Les 75 ans du Spitfire fêtés en Angleterre

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Marc Laurenceau
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Les 75 ans du Spitfire fêtés en Angleterre

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Goodwood, ancien aérodrome du Royaume Uni ayant eu ses heures de gloire lors de la « Bataille d’Angletere », a fêté dignement mi septembre les 75 ans du Spitfire. Une célébration unique dans un décor étonnant où chaque spectateur est devenu acteur de l’évènement. So british !

Bienvenue dans le Sussex, ses collines verdoyantes, ses maisons cossues de brique rouge et de crépi blanc, ses jardins fleuris, sa météo incertaine. Depuis Londres, Il faudra traverser ces paysages typiques de la campagne anglaise pour rejoindre, non loin de Chichester, un lieu mythique, un endroit de légende : Goodwood !

C’est ici que mi septembre, tous les ans, a lieu « The revival », une manifestation atypique qui conjugue avec bonheur vaste exposition statique de machines volantes des années 30 aux années 50, spectacle aérien, courses de motos et automobiles.

Après quinze jours de pluie, seul un faible crachin ponctue encore les journées à intervalles irréguliers et peu à peu le soleil, timide au début, reprend ses droits dans cette campagne Anglaise qui va vivre, trois jours durant, au rythme des 500 bolides à deux ou quatre roues qui vont s’affronter sur le circuit ceinturant l’aérodrome… Cette météo providentielle est plutôt de bonne augure pour la réussite de cette édition un peu particulière du Goodwood Revival qui, outre 16 courses programmées, va célébrer les 75 ans du Spitfire, qui vit le jour en mars 1936 sur l’aérodrome de Southampton tout proche, avant de devenir le chasseur vedette du Fighter Command de la RAF.

Dès l’entrée sur le site, le spectateur se trouve subitement transporté 60 ans en arrière et devient lui-même acteur, partie intégrante d’un environnement parfaitement adapté à l’évènement. Rien ne manque au décor, soldats en battle-dress, armes à l’épaule, défilant au pas cadencé aux ordres d’un adjudant moustachu aboyant ses ordres à la troupe, WAAF (Women Auxiliary Air Force) au volant d’autos découvertes conduisant des officiers conversant sur le siège arrière, infirmières, cornette au vent frappée de la croix rouge marchant d’un pas pressé… Les uniformes de la RAF sont partout, de simple soldat au bras d’une belle en bas nylon saluant les gradés au détour d’une allée, aux pilotes harnachés de leur casque de cuir, bomber, mae west et bottes fourrées se dirigeant vers leur monture…

Tout ici est prévu pour le dépaysement ! Sur l’exposition statique où figure une trentaine d’avions des années 30 (Gipsy Moth – Klemm – Tiger Moth), 40 (Waco - Hawker Fury - Fairey Swordfish - ME 109 Buchon - Boeing B17 flying Fortress…) ou 50 (NA T6 – DH Chipmunk – Percival Provost – Taylor Titch), les mises en scène se succèdent, pendant que la fanfare de la Royale Navy donne aubade…

L’animation la plus originale revient cependant à l’équipe de présentation des « Baker’s street boys » sur leurs bicyclettes ailées, qui dans un parfait carrousel, recréent les formations mises au point dans les training schools et squadrons-école à l’intention des jeunes élèves pilotes, pour leur faire répéter au sol les différentes formations, avant de les lâcher au combat. Les gags se succèdent, parfois un peu anachroniques mais tous empreints de ce fameux humour que les Anglais cultivent au quotidien.

Rien ne manque au décor : le dispersal en bois, bar de l’escadrille et les chaises longues dans lequel les pilotes se reposaient entre deux missions, les camions citerne au « nez de cochon », les mécaniciens affairés et leurs caisses à outils… L’environnement et l’ambiance générale qui se dégage fait qu’on se pique au jeu. Le visiteur se fond dans ce décor, heureux de ne pas être que simple spectateur.

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Les avions stationnent au milieu du public, sans aucune barrière pour les préserver d’éventuelles dégradations. Chacun les approches au plus près avec grand respect et les spotters peuvent se livrer à leur jeu favori sans entrave. Ce qui est possible ici le serait-il dans les meetings Français ?

Puis sur la piste… ils sont bien là, alignés comme à la parade ou plutôt comme ils devaient l’être pendant les heures sombres des années 40, dans l’attente du « scramble » qui les envoyait dans la tourmente… Pour cet anniversaire, pas moins de 12 exemplaires étaient conviés, provenant des différentes collections anglaises (Fighter collection – Battle of Britain Memorial Flight…) et appartenant aussi à quelques collectionneurs privés, tous merveilleusement restaurés. Parmi les machines les plus représentés pour cette célébration (Mk V et Mk IX), quelques uns peuvent s’enorgueillir d’avoir combattu pendant la bataille d’Angleterre, d’autres comme chasseurs d’accompagnement des bombardiers, d’autres encore engagés lors du Débarquement en Normandie…

Par paires, s’intercalant entre les séries et autres courses automobiles qui se succèdent sur le circuit, les Spits roulent vers la piste et s’envolent pour des démonstrations époustouflantes de pureté. Les pilotes déroulant leur présentation, aile dans aile… dans des trajectoires tendues et passages… à l’Anglaise…, mettant parfaitement en valeur les lignes superbes de leurs machines.

Dans le milieu de leur show, les avions s’éloignent tout à coup, s’échappant des regards du public pour se présenter quelques minutes plus tard, encadrant l’Avro Lancaster du BBMF, majestueux dans sa superbe livrée de bombardier de nuit. Les 3 machines en formation effectuent plusieurs passages dans cette configuration parfaite, évocatrice des raids sur les pôles industriels Allemands.

Au ballet des duos, succèdent les quatuors, à intervalles réguliers. Puis c’est l’apothéose… Un à un, sur l’herbe grasse du parking, les moteurs s’animent. Sous la baguette d’un chef d’orchestre invisible, chaque nouvelle mise en route participe à la construction d’une symphonie mécanique mêlant les sonorités aigues des Merlins à celles plus graves des Griffons des dernières versions construites. Tout le squadron des Spits du 75ème anniversaire prend l’air, se regroupe et par box de 4 avions disposés en chevrons, se présentent devant la foule massée sur la front line qui attendait ce moment avec autant d’impatience que de ferveur.

Les passages se succèdent, soulignés par des applaudissements nourris. La foule se tait, presque recueillie, la partition se joue, sans aucune fausse note. Le premier box passe au break. Dans un ordre parfait, chaque avion rejoint le sol et rentre au parking en sautillant d’une jambe sur l’autre, devant les aficionados rassemblés. Les pilotes saluent de leur main gantée. Plus loin, devant le dispersal, les mécaniciens attendent… C’est fini !
Goodwood aura, fêté avec classe l’anniversaire de l’avion dont certains diront qu’il fut sans doute le meilleur chasseur de tous les temps…

Dans le liner du retour, encore sous le charme du lieu, de l’atmosphère qui s’en dégage et de cette participation étonnante du public à la réussite de la fête, je me surpris à rêver qu’en France, quelque part sur un aérodrome de campagne juché sur un plateau boisé où le culte des avions anciens est célébré avec tant de ferveur, les milliers de visiteurs se pressaient pour assister au meeting annuel en costume de l’époque, parfaitement « raccord » avec le thème de l’évènement… !
Si en France ce rêve peut ressembler fort à de l’utopie, on ne peut que se réjouir que nos voisins Britanniques l’ait élevé depuis longtemps au rang de tradition !

Goodwood n’a pas toujours été le temple du sport automobile « vintage » qu’il est devenu aujourd’hui : Ancienne base de la Royal Air Force, cette vaste étendue de prairies verdoyantes et de forêts, possède une histoire aéronautique. Aménagé à la hâte, comme nombre d’autres terrains dans le Sud et l’Est de l’Angleterre dès le début de 1940 pour accueillir les Squadrons de chasseurs chargés de repousser les hordes de Messerschmitt BF 109 et 110, Junkers 88, et Heinkel 111 de l’envahisseur, il fut un temps où le ciel de Goodwood vibrait au son des moteurs de l’emblématique Spitfire, des Hurricane et du puissant bombardier Lancaster. De plus, tout au long du conflit, les menuisiers qui travaillaient à l’entretien de la propriété s’employèrent, au titre de la participation à l’effort de guerre, à fabriquer les hélices en bois à partir des arbres abattus dans la propriété.

La paix revenue, ce lieu se transforma peu à peu, grâce à la passion du maître des lieux, vieil aristocrate (9ème Duc de Richmond) et pilote de renom possédant château, en vaste terrain de jeux pour passionnés de belles machines volantes, d’automobile de course, et, accessoirement, de chevaux de concours…. Le lord vieillissant, les compétitions et shows aériens cessèrent dans les années 60 et c’est son petit-fils, tombé « dedans » lorsqu’il était petit, qui reprit le flambeau et le 18 septembre 1998, 50 ans jour pour jour après la création du circuit, le jeune Charles Henry Gordon Lennox, alias Lord March, ouvrait une nouvelle fois ce lieu historique, totalement réaménagé.

Un article paru le 8 octobre 2011 sur Aerobuzz.fr : http://www.aerobuzz.fr/spip.php?article2182
Marc Laurenceau
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glady
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Re: Les 75 ans du Spitfire fêtés en Angleterre

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Photo prise lors d'un meeting aérien il y a 3 semaines :super:
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