« ILS NE M?ONT PAS EU ! » HURLE HITLER
Comme convenu, le pilote est prêt à décoller. Et à 13h15, Stauffenberg regarde sans les voir les lacs et forêts en échangeant de rares paroles avec Haeften et le général Stieff qui n?a pas quitté le Heinkel. Une seule pensée habite ces hommes : il faudra rendre à l?Allemagne tout ensemble la paix et son honneur.
Mais Hitler n?est pas mort.
Une fois de plus le hasard l?a sauvé, et le hasard s?appelle Brandt. Les pieds gênés par la serviette de Stauffenberg, le colonel Brandt l?avait poussée de l?autre côté de la console, vers l?extrémité de la table où le Führer occupait le centre. Brandt, affreusement blessé, révèlera ce détail avant de mourir.
Ainsi, pendant que Stauffenberg et ses amis pensent au déroulement du plan Walkyrie que Fellgiebel a dû déclencher en prévenant Olbricht, une scène qu?ils sont à mille lieues d?imaginer se déroule au Wolfshantze.
Hébété, méconnaissable, les cheveux roussis par les flammes, les joues charbonneuses, dolman et pantalons déchirés, les bras pendants, inertes, soutenu, presque porté par son aide de camp Staub, accouru au bruit, et par Keitel, indemne, Hitler, enjambe péniblement les gravas. A la grande stupeur de Keitel, le voilà qui se ressaisit, retrouve la voix de Nuremberg ?alors qu?il chevrote depuis des mois- et se met à hurler :
- « Que rien ne transpire de cette affaire ! Silence absolu, total ! Sinon, la mort ! »
Sur quoi il ordonne que soit branchée la table d?écoute des transmissions et que l?on barricade le camp. C?est dans cet abri souterrain que le chirurgien Von Hasselbach l?examine. Tout à coup, devant Hasselbach figé de stupeur, Hitler se met à sauter sur place, comme saisi de folie. Il vocifère :
-« Ils ne m?ont pas eu, mais moi, je la tiens enfin, cette clique ! »
Ses blessures sont superficielles. Rassuré par cet examen, le Führer refait surface pour changer de tenue.
-Nous avons eu des morts, lui répond Keitel à qui il demande qui est blessé
Morts, Berger, le secrétaire, trois officiers SS, l?une des sténographes, qui a eu la jambe arrachée, mourra peu après. Blessés mortellement, le général Korten, chef d?état-major de la Luftwaffe, le général Schmundt, aide de camp du Führer, le colonel Brandt. Gravement atteints Bodenschatz, le chef d?état-major de Goering, et à des degrés divers, tous les participants, Keitel excepté.
Le sergent du standard téléphonique survient alors, à peine remis d?une forte commotion. Il révèle qu?il n?a reçu aucune communication de Berlin pour Stauffenberg, lequel « a détalé comme un lièvre avec un lieutenant ». Sur quoi, on signale l?arrivée à Rastenburg du train de Mussolini, en retard d?une heure.
A SUIVRE.... prochain épisode "Qu'on les massacre tous !"
CORDIALEMENT VERO
