Émile Blanc et le bombardement de Maisy

Dans cette rubrique, vous pourrez vous lancer à la recherche d'adresses de vétérans du Jour J et de la Bataille de Normandie, partager vos connaissances, vos relations avec nos héros de la Seconde Guerre Mondiale.
Marc Laurenceau
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Émile Blanc et le bombardement de Maisy

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Le Sergent/Chef mitrailleur Emile BLANC pose devant le "HALIFAX -P-" du Groupe Guyenne en juin 1944.

Le 11 novembre est un jour de mémoire. C'est aussi la mémoire d'un jour, celui de l'armistice de 1918 qui mit fin aux combats de la Première Guerre mondiale (1914-1918).

Les derniers Poilus ont disparu mais évoquer ce jour-là reste important pour les anciens combattants. C'est aussi le jour pour rendre hommage à ceux qui ont défendu les couleurs de la république dans d'autres guerres. Ce vendredi sera aussi l'occasion pour le Nieulais Émile Blanc, 92 ans, d'être promu au grade d'officier de l'ordre national de la Légion d'honneur (1).

C'est avec beaucoup d'humilité que cet ancien de la Seconde Guerre mondiale revient sur son passé, soit soixante-six ans après le débarquement de Normandie. L'émotion est toujours là, il se souvient : « Le 5 juin 1944, je suis sergent-chef mitrailleur du bombardier lourd Halifax ''P. for Peter''. À l'aéroport d'Elvington où je suis basé, mon équipage, composé de sept personnes, est dirigé dans une salle pour nous donner tous les renseignements sur notre mission.

Ce soir-là, le 5 juin 1944, nous avons enregistré les ordres d'une mission de routine, objectif : bombarder une batterie côtière sur la commune de Maisy (Calvados). Le lendemain, 6 juin, ''le Jour le plus long'', il est 0 h 53, nous décollons d'Elvington avec plus de 7 tonnes de bombes. Ce soir-là, nous étions 13 équipages français à décoller. J'ai appris plus tard que nous étions 1 100 appareils à bombarder la côte française entre Rouen et Cherbourg. À 3 heures, nous larguons notre chargement sur Maisy. La défense antiaérienne allemande est déchaînée, mais ses tirs imprécis nous épargnent. Dans les jours et les mois qui ont suivi, nous avons continué nos missions de nuit sur la France, raids indispensables pour accélérer la victoire des alliés. »
Un passage aux Antilles
La guerre terminée, la France libérée, Émile Blanc a mis ses connaissances au service de l'aviation civile, désirant quitter la métropole. Pourquoi ? « Tous ces bombardements de l'ennemi ont aussi accablé des populations civiles, des innocents ; j'en avais gros sur le cœur. J'éprouvais le besoin de m'éloigner du théâtre des opérations. ». C'est ainsi qu'Émile Blanc se retrouva aux Antilles où d'autres médailles l'attendaient, récompensant par une médaille d'argent de l'éducation physique, des activités annexes beaucoup plus paisibles, et pour avoir été à la base de la réussite d'une compétition internationale de football, dotée du trophée Caraïbes.

À l'énoncé de ces propos, son visage s'éclaire, car même si l'aviation civile demeure au centre de ses préoccupations, il évoque ces heures joyeuses passées sur les terrains de football. En Afrique du Nord : champion de l'armée de l'air (au poste d'avant-centre). En Angleterre : seul Français de l'équipe de la base d'Elvington. En Guadeloupe : milieu de terrain d'une équipe dont il était le seul blanc. Son visage s'assombrit à nouveau en parlant des faits de guerre, éprouvant encore l'amertume d'avoir été considéré au lendemain de la guerre, comme des « tueurs » plutôt que des guerriers. « Notre action a été généralement ignorée mais nombreux de mes camarades ont perdu la vie dans cette action peu connue. » À ses côtés, sa compagne nous signale : « La guerre, il en parle peu et n'engage la conversation qu'avec beaucoup de réserve. »

Émile Blanc évoque, avec émotion, le 40e anniversaire du débarquement en mai 1984. « L'équipage, qui ne s'était pas revu, était réuni pour la commémoration ». Le 5 mai 1984, accueillant l'équipage du bombardier Halifax-P, les premières paroles de Marcel Destors, premier magistrat du village de Maisy, furent : « C'est maintenant que vous venez nous voir. » Cette phrase, Émile blanc nous dit ne plus pouvoir l'oublier ; puis, philosophe, il nous laisse ce commentaire : « Quand il n'y a plus de mémoire, on n'existe plus. »


Un article rédigé par Jean-Pierre Ouvrard et publié le 10 novembre sur Sudouest.fr : http://www.sudouest.fr/2011/11/10/sans- ... 5-1391.php
Marc Laurenceau
Webmaster du site DDay-Overlord et du forum
Auteur du livre Jour J Heure par Heure

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