


L'ainé, Bernard "Berney" T Woodland échoue à l'examen pour devenir prof en 1942. Il décide alors de s'engager, et seuls les paratroops l'intéressent. Mais l'US Army est ségrégationniste, et l'Airborne n'est pas accessible aux Noirs*.
Barney, comme en atteste ses photos, peut passer pour un blanc, et bien que la sélection raciale soit en vigueur, il ne semble pas que les contrôles y soient sévèrement appliqués. Barney ment donc sur son application, et est accepté à Jump school. Il obtient ses wings fin 1942 et est versé à C Company, 504th PIR....
il s'agit de la compagnie de Sgt Ross Carter. Il semble que les deux hommes se soient connus, car lorsque Barney sera grièvement blessé le 21 septembre 44 en Hollande, Ross en fait mention dans son livre. Barney reçoit une balle dans la gorge. Il agonise 3 jours et décède le 24 septembre. Il est enterré en Belgique à Henri Capelle. Il est probablement le premier, et peut-être le seul Noir à avoir servi durant la seconde guerre dans la 82nd Airborne.

Je dis 82nd , car quelques jours avant la mort de Barney, son frère cadet Donald, lui aussi engagé, parvient à être accepté à la Parachute school de Chilton Folliat en Angleterre. Il gagne ses wings et est versé à A/501st, qu'il rejoint à Mourmelon après la campagne de Hollande...

Don Woodland, A/501st

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Barney, C/504th
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Chester44
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Re: Feuilleton, Airborne Brothers...

Message non lu par Chester44 »

Merci Gennaker toujours aussi intéressant a lire tes post :)
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Gennaker
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Re: Feuilleton, Airborne Brothers...

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Ca fait plaisir… vu le peu de succès de mes posts… qui tournent à quelques dizaines de "vues", quand tant d'autres dépassent allègrement les centaines….::d Pas grave… je partage….
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armand44
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Re: Feuilleton, Airborne Brothers...

Message non lu par armand44 »

tu peut etre sur que je regarde tous tes postes, se sont une vrai mine d'or pour moi ! decouvrir de nouvelles histoires etc... a chaque fois que je sort j'en sais plus sur les paras ! et comme je l'ai deja dit je lit les livres des veterans en anglais mais en francais on comprend toujours mieux ! :D

merci beaucoup n'arrete jamais !!! :)

Armand
Marc Laurenceau
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Re: Feuilleton, Airborne Brothers...

Message non lu par Marc Laurenceau »

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Bien cordialement.
Marc Laurenceau
Webmaster du site DDay-Overlord et du forum
Auteur du livre Jour J Heure par Heure

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