Mort du général Falley

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Rommel 29
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Mort du général Falley

Message non lu par Rommel 29 »

Bonjour à tous!Les différents livres sur le débarquement comportent diverses versions sur les circonstances de la mort du général Falley.Tous sont unanimes sur un point,ce dernier revenait d'un Kriegspiel à Rennes,mais les avis de certains historiens diffèrent,notamment sur le lieu exact et les circonstances de sa mort...Je suppose qu'un membre du forum connaît la version finale sur ce sujet...Merci d'avance pour vos avis.
Marc Laurenceau
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par Marc Laurenceau »

Voici la position des évènements, au nord-est de Pont-l'Abbé, à proximité de la "Drop Zone N" dédiée au 508th PIR. Le cercle rouge indique la position de l'escarmouche :

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La malchance rencontrée par les hommes du 508th PIR lors du parachutage avec l'éparpillement des sticks est temporairement mise entre parenthèses par l'action inopinée d'un groupe d'une douzaine de paras dirigés par les lieutenants Malcom Brannen, chef de la compagnie de commandement du 3ème bataillon, et Harold V. Richard de la compagnie A du 1er bataillon, également renforcés par deux artificiers du 307th Airborne Engineer Battalion. Peu après quatre heures du matin, les paras cherchent du renseignement auprès des civils normands habitant la ferme de la Minoterie, deux kilomètres au nord-est de Pont-l'Abbé, lorsqu'une voiture se fait entendre sur la route. Son chauffeur refusant de s'arrêter, les Américains ouvrent le feu et l'automobile s'encastre dans un mur de la ferme : à bord se trouve le Generalleutnant Wilhelm Falley, commandant la 91. Luftlande Infanterie-Division qui est tué dans l'escarmouche. Un Major est également tué tandis qu'un caporal est fait prisonnier.

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La ferme de la Minoterie aujourd'hui dans laquelle la voiture du général Falley a terminé sa course. Son corps repose au cimetière allemand d'Orglandes.

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Le lieutenant Malcolm Brannen en Angleterre, peu de temps avant l'opération Overlord

Bien cordialement.
Marc Laurenceau
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Gennaker
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par Gennaker »

Le récit de Brannen :


"J’attéris sans être touché, mais j’appris plus tard que le numéro 15, Burke, avait reçu une balle dans le poignet en tenant ses suspentes. Je voyais les balles perforer la toile des parachutes des deux hommes au-dessus de moi (les deux qui avaient quitté le « Pagliacci » après moi), et je priais pour qu’ils atterrissent indemnes. J’appris plus tard qu’ils avaient touché le sol sains et saufs, comme tous les autres à l’exception du caporal King Burke. On s’occupa de lui et il put nous rejoindre un peu plus tard. Lors de ma descente, j’essayais de toutes mes forces de me retourner afin de ne pas toucher terre en marche arrière. Je n’y parvenais pas et tous mes efforts ne réussirent qu’à me faire glisser sur le dos. Je vis les avions s’éloigner au milieu des tirs de mitrailleuses et j’aperçus beaucoup de nids de mitrailleuses au sol, envoyant des jets de balles traçantes dans les airs ; Je pensais en une fraction de seconde qu’il me faudrait m’éloigner d’eux après mon atterrissage. J’étais à 80 mètres du sol quand j’ai sauté en 16ème position d’un stick de 18 hommes. Puis, « Swiiishh », me voilà au beau milieu d’un pommier ! je ne touchais même pas le sol, j’étais accroché au pommier, à me balancer à 30 cm de la terre ferme. Je n’eu pas à encaisser l’atterrissage grâce à l’arbre. Une pensée traversa mon esprit : « Seul Dieu peut créer un arbre » (Kilmer). J’étais sous SA surveillance, je le savais et je dis « Merci ! ». Cependant, je ne parvenais pas à me libérer de mon parachute, malgré tous mes efforts. J’attrappai mon poignard et commençai à trancher dans mes sangles et dans mes harnais. Mais je ne faisais aucun progrès. Les sangles de jambes et de poitrine étaient si serrées près de mon corps que je ne parvenais même pas à y glisser ma lame. Une autre chose qui compliquait ma tâche à me libérer est qu’à chaque instant, quelqu’un passait en courant près de moi dont il m’était impossible de vérifier l’identité. Dès que quelqu’un approchait, je devais m’arrêter de me débattre pour me libérer. Je pensais que si je ne faisais pas cela, j’étais cuit. Une fois ces inconnus passés, je reprenais ma lutte pour me libérer. Finalement, mes suspentes s’affaissèrent suffisamment pour permettre à mes pieds de toucher le sol. Je tombais dans un buisson d’orties et d’épines dans lequel je m’allongeais pour continuer à scier mon harnais avec un poignard que je croyais aiguisé comme une lame de rasoir. Cela me brûlait de partout sur les mains et le visage, mais c’était toujours mieux que d’être cramé et rôti par ces balles de mitrailleuses allemandes qui aspergeaient tout le pays et qui m’auraient été destinées si j’avais été repéré. Voyons, il y avait un nid de mitrailleuse à environ 80 mètres de moi, qui couvrait tout le secteur devant moi, du Nord à l’ouest.
Je distinguais les respirations et les murmures d’autres hommes échangeant les mots de passe et je découvris qu’il s’agissait de trois autres paras, juste à côté dans le fossé près de moi. Ils observaient tous cette mitrailleuse qui crachait la mort vers quiconque approchait. Nous décidâmes de nous éloigner vers le nord-ouest pour rejoindre la position supposée de notre unité. Mais à cause de cette mitrailleuse, il nous fallu faire un grand détour qui nous mena vers le nord puis vers l'est. Mais plus on avançait, et plus on rencontrait de mitrailleuses et il nous fallait nous écarter vers l’est. Un caporal du 508éme me servait d’éclaireur et un soldat de la même compagnie me suivait. Puis, deux soldats du 307ème Engineers fermèrent la marche. Nous tombâmes sur une route principale orientée Nord-Sud mais n’osâmes pas l’emprunter. Nous nous contentâmes de la traverser. Nous trouvâmes des fils courant le long de la route. Les hommes du génie du 307ème dirent qu’ils s’agissaient de fils téléphoniques et nous les découpâmes en plusieurs morceaux et répandîmes les morceaux dans les fossés afin que les allemands aient du fil à retordre pour rétablir leurs communications. Après avoir marché le long des haies vers le nord puis vers l’est pendant un bon moment, nous repartîmes cap au nord. Durant cette marche, nous aperçûmes un C-47 s’écraser en flammes à quelque distance de nous et je me souviens des bruits des moteurs qui s’éteignaient et se rallumaient avant de s’enflammer et avant que l’avion ne disparaisse derrière une colline. Finis pour un des nôtres ! Que Dieu les bénisse ! Nous vîmes d’autres C-47 s’éloigner après avoir largué des planeurs et nous les observâmes glisser vers le sol. Bien ! Nous nous dîmes que les choses se passaient comme prévu et que les renforts et les approvisionnements seraient à l’heure.
Alors que nous progressions, nous tombâmes sur des équipements parachutés, certains éparpillés, d’autres encore empaquetés et certains balots dont une partie du chargement avait été retirée. D’un de ces balots, on récupéra un bazooka et 12 roquettes. On échangea un M1 dont la crosse était brisée – résultat du saut- contre ce bazooka. En continuant toujours cap au nord à travers toujours plus de haies, nous arrivâmes sur un chemin où se trouvaient deux tentes et deux motos. Après un tour d’horizon de la situation, toujours en alerte contre les pièges et autres systèmes d’alarme, nous conclûmes qu’il n’y avait plus personne et qu’il devait s’agir d’un poste de commandement d’officiers allemands. Nous détruisîmes toutes chances d’utiliser les motos en crevant les pneus et nous entassâmes tous les éléments du poste de commandement dans une des tentes. Puis nous poursuivîmes notre route en longeant le chemin vers une grande maison en bordure d’un champs. Après ce champs et près d’une autre route, nous rencontrâmes le Lieutenant Harold Richard, de la compagnie A du 508 PIR, ainsi que son agent de liaison, le sergent Hall. Nous nous connaissions bien, ayant servi ensemble lors de la création du régiment à Fort Blanding en Floride. Nous étions heureux de trouver d’autres hommes de notre régiment. Après une brève discussion, nous décidâmes de demander notre route à la grande ferme mentionnée plus tôt et qui était à une quarantaine de mètres de nous. Notre groupe était à ce moment là composé de 12 soldats et de deux officiers. On se divisa pour encercler la maison. Le lieutenant Richard, un soldat et moi-même frappâmes à la porte. En quelques secondes , un français très excité se précipita à l’entrée, ou plutôt jaillit de la porte. D’autres occupants de la maison regardaient par les fenêtres du rez de chaussée et à l’étage. En utilisant notre dictionnaire de français et nos cartes, nous réalisâmes que nous nous trouvions entre Picauville et Etienville. Excellent ! nous étions environ à mi-chemin entre ces deux lieux et surtout nous savions exactement où nous nous trouvions pour planifier notre prochaine destination et rejoindre nos troupes. A l’étage, il y avait une grande agitation parmi les enfants qui nous regardaient avec de grands yeux nos uniformes américains au lieu des habituels uniformes allemands.
Je m’écriais : « Une voiture arrive ! arrêtons la ! ». Le Lieutenat Richard s’écarta de la porte de la maison et se planqua contre le mur, tandis que d’autres hommes se dissimulaient derrrière le mur d’enceinte de la ferme. Les portes de la maison claquèrent et je me mis au centre de la route, levai la main en criant « Stop ! ». Mais la voiture accéléra. Elle passa près de moi et je traversai rapidement la route. A ce moment, je pense que tout le monde ouvrit le feu sur la voiture en même temps, et j’entendis claquer une douzaine de coups de feu simultanément car je me trouvais dans la ligne de tir de certains membres de notre groupe. Je m’allongeai sur la route et observai la voiture atteinte par de nombreuses balles. Elle vint percuter le mur du jardin et celui de la maison lorsque le conducteur, en essayant de se protéger des balles, perdit le contrôle du véhicule. La bagnole était percée de balles de part en part et le pare-brise était éclaté. Le chauffeur, un caporal allemand fut éjécté de son siège et essaya de se cacher en passant par la lucarne de la cave mais n’y parvint pas. L’officier assis à l’avant fut trouvé écroulé au fond de son siège, la moitié du corps pendant à l’extérieur du véhicule, bel et bien mort.
L’autre occupant de la voiture assis à l’arrière de la Duesenberg ou de la Mercedes Phaeton, était au milieu de la route et rampait pour attrapper un Lueger qui venait de lui échapper des mains quant la voiture heurta le mur de pierre. J’avais traversé la route après que la voiture m’ait dépassé lorsque j’avais essayé de l’arrêter et j’étais grimpé sur un talus près de deux mètres au dessus de la route, bénéficiant ainsi d’un angle de vue parfait sur la situation, la route, la maison, la voiture, et tous les témoins présents, Français, allemands et américains. De ma position au-dessus de la route en terre, je voyais le caporal Allemand essayer de s’échapper en passant par le soupirail de la cave et j’ouvris le feu sur lui avec mon .45, errafflant son épaule. Il s’assit contre le mur où nos soldats vinrent s’occuper de lui. Je voyais aussi l’officier allemand ramper sur la route vers son Lueger à quelques mètres de lui. Il me regarda alors que je me tenais sur le talus au dessus de lui, à 3 ou 4 mètres sur sa droite. Il s’approchait tout doucement de son arme en me suppliant en allemand et en répétant en anglais « Dont Kill ! dont kill !… » Je me dis : « je ne suis pas un tueur de sang froid, je suis un être humain, mais s’il atteint ce lueger, ce sera lui ou moi ou l’un de mes hommes ». Alors j’ai tiré ! Je l’atteignis en plein front et il ne sentit rien venir. Il ne souffrit pas. Le sang jaillit de son front à deux mètres de haut, et comme une fontaine qui se tarit lentement, s’arrêta graduellement. En examinant chacune de nos victimes, nous découvrîmes que nous avions tué un Major et un Major Général, (nous apprîmes plus tard qu’il était Lieutenant Général) et avions fait un prisonnier, un caporal, à qui l’on fit porter deux valises pleines de documents trouvés dans la voiture, que nous souhaitions remettre au quartier général dès que nous rentrions en contact avec le 508 PIR. En quittant la scène de l’action, je déchirai la casquette du général, à la recherche d’une identité ou d’une unité, et je découvris que le nom était « Falley ». Je pensai : « J’ai un Steve Fallet dans mon escouade de mitrailleuse… »
Rommel 29
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par Rommel 29 »

Merci à vous pour ces précieuses précisions!De plus,je ne savais pas que Falley était enterré à Orglandes.
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john9
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par john9 »

Salut,

merci pour ses précisions et pour cette histoire très intéressante.

A+
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Gennaker
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par Gennaker »

Voici un intéressant document présenté comme la ferme Lagouche, avec la voiture (Duesenberg???) toujours engoncée là où l'embuscade a eu lieu...

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Marc Laurenceau
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par Marc Laurenceau »

En effet, cela semble bien le bon endroit si on le compare à la photo satellite...

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Bien cordialement.
Marc Laurenceau
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Lipton
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par Lipton »

Falley est effectivement enterré à Orglandes. A ses côtés se trouve son aide de camp, le major Joachim Bartuzat...
A+.
Mike Ranney à son petit-fils:

-"Grand-père, as tu été un héros pendant la guerre?"
-"Non mais j'ai servi dans une compagnie de héros".
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Manuferey
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par Manuferey »

Voici deux pages d'un fil sur un forum américain avec des photos qui devraient vous intéresser:

(bas de page ici:)
http://forums.scout.com/mb.aspx?s=78&f= ... 31838&p=10

http://forums.scout.com/mb.aspx?s=78&f= ... 31838&p=11

Malheureusement, certaines photos ne sont plus visibles. :pleur4:

Emmanuel
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hiesville
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Re: Mort du général Falley

Message non lu par hiesville »

bonjour,

merci pour ce passage très intéressant de l'embuscade! la photo avec la voiture de Falley est superbe! de quel source sans indiscrétion?
Le drapeau de l'unité contenu dans la voiture de Falley fut caché sous le plancher de la ferme par jack schlegel et fut récupéré après guerre.
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